Cycle d’ateliers sur le “volontourisme” : pour un volontariat responsable et de qualité
Un phénomène en pleine expansion
Historiquement, le volontariat à l’international a cherché à répondre à un double enjeu : agir par solidarité auprès des personnes les plus vulnérables, et éduquer les personnes qui s’engagent pour en faire des acteurs de changement, en ligne avec les démarches d’Education à la Citoyenneté et à la Solidarité Internationale (ECSI).
A partir des années 2000, les acteurs de l’engagement volontaire à l’international ont observé une augmentation conséquente des flux de volontaires et un développement rapide de nouvelles formes de volontariats ou apparentées.
En octobre 2007, l’affaire de l’Arche de Zoé, et les dérives graves occasionnées, a fini de convaincre les pouvoirs publics de l’importance de ces nouvelles formes de volontariat, de leurs potentiels effets néfastes, sur les individus et sur les sociétés d’accueil, et donc de la nécessité de mieux structurer le secteur afin d’assurer des missions de qualité et de sécuriser les parcours des volontaires.
En octobre 2009, France Volontaires est créée par la volonté des pouvoirs publics et du monde associatif de se doter d’un outil commun pour traiter des questions d’engagement volontaire dans le champ du développement et de la solidarité internationale. Plateforme multi-acteurs, France Volontaires regroupe l’Etat, les collectivités locales et les associations, avec pour missions initiales d’accompagner le secteur vers la reconnaissance de la diversité des différentes formes d’engagements, et au développement d’un engagement volontaire responsable et de qualité.
Répondant à une forte demande des jeunes Occidentaux pour “partir faire de l’humanitaire” à l’étranger, et résultant notamment de la démocratisation du transport aérien, le secteur du volontourisme est en pleine expansion depuis les années 1990 dans les pays-anglosaxons, et depuis le début des années 2000 en France.
Les offres de “voyage solidaire”, “tourisme humanitaire” ou encore “missions solidaires” pullulent et certaines organisations à but lucratif exploitent le filon dans une logique commerciale, entrainant bon nombre de dérives.
Des membres mobilisés pour des actions collectives
France Volontaires a lancé en juillet dernier un cycle d’ateliers sur le volontourisme au sein de la plateforme regroupant une quinzaine de participants venant de 11 organisations différentes. L’objectif : faire émerger un positionnement commun et des actions collectives sur cette problématique.
Sujet complexe et protéiforme, la première étape a consisté à élaborer une définition commune du volontourisme pour mieux en cerner les contours. Des temps de travail (virtuels) en intelligence collective ont permis d’aboutir à cette définition commune :
Forme de tourisme conjuguant voyage et engagement volontaire, le volontourisme promet à des individus désireux de s’engager pour une cause, la découverte de nouvelles cultures tout en venant en aide à des communautés locales.
Si les intentions de départ paraissent louables, dans les faits, des organisations proposent des séjours payants dont le modèle économique repose sur les profits tirés de cet engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, ces pratiques dérogent aux principes de qualité du volontariat.
Cette « marchandisation » du secteur du volontariat entraine des dérives dont les effets peuvent être plus ou moins graves pour les communautés d’accueil comme pour les personnes participant à ces séjours.
Un plan d’action pour lutter contre le volontourisme et limiter ses dérives a ensuite été décliné avec pour ambition notamment de construire des outils de sensibilisation, de lancer une large campagne de communication ou encore de travailler à un cadre législatif en France.
Ces actions ont vocation à être menées avec un panel plus large d’acteurs engagés, provenant du secteur associatif, de la solidarité internationale, du tourisme ou encore de la sphère politique.