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« Une vague porteuse d’espoir » pour les jeunes surfeuses sénégalaises

© Julien Laborda

Sur la plage de Yoff (Sénégal), l’association Malika Surf propose aux jeunes de la région d’apprendre à dompter les remous de l’Atlantique. Mais parce que ce sport n’est pas réservé qu’aux hommes, Malika Surf a donné naissance il y a quatre ans à Surfkids Shredding Sénégal, une fondation qui permet aux jeunes femmes de développer également leur pratique. Nous avons rencontré Julien Laborda, engagé en tant que service civique sur ce projet.

« Quand j’ai décidé de créer ce surf camp en 2010, j’ai reçu l’aide de très bons amis : quelqu’un m’a offert quelques combinaisons, une planche, un leash ou une combinaison en lycra. Personnellement, je crois que c’est comme un cercle : si quelqu’un me donne quelque chose, je dois donner quelque chose à quelqu’un d’autre en retour », explique Marta, créatrice avec son époux Aziz du Malika Surf Camp de Yoff, dans les faubourgs de Dakar. Cela n’aurait pu être qu’une déclaration d’intention, mais la passionnée ne s’est effectivement pas arrêtée là. En 2020 est ainsi né Surfkids Shredding Sénégal, un programme, soutenu par l’Agence française de développement, dont l’objectif est de permettre à un maximum de jeunes de bénéficier de l’apprentissage du surf, mais également de pousser les filles à pratiquer ce sport.

Il y a quelques mois, Julien Laborda, envoyé par La Guildes’est engagé dans une mission de service civique international pour mettre en œuvre ce programme. Les 2 et 3 octobre derniers, lors des Journées du volontariat français (JVF) organisées par France Volontaires à Saint-Louis, il a présenté le projet « Une vague porteuse d’espoir ». Porté par Surfkids Shredding Sénégal et accompagné financièrement par l’ambassade de France au Sénégal, celui-ci entend encourager les jeunes filles à explorer ce sport comme vecteur de confiance, favoriser leur émancipation à travers des formations professionnelles et lutter contre les stéréotypes de genre.

Pourquoi avoir choisi de t’engager au sein du programme Surfkids Shredding Senegal ?

Le programme m’a tout de suite attiré. J’ai toujours aimé l’océan et lorsque j’ai vu la mission de Malika Surf, j’ai trouvé que cela avait du sens. Utiliser le sport, et en particulier le surf, comme levier pour l’émancipation des filles me parlait énormément. Ce projet m’a permis de combiner mon intérêt pour le sport et mon désir de contribuer à une cause sociale, notamment en matière d’égalité de genre et d’inclusion.

Peux-tu nous en dire plus sur le projet "Une vague porteuse d’espoir" ?

Le but du projet est de faciliter l’émancipation de jeunes filles à travers la pratique du surf, tout en créant une véritable communauté solidaire et engagée. Nous voulons former vingt jeunes filles des villages de Yoff et Ngor, leur offrir les outils nécessaires pour qu’elles deviennent des leaders dans leur communauté. C’est pourquoi nous organisons des rencontres avec des athlètes féminines qui ont réussi dans des sports comme le surf. Ces femmes, qui ont su s’imposer, servent de modèles et montrent aux jeunes filles qu’elles aussi peuvent réussir et s’épanouir dans des environnements traditionnellement dominés par les hommes. Ces rencontres sont particulièrement importantes, car elles permettent aux jeunes filles de se projeter et de se voir comme des leaders dans leur propre communauté.

Julien Laborda sur la plage de Yoff. © DR

Le surf peut donc aussi jouer un rôle dans leur développement professionnel…

Oui, en plus de la pratique sportive, nous nous engageons à les soutenir dans leur développement personnel et professionnel. L’un de nos objectifs majeurs est de former trois jeunes filles aux métiers du surf pour qu’elles deviennent coach, juge de compétition ou maître-nageur. Cela leur permettrait de montrer que des femmes peuvent occuper des rôles influents dans lesquels elles ne s’étaient pas forcément projetées.

Au-delà, nous aimerions aussi atteindre 50 % de filles au sein de l’association, pour garantir une véritable égalité de participation et de représentation dans toutes les activités proposées. Le surf, avec ses hauts et ses bas, son environnement changeant, est une sorte de métaphore de la vie. Nous voulons montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent, tout comme dans ce sport, s’adapter, évoluer et surmonter les obstacles qu’elles rencontrent.

."Le surf (...) est une sorte de métaphore de la vie. Nous voulons montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent, tout comme dans ce sport, s’adapter, évoluer et surmonter les obstacles qu’elles rencontrent."

Au-delà du sport, la fondation entend-elle jouer un rôle social pour les jeunes femmes sénégalaises ?

Effectivement, le projet repose également sur des activités de sensibilisation. Nous organisons par exemple des cercles de parole où les filles peuvent discuter de sujets essentiels comme la santé reproductive et l’hygiène menstruelle. Ce sont des thèmes parfois négligés dans certaines communautés, mais qui sont essentiels pour le bien-être et l’autonomie des filles. 

As-tu observé des changements dans la communauté grâce à cette mission ?

En fait, c’est assez frappant. Je ne vois pas de regard négatif de la part des garçons vis-à-vis du fait que les filles pratiquent le surf. Au contraire, ils ont tendance à les encourager à se lancer. J’ai également remarqué un véritable effet boule de neige : les jeunes qui participent au programme incitent leurs frères et sœurs à rejoindre l’association. Cela crée une dynamique familiale.

Le surf aide donc à changer les mentalités ?

Oui, et d’ailleurs à ce sujet, il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. C’est celle d’un jeune de quinze ans qui a perdu sa mère et dont le père est parti migrer par voie maritime. Il s’est retrouvé seul avec sa sœur et sa grand-mère. Ce garçon avait un mauvais comportement au départ, mais grâce au surf, il a trouvé un cadre et il est devenu très impliqué. Je l’accompagne en lui donnant des cours de français. On l’encourage, et c’est gratifiant de voir qu’il progresse. J’ai l’impression parfois d’avoir un rôle de grand frère pour lui, et ça me touche de pouvoir contribuer à l’aider à trouver son chemin.

En 2026, le Sénégal accueille les Jeux Olympiques de la jeunesse : cela constitue-t-il un objectif ?

Oui, à titre personnel, j’aimerais vraiment poursuivre mon engagement ici, notamment en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’occasion de ce grand événement sportif. Après cela, je compte m’engager dans des projets de développement autour du sport dans ma ville d’origine, à Toulouse. J’aimerais y contribuer à long terme en développant des projets sportifs qui aident des jeunes qui ne trouvent pas forcément leur place dans la société.

Bio express

Julien Laborda est diplômé de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris, où il a obtenu un master 2 de Manager de programmes internationaux, ainsi que de l'Institut préparatoire à l'administration générale (Ipag), où il a obtenu un master 2 d’Administration générale. Il est actuellement en mission à Dakar au sein de la fondation Surfkids Shredding Sénégal dans le cadre d'un Service civique international. À terme, il souhaite continuer à développer ses compétences dans la conduite de projets en utilisant le sport comme outil au service de la jeunesse et du développement.
Julien Laborda
Service civique interntional

Léa, dans la forêt de Bornéo pour lutter contre la déforestation

© Léa Besançon

En Indonésie, l’association Pokja Pesisir lutte pour préserver la faune et la flore d’une forêt mise en danger, entre autres, par l’édification de la nouvelle capitale du pays en plein milieu de la jungle. Cette petite structure compte sur l’implication d’une poignée de citoyens engagés… et sur l’aide de volontaires comme Léa Besançon, qui a passé deux semaines sur place cet été pour former les locaux au montage vidéo.

