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Publication
07 nov. 22

Publication du rapport d’évaluation du dispositif de volontariat de solidarité internationale (VSI)

Dans un contexte marqué par la crise sanitaire, les enjeux de relance du volontariat international et les perspectives offertes par la loi de programmation pour le développement solidaire et la lutte contre les inégalités mondiales du 4 août 2021, le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) a lancé une évaluation du dispositif de volontariat de solidarité internationale (VSI) en dialogue avec les acteurs du secteur et réalisée par Prospective et Coopération.

Mandatée pour coordonner le processus en tant qu’opérateur du ministère, France Volontaires a animé un comité de pilotage multi-acteurs comprenant la Délégation pour la société civile, l’engagement citoyen et la jeunesse au sein de la Direction générale de la mondialisation, de la culture, de l’enseignement et du développement international (DGM/CIV) du MEAE, le FONJEP, le CLONG-Volontariat, La Guilde, Planète Urgence, Cités Unies France (CUF) et le ministère de l’Éducation nationale et de la Jeunesse. L’objectif principal de l’évaluation est d’impulser une stratégie de relance et de développement du dispositif permettant de renforcer la place du VSI dans la politique de développement solidaire de la France.

Finalisé en mai 2022, le rapport d’évaluation rédigé par Prospective et Coopération apporte, d’une part, des données et un éclairage précis sur la situation actuelle du VSI, et vient conforter la pertinence et l’efficacité du dispositif. D’autre part, il amène un regard prospectif sur le VSI en émettant un ensemble de recommandations stratégiques et opérationnelles dont la mise en œuvre pourrait favoriser le développement du dispositif.


Le dispositif de VSI

Le Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) est un dispositif financé par le mi­nistère de l’Europe et des Affaires étrangères (MEAE) et géré par le FONJEP, qui a pour objet de permettre à toute citoyenne et citoyen, indépendamment de leur âge, d’accomplir une mission d’intérêt général dans un des pays bénéficiaires de l’aide publique au développement française dans les domaines de la coopération au développement et de l’action humanitaire.

Grâce à la loi sur le développement solidaire et la lutte contre les inégalités mondiales adoptée le 4 août 2021, les volontaires étrangers ont désormais la possibilité d’effectuer une mission en France en tant que VSI en vertu du principe de réciprocité.

Ce dis­positif est encadré par la loi n° 2005-159 du 23 février 2005 relative au contrat de VSI.


Le VSI, un dispositif adapté et efficace

Tout d’abord, le rapport souligne que le dispositif de VSI répond au besoin d’engagement des individus et qu’il permet de répondre aux défis d’un développement solidaire par les citoyens et citoyennes en appui aux organisations d’envoi et à leurs actions. Ainsi, ces dernières participent directement à la poursuite des objectifs de l’Aide publique au développement (APD) française et plus largement à l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD) définis par les Nations Unies. C’est en ce sens que les pouvoirs publics reconnaissent le volontariat comme un levier de la politique de développement et de solidarité internationale de la France.

Présentant la spécificité d’être mis en œuvre directement par des organisations de la société civile, le dispositif revêt une autonomie d’exercice qui garantit sa pertinence au regard des besoins de ses usagers et de ses bénéficiaires finaux, au travers d’un équilibre entre le droit d’initiative des organisations et l’obligation légale du respect des droits sociaux des volontaires et des conditions de réalisation de leur mission.

Par ailleurs, le rapport fait état d’un niveau élevé de satisfaction par les acteurs et usagers du dispositif. Les organisations d’envoi témoignent d’une satisfaction très élevée à l’égard du dispositif VSI qui leur permet de mettre à disposition des volontaires engagés et compétents au service de leurs partenaires, pour le développement de leurs actions et le transfert de compétences. En outre, l’expérience de volontariat en VSI est considérée comme très positive pour les volontaires eux-mêmes (68%). Enfin, pour les partenaires locaux accueillant des volontaires, le dispositif VSI est un levier confirmé de développement organisationnel et de transfert de compétences.

Le rapport note également une marge de progression en ce qui concerne l’accompagnement des volontaires, notamment pour le suivi durant la mission qui dépend en grande partie de la capacité des organismes d’envoi en ressources humaines. Malgré une amélioration sur l’accompagnement post-mission, puisque 70 % des VSI interrogés dans le cadre de l’évaluation indiquent qu’ils ont reçu une écoute attentive et un soutien adapté à leur retour, contre 46% de volontaires en 2011 qui qualifiait leur retour de « difficile » (étude IPSOS pour le CLONG-Volontariat), des efforts pourraient être réalisés en matière d’information sur les droits et les démarches juridiques et administratives à effectuer au retour, et sur la mise en réseau avec des acteurs économiques privés et publics pour faciliter l’insertion professionnelle.

Une meilleure connaissance des volontaires et de l’apport du VSI dans leur parcours

Concernant le profil des volontaires, entre 2010 à 2020, on peut noter que la classe d’âge des 26-30 ans reste la plus importante représentant 41 % du nombre de VSI, avec une forte prédominance féminine (60 % en moyenne) et un niveau de formation en majorité à Bac+5 et plus (environ 62%).

