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Chez Drop de Béton, le rugby bâtit des liens solides

L’association Drop de béton dispose d’une section rugby fauteuil, dont le staff a récemment été renforcé par l’arrivée de Makarita Nakavulevu, jeune volontaire fidjienne. © Drop de béton

Dans la métropole bordelaise, l’association Drop de Béton utilise le rugby comme un levier d’inclusion sociale. Depuis quelques semaines, Makarita, jeune volontaire de 22 ans venue des îles Fidji, apporte son énergie et son expertise en participant aux entraînements de rugby-fauteuil et de rugby féminin. Immersion dans une structure où l’ovalie va bien au-delà d’un simple jeu.

Pas de quête de performance ni de courses aux trophées, mais un objectif clair : utiliser le sport comme un vecteur de cohésion sociale et professionnelle. Basée à Mérignac, en Gironde, l’association Drop de béton propose, depuis 1997, de multiples activités autour du ballon ovale dans toute l’agglomération bordelaise : rugby féminin, rugby handicap, rugby citoyen dans les quartiers ou encore rugby santé.

“Chaque projet est porté par nos éducateurs sportifs et s’adresse à des publics différents, allant des jeunes des quartiers politique de la ville aux personnes en situation de handicap”, explique Hugo Gille, l’un des éducateurs sportifs de l’association.

Deux joueuses de la séction féminine de Drop de béton. © Drop de béton

C’est dans ce contexte que Makarita Nakavulevu, une jeune volontaire fidjienne, a rejoint l’association le 13 janvier dernier pour une période de sept mois, en compagnie de trois autres de ses compatriotes, déployés dans d’autres associations sportives de l’Hexagone. Son arrivée a été rendue possible grâce à un partenariat avec l’association Cool’eurs du Monde, qui favorise la mobilité internationale des jeunes engagés. “Le rugby est très ancré aux Fidji, c’est quelque chose de très important là-bas. Quand l’opportunité s’est présentée, Cool’eurs du Monde a tout de suite pensé à nous”, raconte Hugo.

Makarita, une volontaire venue du Pacifique

L’impact de la jeune volontaire de 21 ans au sein de l’association a tout de suite était rapidement palpable. Elle assiste notamment aux entraînements de rugby fauteuil et de rugby féminin, apportant son dynamisme et une expertise – elle suit une licence du sport à l’université de Suva, aux Fidji – qui stimule les joueuses. “Elle a une manière différente d’aborder le jeu. Pour les filles, c’est inspirant d’avoir une volontaire fidjienne dans leur entraînement. C’est une expérience enrichissante à la fois pour elles et pour nous”, ajoute-t-il, même si la barrière de la langue constitue parfois un petit obstacle : « Elle parle très bien anglais, le souci c’est que personne ne le parle très bien chez nous », lance-t-il ainsi en rigolant.

"Makarita a une manière différente d'aborder le jeu. Pour les filles, c'est inspirant d'avoir une volontaire fidjienne dans leur entraînement. C'est une expérience enrichissante à la fois pour elle et pour nous"

Hugo Gille, éducateur sportif au sein de l’association Drop de béton

Parmi les missions de Makarita, l’accompagnement de la section rugby fauteuil occupe une place importante. Cette discipline paralympique, encore méconnue du grand public jusqu’à ce que les Jeux paralympiques de Paris 2024 ne mettent les projecteurs dessus, permet à des joueurs en situation de handicap de pratiquer ce sport de contact intense et teinté de stratégie. “Notre section est en deuxième division nationale, et les entraînements ont lieu deux fois par semaine. Makarita aide à préparer les joueurs, à les équiper, et les assiste aussi pendant et après la séance”, explique Hugo.

Le rugby fauteuil : un terrain d'inclusion

L’initiative de cette section spécifique est venue de Cédric, un éducateur sportif de Drop de Béton, formé aux activités physiques adaptées. Une pratique qui s’avère en parfaite adéquation avec les valeurs de la structure : offrir des opportunités à des personnes qui sont parfois mises de côté, leur permettre de se retrouver et de partager un moment de vie sportive et sociale.

Si ses missions actuelles se concentrent principalement sur le rugby fauteuil et le rugby féminin, l’été prochain verra Makarita s’investir encore davantage. “L’été, c’est notre grosse période d’activité. Elle interviendra dans les centres sociaux, avec des jeunes qui n’ont pas forcément accès à des activités sportives”, prévoit Hugo. Au-delà de la présence sur le terrain, la venue de Makarita est aussi un moyen d’encourager l’ouverture culturelle auprès de jeunes femmes curieuses de découvrir sa culture, créant un échange réciproque où chacun apprend de l’autre.

En accueillant Makarita, Drop de Béton continue d’écrire son histoire, prouvant que dans le rugby comme dans la vie, les plus belles transformations ne se jouent pas qu’entre les perches.

Quatre volontaires fidjiens en France grâce au FEF-R

En plus de Makarita, déployée pour sept mois chez Drop de béton, trois autres volontaires fidjiens sont arrivés en France au mois de janvier dernier : Manoa Keteca, en mission chez Visions Mêlées (du côté de Bordeaux également), Joshua Yee, assistant du coach au club de tennis de table de Hennebont (Morbihan) et Henry Hiramatsu, auprès de l’association Scoope à Saumur (Maine).
Leur venue s’inscrit dans le cadre du principe de réciprocité, qui permet à des volontaires de nos pays partenaires de réaliser des missions de solidarité internationale dans des structures à but non lucratif ou des collectivités locales françaises.
Leur déploiement a été financé par le biais du Fonds Équipe France (FEF)-R, l’un des outils de coopération bilatérale du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Un dispositif qui permet aux ambassades de soutenir des projets de coopération : dans le cas des Fidji, il s’agit d’accompagner plusieurs axes stratégiques dans le domaine sportif comme l’accès aux infrastructures, le soutien à des politiques d’inclusion, ou de lutte contre les discriminations et de réinsertion par le sport.