Le 17 août dernier, date anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie, une nouvelle cité est officiellement sortie de terre en plein cœur de la jungle, sur l’île de Bornéo : Nusantara, la nouvelle capitale, a été inaugurée par les autorités du pays. À terme, la ville doit « remplacer » l’actuelle capitale Jakarta en accueillant les élus et les fonctionnaires indonésiens dans une ville construire de toutes pièces au milieu d’une vaste écosystème forestier. La petite association Pokja Pesisir, basée à Balikpapan (à environ une centaine de kilomètres de la nouvelle capitale, sur la côte), se bat pour préserver ce qui peut encore l’être d’un point de vue environnemental.

Avec peu de moyens, mais beaucoup d’énergie. Elle a ainsi fait appel à Planète Urgence, une ONG française qui se bat depuis des années contre la déforestation et qui a financé la mission de volontariat d’échanges et de compétences (VEC) de Léa Besançon. Chargée de communication et de projets digitaux, la jeune femme a apporté son expertise aux membres de l’association en les initiant au montage vidéo, afin de leur permettre de sensibiliser les habitants de la région aux enjeux environnementaux de leur île. Nous l’avons rencontrée.

Léa et des membres de l’association Pokja Pesisir, en tournage dans la mangrove de la région de Balikpapan, sur l’île de Bornéo  © Léa Besançon

Qu’est-ce qui vous a motivée à partir animer ces ateliers de montage vidéo en Indonésie ?

Je suis à l’aise dans le secteur de la communication : j’ai réalisé mon cursus universitaire dans ce domaine, et même si je ne suis pas vidéaste, je suis relativement polyvalente. L’idée était d’apporter mon aide à cette association en les formant pour qu’ils puissent réaliser par eux-mêmes des contenus pour les réseaux sociaux. Au final, ce VEC collait à mes compétences.

La question environnementale a-t-elle également été importante pour vous ?

Oui évidemment. C’est une association très engagée dans la protection de la faune de Balikpapan sur l’île de Bornéo, qui est confrontée à la surexploitation des ressources, à la destruction de la mangrove, et qui lutte à son échelle pour protéger son île. Les vidéos produites pour l’association aident précisément à sensibiliser à ces questions d’environnement, à communiquer avec les populations locales sur ces sujets. D’autant plus depuis la construction de la nouvelle capitale au milieu de la jungle, un projet qui se veut futuriste mais qui en fait nuit à l’environnement en détruisant l’habitat de la faune locale.

"J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure"

Léa Besançon, en volontariat d’échanges et de compétences (VEC) en Indonésie

Comment se déroulait la formation ?

On a fait de la théorie, en établissant les story-boards des vidéos avant d’aller filmer des images sur le terrain, dans un deuxième temps, pour avoir du matériel à monter. Comme l’association n’a pas trop de moyen, on a travaillé sur Canva (NDLR : un outil de montage en ligne simple d’utilisation). Sur le travail de montage, on se réunissait, on analysait le pour et le contre, on échangeait nos avis. Je me suis sentie légitime car ils m’ont donné beaucoup de confiance. Ils étaient tous très investis, très réceptifs. Certains membres de l’association m’ont même demandé des « devoirs à la maison » pour pouvoir travailler chez eux et j’ai reçu des vidéos en dehors des heures de formation !

Quel bilan tirez-vous de ce volontariat ?

J’ai adoré cette expérience, c’est allé plus loin que mes attentes. En plus je ne connaissais pas le dispositif du volontariat d’échanges et de compétence, je ne connaissais que le service civique international (SCI), puisque j’en avais fait un en Tanzanie. Finalement, deux semaines, c’était limite trop court. Je suis finalement restée une semaine de plus, à titre personnel, pour visiter l’île avec des membres de l’association Pokja Pesisir. Ce VEC m’a permis de découvrir une autre facette de l’Indonésie que celle qu’on peut voir à la télé. J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure. Cela m’a mis la pression, mais dans le bon sens du terme, et j’ai pris tout cela très au sérieux. Quelque part cela m’a donné une nouvelle corde à mon arc, en me donnant confiance sur ma capacité à former des gens.

 © Léa Besançon

Bio express

Léa Besançon a obtenu un master en communication digitale à Lyon, ainsi qu’un diplôme de journaliste lors de son année d’Erasmus à Valence, en Espagne. Elle a ensuite travaillé en alternance comme responsable de la communication et webmarketing au sein d’une entreprise. Elle a également un mastère en entrepreneuriat et management de l’innovation. Son VEC est sa deuxième expérience de volontariat après son service civique international dans l’association Life Time Projects en Tanzanie.
Léa Besançon
Volontaire d'échanges et de compétences

L'organisme d'envoi

Association du groupe SOS, Planète Urgence est une ONG de solidarité internationale et d’aide au développement créée en 2000 et reconnue d’utilité publique. À travers ses dispositifs de volontariat et de renforcement de compétences, ses actions de sensibilisation et ses projets de préservation des forêts, elle entend permettre à chacune et chacun d’être davantage acteur de son développement et de celui de sa communauté. Planète Urgence agit en direct via ses équipes de terrain dans les trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux – l’Amazonie, le bassin du Congo, le bassin du Bornéo Mékong – là où la déforestation est la plus vive, la biodiversité la plus exceptionnelle et les vulnérabilités humaines les plus fortes. Elle s’appuie également sur la mobilisation et l’engagement des citoyens, et notamment des salariés via le Congé solidaire, un dispositif qu’elle a elle-même imaginé.

“Je n’avais pas conscience des inégalités de genre”

© Jerry-Gwenaël Azilinon​

Jeune béninois vivant au Sénégal, Jerry Azilinon est engagé depuis longtemps dans la vie citoyenne de son pays d’adoption. Au sein des diverses associations pour lesquelles il a collaboré, la question des droits des femmes a toujours tenu une place centrale. Depuis fin octobre, il s’est engagé comme volontaire chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité à l’Agence française de développement à Marseille. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il témoigne de son parcours et de ses engagements.

J'ai grandi dans une famille béninoise, entouré de figures féminines inspirantes.

« Je suis Béninois, j’ai longtemps vécu au Sénégal mais je garde un fort lien avec le Bénin. J’ai grandi dans une famille entouré de figures féminines inspirantes. Les premiers exemples de réussite sociale autour de moi, c’était l’une de mes tantes qui avait une carrière professionnelle flamboyante, qui s’est vite achetée une voiture, puis une maison : pour moi c’était une évidence que le succès se conjuguait au féminin.

Quand j’ai découvert les violences faites aux femmes, j’ai réalisé que je vivais dans une bulle : je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage. Je pense que c’est ce qui m’a motivé à me sensibiliser aux questions de genre : le sentiment d’être déphasé, la curiosité de comprendre ce qui se passait.

Chez Social Change Factory, une association qui œuvre au quotidien pour l’émancipation, l’autonomisation, l’épanouissement et l’engagement des jeunes, j’ai participé à la mise en œuvre de plusieurs projets dans les domaines de l’éducation, de l’engagement citoyen et du genre. C’était le début de ma longue aventure avec le milieu du développement.  

