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10 fév. 25
Tchad

Tchaïlga : une volontaire qui fait vivre la coopération entre la France et le Tchad

Ma mission consiste à suivre les projets qui sont financés par la mairie de Poitiers au Tchad.

Peux-tu te présenter et nous raconter ton parcours ?

Je m’appelle Tchaïlga SILUE, j’ai 28 ans et je suis de nationalité ivoirienne. J’ai suivi des études en économie internationale et ingénierie des projets de coopération à l’Université de Lille.

Suite à un Service civique réalisé à l’université de Poitiers qui avait pour but de renforcer les pratiques éco-responsables au sein de l’établissement, j’ai pris goût à tout ce qui a trait à l’engagement. J’ai été bénévole à l’UNICEF au sein de la petite antenne installée dans le campus. On assistait les mineurs non accompagnés de Poitiers, récoltait leurs témoignages, prospectait dans les associations locales et organisait des activités pour rapporter des fonds à l’antenne. En parallèle, je faisais aussi du bénévolat avec les Resto du cœur. Je participais aux maraudes auprès des personnes en situation de grande vulnérabilité. J’ai participé à plusieurs hackathons solidaires organisés par Handicap International (désormais nommé : Humanité & Inclusion).

Mon entrée dans la vie professionnelle n’a pas tout de suite été dans le champ de la solidarité car j’ai commencé par travailler en assurance. Il y avait tout de même un côté humain car j’avais des interactions avec des adhérents concernés par des sinistres, des dommages qui les touchaient personnellement.

Par la suite, je suis rentrée en Côte d’ivoire où j’ai travaillé comme conseillère d’entretien à Campus France pendant 3 mois. Il s’agissait d’accompagner les étudiants qui souhaitaient débuter des études en France.

Je suis ensuite partie en Mauritanie au sein d’une ONG locale nommée Banlieues du Monde dans laquelle j’exerçais en tant qu’assistante de projet. On menait divers projets en lien, notamment, avec la lutte contre la déforestation et la lutte contre les inégalités de genre. Ces missions plurielles, grâce auxquelles j’ai appréhendé différentes thématiques, m’ont donné envie de m’engager encore davantage à l’international.


Rassemblement lors de la Journée Internationale du Droit des femmes 2024

Quelles sont tes missions au quotidien ?

Mon poste, soutenu par le programme TEVO (Territoires Volontaires) a été créé dans le cadre de la coopération entre la Ville de Moundou (au sud du Tchad) et la ville de Poitiers qui existe depuis 35 ans. Envoyée par l’IFAID, je suis chargée d’animation partenariale. Cela consiste à animer les échanges entre les parties prenantes de cette coopération notamment la mairie de Poitiers, celle de Moundou, les CHU, les universités, l’association du comité de jumelage, l’association Poitiers -Moundou, l’association des Amis de Moundou -Poitiers.

      

Réunion avec l’association des Amis de Moundou – Poitiers                                                      Tchaïlga et le Maire de Moundou

Ma mission consiste à suivre les projets qui sont financés par la mairie de Poitiers ou la collectivité du Grand Poitiers, mettre en place une cartographie des projets réalisés, faire l’intermédiaire entre les deux collectivités jumelées et apporter un appui technique (ateliers de renforcement des capacités, aide à la rédaction de projets etc.) aux associations locales engagés dans cette coopération.

J’assiste également l’ONG Initiative Développement qui est une ONG d’origine poitevine, implanté partout dans le monde (et donc à Moundou) sur le volet communication. Sur le plan évènementiel, j’ai notamment organisé diverses activités pour célébrer les 20ans d’intervention d’Initiative Développement au Tchad.

Inauguration de l’exposition photo montée à l’occasion des 20 ans de l’ONG Initiative Développement au Tchad

Pourquoi avoir choisi de t’engager comme volontaire à l’international ?

J’avais déjà une culture de bénévolat née lors de mes années étudiantes qui s’est renforcée lors de mon expérience en Mauritanie, auprès de l’ONG banlieues du monde. J’ai choisi la formule du Volontariat de solidarité internationale (VSI) car, selon moi, être volontaire c’est vouloir témoigner de son engagement en faveur d’un monde plus solidaire.

Comment décrirais-tu ta vie au quotidien au Tchad ?

Ma vie au quotidien à Moundou est plutôt calme. Elle est aussi très conviviale car je vie en collocation. Quand je suis arrivée, on était trois avec d’autres volontaires. Il y a aussi de jeunes étudiants tchadiens qui habitent dans la même cour. On a aussi un chien qui à la base est le chien de la propriétaire et qui est devenu le chien de la coloc : dont on s’occupe et qui nous occupe.

Action de reboisement

Je peux dire que je suis intégrée, non seulement avec les collègues avec qui on fait des sorties dans quelques cafés de la ville.

Du lundi au vendredi, je suis au bureau. Je réalise pas mal de sortie de terrain, par exemple dans des écoles où des projets sont engagés. Le week-end je prends des cours de conduite, je vais au marché, à l’église et je m’occupe avec mes colocs.

Sortie nature avec d’autres volontaires

As-tu une anecdote à partager ?

À Moundou, il y a deux langues qui sont parlées : en majorité le ngambaye et puis l’arabe tchadien. Lorsque je vais au marché les vendeurs ont tendance à me prendre pour une tchadienne et à me parler en ngambaye alors même que je ne comprends rien. Mais ça les fait beaucoup rire et moi aussi. Heureusement, ma coloc a appris quelques termes et est capable de me traduire.

Projet radio avec les acteurs locaux

Qu’est-ce qui te plaît le plus dans la vie à Moundou ?

Le calme. Moundou est une ville secondaire où il y a pas mal de végétation. C’est très agréable de se retrouver dans un environnement où on voit de la nature, où la faune et la flore forment un cadre apaisant et où on a la possibilité d’aller cueillir des papayes, des mangues etc.

Que retiens-tu de l’expérience ?

Peu importe où on va, il y a des choses qui ne changent pas, des constantes qui rassurent. Par exemple, il y a des similarités ici avec la nourriture en Côte d’ivoire. Dans les coutumes aussi, il y a des similarités avec ma culture donc je ne me sens pas perdue. Si je n’étais pas venue, je n’aurais pas découvert que finalement, de l’autre côté de l’Afrique, il y a beaucoup de choses sur lesquelles on se retrouve.

J’ai vraiment appris que le volontariat est une aventure humaine : même en dehors du cadre professionnel, tu rencontres de nouvelles personnes, tu apprends de nouvelles choses d’elles et réciproquement. Ça crée des interactions inédites et incroyables. Au-delà de l’engagement volontaire par lequel on veut apporter quelque chose au monde, on reçoit aussi beaucoup des autres.

Quel conseil donnerais-tu à de futurs volontaires ?

Ne pas hésiter à se lancer car dans tous les cas l’expérience sera bénéfique. Peu importe comment ça se passe : a minima on en tire des leçons et au mieux on fait de merveilleuses découvertes.

Lors de la Journée du volontariat français 2024 à N’Djamena