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Actualités
30 avr. 24

Les acteurs de la réciprocité dans le volontariat ont échangé dans un webinaire

Dans le cadre de leurs études respectives menées avec l’appui du F3E, France Volontaires, le Service de coopération au développement (SCD) et Cool’eurs du monde ont partagé expérience et perspectives autour des mobilités croisées. Cette restitution en ligne a permis de rappeler l’importance de la réciprocité comme principe essentiel pour l’équilibre des relations entre pays et acteurs.

Le 28 mars 2024, plus de 70 personnes ont assisté au webinar basé sur les travaux conduits, avec l’appui du F3E, par le SCD, Cool’eurs du Monde et France Volontaires. Cette restitution croisée a permis aux organisations d’échanger autour de leurs pratiques d’accueil et des effets du volontariat sur les territoires et volontaires. Cette présentation a été enrichie d’une dizaine de témoignages de partenaires et d’anciens volontaires, comme Kossi Mensan Edem Agode, Directeur des opérations de l’Agence nationale du volontariat au Togo.

Après avoir défini le principe de réciprocité au regard de leurs pratiques organisationnelles, les structures sont revenues sur les besoins spécifiques en matière d’accueil de volontaires internationaux. Les intervenants ont ensuite examiné les effets de ces missions sur l’ensemble des acteurs du secteur, avant de présenter les axes de développement envisagés pour encourager la réciprocité dans le VIES.

Présentation des trois études

Ce temps d’échange a reposé sur les résultats des trois études et évaluations suivantes :

  • En partenariat avec l’Agence du service civique, France Volontaires a publié une étude autour de la réciprocité. Elle a permis de dresser le panorama de l’application de ce principe en France, en précisant son impact sur les acteurs du volontariat et ses effets sur les politiques de solidarité internationale

  • L’association Cool’eurs du Monde a mené une évaluation sur la première phase du projet WECEE. Il permet aux jeunes volontaires de mieux se former et de concrétiser la réciprocité dans leur engagement à travers des micro-projets d’Éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale (Ecsi) construits en interculturalité entre binômes, territoires, l’un à l’international et l’autre en Nouvelle-Aquitaine.
  • Le SCD a mené une évaluation au sujet de la première phase du programme PrODDige. Il permet à des jeunes de différents pays (France, Argentine, Bénin, Burkina Faso, Gabon, Haïti, Maroc, Pérou, Rwanda, Sénégal, Togo et Tunisie) de s’engager individuellement et collectivement dans une mission de volontariat pour contribuer à la réalisation des ODD en Auvergne-Rhône-Alpes, en portant les enjeux et défis de la transition écologique et solidaire auprès du grand public, dans une logique d’insertion intégrale.

 

La définition du principe de réciprocité

S’il n’existe pas de définition unique et unanime du principe de réciprocité, un relatif consensus apparaît dans les entretiens menés dans le cadre de l’étude de France Volontaires. La réciprocité est vue comme étant à la fois éthique, formative/éducative et transformative, dépassant ainsi la simple notion de flux de mobilité entrants et sortants.

Sandrine Delacour, qui dirige l’Association Solidarité Afrique, structure d’accueil dans le cadre du projet ProDDige, confirme que la présence de volontaires internationaux leur permet d’entrevoir de nouvelles perspectives, de dépasser une vision unilatérale des enjeux relatifs à la solidarité internationale.

Crée en 2014, l’Agence nationale du Volontariat au Togo (ANVT) promeut un volontariat innovant et inclusif basé sur l’engagement citoyen au service du développement et du rayonnement du pays. Pour ce faire, elle développe des partenariats institutionnels et techniques en vue de la promotion d’un volontariat national tant sur le plan national qu’international. Forte de son expérience et des études sur le processus d’accueil/envoi, l’ANVT vise désormais à déployer un nombre plus important de volontaires en France et sur un plus large panel de dispositifs.

L’accompagnement spécifique du volontaire international

Selon l’étude de France Volontaires, 78 % des anciens volontaires internationaux ont jugé leur expérience excellente, un sentiment partagé au-delà des différences d’âge, de genre ou de catégorie sociale. Toutefois, plusieurs différences existent en fonction de la structure d’accueil. Ainsi, il est observé que plus une organisation accueille mieux elle sait accueillir. Le cadre est en effet davantage rôdé lorsque les tuteurs utilisent des contacts préétablis pour faciliter certains processus. France Volontaires, à travers notamment ses Espaces volontariats implantés dans 24 pays, est reconnue par l’ensemble des acteurs du secteur comme un rouage essentiel de l’accueil de volontaires internationaux à chaque étape d’une mission.