Je fais activement partie de deux associations, Doyna (« ça suffit ! », en wolof), un mouvement qui milite pour les droits des femmes, l’orientation et la prise en charge de victime. Et Yeewi Association (« Libérez », en wolof) qui fait un focus sur la précarité menstruelle et la santé sexuelle et reproductive. Parmi les actions mises en œuvre, il y avait par exemple des tournées scolaires où nous faisions des ateliers avec les membres de la communauté éducative et les élèves pour leur parler de masculinité positive, de la précarité menstruelle, réfléchir à la réhabilitation des toilettes dans les établissements ou évaluer les besoins en matière de distribution de serviettes hygiéniques.

Je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage.

J’ai aussi été salarié dans diverses entreprises, mais j’ai toujours été frustré, dans le cadre de mes fonctions, par le fait que je ne voyais pas l’impact concret de ce que je faisais, contrairement à mes missions au sein des ONG ou des associations dans lesquelles j’avais évolué. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de candidater pour ce volontariat international d’échange et de solidarité en France en tant que Chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité auprès de l’Agence française de développement, ici à Marseille.

Sur les questions de genre, nous travaillons à développer différents parcours pour des publics tant internes, qu’externes (MOOC* avec des partenaires sur des sujets spécifiques tel que l’éducation, parcours/atelier de sensibilisation et de bonnes pratiques pour éviter et ou corriger les biais de genre, campagnes de communication diverses).

Les deux autres aspects de mon volontariat tournent autour des questions d’intelligence collective et d’interculturalité, deux autres domaines qui me sont chers et sur lesquels j’avais régulièrement travaillé auparavant.

Bref, il s’agit d’une belle mission dans laquelle je m’épanouis pleinement. »

*Acronyme pour « Massive Open Online Course », un type de formations en ligne qui regroupe des vidéos, du contenu texte, des forums, etc.

Bio express

Jerry-Gwenaël Azilinon est un jeune avec un vif intérêt pour les questions de genre et la lutte contre les violences faites aux femmes. Il est ambassadeur #HeforShe et coordonateur du mouvement «Doyna» qui sensibilise aux questions de genre et fournit une assistance aux victimes, entre autres. Il est aussi le SG de "Yeewi", une association qui lutte contre la précarité menstruelle et sensibilise à la santé sexuelle et reproductive. Il est par ailleurs entraîneur d'une équipe féminine de football, les Dakar Sacrées Queens, une manière de montrer que la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes doit être menée sur tous les terrains. Il travaille également au quotidien sur des programmes d’éducation et d’engagement des jeunes ce qui lui a valu d’être nommé Commissaire Régionale adjoint au programme Jeune et au plan stratégique des Scouts de Dakar dont il est membre depuis 2004.
Jerry-Gwenaël Azilinon
Volontaire international en mission à l'AFD à Marseille

Avec La Cravate solidaire pour lutter contre les discriminations

© Jonnathan Tshibangu / Unsplash

Lutter contre les discriminations à l’embauche pour promouvoir l’égalité des chances : c’est l’objectif de La Cravate solidaire, une association basée à Bordeaux. Originaire de Sfax, en Tunisie, et membre de la section Hay-Habib des scouts tunisiens, Skander Hlel, 20 ans, a réalisé une mission de service civique de six mois à Bordeaux au sein de la structure.  

« L’habit ne fait pas le moine, mais y contribue » : tel est le slogan de La Cravate solidaire, ce réseau d’associations qui œuvre pour l’égalité des chances en luttant contre les discriminations à l’embauche, notamment celles liées à l’apparence physique. Pour cela, elle accompagne des personnes en (ré)insertion vers la réussite de leurs projets professionnels et collecte en entreprises et auprès de particuliers des tenues professionnelles pour homme et femme. Skander Hlel a été mobilisé auprès de la Cravate solidaire dans le cadre du programme Weccee de l’association Cool’eurs du Monde, qui offre à de jeunes volontaires venus de divers horizons l’opportunité de s’engager dans des actions de solidarité internationale à travers la mobilité. Il nous présente son témoignage.

Je souhaitais participer à un échange afin de pouvoir découvrir la culture française,

faire de nouvelles rencontres et renforcer mes capacités à communiquer en français. Je voulais également m’immerger dans la vie associative française, ayant déjà eu une brève expérience avec les Scouts de France auparavant. 

Au cours de ma mission, j’ai exercé des responsabilités assez variées. La Cravate Solidaire travaille en étroite collaboration avec France Travail, elle est régulièrement contactée pour organiser des ateliers de préparation aux entretiens d’embauche dans différentes villes. J’étais de sortie un jour par semaine pour participer au coaching en image, à l’organisation d’entretiens blancs et à la préparation des CV professionnels.  Les autres jours étaient consacrés à d’autres activités, comme la préparation d’un atelier ou du tri de vêtements pour les bénéficiaires.

Cela a constitué une superbe expérience. J’ai apprécié les échanges que nous avons pu avoir et la solidarité qui s’est instaurée entre nous. Chacun était curieux d’apprendre et de découvrir la culture et les traditions des autres. Aujourd’hui, j’ai l’impression de mieux comprendre certains pays, et je suis ravi d’avoir gardé des liens d’amitié avec des personnes dans plusieurs régions du monde. 

Ma mission a également été l’occasion de rejoindre la section des Scouts laïcs de Pessac, à côté de Bordeaux. J’ai suivi une formation avec eux, puis j’ai commencé à participer aux activités en tant que chef scout. J’ai animé divers jeux, des séances de danse, et pris part à plusieurs week-ends de camping, comme je le faisais en Tunisie.

Cette expérience de vie à Bordeaux a été exceptionnelle. Chaque jeudi, dans le foyer où j’étais hébergé, nous organisions une activité de cuisine collective où chacun préparait des plats de son pays d’origine (Maroc, Sénégal, France etc.). J’ai fait découvrir la cuisine tunisienne à mes colocataires en préparant un ojja merguez, un plat dont ils se souviennent encore, surtout à cause de la harissa !

Ma mission a également été l’occasion d’améliorer mon français. Je n’étais pas très à l’aise avec la langue, ce qui rendait mes échanges téléphoniques avec les candidats parfois difficiles. J’avais pour tâche de les orienter, mais j’ai rapidement été confronté à un manque de confiance de leur part, en raison de mon niveau de langue. J’en ai alors discuté avec mon tuteur, qui a fait preuve de compréhension et m’a proposé de nouvelles activités pour m’aider à surmonter ces difficultés. 

Le programme Weccee, qu'est-ce que c'est ?

Le programme Weccee est un programme de volontariat international en réciprocité, à destination des jeunes de 18 à 25 ans, mis en place depuis 2014 par Cool’eurs du Monde : les jeunes en binôme (un jeune français part à l’étranger et un jeune est accueilli en France) s’engagent à mener un micro-projet d’éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (ECSI) dans le champ des Objectifs de développement durable (ODD). Celui-ci vient en complément de leur mission de volontariat et vise à créer une dynamique autour des ODD dans les territoires concernés.