Bio express

Makarita Nakavulevu a 21 ans. Elle est actuellement étudiante en licence de Science du sport à l'Université de Suva, la capitale des îles Fidji. Elle réalise sa mission de solidarité internationale en réciprocité dans le cadre d'un Service civique international porté par l'association Cool'eurs du monde (membre de France Volontaires), du 13 janvier au 13 août 2025.
Makarita Nakavulevu
Service Civique international

Cinq compétences qu’on acquiert pendant une mission de volontariat

 © France Volontaires Philippines

S’engager dans une mission de volontariat international d’échange et de solidarité (V.I.E.S) est une aventure humaine enrichissante. Au-delà des compétences techniques, cette expérience forge des qualités précieuses, applicables tout au long d’une vie. Autant d’atouts qui vous aideront aussi bien dans votre parcours professionnel que dans votre développement personnel. Voici cinq compétences clés que vous développerez au fil de votre mission !

L’expérience d’interculturalité

Au cœur de toute mission de volontariat international, l’interculturalité s’impose comme une expérience fondatrice. Confrontés à de nouvelles façons de penser et de vivre, les volontaires développent, jour après jour, leur capacité à interagir avec des cultures différentes, dans le respect et la compréhension mutuelle.

Dès leur arrivée sur le terrain, ils doivent s’adapter à un environnement inconnu, où les repères changent. Progressivement, des mécanismes d’adaptation se mettent en place : l’observation, l’écoute, l’apprentissage des coutumes locales… Autant d’étapes qui favorisent une véritable immersion. Très vite, des liens se tissent avec les habitants, portés par des valeurs de partage et de convivialité.

Cette rencontre avec l’autre est une expérience qui marque durablement. En élargissant leur vision du monde et en renforçant leur capacité d’adaptation, les volontaires acquièrent une compétence précieuse, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

Régulièrement, les Espaces Volontariats de France Volontaires proposent aux volontaires d’apprendre les bases d’une langue locale à travers des cours sur plusieurs semaines (2 heures par semaine), facilitant ainsi leur intégration et donc une mission plus « fluide ».

La confiance en soi

Le volontariat n’est pas une recette miracle pour prendre confiance en soi, mais il en est un formidable accélérateur. Confrontés à des défis quotidiens dans un environnement inconnu, les volontaires apprennent à se dépasser, à faire preuve d’initiative et à affirmer leurs compétences.

Travailler en autonomie, évoluer au sein d’une équipe aux parcours variés, transmettre ses savoirs tout en apprenant des autres… Autant d’expériences qui nourrissent l’estime de soi et renforcent la capacité à s’adapter. Loin de leurs repères habituels, les volontaires sont aussi confrontés à l’imprévu : gérer un contretemps, surmonter un échec, poser des questions, rebondir après une erreur. Autant d’épreuves qui, bien que déstabilisantes sur le moment, participent à une réelle prise de confiance.

Parce qu’il oblige à sortir de sa zone de confort et à puiser dans ses ressources, le volontariat s’impose comme une véritable école de la vie. Une expérience qui marque et qui, bien souvent, transforme durablement.

Diverses missions de volontariat international d’échange et de solidarité dans le monde. © DR

Une ouverture sur le monde

Vivre une mission de volontariat à l’international, c’est plonger au cœur d’une réalité bien différente de la sienne. Confronter ses habitudes à d’autres modes de vie, découvrir des histoires singulières, échanger avec des personnes aux parcours variés : autant d’expériences qui transforment durablement la perception du monde et des grands enjeux globaux.

Bien au-delà des images relayées sur les réseaux sociaux, l’immersion permet de saisir la complexité des sociétés, de comprendre leurs dynamiques et de questionner ses propres repères. Cette rencontre avec l’autre pousse à une remise en question profonde : sur sa manière de consommer, de communiquer, de penser. Un véritable « choc culturel », souvent inconfortable, mais toujours enrichissant.

Et après la mission ? Nombreux sont les volontaires qui, une fois rentrés, poursuivent leur engagement au sein d’associations ou d’initiatives tournées vers l’international. Preuve que cette ouverture au monde ne s’arrête pas aux frontières de la mission, mais s’ancre dans un cheminement personnel et citoyen.

Le sens de l’autonomie

Le volontariat international d’échange et de solidarité offre un cadre structurant, avec un tuteur pour accompagner les volontaires. Mais sur le terrain, l’autonomie est de mise. Prendre des initiatives, proposer des idées, innover tout en collaborant avec son équipe : autant de défis qui permettent de grandir et de gagner en assurance, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

Certains dispositifs, comme le volontariat de solidarité internationale, confient aux volontaires des missions à responsabilités, impliquant une prise de décision réelle. Une opportunité précieuse pour mettre en pratique les compétences acquises lors de formations ou d’expériences précédentes, tout en développant un savoir-faire concret.

Cette immersion hors de sa zone de confort forge un état d’esprit proactif. Apprendre à se débrouiller, à s’adapter et à assumer ses choix : autant d’atouts qui, bien au-delà de la mission, s’avèrent essentiels dans la vie professionnelle et personnelle.

L’ humilité

L’humilité est une qualité essentielle pour tout volontaire. Dès la préparation au départ, l’importance d’une posture d’écoute, d’entraide et de travail en équipe est soulignée. Sur le terrain, s’intégrer dans une structure locale implique de comprendre son fonctionnement, de respecter les dynamiques en place et d’apporter son soutien sans s’imposer.