Une grande majorité des VSI interrogés dans le cadre de l’étude (71 %) a déjà fait l’expérience de la mobilité avant leur première mission de VSI, et 23 % des volontaires font l’expérience de leur première mission à partir de 33 ans et au-delà. L’étude révèle également que le profil des VSI est plus fortement engagé et militant que dans la population générale, et l’expérience de volontariat renforce cette tendance, les anciens volontaires restant particulièrement investis au service des autres.

En ce qui concerne leurs motivations, 43 % des personnes interrogées déclarent que le VSI est avant tout pour eux une première expérience professionnalisante d’entrée sur le marché du travail. De l’autre côté, 40 % des volontaires déclarent être avant tout motivés par l’expérience d’un engagement désintéressé.

Durant la totalité de la période 2010-2020, est observé globalement une stabilité dans les domaines d’activité des missions de VSI avec une forte prépondérance pour les missions dans le domaine de l’éducation, l’animation et la jeunesse (31 % des missions en 2020). Cependant, des secteurs comme l’appui aux microprojets dans l’agriculture, l’artisanat ou la création d’activité ont vu leur nombre de VSI augmenter en 10 ans, lié notamment au développement de l’Économie sociale et solidaire (ESS).

Concernant les zones géographiques, les missions dans les pays prioritaires de l’APD française représentent 41.7 % de l’ensemble des VSI sur 10 ans, alors même que ces pays ne représentent à eux seuls qu’à peine 19 % des pays dans lesquels les missions se sont déroulées. Cette donnée reflète donc la bonne efficacité et cohérence du déploiement des VSI par les ONG agréées avec les priorités de l’APD française.

En ce qui concerne l’apport du VSI pour les volontaires, c’est le vécu humain qui est mis en avant : le rapport à l’Autre, la connaissance des pays et l’apprentissage des cultures différentes, et notamment des langues, qui sont valorisés comme une source d’enrichissement personnel, structurante dans le parcours de vie des individus. Pour les compétences acquises, deux types sont particulièrement évoqués par les VSI interrogés. En premier lieu, les compétences interpersonnelles liées au travail en équipe, à la vie associative et qui sont le prolongement de l’expérience de l’interculturalité vécue au niveau personnel. En second lieu, les compétences professionnelles développées pendant la mission.

De nouvelles opportunités avec l’ouverture du VSI à la réciprocité

Le rapport souligne que le « volontariat de réciprocité » demeure encore très marginal au sein de l’ensemble des dispositifs de volontariat existant en France. Le chemin à parcourir en vue d’un rééquilibrage des relations et des enjeux d’inégalités au travers du principe de réciprocité reste cependant encore très important. En effet, pour un peu moins de 2 000 VSI envoyés à l’international en 2019, seulement 251 volontaires de réciprocité ont été accueillis en France. Le déséquilibre est encore plus criant si on le compare à la totalité des VIES en mission à l’étranger en 2019 (6 559 volontaires) ou au total des différents dispositifs de volontariat, VIA et VIE inclus (24 515 volontaires).

D’un autre côté, le rapport met en lumière la reconnaissance croissante de la pertinence du principe de réciprocité par tous les acteurs publics et associatifs. Ainsi, les organismes agréés interrogés dans le cadre de l’étude font état du besoin et de la demande pour ce type de mission, mais de l’absence de cadre adéquat pour y répondre à ce jour. Ceci indique, en termes d’offre de missions, un fort potentiel de développement de la réciprocité pour le VSI à l’avenir.

Les deux tiers des organisations agréées consultées se disent  intéressés au regard du principe même de réciprocité dans la solidarité internationale qui est mis en avant, mais s’interrogent sur les conditions pratiques de mise en œuvre (définition des missions, capacités des organisations à accompagner les volontaires, barrière de la langue, niveau des indemnités, démarche pour la couverture sociale etc.). Face à l’ensemble des contraintes énoncées, la question du financement du dispositif, prépondérante pour le VSI de manière générale, se pose avec plus d’acuité dans le cadre du de la réciprocité.  Ainsi, le rapport préconise de tirer les leçons des expériences de service civique de réciprocité pour se donner toutes les chances d’un développement qualitatif et quantitatif réussi.

Une montée en charge du dispositif souhaitée

Dans l’objectif de favoriser le développement du dispositif, le rapport identifie un certain nombre de recommandations et de pistes de réflexion, notamment :

  • Le renforcement du dialogue de co-construction de la politique française de coopération afin de définir une vision partagée des finalités du dispositif et de sa gouvernance, en incluant les gouvernements et les organisations locales des pays partenaires ;
  • L’affirmation d’un engagement politique fort sur la réciprocité, gage de sa faisabilité opérationnelle future, et la mobilisation de moyens financiers nécessaires ;
  • Le renforcement de la dimension de suivi-évaluation du dispositif et la valorisation de son impact ;
  • La consolidation du modèle économique du VSI, notamment en rehaussant le montant minimum des indemnités et en appuyant davantage les structures d’accueil ;
  • Une réflexion autour de l’enjeu de l’interculturalité et de l’accompagnement des volontaires étrangers accueillis en France ;
  • La mise en place d’un cadre sécurisé pour les volontaires étrangers VSI accueillis en France, notamment en ce qui concerne la protection sociale et la délivrance de visa.

À consulter :