Bio express

Skander Ben Hlel est membre des Scouts depuis 2014, ce qui lui a permis de participer à des formations dans le cadre du programme Jeunes des 2 Rives, avec lequel il a pu partir au Maroc pour renforcer ses connaissances sur les Objectifs de développement durables (ODD). En mission de service civique entre janvier et juillet 2024, il est depuis octobre 2024 en mission de volontariat en France via le dispositif du Corps Européen de Solidarité. Il s’est envolé pour onze mois à Nantes avec l’association Parcours le Monde Grand-Ouest.
Skander Ben Hlel
Volontaire en service civique

« Encourager les femmes des villages reculés à se rendre à l’hôpital »

La clinique mobile se rend dans les villages reculés pour apporter des soins aux patientes. © DR

Au Togo, Constance Prouvost a trouvé une mission de chargée de projets au sein de l’hôpital de l’Ordre de Malte à Elavagnon, à environ 250 kilomètres au Nord de la capitale (Lomé). Envoyée par la Délégation Catholique pour la Coopération, elle participe à un programme de lutte contre la mortalité materno-infantile. À 24 ans, c’est pour elle une opportunité de consolider son CV via une expérience professionnalisante après des études dans le domaine de la solidarité internationale.  

Tu es en mission dans un hôpital au centre du Togo : peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ?

Je suis assistante financière et administrative ainsi que chargée de projet pour l’hôpital de l’Ordre de Malte d’Elavagnon. À ce titre, mes missions sont très variées.

Il y a d’abord les missions administratives et financières, donc, qui me permettent de comprendre en profondeur la gestion d’une structure médicale et d’ainsi analyser les besoins des équipes. L’objectif étant que le patient soit toujours accueilli le mieux possible et que sa prise en charge soit la plus adaptée au contexte local.

En tant que chargé de projets, tu as aussi pour mission le suivi d’un programme de réduction de la mortalité materno-infantile : peux-tu nous en dire plus ?

Effectivement, l’hôpital gère un projet qui a pour objectif principal de réduire la mortalité materno-infantile pour les femmes et les enfants de l’Est-Mono (dans la région des plateaux, limitrophe du Bénin, NDLR). Mes missions dans le projet sont de coordonner les différentes équipes nécessaires, de concevoir avec elle de nouvelles activités, de mesurer l’impact des actions, et bien sûr de rendre compte au siège.

L’objectif est d’encourager les femmes et les enfants des villages reculés à se rendre à l’hôpital pour un meilleur suivi de grossesse et pédiatrique. Parmi les actions que l’on mène, je peux par exemple citer l’organisation et la gestion de la clinique mobile qui offre des consultations prénatales et pédiatriques dans les villages les plus reculés, ou encore la mise en place d’un service d’urgences materno-infantiles, afin de repérer au plus vite les cas urgents dans les villages grâce à des ambulances.

Plus globalement, mon rôle est donc d’assurer le suivi des équipes et de concevoir avec elles les nouvelles stratégies à mettre en place pour aider les communautés à accéder aux soins. L’hôpital inaugurera un pôle mère-enfant en 2025 avec un nouveau bloc opératoire et une unité de néonatalogie. Ce pôle permettra une prise en charge efficace et qualitative pour les mères et les enfants.

"N’appartenant à aucune ethnie ou n'ayant pas d'attaches particulières, il m'est plus facile de prendre des décisions justes qui favorisent l'équité entre les personnes"

Ce sont de forts enjeux en termes de santé publique : quelles difficultés as-tu rencontrées dans le cadre de tes missions ?

Nous sommes confrontés à de nombreux défis : le manque de moyens, les difficultés pour l’ambulance et la clinique mobile de se rendre dans les villages les plus reculés, les grands prématurés à prendre en charge ou l’augmentation de la pauvreté dû aux changements climatiques. Nos équipes se battent tous les jours pour rendre l’accès aux soins plus facile pour les communautés. Dans ce contexte, voir les femmes enceintes des villages se rendre à l’hôpital après les sensibilisations que nous réalisons est une belle réussite de la part du personnel !

D’un point de vue plus personnel, étant de nature extravertie, ma plus grande difficulté en début de mission a été l’isolement qu’impose la vie en brousse, et la nuit qui tombe très tôt. Mais les moments d’isolement ont quand même du bon : ils m’ont permis de développer des projets que je n’aurais pas eu le temps de réaliser en France. Aujourd’hui, une deuxième volontaire en VSI m’a rejointe, donc l’isolement est moins difficile à vivre.

Le fait de ne pas avoir de formation médicale a-t-il été un handicap pour toi ?

Effectivement, tout dans cette mission est nouveau pour moi ! Mais les équipes sur place m’ont tout appris sur le contexte de l’accès aux soins pour les populations et le système de santé du pays. Au-delà, cette mission m’apprend également à faire face aux imprévus, à des situations d’urgence, à vivre dans une autre temporalité que celle que nous connaissons en France, à se laisser bousculer par des évènements que je n’avais pas choisis. Mais à l’inverse, le fait d’être d’une culture différente apporte en contrepartie une certaine neutralité dans les décisions qu’on doit prendre. N’appartenant à aucune ethnie ou n’ayant pas d’attaches particulières, il m’est plus facile de prendre des décisions justes qui favorisent l’équité entre les personnes.

© DR

As-tu as une anecdote particulière à nous raconter ?

Oui, je peux parler de l’accueil que m’a réservé la chorale du village par exemple. Partager les moments de répétitions de chants et de danses avec les villageois est à la fois une source de gêne mais aussi de rires ! Car évidemment je ne comprends rien à ce que je chante et je n’ai pas de partition, donc je vous laisse imaginer les sons mélodieux qui sortent de ma bouche !

Quels sont tes projets pour la suite ?

Edifiée par la résilience des femmes rencontrées à la maternité et dans le personnel de l’hôpital, je monte un projet pour mon retour en France qui consistera à la création d’un podcast autour de douze figures féminines, philosophes et autres, qui nous parlent encore aujourd’hui. Après ce projet, je compte candidater à des offres de chargée de projets dans le secteur de l’action sociale en France ou dans le secteur humanitaire dans une ONG. Mon VSI me permet d’acquérir des bases solides et d’être polyvalente sur de nombreux prochains postes.

La pesée des enfants dans le cadre du programme de prévention de la malnutrition et de vaccination / © DR

Bio express

Passionnée par le continent africain et son histoire depuis une mission de volontariat en Zambie réalisée en famille entre l’âge de 8 et 10 ans avec Fidesco, elle a orienté ses études vers un master en management de la solidarité internationale et de l'action sociale à l’Ircom -Ecole supérieure des Humanités et du Management dAngers. Elle a également effectué une année de césure en philosophie et théologie en Suisse. Son parcours et ses stages professionnels oscillent entre la France et l'Afrique (association Le Rocher, ONG ANGE, ferme agroécologique au Rwanda).
Constance Prouvost
Volontaire de solidarité internationale

La structure d'envoi

Fondée en 1967, la Délégation Catholique pour la Coopération (DCC) est le service du volontariat international de l’Église en France. Elle envoie des volontaires de solidarité sur des missions de trois mois à deux ans. Les volontaires agissent dans tous les domaines de développement et dans tous les types de métiers. La DCC ne porte pas de projets elle-même : elle répond aux demandes de ses partenaires du Sud qui mettent en place des projets de développement. La DCC est une association de loi 1901 agréée par l’État pour l’envoi de volontaires de solidarité internationale et l’accueil de volontaires en service civique. Elle est membre de la plateforme France Volontaires.

Un fan de photographie en Congé solidaire auprès des jeunes béninois

Les apprentis photographes de Raymond Lahoul, en reportage sur le terrain lors de sa dernière mission en Congé solidaire au Bénin. © Raymond Lahoul

Technicien chez France Télévisions, Raymond Lahoul a participé cette année à sa troisième mission dans le cadre d’un congé solidaire. Ce dispositif, mis en place par l’ONG Planète Urgence, permet à des salariés de donner de leur temps de vacances pour réaliser des actions de solidarité internationale. Au Bénin, Raymond était chargé de former les jeunes d’une association de protection de l’environnement à la pratique de la photographie.