Le rôle du volontaire ne se substitue pas à celui des équipes en place, mais vient le compléter. Son engagement apporte une valeur ajoutée, tant humaine que technique, dans une logique de collaboration et de transmission. Apprendre à observer avant d’agir, à comprendre avant de proposer : c’est dans cette approche respectueuse et partagée que réside la véritable richesse de l’expérience.

Développer cette capacité d’adaptation et d’écoute, c’est aussi un atout précieux pour l’avenir. Dans un monde professionnel et personnel où les relations humaines sont au cœur des réussites collectives, savoir se positionner avec humilité est une force incontestable.

Tifenn Gonnet, une volontaire au chevet des forêts du bassin du Congo

© Ato Aikins /Unsplash

À 29 ans, la Bretonne Tifenn Gonnet s’envole pour Libreville, au Gabon, où elle s’engage en volontariat de solidarité internationale (VSI) avec One Forest Youth Initiative. Sa mission : participer à la préservation des forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète.

« Je suis un peu un petit oiseau qui aime bien voyager », lance Tifenn Gonnet dans un sourire. Mais cette fois, ce n’est pas pour un Erasmus – comme quelques années auparavant – ou un simple périple touristique à l’étranger qu’elle quitte la Bretagne. La jeune femme de 29 ans part pour deux ans au Gabon en volontariat de solidarité internationale (VSI), dans le cadre du programme V-Forêts, porté par France Volontaires. Son terrain d’action : la préservation des forêts du bassin du Congo, une région souvent éclipsée par l’Amazonie, mais pourtant essentielle dans la lutte contre le changement climatique.

© France Volontaires

Au sein de One Forest Youth Initiative, Tifenn occupera un rôle stratégique. « Je vais m’occuper des partenariats, de l’animation des réseaux et, en parallèle, organiser le prochain forum autour de la biodiversité », explique-t-elle avec enthousiasme. L’objectif est double : sensibiliser les jeunes et mettre en lumière les ressources naturelles de cette région souvent méconnue du grand public.

L’engagement environnemental de Tifenn ne date pas d’hier. « Depuis toute petite, j’ai été sensibilisée aux questions écologiques par ma famille, mes amis, mon éducation », confie-t-elle. Son parcours universitaire – un master en économie sociale et solidaire – a renforcé cette conscience et nourri son envie d’agir. Après un service civique dans une association d’agriculteurs bio dans les Alpes-Maritimes, elle a décidé de franchir un cap en s’impliquant sur le terrain, mais à l’échelle internationale cette fois.

Conscience écologique

Un pas de côté qui constitue aussi une aventure personnelle. « Je ne sais pas si on peut dire que c’est un rêve, mais c’est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur : rencontrer une nouvelle culture, de nouvelles personnes, évoluer et déconstruire certains préjugés », avoue-t-elle. À travers cette mission, elle espère autant contribuer à la protection des forêts qu’à sa propre transformation.

Dans un contexte où l’urgence climatique impose de repenser notre rapport à la nature, l’engagement de Tifenn incarne cette nouvelle génération qui ne veut plus rester spectatrice. « Il y a une vraie prise de conscience chez les jeunes sur ces enjeux », souligne la jeune volontaire. Et elle, du haut de ses 29 ans, compte bien y prendre toute sa part.

Du Sénégal à Madagascar, le rugby comme vecteur d’émancipation féminine

© Terres en mêlées

À Dakar et Tananarive, Amélie Mimault et Marie Diomat partagent un même combat : promouvoir le rugby féminin comme outil d’émancipation et de lutte contre les inégalités. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elles racontent leur mission de volontariat international, leurs défis et l’impact du sport sur la condition féminine.

Le 8 mars célèbre la Journée internationale des droits des femmes, une occasion de rappeler que l’égalité entre les sexes est un combat quotidien. À travers le monde, de nombreuses initiatives visent à promouvoir le rôle des femmes dans des univers où elles restent encore trop souvent marginalisées. C’est le cas du sport, et en particulier du rugby, une activité qui reste encore majoritairement pratiquée par les hommes. 

Amélie Mimault s’est engagée dans un volontariat de solidarité internationale auprès de la Maison du rugby au Sénégal, tandis que Marie Diomat est mobilisée en service civique par l’association Terres en Mêlées à Madagascar. Toutes deux ont choisi de s’engager sur le terrain pour bousculer les idées reçues et offrir aux jeunes filles un espace où elles peuvent s’exprimer librement.

Amélie Mimault, coordinatrice de projets à la Maison du rugby du Sénégal. © Marion Quintin / France Volontaires

Pourquoi as-tu choisi de t’engager dans le développement du rugby féminin ?

 Amélie Mimault : Ce qui m’a attirée dans cette mission, au-delà de l’aspect sportif du rugby, c’est avant tout les valeurs qu’il véhicule, en particulier celles liées à la promotion du sport féminin. L’idée d’aider des jeunes filles à s’épanouir grâce à l’activité physique m’a profondément touchée.

De plus, j’avais cette envie d’aller au-delà de mon quotidien habituel et de découvrir un autre mode de vie. Le volontariat m’a offert cette opportunité d’apprendre, de m’engager dans des causes qui m’importent, tout en me permettant de contribuer à une cause plus grande. C’est aussi un moyen de repousser mes limites personnelles et professionnelles, dans un cadre différent de tout ce que j’avais connu jusque-là.

Marie Diomat : Ce qui m’a immédiatement attirée dans cette mission, c’est ma passion pour le sport, même si le rugby n’est pas ma discipline de prédilection. De plus, en tant que femme, je me sens pleinement en phase avec les valeurs de l’association. Si mon engagement peut contribuer à améliorer les conditions de vie des femmes à Madagascar, alors ma mission prend tout son sens !

"Les filles commencent à prendre confiance en elles, à se faire entendre et à se faire un cercle d’amies solidaires"

Amélie Mimault, volontaire de solidarité internationale

Concrètement, quel est ton rôle dans le projet ?