Pour assurer le développement de projets de qualité, Cool’eurs du Monde et le SCD partagent le soin de préparer bien en amont l’arrivée des volontaires avec les structures d’accueil.

Ainsi, Cool’eurs du monde débute, six mois avant le démarrage du projet, un processus de structuration qui vise à « accompagner à accompagner », en travaillant en collaboration avec ses différents partenaires. Leurs formations collectives durent quinze jours. Cette anticipation permet de renforcer les capacités des acteurs et d’impliquer les structures françaises comme internationales au sein de la communauté de pratiques, impulsée par l’association néo-aquitaine.

Grâce à la capitalisation assurée durant la phase 1 du projet, le SCD a pu formaliser des outils d’accompagnement pour les volontaires et les structures et transférer les compétences dans la Drôme et la Loire, les nouveaux territoires d’implantation.

Les effets de la mission

Résultats extraits de l’étude de France volontaires intitulée La réciprocité dans le volontariat international d’échange et de solidarité

 

L’étude de France Volontaires démontre chez les volontaires à la fois une amélioration significative des capacités personnelles (confiance en soi, autonomie, ouverture au monde, communication…) ainsi qu’une consolidation de leur engagement citoyen. L’impact est par ailleurs manifeste sur l’insertion professionnelle des jeunes. L’étude met également en exergue l’impact positif de ces expériences sur les structures d’accueil, notamment à travers le retour des tuteurs des volontaires, en stimulant et contribuant à la remobilisation des équipes, au sens donné à leurs missions, ainsi qu’à l’ouverture sur le monde. Par ailleurs, les effets du principe de réciprocité dans le volontariat se font également sentir sur les territoires ici et là-bas, par le renouvellement et la redynamisation de partenariats de coopération.

Socheat Khuoy, ancien volontaire cambodgien du programme PrODDige, a particulièrement apprécié l’expérience des groupes projets où il a pu imaginer et réaliser son propre projet de sensibilisation aux ODD. « J’ai appris beaucoup de choses sur des manières différentes de travailler, j’ai découvert d’autres personnes et d’autres cultures. Cela a vraiment eu beaucoup d’impact sur ma vie professionnelle. »

Les axes de développement

Suite à cette évaluation, Cool’eurs du Monde continue de favoriser les échanges de pratiques entre acteurs et structurer le travail d’accompagnement afin de « rendre visible l’invisible » : renforcer les capacités des tuteurs, valoriser la pluralité des approches, argumenter l’impact de ces expériences sur les jeunes. En prévision de la phase 3, Cool’eurs du Monde initie également une réflexion sur l’impact de l’action des groupes projets à l’échelle territoriale et la mise en œuvre de nouvelles synergies avec d’autres acteurs sur le territoire.  Pour les dix ans du projet WECCEE qui auront lieu le 5 Juillet 2024, Cool’eurs du Monde invitera largement les acteurs du secteur.

Le SCD vient d’accueillir ses premiers volontaires internationaux en VSI, qui contribueront au renforcement des partenariats existants. En vue de la troisième phase du projet, la structure réfléchit autour de l’impact territorial des groupes projets et de la mise en œuvre de synergies avec d’autres acteurs sur le territoire qui travaillent également sur les questions d’engagement, de jeunesse, d’ECSI ou en lien avec les objectifs de développement durable.

L’étude coordonnée par France Volontaires a permis d’identifier plusieurs pistes de recommandations adressées aux différents acteurs de la réciprocité, en lien notamment avec l’amélioration des conditions d’accueil des volontaires, le renforcement des capacités des acteurs ou encore le renforcement de l’accompagnement au retour.

A présent, France Volontaires entreprend l’opérationnalisation de ces recommandations en mettant par exemple en place les actions suivantes :

  • L’accompagnement au développement de l’accueil de volontaires internationaux en service civique et en volontariat de solidarité internationale (contributions au cadre réglementaire, lancement de groupes de travail …)
  • Le développement d’accords de partenariat entre Etats qui facilite le développement du VIES
  • Le soutien des écosystèmes nationaux de volontariat comme avec le projet DENVA
  • Accueil d’un premier volontaire international de solidarité en réciprocité au siège de France Volontaires. Demba Mané, en mission d’appui au Service Reconnaissance et Valorisation est le point focal des volontaires FSPI-R Sénégalais. Il travaille à la création et à l’animation du réseau de volontaires Sénégalais en France, valorise leur mission et expérience de volontaires en France, et recueille les succès et défis du quotidien pour mieux les prendre en compte dans le cadre des actions à mener pour améliorer l’accueil des volontaires internationaux en France.