Du temps en moins passé à la plage, à la campagne ou en virée au ski pendant l’hiver… chaque année, ils sont entre huit et dix salariés de France Télévisions à « renoncer » à une quinzaine de jours de vacances pour les remplacer par une mission de solidarité internationale à l’étranger. Depuis une dizaine d’années désormais, l’entreprise publique d’audiovisuel a en effet mis en place un partenariat avec Planète Urgence : l’ONG d’aide au développement, membre de la plateforme France Volontaires, a créé ce dispositif du Congé solidaire au début des années 2000.

Une idée originale qui permet à l’employé d’une entreprise de partir en Asie, en Amérique latine ou en Afrique pour partager et transmettre ses connaissances en appui à des actions de préservation de l’environnement. En échange de ce temps, l’employeur s’engage à financer la mission en contribuant à l’achat du billet d’avion, aux frais de transports ou de logement sur place, etc. Ils sont aujourd’hui plus de 11.000 à avoir ainsi été envoyés sur le terrain par Planète Urgence.

Des entreprises qui défendent des valeurs de solidarité

« On est partis du constat que nos collaborateurs souhaitaient s’engager dans des actions qui ont du sens » explique Yannick Monsnereau, responsable de la gestion du dispositif pour le groupe audiovisuel. « France Télévisions est une entreprise de service public, nous portons des valeurs fortes de solidarité, et il n’est pas étonnant que nos salariés désirent eux aussi partager ces valeurs au-delà de leurs activités professionnelles », complète-t-elle.

Raymond Lahoul fait justement partie de ces salariés qui ont tenté l’aventure. La première fois, pour lui, c’était il y a cinq ans déjà, en 2019. « Je travaille aux Antilles pour la chaîne Martinique Première, qui appartient au groupe France Télévisions » se remémore-t-il. « J’ai entendu parler de ce partenariat entre mon employeur et Planète Urgence et de la possibilité pour les salariés de bénéficier de ce Congé solidaire. Cela a tout de suite suscité une grande curiosité de ma part. »

« J’ai été envoyé dans une association locale qui travaillait avec Planète Urgence autour de la protection des forêts. L’objectif était de réaliser des reportages photo dans le cadre de leurs activités »

Raymond Lahoul, volontaire en mission de Congé solidaire au Bénin

Il part alors quinze jours à Yaoundé, au Cameroun, dans une association qui initie les jeunes à la photographie pendant leurs vacances scolaires. Technicien de métier, c’est aussi un grand fan de photographie, qu’il pratique assidument de manière amateure. Il a ainsi suivi diverses formations autour de la photo de mode ou du photoreportage, acquérant des savoirs qu’il entend désormais partager avec d’autres passionnés comme lui. Cette première est pour lui une révélation. Désireux de réitérer l’expérience l’année suivante, il entame un deuxième Congé solidaire dans une ferme de permaculture, en métropole cette fois. Mais la pandémie de covid-19 interrompt son aventure. Il repart finalement dans le courant de l’année 2024, au Bénin cette fois, pour une troisième mission.

« J’ai été envoyé dans une association locale qui travaillait avec Planète Urgence autour de la protection des forêts. L’objectif était de réaliser des reportages photo dans le cadre de leurs activités, afin qu’ils puissent justifier auprès de leurs partenaires du travail qu’ils réalisaient sur le terrain ». Pendant quinze jours, il conseille une équipe composée de six jeunes Béninois et d’un Français en Service civique. Les matins sont réservés à des enseignements théoriques tandis que les après-midis permettent de mettre en pratique les astuces de Raymond.

Un salarié désormais ambassadeur du Congé solidaire

Après trois expériences, ce dernier semble conquis par le dispositif, même s’il reconnaît lui-même que « l’adaptation n’est pas toujours évidente. Il faut savoir être flexible pour prendre en compte des modes de fonctionnement professionnel qui ne sont pas les mêmes que chez nous », plaide-t-il. Du côté de son employeur, on est également ravis d’avoir mis en place ce Congé solidaire qui sort parfois les salariés de leur quotidien. « Certains mettent en œuvre des compétences liées à leur expertise, mais d’autres vont un peu hors des sentiers battus. Nous avons par exemple des journalistes ou des communicants qui vont participer à des séances d’alphabétisation. Ils ne sont pas professeurs de français, mais la maîtrise des mots fait partie de leur bagage professionnel », explique Yannick Monsnereau.

Raymond, lui, fait désormais partie du groupe des ambassadeurs du Congé solidaire au sein du groupe France Télévisions. Histoire de faire la promotion auprès de ses collègues d’un dispositif qui, à défaut d’avoir changé sa vie, a donné du sens à ses vacances.

 © DR

Planète Urgence et le Congé solidaire

Association du groupe SOS, Planète Urgence est une ONG de solidarité internationale et d’aide au développement créée en 2000 et reconnue d’utilité publique. À travers ses dispositifs de volontariat et de renforcement de compétences, ses actions de sensibilisation et ses projets de préservation des forêts, elle entend permettre à chacune et chacun d’être davantage acteur de son développement et de celui de sa communauté. Planète Urgence agit en direct via ses équipes de terrain dans les trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux – l’Amazonie, le bassin du Congo, le bassin du Bornéo Mékong – là où la déforestation est la plus vive, la biodiversité la plus exceptionnelle et les vulnérabilités humaines les plus fortes. Elle s’appuie également sur la mobilisation et l’engagement des citoyens, et notamment des salariés via le Congé solidaire, un dispositif qu’elle a elle-même imaginé.

Raymond Lahoul (à droite en t-shirt rouge) en photoreportage sur le terrain. © DR 

« J’aime plaisanter autour des mots »

© Sébastien Grimaud / Etymocurieux

Sébastien Grimaud, plus connu comme l’Etymocurieux sur Instagram, est un amoureux des mots. Ancien professeur de français, il propose aujourd’hui des contenus originaux à plus de 230.000 abonnés sur l’étymologie de la langue française, avec distance et humour. Présent sur le stand de France Volontaires à la Gaîté lyrique à l’occasion du festival de la francophonie début octobre, il nous a expliqué les dessous de son aventure

« Solide et solidaire ont la même étymologie »… Dans l’une de ses dernières vidéos publiées fin septembre, Sébastien Grimaud nous expliquait les origines d’un terme qui est cher à tous les volontaires internationaux d’échange et de solidarité (V.I.E.S). Depuis près d’un an maintenant, il décortique les mots et expressions de la langue française pour nous en livrer la substantifique moelle.

Le 2 octobre dernier, il était présent au Festival de la francophonie, qui s’est tenu pendant quatre jours au CENTQUATRE-Paris et à la Gaîté lyrique, dans la capitale. Sur le stand de France Volontaires, il a rencontré ceux qui sont impliqués dans la défense de la langue française aux quatre coins du monde*. Et nous a expliqué son travail comme sa vision de la francophonie.

Le concept de ton compte Instagram, c’est d’expliquer l’étymologie d’un mot à tes abonnés : comment procèdes-tu pour les choisir ?

Je n’ai pas une approche académique de la langue. L’idée n’est pas de faire un cours de grammaire ou de latin, je prends des mots du quotidien, et j’aime voir la façon dont ils ont voyagé, dont ils peuvent révéler leurs « secrets » ou un sens caché. Parfois je me pose et je laisse venir l’inspiration, mais la lecture aide beaucoup aussi, évidemment. Au détour d’un texte, je peux m’apercevoir qu’il y a un mot intéressant à traiter, soit parce qu’il est rare, soit parce qu’il est rigolo. Et de plus en plus, avec le succès du compte, je reçois des suggestions de mes abonnés.