Amélie : Je suis responsable et coordinatrice de projets au sein de la Maison du rugby. C’est une mission polyvalente : j’organise des activités autour du rugby et de l’éducation, en mettant l’accent sur la participation des filles.

Le programme “Rugby Rising Play” vise à encourager la pratique du rugby chez les jeunes filles, mais au-delà du sport, il cherche à promouvoir des valeurs d’épanouissement et de solidarité féminine. Nous organisons des entraînements dans des écoles, mais aussi des ateliers sur des thèmes essentiels comme la santé, l’hygiène menstruelle, et la lutte contre les violences basées sur le genre. Le but est de créer un environnement sûr et inclusif pour les filles, et d’encourager leur autonomisation grâce au sport.

Marie : Je suis mobilisée dans le cadre du projet Ampi’zay de l’association Terres en Mêlées, qui travaille à la réduction des violences basées sur le genre dans les collèges de Madagascar. Grâce à mon expérience en animation sportive, je travaille en collaboration avec les éducateurs lors des interventions dans les établissements scolaires, où le rugby sert de vecteur pour l’éducation et le développement. Je participe à la réflexion et à l’animation d’ateliers, tant sportifs qu’éducatifs.

Terres en Mêlées a développé une approche éducative novatrice, le Rugby for Change. Cette initiative combine la pratique du rugby, la sensibilisation à des enjeux de développement et l’acquisition de compétences de vie. Ainsi, le rugby devient un véritable levier de transformation sociale. L’objectif n’est pas seulement de former de jeunes sportifs et sportives mais des citoyens.

Nous intervenons régulièrement dans les écoles pour transmettre des valeurs éducatives, en mettant l’accent sur la pratique du rugby en mixité. Cette approche vise à remettre en question les stéréotypes de genre et à favoriser l’égalité entre les filles et les garçons.

Marie Diomat, volontaire mobilisée auprès de l’association Terres en Mêlées , qui participe à la réduction des violences basées sur le genre dans les collèges de Madagascar © DR

Quels changements observes-tu chez les jeunes filles grâce à ce projet ?

Amélie : Le projet a déjà permis à de nombreuses filles de s’impliquer dans des activités sportives, mais aussi de changer leur vision du sport et de leur place dans la société. Les filles commencent à prendre confiance en elles, à se faire entendre et à se faire un cercle d’amies solidaires. C’est particulièrement significatif dans une culture où les femmes ont parfois du mal à trouver leur place dans certains espaces publics comme le sport.

 Marie : Ce qui m’a le plus marquée, c’est de voir des jeunes filles avoir peur de pratiquer un sport considéré comme “violent” au début puis devenir de plus en plus confiante et être capables de jouer en mixité sans avoir peur du contact. C’est tout l’importance de montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent jouer au même niveau que les garçons.

"Chaque action, aussi modeste soit-elle, a un impact dans la lutte pour les droits des femmes"

Marie Diomat, volontaire de solidarité internationale

Quel moment fort retiens-tu de ton volontariat ?

Amélie : Un moment particulièrement marquant a été ma rencontre avec un groupe de jeunes filles de 10 à 13 ans sur la plage de Yoff. On a discuté de leur vie, de leurs études et c’est là qu’une d’elles m’a expliqué qu’elle n’était plus scolarisée. C’était un choc de réaliser que, dans ce contexte, à 13 ans, certaines ne vont plus à l’école. Cela m’a fait prendre conscience de réalités auxquelles je n’avais jamais pensé et m’a motivée à poursuivre mon engagement.

Que représente la Journée internationale des droits des femmes pour toi ?

Marie : Je pense qu’il ne faut pas attendre une journée spécifique pour célébrer et défendre les droits des femmes, mais cette date reste tout de même importante. Elle symbolise des années de lutte pour une égalité qui, selon moi, n’est pas encore totalement atteinte.

Il est important de se rappeler que le changement ne se produit pas du jour au lendemain, mais que chaque action, aussi modeste soit-elle, a un impact dans cette lutte. Continuons d’avancer ensemble, en soutenant les femmes et en travaillant pour un avenir où l’égalité des sexes est une norme et non un combat.

 © Marion Quintin / France Volontaires et Terres en Mêlées

Bio express

Amélie Mimault a 27 ans, elle est originaire des Deux-Sèvres. Elle est titulaire d’un master en Design et Sciences sociales à l'université de Rennes en 2022. En janvier 2023 elle a intégré le programme de service civique Weccee de l'association Cool’eurs du Monde, qui lui a permis de partir à Dakar, au Sénégal, pour un service civique de six mois avec la Fédération sénégalaise de Rugby et la Maison du rugby. À la fin de cette mission, elle a poursuivi son engagement en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI), où elle exerce sa mission depuis février 2024.
Amélie Mimault
Volontaire de solidarité internationale

Bio express

Marie Diomat a 23 ans, elle est originaire de La Montagne à la Réunion. Après avoir obtenu une double licence STAPS en Activités physiques adaptées et en Entraînement sportif, elle a travaillé pendant un an comme préparatrice physique au sein de la Ligue réunionnaise de football. C’est après cette expérience qu’elle a choisi de s’engager comme volontaire en Service Civique international dans le cadre du programme Territoires Volontaires (TeVo) soutenu par le Département de La Réunion. Elle a rejoint l'équipe de Terres en Mêlées Madagascar, une organisation qui utilise le sport comme outil de développement sur l’île, dans le cadre de la mission « Contribution à la réduction des violences basées sur le genre par la pratique du rugby à Madagascar grâce au projet Ampi'zay », à Tananarive.
Marie Diomat
Volontaire de solidarité internationale

Dans les écoles béninoises pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement

L’ONG Aide et Progrès est une organisation basée au Bénin qui a pour but de contribuer à la réduction de la souffrance des personnes marginalisées. © Aide et progrès

Laura Chevrot, titulaire d’un master en politique de l’environnement, effectue depuis six mois une mission à Pahou, au Bénin, dans le cadre d’un service civique avec Planète Urgence. Après ses études et plusieurs stages en France, la jeune femme, passionnée par les questions environnementales et de biodiversité, a réalisé son souhait de travailler sur le terrain. Elle a rejoint l’ONG Aide et Progrès, qui, entre autres, organise des ateliers de sensibilisation à l’environnement.

