Yann Delaunay : «Aucune tolérance pour les violences sexistes et sexuelles»
La Journée nationale contre le sexisme, qui a lieu ce samedi 25 janvier, est l’occasion de rappeler les engagements de France Volontaires contre les violences sexistes et sexuelles (VSS). Des actions de prévention concrètes et un cadre réglementaire strict ont ainsi été mis en œuvre. Yann Delaunay, directeur général de France Volontaires, nous en explique les contours.
Pourquoi la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) est-elle une priorité pour France Volontaires ?
En tant qu’opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et plateforme du volontariat international d’échange et de solidarité (VIES), une des missions de France Volontaires est de développer le volontariat dans un cadre de qualité, éthique et responsable. La lutte et la prévention des VSS fait naturellement partie de nos priorités, car il est inadmissible que des volontaires, des bénéficiaires de projets, des collaboratrices ou collaborateurs de France Volontaires soient confrontés à de telles situations.
Concrètement, comment la question de la prévention des VSS est-elle prise en compte chez France Volontaires ?
France Volontaires a posé un principe de tolérance zéro. Chaque volontaire ou chaque collaborateur qui serait confronté à une situation que l’on peut caractériser de VSS doit savoir que sa situation sera traitée. Pour cela, un guide a été mis en place et diffusé en juillet 2023. Il présente le cadre légal et réglementaire relatif au sujet, et un guide pratique pour réagir quand on est victime, quand on est témoin ou quand on doit gérer une telle situation en tant que collaborateur de France Volontaires, avec des procédures très détaillées. Une vidéo a également été diffusée, disponible sur notre chaine Youtube. Comme il est indispensable d’assurer l’appropriation par tous de ce guide, deux webinaires internes ont été organisés pour présenter le document et suivre son application, et une formation en ligne a été proposée à toutes les équipes. Par ailleurs, un module de formation dédié est mis en œuvre durant les stages de préparation au départ des volontaires.
Nous tenons beaucoup à ce que les signalements de VSS soient traités dans un cadre collectif, car ce sont des dossiers sensibles, souvent délicats.
Un comité de suivi a été constitué, et deux référentes Genre ont été nommées : quels sont leurs rôles ?
Poser des principes est important, encore faut-il qu’ils soient appliqués. Pour cela, je salue l’implication des deux référentes « genre » au sein de France Volontaires, Clarisse Bourjon, référente Genre en charge de la stratégie globale sur les VSS, et Caroline Bouclet, référente Genre suppléante et référente sur les risques psychosociaux des volontaires. Je souligne aussi la pleine mobilisation de la mission Ressources humaines. Leur rôle est primordial, pour assurer la bonne mise en œuvre du guide, pour suivre les signalements et pour ajuster nos principes d’action. Nous tenons beaucoup à ce que les signalements de VSS soient traités dans un cadre collectif, car ce sont des dossiers sensibles, souvent délicats. Le comité de suivi, auquel je participe également, a pour fonction d’évaluer la mise en œuvre de notre politique, d’envisager des ajustements et de renforcer notre capacité à agir.
Yann Delaunay, directeur général de France Volontaires. © DR
Quelles procédures ont été mises en place, dans le cas où des incidents seraient constatés ?
Il a été souhaité que les volontaires ou les équipes confrontés à des cas de VSS puissent s’appuyer sur un appareil de référence clair, précis, qui facilite la mobilisation et la prise en compte des signalements. Il est construit en deux parties : la première, qui reprend le guide « tolérance zéro » du MEAE, rappelle le cadre légal et réglementaire, et présente des exemples concrets qui permettent de caractériser ce qui relève d’agissements sexistes, de harcèlement ou d’agression.
La seconde est composée de fiches pratiques : que faire si je suis victime, si je suis témoin, si je suis un collaborateur ou une collaboratrice à qui l’on signale une violence sexiste ou sexuelle, avec des étapes clés, des contacts dédiés et une aide à la décision pour les équipes en charge des volontaires ou des collaborateurs de France Volontaires. Il est fondamental, face à des situations douloureuses et parfois urgentes, que France Volontaires puisse être réactive et s’appuie sur une procédure connue de toutes et tous, pour être efficace et cohérent.
Les structures d’accueil qui ne préviennent pas les VSS ne doivent plus pouvoir accueillir de volontaires à l’avenir si rien n’est fait pour remédier aux situations constatées.
Comment France Volontaires prend-elle en compte ces questions dans ses Espaces Volontariats au sein de nos pays partenaires, dans lesquels la législation n’est pas la même qu’en France ?
Il est important d’avoir à l’esprit que les volontaires sont régis par des dispositifs légaux et réglementaires français : ils ont donc le droit de bénéficier d’un niveau de prévention et de traitement des VSS conforme au cadre français. Il faut par ailleurs considérer que le niveau de prise en compte de ces enjeux est variable selon les pays de déploiement des volontaires. Les Espaces Volontariats ont donc un grand rôle à jouer pour sensibiliser nos partenaires aux principes de prévention des VSS. Parfois, les volontaires renoncent à dénoncer des comportements répréhensibles, de peur de mettre fin à leur mission, à laquelle ils sont très attachés. Il faut pouvoir identifier ces cas et les accompagner : quel que soit l’intérêt de la mission, les structures d’accueil qui ne préviennent pas les VSS ne doivent plus pouvoir accueillir de volontaires à l’avenir si rien n’est fait pour remédier aux situations constatées.
Quelles avancées dans la démarche peuvent-elles être envisagées pour renforcer encore les actions de prévention des VSS à l’avenir ?
En tant que plateforme, nous souhaitons pouvoir partager les bonnes pratiques avec nos membres et partenaires, afin de favoriser une pleine appropriation par tous les acteurs du VIES de cet enjeu prioritaire. Il nous faut aussi renforcer le cadre de prévention des VSS avec nos partenaires, c’est pourquoi nous travaillons à une charte relative à la lutte contre ces dernières au sein des structures qui accueillent des volontaires, en France comme à l’international. Enfin, il nous faut conserver une vigilance constante, en tant qu’employeur, pour prévenir les violences sexistes et sexuelles. Il ne doit y avoir aucune tolérance pour de tels agissements.
Photo de couverture : © Headway / Unsplash