Tu as été professeur de français : est-ce qu’il y a un lien entre cette activité et la façon dont tu travailles sur Insta ?

Alors ça n’a rien à voir ! (rires) Enfin si, il y a de la transmission, mais c’est différent dans la forme : un cours dure une heure, une vidéo dure une minute. Disons que j’ai toujours eu l’envie de transmettre ce qu’on m’avait appris. Je n’ai pas la science infuse, au contraire. J’apprends moi-même tous les jours et c’est ce que j’adore dans la création de contenus. Il faut se renouveler en permanence, chercher de nouvelles idées. Enseigner pendant des années m’a appris la pédagogie évidemment, le fait d’y aller pas à pas, cela m’a aussi appris à utiliser l’humour de temps en temps, car si on se contente de lire un dictionnaire, ce ne sera pas très intéressant. J’aime plaisanter autour des mots.

"Cela m’arrive régulièrement que des profs m’écrivent pour me dire qu’ils ont utilisé mes vidéos dans leurs cours"

Ce que tu fais en création de contenus est-il utilisable dans le cadre d’un cours de français ?

Oui, cela m’arrive d’ailleurs régulièrement que des profs m’écrivent pour me dire qu’ils aimaient bien ce que je faisais, qu’ils ont utilisé mes vidéos dans des cours comme une ressource pédagogique. Aussi bien en commentaires sous mes publications qu’en messages privés, ils me disent qu’utiliser ces petites « pastilles » est une manière différente d’animer leurs cours.

Y a-t-il une forme de satisfaction au fait que tes contenus soient réutilisés de la sorte ?

En fait je suis honoré de ça ! Je crée mes contenus avec beaucoup de soin, je travaille énormément, cela représente des heures de recherche, d’écriture de script… Alors quand je vois que ça trouve un écho et que des profs s’en saisissent comme une ressource utile et fiable, j’en suis évidemment très content !

Le succès du compte te donne-t-il envie de participer à d’autres événements comme ce festival de la francophonie ?

Oui, cela me donne clairement envie de croiser les gens qui suivent mon compte, et plus globalement tous ceux pour qui la francophonie est une réalité. On est 300 millions sur la planète à parler français, je trouve ça dingue. Parmi mes abonnés il y a beaucoup de Québécois, des Africains aussi (Sénégalais, Ivoiriens…), des Belges ou des Suisses. Ici, je suis content de pouvoir rencontrer vos volontaires qui sont originaires de tous ces pays : c’est du français un peu différent et c’est intéressant d’évoquer la résonance différente qu’un mot peut avoir dans différents endroits du monde. Certaines zones francophones ont même leurs propres mots, comme au Liban ou en Louisiane. En fait, le sujet est infini !

Volontariat et francophonie en chiffres

De nombreux volontaires sont mobilisés par France Volontaires et ses membres autour de la thématique de la francophonie, dans le monde comme sur le territoire français dans le cadre de la réciprocité des échanges. A titre d’exemple, en 2022, 24% des missions en Service civique international ont été réalisées dans le cadre de la francophonie. Ces volontaires sont particulièrement présents dans les Alliances françaises (31% des missions), les lycées français (28%), les instituts français (7%), ainsi que dans des associations proposant l’enseignement du français. Du point de vue géographique, 59% se sont déroulées en Europe et 41% sur le reste de la planète.

Bio express

Sébastien Grimaud a 31 ans. D’origine réunionnaise, il a fait des études de lettres classiques (latin et grec) avant d’enseigner le français au sein de l’Éducation nationale. Fin 2023, il a créé le compte Etymocurieux sur Instagram pour partir à la rencontre de la racine des mots, avec érudition et humour. Sa première vidéo expliquait ainsi « pourquoi le mot « nycthémère » n’est pas une insulte ». En quelques mois, son compte a rassemblé une large communauté de passionnés de la langue française.
Sébastien Grimaud
Auteur du compte Instagram Etymocurieux

5 questions au cofondateur de Life Project 4 Youth (LP4Y)

 © LP4Y

 

La journée mondiale pour l’élimination de la pauvreté, célébrée chaque année le 17 octobre, est l’occasion de rappeler que 30% des 1,2 milliard de jeunes vivent dans des conditions insalubres et survivent grâce une économie informelle en combattant par tous moyens à leur disposition la misère et le sous-emploi. Cette journée est l’occasion de donner la parole à John Delaporte, cofondateur de l’ONG Life Project 4 Youth (LP4Y), nouvellement membre de la plateforme France Volontaires. Véritable soutien à des milliers de jeunes, LP4Y contribue concrètement à la construction d’un monde meilleur

Quelles sont les principales missions de LP4Y ?

Life Project 4 Youth est un mouvement global d’organisations nationales entièrement dédié à l’inclusion des jeunes en situation de grande pauvreté et victimes d’exclusion.  C’est une organisation de jeunes, pour les jeunes, par les jeunes. Nous portons la voix de ces derniers depuis quinze ans dans quatorze pays et jusqu’aux Nations Unies à New-York. 

Chaque année, LP4Y accompagne directement à l’emploi et à la vie décente près de 2000 jeunes (dont 85% de femmes) grâce à ses 26 centres de formation et de développement d’actions communautaires situés dans des villages et des bidonvilles.

John Delaporte (troisième en partant de la droite) et les autorités du Slum Clearance Board de Kannagi Nagar à Chennai. © LP4Y

Pourquoi avoir décidé de rejoindre la plateforme France Volontaires ?

L’action volontaire, l’engagement, la participation sont des valeurs au centre de notre projet. Depuis quinze ans, plus de 700 volontaires se sont engagés à nos côtés, ont été formés, accompagnés en mission et au retour. Plus de la moitié d’entre eux ont réorienté leur projet de vie au cours de leur mission et se sont engagés depuis auprès des jeunes. France Volontaires et LP4Y sont des organisations jumelles, toutes deux créées en 2009. Nous coopérons étroitement dans plusieurs pays d’Asie du Sud et du Sud-Est ou du Moyen-Orient. France Volontaires est un partenaire au quotidien. Rejoindre la plateforme est un pas de plus dans notre participation au développement de l’esprit de mission auquel nous croyons tant.

Parmi vos principales actions, on retrouve le plaidoyer pour défendre la cause des jeunes en situation de précarité, l’accompagnement des jeunes les plus exclus vers l’intégration sociale et professionnelle mais également le soutien à des initiatives innovantes en faveur de l’inclusion des jeunes. Quelle place le volontariat international prend-il dans ces actions et dans votre développement stratégique ?

Le volontariat international d’échange et de solidarité est l’un des principaux constituants de notre stratégie qui s’articule autour de trois piliers :

– Le pilier « Accompany » : c’est l’accompagnement des jeunes les plus exclus d’Asie et du Moyen-Orient vers l’intégration professionnelle et sociale.

– Le pilier « Campaign », c’est du plaidoyer : faire campagne avec des jeunes adultes issus de l’extrême pauvreté pour proposer des solutions concrètes et de terrain aux problèmes d’exclusion. Ces valeurs ont été reprises dans le premier long métrage “I’m the future” produit par LP4Y, qui sera en salle en 2025.