Laura, lors d’un atelier de sensibilisation à la protection de l’environnement. © DR

Je souhaitais partir en mission de volontariat depuis plusieurs années. Mon objectif était de participer à des actions concrètes de lutte contre les effets du changement climatique tout en intégrant les populations concernées aux prises de décisions.

Je voulais me rapprocher d’un pays particulièrement affecté par ces enjeux pour mieux comprendre les réalités vécues par ses habitants. Dans les recherches, on met souvent en avant les voix d’experts et de chercheurs, mais les populations directement touchées par le réchauffement climatique sont rarement suffisamment représentées. C’est pourquoi il me tenait à cœur d’aller à leur rencontre.

Cette démarche répondait aussi à une motivation personnelle. Partir en Afrique représentait un véritable défi pour moi. J’adore voyager, mais en tant que personne plutôt introvertie, m’immerger dans une culture très différente de la mienne était un réel défi.

Étant la première volontaire en service civique de mon ONG, nous avons dû construire le projet à partir de zéro à mon arrivée. Pour organiser des ateliers de sensibilisation à l’environnement, j’ai commencé par créer des supports pédagogiques, en imaginant des activités ludiques d’une durée de 30 minutes à une heure. Une fois ces supports finalisés, nous avons démarché des structures telles que des écoles et des associations pour proposer ces activités.

"Dans les recherches, on met souvent en avant les voix d’experts et de chercheurs, mais les populations directement touchées par le réchauffement climatique sont rarement suffisamment représentées."

Laura, en service civique international au Bénin

J’ai ainsi animé quelques ateliers dans deux écoles. En peu de temps, j’ai constaté que les élèves retenaient bien les informations que je leur avais transmises. J’ai également remarqué qu’ils semblaient plus sensibilisés aux questions environnementales que les adultes.

En plus de ces ateliers, j’ai réalisé des missions de bureau pour mon ONG, notamment la refonte du site web, la gestion des réseaux sociaux et diverses tâches administratives. J’ai également collaboré avec d’autres ONG partenaires pour les soutenir dans leurs activités, comme la création de sites internet, le management de projets et le soutien de leurs actions.

En arrivant sur place, j’ai dû redéfinir mes missions en fonction du contexte local. Initialement, je devais mener davantage d’actions de sensibilisation sur le terrain auprès de diverses cibles. Cependant, comme ma structure d’accueil avait récemment ouvert le volet environnement, les lieux où nous pouvions intervenir n’étaient pas encore clairement définis. J’ai donc dû effectuer un travail de bureau pour identifier ces lieux et établir des contacts. Les délais de réponse de mes interlocuteurs ont souvent été longs, et certaines réponses étaient négatives

"J’ai constaté que les élèves semblaient plus sensibilisés aux questions environnementales que les adultes."

 

J’appréhendais fortement le choc culturel, mais ce défi s’est finalement bien déroulé. J’ai appris à tisser des liens avec des personnes très différentes de moi et cette expérience m’a permis de mieux me connaître, en découvrant mes forces et mes faiblesses. Aujourd’hui, je me sens mieux préparée pour aller à la rencontre des autres.

Professionnellement, cette expérience m’a appris à m’adapter à un contexte et à des méthodes de travail très différents de ceux auxquels j’étais habituée en France. J’ai compris que, malgré des approches variées, chacun peut apporter ses compétences. Il faut faire preuve d’ouverture et accepter les différences pour trouver une manière de collaborer efficacement sur un projet.

Partir m’a aussi permis de comprendre que tous les environnements de travail ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je souhaitais quitter le milieu institutionnel pour me rapprocher du terrain, mais j’ai découvert qu’en ONG, on fait face à d’autres types de problématiques.

La structure d'accueil

L’ONG AIDE et PROGRÈS est une ONG à but non lucratif qui a pour objectif principal de contribuer au bien-être des couches marginalisées de la population. Elle a été créée en 2008 par Mr Delphin BOCCO, éducateur social de formation. Elle intervient dans le domaine de l'éducation, de l'environnement, de la santé et des droits de l'Homme. Elle a fondé l'école Joie et Vie à Pahou, une école privée à dimension sociale avec l'inscription gratuite pour les élèves en situation de précarité.

Stéphane Hamouis: « Le VSI a été une porte d’entrée vers la solidarité internationale »

A Madagascar, l’ONG Bel Avenir œuvre au quotidien pour répondre aux enjeux d’un développement durable dans le sud de Madagascar par des valeurs éducatives d’intégration et d’inclusion. Elle a accueilli le premier volontaire de solidarité internationale français, Stéphane Hamouis, en février 2005. © ONG Bel Avenir

Envoyé en mission à Madagascar en février 2005, Stéphane Hamouis a été le premier à bénéficier du tout nouveau statut de volontaire de solidarité internationale (VSI), qui fête ce mois-ci ses vingt ans. Il est aujourd’hui directeur de l’association Eau de coco France, qu’il a créée à la suite de cette expérience. Il revient pour nous sur ses vingt ans d’engagement au service de la coopération internationale, et nous livre sa vision du VSI.

Comment en êtes-vous venu à vous engager comme volontaire de solidarité internationale ?

