Volontariat international et économie sociale et solidaire (ESS) : un engagement commun pour une société plus juste
À l’approche du Forum mondial de l’économie sociale et solidaire (GSEF), organisé à Bordeaux fin octobre, France Volontaires et IFAID dévoilent une analyse inédite sur les liens entre volontariat international et ESS. Derrière les chiffres, des visages : ceux de volontaires qui, sur le terrain, contribuent à transformer les économies locales et à renforcer le pouvoir d’agir des communautés.
L’économie sociale et solidaire (ESS) n’est pas qu’un concept : à travers leurs missions, nombre de volontaires internationaux contribuent déjà à cette dynamique, souvent sans le savoir. C’est ce que révèle le questionnaire conduit au printemps 2025 par France Volontaires et IFAID, auquel 163 volontaires en mission ou récemment revenus ont répondu. Objectif : mieux cerner les passerelles entre volontariat international et ESS, alors que le GSEF s’apprête à rassembler, à Bordeaux, les acteurs mondiaux du secteur.
Des missions de volontariat international qui font écho aux valeurs de l’ESS
Les résultats du questionnaire sont clairs : la majorité des répondants identifient des convergences fortes entre leurs missions et les principes de l’économie sociale et solidaire. Les volontaires interviennent surtout dans les domaines de l’éducation, du développement durable, de la lutte contre la pauvreté et de la jeunesse — autant de champs d’action au cœur des valeurs de l’ESS : coopération, inclusion, ancrage local.
“L’économie sociale et solidaire (ESS) désigne un mode d’entreprendre qui cherche à concilier activité économique et utilité sociale. Elle repose sur des principes de solidarité, de coopération, de démocratie, et de primauté de l’humain sur le profit. (plus d’informations : ici)”
Sur le terrain, cette convergence prend des formes très concrètes. Au Sénégal, Valentine, volontaire auprès d’ICD Afrique, accompagne des groupements de femmes du Sine Saloum qui cultivent des produits halieutiques dans la mangrove. « Le but du projet est d’améliorer leurs conditions de vie et de les rendre indépendantes », explique-t-elle. « Nous travaillons sur la création d’une identité visuelle pour leurs groupements d’intérêt économique, sur la communication et la formation au e-commerce. Les femmes sont très investies, et leurs retours sont extrêmement positifs ». Son engagement illustre la manière dont le volontariat soutient des initiatives économiques locales à gouvernance collective, typiques de l’ESS.
De son côté, Camilla, volontaire française au sein de l’ONG COSPE, coordonne deux projets en Casamance : Être Femme 2, dédié à l’autonomisation des femmes, et Faire, qui vise à inclure les jeunes dans le tissu associatif. « Notre objectif est de promouvoir les droits des femmes et la santé sexuelle et reproductive, tout en favorisant l’emploi dans l’économie sociale et solidaire », détaille-t-elle. « Nous organisons des rencontres intergénérationnelles, des actions de sensibilisation et des espaces de dialogue entre jeunes et autorités locales »
Vers une meilleure reconnaissance du volontariat international dans l’ESS
Selon l’analyse France Volontaires–IFAID, 65 % des volontaires interrogés soulignent la participation active des communautés locales dans leurs projets — une approche participative au cœur des pratiques de l’ESS. Les ONG et associations restent les principales structures d’accueil, mais les collectivités territoriales et les fondations y jouent aussi leur rôle, contribuant à renforcer les synergies entre acteurs.
A la Réunion, Ziona, volontaire malgache (au centre), s’est formé en 2024 à la création de fours solaires. Objectif: adapter cette technologie simple et durable dans les villages de son pays d’origine. © Ekopratik
Les volontaires formulent également plusieurs recommandations : création de missions spécifiquement dédiées au développement de l’ESS, intégration d’un module de formation sur ce sujet lors des stages de préparation au départ, ou encore valorisation accrue de l’impact du volontariat dans ce champ. Parmi leurs propositions phares : la mise en place d’un programme de « Jeunes ambassadeurs volontaires pour l’ESS » et l’organisation de Journées du volontariat dans l’ESS, pour mieux visibiliser ces engagements.
Pour Ziona, volontaire malgache en mission à La Réunion auprès de l’association Ekopratik d’avril à décembre 2024, l’innovation solidaire se traduit dans la pratique : « J’étais mobilisé sur des projets de fours solaires low-tech. Nous avons réussi à faire passer la température de 115 à 150 °C. » De retour à Madagascar, il compte adapter cette technologie simple et durable dans les villages de son pays d’origine.
À l’heure où le GSEF s’apprête à mettre en lumière ces initiatives à Bordeaux, la voix des volontaires viendra rappeler une évidence : l’ESS se construit chaque jour, sur le terrain, à travers l’engagement concret de celles et ceux qui font le choix du collectif.
Le volontariat, un outil transformateur au service de l’économie sociale et solidaire
En plus de l’enquête menée par France Volontaires et l’IFAID Aquitaine, et afin de nourrir l’élaboration de la Déclaration internationale de la jeunesse pour l’ESS qui sera élaborée à Bordeaux, un atelier a réuni le 23 septembre 2025 une douzaine de volontaires pour coconstruire quatre recommandations : valoriser le volontariat comme levier stratégique, créer un programme « Volontaires pour l’ESS », renforcer les mobilités croisées et la réciprocité, et sensibiliser jeunes et structures à l’ESS. Ces propositions visent à accroître la visibilité et la reconnaissance de l’engagement des jeunes, à soutenir la professionnalisation et l’innovation sociale, et à consolider le volontariat international comme un pilier de l’ESS, capable de générer des réponses concrètes aux défis sociaux et environnementaux à l’échelle locale et mondiale.
Réponse des volontaires à la question « Quels mots vous viennent en tête lorsqu’on évoque l’ESS ? »
France Volontaires au cœur du Forum mondial de l’ESS
Présente tout au long du GSEF, du 29 au 31 octobre à Bordeaux, France Volontaires animera plusieurs temps forts autour de l’engagement des jeunes et du volontariat pour l’économie sociale et solidaire. Entre autres, le mercredi 29 octobre, une table ronde réunira des professionnels et des volontaires autour du thème : « L’engagement des jeunes à l’international : les volontaires au cœur de la dynamique ESS ». Le jeudi 31 octobre, Yann Delaunay, directeur général de France Volontaires, interviendra lors d’un débat sur les plateformes territoriales d’appui aux initiatives ESS portées par les jeunes.
Un stand commun avec le MEAE et l’AFD mettra en lumière les réalisations de volontaires et la contribution du volontariat à une ESS plus inclusive et internationale.
© Photo de couverture : Thomas Limousin / France Volontaires