– Enfin le pilier « Engage » : engager des partenaires pour augmenter le nombre d’initiatives qui soutiennent l’inclusion des jeunes et en multiplier l’impact. LP4Y est notamment le fondateur et l’animateur du Youth 4 Change Network, un réseau de plus de cent organisations de la société civile (OSC) engagées dans la lutte pour l’inclusion des jeunes dans quarante pays, mais aussi du Youth Inclusion Network, réseau de plus de cinquante entreprises internationales et nationales engagées pour l’inclusion de tous les Jeunes dans sept pays différents. Le mouvement LP4Y a développé une entité de conseil en accompagnement de structures d’inclusion de jeunes et conduit ainsi des projets à Madagascar et aux Philippines.

"Le volontariat est la clé pour le développement d'actions désintéressées au profit des populations les plus démunies"

John Delaporte, cofondateur de LP4Y

LP4Y est présent dans quatorze pays grâce à une fédération de dix-sept organisations. Comment se répartissent vos actions à l’international ?

Une première zone d’action a été créée à partir de 2009 en Asie du Sud-Est, puis une deuxième en 2014 en Asie du Sud et depuis 2019, une troisième zone a été créée au Moyen-Orient. Présents dans quatorze pays, nous sommes de plus en plus confrontés à des crises climatiques (aux Philippines, en Indonésie, au Bangladesh, au Népal ou en Inde), à des crises politiques (au Liban et au Myanmar), à des crises migratoires … Une étude montre que dans cinq ans, 80% des pays destinataires de l’aide au développement se situeront dans des zones de crise. Le mouvement LP4Y continuera au cours des prochaines années à intégrer des organisations désireuses de s’allier pour se donner les moyens de répondre aux énormes besoins de certaines communautés.

Comment les volontaires contribuent-ils concrètement aux missions de LP4Y ? Sont-ils mobilisés sur l’ensemble de vos programmes ? Avez-vous des ambitions de développement des missions de volontariat dans un domaine en particulier ?

Le volontariat est la clé pour le développement d’actions désintéressées au profit des populations les plus démunies. La coopération entre les pays passe par le transfert de compétences, l’alliance de moyens et de savoir-faire, le financement de projets innovants, de projets à impact fort. On trouve des personnes à forte compétence, engagés volontaires en mission, qui sont une chance pour les organisations engagées pour la coopération internationale. Les dispositifs français d’accompagnement des organisations de solidarité internationale sont autant d’opportunités de renforcer nos actions. 

Par ailleurs, constatant depuis quinze ans l’accroissement de crises climatiques qui affectent les communautés et la nécessité de coalitions, de coopération et de coordination entre toutes les parties prenantes potentielles, et constatant l’incroyable force d’engagement des jeunes, nous avons le projet de mettre en œuvre une action d’envergure : « 500 Jeunes, volontaires pour le climat », qui alliera toutes les formes de volontariat, dont celui de VSI de réciprocité. Le combat ne fait que commencer.

Life Project 4 Youth en bref

Life Project 4 Youth Alliance est une fédération de dix-sept organisations dans quatorze pays dont la mission est le développement de solutions innovantes pour l'inclusion professionnelle et sociale des jeunes (15-24 ans) issus de l'extrême pauvreté et victimes d'exclusion. LP4Y soutient et défend l'inclusion décente de milliers de jeunes et de leurs familles dans 57 programmes, 19 centres de formation et de développement, six académies Little Angel, six villages verts, deux LP4Y Labs en Asie du Sud-Est, en Asie du Sud, au Moyen-Orient, en Europe et en Amérique. LP4Y est un membre fondateur du réseau Youth 4 Change www.y4cn.org et du réseau Youth Inclusion www.yinglobal.org . Il jouit d'un statut consultatif spécial auprès du Conseil économique et social des Nations unies.

La jeunesse d’Haïti en mission de volontariat culturel en France

La Friche culturelle de la Belle de Mai, à Marseille, accueille l’une des volontaires haïtiennes du programme Tanbou © C. Dutrey/La Belle de Mai

Les neuf volontaires du programme Tanbou se sont tous retrouvés dans les locaux de l’Institut français le mercredi 9 octobre 2024. Parmi eux, la première cohorte de jeunes haïtiens arrivés en France pour une mission de volontariat international d’échange et de solidarité (V.I.E.S) depuis le mois de juin, et les derniers arrivés fin septembre. Les riches échanges ont permis aux uns de revenir sur leur expérience de mission et aux autres de partager leur motivation et leurs espoirs à l’aube de la leur. L’occasion de souligner l’importance du travail en « Équipe France » pour mener des actions ambitieuses, dans une dynamique de coopération fondamentale pour France Volontaires.

Ils s’appellent Ketnylie, Marvens, Chrismaëlle, Hasner, Mischma, Aristi, Soraya, Emmanuella et Heberson. Tous sont volontaires internationaux dans le cadre du projet Tanbou porté par l’Institut français en partenariat avec France Volontaires et sur financement de l’Agence française de développement (AFD).

Tous partagent la conviction que leur engagement sera utile pour créer des passerelles entre tous les acteurs des industries culturelles et créatives (ICC) indispensables pour préserver le patrimoine culturel haïtien et international. Tous sont en France pour plusieurs mois, en mission de Service civique ou de Volontariat de solidarité internationale (VSI), pour vivre une expérience professionnalisante et formatrice qu’il entendent bien réinvestir dès le retour dans leur pays. Chrismaëlle Thermidor, arrivée en mai dernier à la Friche de la Belle de Mai à Marseille, le confirme : « Cette immersion dans l’écosystème des ICC en France m’a permis de découvrir des approches innovantes de production que je pourrai réutiliser en Haïti ».

Volontariat culturel : une expérience riche et fédératrice

Dans un pays en proie au désordre et à la violence, la culture apparaît pour chacun des volontaires du programme comme un vecteur de reconstruction du lien social, d’inclusion et de protection du patrimoine haïtien. Pour Chrismaëlle, aucun doute sur l’importance de cette mission de service civique international, car « plus on aura de personnes engagées, plus on pourra préserver le patrimoine culturel ».

Et c’est bien l’un des enjeux du vaste projet Tanbou, avec la création d’une Fabrique des arts à Port-au-Prince et l’accompagnement dans la professionnalisation des artistes et opérateurs culturels. Hasner Gelin, également volontaire de la première cohorte en mission de service civique au Festival des Francophonies à Limoges, ne perd pas de vue l’objectif final car « comme tous les volontaires haïtiens, [il est] ici pour le renforcement et l’avancement du secteur culturel haïtien ».

« Cette immersion dans l’écosystème des ICC en France m’a permis de découvrir des approches innovantes de production que je pourrai réutiliser en Haïti »

Chrismaëlle Thermidor, volontaire haïtienne à la Friche de la Belle de Mai

La plupart d’entre eux pratiquent déjà une ou plusieurs activités culturelles et artistiques. Tous ont la conviction que la culture contribue à l’amélioration des relations au sein de la société. C’est ce que rappelle Emmanuella Michel, volontaire récemment déployée en mission de service civique dans la salle de spectacle du Rocher de Palmer, à Bordeaux. « Les ICC représentent un immense potentiel pour transformer notre société, et chaque voix, chaque création compte. Il ne faut pas hésiter à sortir de sa zone de confort, à voyager, à explorer d’autres modèles pour mieux enrichir son propre parcours artistique ». Et c’est précisément ce qu’apporte une mission de V.I.E.S grâce à la découverte d’une autre culture, d’autres pratiques artistiques et de nouveaux modes de vie !