Mes premiers voyages en tant que bénévole avaient fait germer en moi beaucoup d’interrogations, en particulier sur la chance que j’avais eu de grandir dans une famille et un environnement protecteur en Normandie. Cela m’a donné la vocation de me mettre au service de projets qui pouvaient venir en aide à ceux qui n’avaient pas eu cette chance-là.

J’ai saisi l’opportunité de m’engager comme VSI en 2005, dès la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale. J’ai signé mon contrat en février 2025 auprès de l’ONG Bel avenir (NDLR : elle développe un programme d’éducation pour les plus démunis à Tuléar, dans le Sud-Ouest de l’île) : mon idée était d’aller au-delà de l’engagement bénévole que j’avais déjà auprès de cette association. Ce nouveau statut constituait une sorte d’intermédiaire entre celui de bénévole et celui de salarié expatrié. Le contrat était porté par la Délégation catholique pour la coopération.

L’ONG Bel Avenir met en place de nombreuses activités pour les enfants défavorisés du sud de Madagascar. © ONG Bel Avenir

Comment s’est passée votre mission ?

Vraiment très bien ! À l’origine je devais réaliser le suivi financier des opérations, mais très vite j’ai dépassé mes fonctions. C’est pour moi tout l’intérêt du VSI, avec un engagement de moyen terme – deux ans en ce qui me concerne – qui s’est même poursuivi pour cinq mois supplémentaires. Ce statut permet d’évoluer en toute sécurité et avec un réel accompagnement, puisqu’on est encadré et indemnisé.

Et cette mission a pour vous été l’occasion de transformer votre engagement de volontaire en carrière professionnelle…

Effectivement, j’ai fini par m’engager au sein de l’ONG Bel avenir en tant que salarié, et j’ai créé quelques temps plus tard l’association Eau de coco en France, une structure qui met en réseau des acteurs de la solidarité internationale dont Bel avenir fait partie. J’en suis devenu le directeur en mars 2013. Aujourd’hui, le réseau compte environ 240 salariés en France, en Espagne, en Suisse ou en Andorre, et apporte son soutien à des projets à Madagascar ou au Cambodge.  C’est une façon de mutualiser les ressources pour accompagner des associations locales.

"Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas compte de la richesse des missions."

Stéphane Hamouis, premier volontaire de solidarité internationale (VSI), de 2005 à 2007 à Madagascar.

Avec le recul de vingt ans, quel bilan tirez-vous de la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale ?

Pour moi, le VSI a véritablement été une porte d’entrée vers la solidarité internationale. Si je n’avais pas connu ce dispositif, je ne suis pas certain que j’aurais réalisé la suite de ma carrière dans ce secteur. C’est vraiment un statut qui permet à toutes les personnes sensibles aux questions de solidarité de vivre une expérience riche et unique, et qui crée des vocations. Je continue d’ailleurs aujourd’hui d’avoir une grande confiance dans le VSI, nous en avons ainsi cinq actuellement sous contrat chez Eau de coco.

Selon vous, y aurait-il des améliorations à apporter au dispositif ?

Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas forcément compte de l’importance et de la richesse des missions qu’on mène dans ce cadre. La solidarité internationale est parfois un « gros mot » pour certains, et le terme même de volontariat n’est pas toujours clairement défini par rapport au bénévolat.

La récente remise en cause des budgets du service civique démontre aussi une certaine méconnaissance politique vis-à-vis des enjeux de solidarité. Le volontariat est un véritable tremplin pour l’avenir, ce sont des expériences qui donnent parfois un vrai sens à la vie. Il ne faut pas se contenter de signer des chèques pour payer un bâtiment, il faut aussi penser l’accompagnement à moyen et long terme des projets de développement. À ce titre, les VSI sont précieux : ils voient de leurs yeux ce que sont les inégalités, c’est tout aussi primordial que les milliers d’euros qu’on peut investir dans un projet.

 Stéphane Hamouis, en 2005, lors d’un tournoi de foot organisé à Madagascar avec des jeunes de l’un des centres de Bel Avenir. © DR

2005-2025 : vingt ans de VSI

Officiellement promulguée le 23 février 2005, la loi relative au contrat de volontariat de solidarité internationale est l’aboutissement de plusieurs années de discussions, projets et rapports soumis au Sénat et à l’Assemblée nationale. Du décret de 1986 à celui de 1995, de la promulgation de la loi à l’ouverture au principe de réciprocité en 2021, l’histoire du dispositif est marquée par des dates clés qui ont progressivement façonné sa reconnaissance législative.
Clé de voûte du volontariat international d’échange et de solidarité, le VSI représente plusieurs centaines de missions chaque année et, depuis 2021, des dizaines de volontaires internationaux engagés en France. Accessible dès 18 ans et tout au long de la vie, il permet un engagement longue durée au service du développement durable et de l’intérêt général — sur des projets axés sur l’éducation, l’environnement, la culture, la santé ou encore les droits humains.

Quelques chiffres sur le VSI :

🌍 Plus de 17 400 missions effectuées depuis 2005 ;
1630 missions effectuées en 2022 ;
🔄 59 missions effectuées en réciprocité, partout en France, en 2023 ;
🎓 30% des missions effectuées en lien avec l’éducation et la formation depuis 2005

De la Réunion à Madagascar, des fours solaires pour un avenir durable

 © DR

Ressourcerie, ateliers de réparation ou développement de solutions « low-tech »… l’association Ekopratik, à la Réunion, a fait de l’écologie du quotidien son credo. Dernièrement, elle a entrepris le développement de fours solaires, pour les particuliers comme pour les professionnels. Ziona, volontaire malgache en mission à Saint-Paul, a participé à la mise en œuvre du projet.

