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19 avr. 23
Liban

Carnet de voyage de Théo Cartenet au Liban : épisode 3

J’ouvre les yeux sur une partie du monde que j’ignorais il y a 6 mois.

Voilà près de quatre mois maintenant que je suis arrivé à Zahlé, dans la région du Bekaa au Liban. Ici, je suis Volontaire de solidarité internationale (VSI) sur les missions jeunesse et sport, en étroite collaboration avec la direction de la jeunesse des sports et de la coopération internationale du Département (DJSCI). Je vais rester au Liban un an. Mon rôle est de coordonner et d’animer les relations entre les deux collectivités sur ces thématiques. Voici le récit de ma mission…

L’hiver a été long … que ce soit ici ou en France, cette période n’est définitivement pas celle avec laquelle je suis le plus familier. Il a fait froid ici, les montagnes ont même vêtu leur manteau blanc durant les pics de fraicheur.

Zahlé s’est montré sous un nouveau jour. La ville est très vallonnée. Elle est devenue difficilement praticable du jour au lendemain.

J’ai rejoint le comité déneigement de la Municipalité, enfilé des gants puis et je suis parti aider les zahliotes le temps d’une journée. En guise de récompense : le man’ouché zaatar, une galette au thym dont j’abuse. Le weekend suivant, j’ai profité de cette neige. La légende raconte qu’au Liban, on peut skier en voyant la mer. C’est vrai, et ce paysage est absolument magnifique, je n’en revenais pas.

Le plus haut domaine skiable des pistes de Faraya culmine à plus de 2200 mètres d’altitude. La diversité du territoire est impressionnante pour une si petite superficie.

Sur la route du retour, un embouteillage nous a bloqué pendant un bon moment. Le verglas empêchait notre passage sur la route. Un camion était bloqué sur les bords de la chaussée.

Pas de problème dans ces cas-là, on trouve des solutions ici, sans dépanneuse, sans artifice ni superflus. Pour faire fondre le verglas, il faut du chaud ! Alors les propriétaires du camion ont organisé un petit feu sur le bord de la route. Cette anecdote restera peut-être une des plus drôles de mes six premiers mois.

La chaussée s’était transformée en patinoire et tous venaient pour aider à alimenter ce feu pour quitter l’endroit au plus vite. Parfois, la descente se faisait sur les fesses, tantôt en vrille ou en sauvetage in extremis. Après quelques bleus, quelques tentatives échouées d’allumages, le verglas a fondu et tous riaient de cette situation. On s’est dit au revoir et je suis même arrivé à l’heure pour mon cours d’arabe.

Je progresse dans la langue, j’essaie de me faire comprendre et un mot en arabe suffit à s’intégrer bien plus facilement. Cette langue est belle et subtile ! Pendant un cours, le professeur nous a arrêté un instant car la terre avait tremblé. Elle a tremblé plusieurs fois au Liban durant cet hiver. Le pays n’a pas connu la même tragédie subie en Turquie et en Syrie mais ça a suffi pour susciter l’inquiétude.

Le lendemain de la plus grosse secousse, j’étais paniqué et j’ai contacté l’un de mes amis libanais pour prendre de ses nouvelles. Il était déjà parti vers la Turquie pour aider les populations sur place, et ici ce n’est pas un cas isolé. Tous aident, comme ils le peuvent malgré une crise économique qui s’aggrave de jours en jours. Les files de camions affluaient du Liban vers la Syrie pour livrer des colis de première nécessité aux sinistrés. Je me sentais profondément gêné d’être si privilégié. J’ouvre les yeux sur une partie du monde que j’ignorais il y a 6 mois.

À bientôt en terre libanaise,

Théo