En mode « Équipe France » pour construire des projets communs et mener des actions ambitieuses

En introduction de ce temps d’échanges, Sophie Renaud, directrice des coopérations et dialogues des sociétés à l’Institut français, s’est félicitée de la mise en œuvre du programme Tanbou avec France Volontaire et l’AFD sur trois grands axes que sont l’accompagnement de la construction de la Fabrique des arts en Haïti, l’accompagnement à la préservation du patrimoine et la professionnalisation des acteurs. Ce dernier volet du programme Tanbou est rendu possible par l’intermédiaire du V.I.E.S, qui apparait plus que jamais comme un outil puissant pour le développement des activités de la culture et de l’art, mais également de la reconstruction du lien social, l’apprentissage du travail en commun, le renforcement de la société civile, l’inclusion des jeunes et la promotion de l’égalité femmes-hommes. L’occasion pour Sophie Renaud de souligner « l’efficacité de la coopération entre les opérateurs français autour de projets communs ».

A l’Institut français le mercredi 9 octobres 2024. © France Volontaires 

Pour France Volontaires, le programme Tanbou est aussi « l’occasion de retravailler avec Haïti, l’un des premiers pays de déploiement du volontariat » comme l’a rappelé Thomas Cossé, directeur du réseau et des programmes. « Si la brutalité de l’arrêt des missions nous a affectés, notre partenariat avec l’Institut français et l’AFD sur le programme Tanbou nous redonne beaucoup d’espoir ! Notre ambition est encore plus forte pour développer la coopération entre nos pays ». Des ambitions de coopération manifestement partagées par tous les opérateurs mobilisés sur ce projet, comme l’AFD, qui confirme par l’intermédiaire de Gaëlle Mareuge, chargée de mission ICC, que « c’est ce travail en commun qui permet d’avoir un beau projet et des résultats à l’arrivée ». Ainsi, elle encourage chaque volontaire à « profiter de ce temps de volontariat pour acquérir des compétences, vivre de nouvelles expériences et pouvoir enrichir Haïti ensuite ».

Le projet Tanbou

Alors qu'Haïti se trouve dans une situation économique particulièrement fragile, le projet Tanbou entend contribuer à la création de revenus dans le secteur des industries culturelles et créatives de l'île, et permettre en outre de restaurer du lien social. Dans cette optique, un nouvel espace culturel, la Fabrique des arts, va être édifié à Port-au-Prince, la capitale du pays afin de favoriser la création dans des domaines culturels pluridisciplinaires et de mettre en valeur le patrimoine local.

La deuxième cohorte de volontaires arrivée fin septembre. © France Volontaires 

Arsène et Stéphane dans la lumière des Jeux olympiques

Arsène et Stéphane au mois de juillet à Paris. © France Volontaires

Pendant tout l’été olympique, Arsène et Stéphane se sont investis pour faire de l’événement une réussite en s’engageant comme volontaires. Le premier, jeune sportif béninois sur la base de loisirs d’Etampes, était parrainé par le second, salarié d’EDF : l’entreprise, partenaire des Jeux olympiques, s’était en effet associée à France Volontaires dans le cadre du programme « Terre de Jeux Paris 2024 ». On a fait le bilan de l’opération avec eux lors d’un entretien croisé.

L’un vient du Bénin quand l’autre est originaire de banlieue parisienne, et quelques années les séparent… Rien ne prédisposait donc à ce qu’ils se croisent un jour. Mais, magie des Jeux Olympiques, Stéphane et Arsène ont passé l’été main dans la main à participer à ce grand événement mondial, réunis par le sport, leur désir d’engagement et la belle initiative d’EDF.

Au-delà de son implication dans l’organisation des Jeux (pensons à la magnifique vasque qui a ébloui le monde entier), l’entreprise a en effet décidé d’accompagner dix jeunes volontaires venus du monde entier, en leur offrant le soutien d’un parrain ou d’une marraine, salarié du groupe, afin de vivre au mieux leur mission en France. Stéphane Nouyoux et Arsène Azizaho faisaient partie de ces binômes de choc qui ont permis de faire de ces Jeux une magnifique réussite sportive et solidaire

Stéphane, pourquoi s'être porté candidat au parrainage d’un des volontaires du programme Terre de Jeux de France Volontaires ?

Je suis un enfant du Val-Fourré, un quartier qu’on qualifie parfois de difficile à Mantes-la-Jolie. Je sais que tout le monde ne part pas avec les mêmes chances dans la vie. Moi j’en ai eu un peu, je m’en suis bien sorti, mais ça n’a pas été le cas de tous mes camarades de classe de l’époque. Alors aujourd’hui, je m’investis auprès des jeunes. Par exemple je fais de l’aide au devoir avec un collégien depuis qu’il est en sixième (il est aujourd’hui en quatrième). Donner un coup de main, pour moi c’est naturel !

Quand EDF, mon employeur, a décidé de s’associer au programme de France Volontaires, on nous a soumis une liste de jeunes en provenance d’une dizaine de pays partenaires, je me suis porté candidat pour en parrainer un qui pouvait être francophone ou anglophone. Finalement, j’ai composé ce beau duo avec Arsène, qui est originaire du Bénin.

Arsène, volontaire du programme Terre de Jeux Paris 2024, était en mission dans la base de loisirs d’Etampes avec l’UCPA. Il était parrainé par Stéphane, salarié d’EDF. © France Volontaires

Arsène, comment s’est passée la rencontre avec Stéphane ?

Stéphane a été super accueillant. Je suis arrivé dans le courant du mois de mai 2024, on s’est rencontrés pour la première fois lors d’un événement organisé par EDF à l’Insep (l’Institut national du sport, de l’expertise et de la performance). Par la suite, début juillet, avant le début des Jeux olympiques, il m’a proposé d’aller faire une balade à vélo pour découvrir Paris. J’ai dû apprendre avant, car je n’étais encore jamais monté sur un vélo jusque-là ! Au final, des dix binômes qui ont été mis en place dans le cadre de ce programme, je pense que nous sommes l’un des plus actifs.

Stéphane, concrètement, comment s’est déroulé ce parrainage au quotidien ?

Dans notre mode de fonctionnement au quotidien, on s’est envoyé pas mal de sms et on a aussi beaucoup discuté de ce qu’on faisait chacun de notre côté, moi en France et lui au Bénin.

On a essayé d’avoir un maximum d’échanges même s’il était très pris pour sa mission sur la base de loisirs d’Etampes, avant et pendant les Jeux olympiques, sachant que j’étais moi-même bénévole lors de l’événement.

Arsène, quel souvenir garderas-tu de ton volontariat en France ?

Dès mon arrivée, l’équipe de l’UCPA qui m’a accueillie pour ma mission à Étampes s’est occupée de moi, elle m’a formé pour être efficace dans la « zone de célébration » (les sites gratuits ouverts au public pendant les Jeux). Je garde en particulier un super souvenir du passage de la flamme olympique sur place. J’ajouterai que la mission que j’avais pendant les Jeux paralympiques en tant qu’équipier transport m’a également permis de rencontrer des athlètes, faire des selfies avec eux et même toucher des médailles. À tous points de vue, cette mission restera une expérience inoubliable.

Bio express

Arsène Azizaho est un jeune béninois de 25 ans qui pratique le volley-ball. Après des études de sciences naturelles, il s’est finalement réorienté vers un parcours universitaire dans le journalisme et la communication. Il souhaite orienter sa carrière professionnelle vers la communication digitale et les réseaux sociaux.