Née il y a onze ans, l’association Ekopratik est aujourd’hui devenue l’un des acteurs majeurs de la protection de l’environnement à Saint-Paul, sur l’île de la Réunion. À ses débuts, elle se consacrait essentiellement à la réparation d’objets au travers des «Réparali Kafés », des ateliers collaboratifs où chacun peut venir restaurer des appareils électroménagers et autres objets du quotidien. Progressivement, l’association a élargi son champ d’action en intégrant le concept du low-tech : « Il s’agit d’un mouvement axé sur le développement de technologies frugales, qui ne nécessitent pas ou peu d’énergies fossiles, qui sont en open source et accessibles à tous », explique Baptise Beauvais, l’un des membres actifs de l’association.

Ziona (au centre), volontaire en service civique international entouré de son tuteur Baptiste Beauvais, de l’association Ekopratik et d’Anne Korszuk, responsable de l’antenne de France Volontaires à la Réunion. © DR

Ancrée dans un territoire qui bénéficie d’un fort ensoleillement, Ekopratik a logiquement décidé de mettre en œuvre des solutions basées sur l’énergie solaire. C’est ainsi que l’association a initié un projet de création de fours alimenté par ce biais : un système ingénieux dans lequel un jeu de miroirs réfléchissants placés à l’intérieur d’une boîte vitrée permet d’atteindre de hautes températures.

Répondre à des besoins primaires à Madagascar

Le but, à terme, est d’essayer de monter une filière de construction en utilisant la récupération de matériaux comme matière première. En attendant, l’association réalise pour l’heure des démonstrations grand public : c’est dans ce cadre que Ziona, jeune volontaire malgache en service civique international, a réalisé sa mission auprès d’Ekopratik, d’avril à décembre 2024. « J’étais mobilisé sur les projets de fours solaires. L’objectif de ma mission était d’apporter des améliorations low-tech pour arriver à augmenter la température. Nous sommes parvenus à passer de 115 à 150 degrés », précise le jeune homme.

Avec, pour lui, un objectif final: repartir à Madagascar avec un véritable savoir-faire en la matière, afin de pouvoir reproduire sur place le projet à l’identique. « D’habitude nous travaillons plutôt avec des volontaires français. Ce sont souvent des jeunes qui sont intéressés par le low-tech d’un point de vue académique et souhaitent tester des prototypes. Ziona est le premier volontaire étranger que nous recevons ici en réciprocité, et pour lui la logique est différente : les fours solaires répondent à un besoin primaire à Madagascar, celui de se nourrir à moindre coût », complète Baptiste. Tout cela en valorisant au maximum la récupération pour réduire encore les frais, en utilisant par exemple des vitres de photocopieuses ou de frigos usagés par exemple, et du film réfléchissant plutôt que de véritables miroirs.

« Planter des graines » pour l’avenir des jeunes

En plus de ces fours pour particuliers, Ekopratik travaille également à la création d’objets de plus grande taille : des concentrateurs solaires destinés aux professionnels. Placés sur des remorques de bateau, ils peuvent embarquer jusqu’à 5 mètres carrés de miroir et monter jusqu’à 250 ou 300 degrés. De quoi assurer des cuissons plus puissantes ou de la torréfaction de graines, par exemple. Un usage destiné cette fois à des boulangers ou des paysans, avec l’idée de permettre à terme une utilisation collaborative de l’appareil.

A la fin de sa mission, courant décembre, Ziona est donc reparti à Madagascar avec deux kits de confection de fours solaires, réalisés à l’issue d’une formation d’une journée, pour en faire don à des ONG locales. Deux autres volontaires en réciprocité avaient également bénéficié de cette journée : Sharmila, originaire du Mozambique, qui intervenait en appui aux établissements scolaires de l’ouest de l’île, et Sonya, originaire de Madagascar, qui a apporté une contribution précieuse à la Ferme Forêt des Makes

« Former des jeunes à la création de ce genre d’outils est ambitieux, mais c’est l’objet de l’association Ekopratik : on plante des graines dans leur tête pour leur permettre à terme d’être autonomes », se réjouit Baptiste.

Grâce à son approche axée sur la transmission des savoir-faire et l’innovation durable, Ekopratik s’impose comme un acteur majeur de l’écologie à la Réunion. Son engagement dans le développement de solutions simples, économiques et respectueuses de l’environnement, illustre la pertinence de son approche pour répondre aux défis contemporains.

Le programme Territoires Volontaires au service des collectivités de la Réunion

Ziona s’est engagé en tant que volontaire en mission de service civique international en réciprocité dans le cadre du programme Territoires Volontaires (TeVo) de France Volontaires. Co-financée par le Département de La Réunion, sa mission de « Sensibilisation à l’environnement par l’innovation alternative et durable » a duré huit mois, d’avril à décembre 2024.

Ecuasol, l’établissement qui met du soleil dans la vie des jeunes de Quito

Une séance d’accompagnement scolaire dans les locaux de la fondation. © Ecuasol

Dans les faubourgs de la capitale équatorienne, la fondation Ecuasol réalise un remarquable travail éducatif :  depuis plus de vingt ans maintenant, elle a pour ambition d’aider les enfants et adolescents des quartiers défavorisés, principalement par des actions de soutien scolaire. Six volontaires en service civique international lui apportent leur soutien. Interview croisée entre Romain et Éléonore, actuellement en mission sur place.

« L’éducation peut changer un destin » : plus qu’un slogan, qu’Ecuasol affiche aux côtés de son logo, il s’agit là d’un véritable mot d’ordre que la fondation tente de mettre en œuvre depuis sa création en 2002. Confrontée à la pauvreté dans les quartiers nord de la capitale de l’Equateur, elle lutte au quotidien pour permettre à des dizaines d’enfants de bénéficier d’un accompagnement scolaire mais aussi psychologique et financier, alors que nombre d’entre eux sont livrés à eux-mêmes dans un environnement précaire et dangereux. Pour se faire, l’équipe sur place peut compter sur Paola Pinza, directrice de la fondation, qui est entourée de quatre auxiliaires pédagogiques et de deux cuisinières. Une cohorte de six volontaires en service civique international complète le staff, parmi lesquels Éléonore Himmi et Romain Botella, envoyés sur place par Impact International, qui nous détaillent leur mission.

La fondation Ecuasol évolue dans un contexte social de grande pauvreté, dans un quartier défavorisé. Qu’est-ce qui vous a incités à vous engager dans une telle mission?

Éléonore : D’un point de vue personnel, j’ai toujours voulu aider les enfants, ma formation professionnelle était en lien avec cela. Je suis éducatrice spécialisée, j’ai fait quatre ans d’études dans ce secteur et j’ai travaillé deux ans dans une prison pour mineurs en France. J’avais déjà réalisé un stage de trois mois à Madagascar dans une école, et ce service civique international est pour moi l’occasion de poursuivre dans cette logique.

Romain : Je n’ai pas été convaincu par les études que je faisais, alors j’ai finalement décidé de réaliser une année sabbatique, durant laquelle j’ai fait l’expérience du bénévolat auprès de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (une asso­cia­tion d’uti­lité publique de lutte contre la précarité). Cela a constitué ma première approche de la solidarité : j’ai donné un coup de main pour aider à réaliser des demandes de séjour en France, j’ai travaillé sur des recours juridiques, etc. Je me suis senti utile et j’ai particulièrement aimé le contact avec le public. Ce service civique international est dans la continuité de cet engagement.

Éléonore et Romain, en service civique international auprès de la fondation Ecuasol. © DR

Comment se répartissent les rôles entre les différents volontaires présents chez Ecuasol ?

Éléonore : Chacun dispose d’une mission particulière, en ce qui me concerne c’est de l’accompagnement pédagogique et de l’animation. Il faut savoir qu’ici en Equateur, les enfants ont cours soit le matin soit l’après-midi, donc on les prend en charge sur la demi-journée où ils ne sont pas à l’école, afin qu’ils ne soient pas livrés à eux-mêmes. Concrètement, je renforce les cours d’anglais. J’ai aussi préparé le camp d’été, pendant les vacances scolaires, où nous devons gérer les enfants sur toute la journée. On fait des sorties collectives sur la côte, dans la montagne ou en Amazonie, en fonction du budget dont on dispose et qui dépend des donations que nous recevons.

Romain : Je gère la caisse de la fondation au quotidien pour tout ce qui est achat de nourriture, nécessaire de bricolage, cuisine pour le repas des enfants, etc. Il y a également de la gestion de projet, en particulier pour ce qui est de la mise en œuvre des relations avec les partenaires de la fondation. A titre d’exemple, j’ai récemment eu rendez-vous à l’ambassade de France pour rencontrer des représentant de l’Agence française de développement (AFD) afin de voir si on peut mettre en place des partenariats avec des acteurs du développement local, comme Agronomes et vétérinaires sans frontières. On travaille sur un projet pour permettre aux populations locales d’accéder à l’autosuffisance alimentaire.

Quel regard portez-vous sur le travail d’Ecuasol à Quito ?

Éléonore : La fondation a une façon particulièrement bienveillante d’aborder l’aide sociale. Elle est située dans un quartier où il n’y a rien autour, et je trouve qu’elle porte bien son nom, car c’est vraiment une lumière pour les enfants (Ecuasol = « le soleil d’Equateur »), avec un accompagnement global. J’ai travaillé en France autour des situations de maltraitance, mais les choses ne sont pas abordées de la même manière dans les deux pays. Il y a beaucoup plus de défiance vis-à-vis des éducateurs chez nous, alors qu’ici les enfants comptent réellement sur nous pour les aider.
Il faut aussi souligner que tout est organisé pour qu’il y ait une continuité dans les missions des volontaires en service civique international. Il y a systématiquement une passation d’un mois entre l’ancien volontaire et le nouveau, cela facilite le début de la mission du nouvel arrivant, et cela permet aussi de s’acclimater plus vite à la vie ici à Quito.

Romain :  Je suis impressionné par le travail que mène la fondation. Je pensais que c’était « juste » de l’aide dans le quartier, mais il y a un vrai travail de fond qui est mené avec l’ensemble des acteurs locaux, comme la mairie de Quito ou les entreprises. Au-delà des cours de langue ou le soutien scolaire, elle propose aussi des cours de dessin, de danse, il y a une interdisciplinarité qui est exemplaire. C’est un travail quotidien pour aider les enfants mais aussi plus globalement rendre le quartier plus vivable en dehors des murs de la structure.

Une professeure retraitée engagée pour la préservation des forêts

Jocelyne durant un atelier de sensibilisation au lycée Nsam-Efoulan de Yaoundé © DR

Au sein de l’association camerounaise Green Life Act, Jocelyne Liger-Martin s’est engagée pour une mission d’un mois comme volontaire senior dans le cadre du programme Volontaires pour la préservation des forêts (V-Forêts). Une façon de continuer de se rendre utile pendant sa retraite. Témoignage.

Mobilisée pour venir en appui pédagogique aux équipes de l’association Green Life Act basée à Yaoundé, Jocelyne observe au quotidien le déroulement des ateliers organisés par l’association dans les établissements scolaires de la métropole camerounaise. Elle forme également les membres de la structure afin de les rendre pleinement opérationnels dans leur rôle d’ambassadeurs de la préservation de la biodiversité auprès des jeunes.

Cet engagement a été rendu possible grâce à AGIRabcd, une association française membre de la plateforme France Volontaires, qui déploie chaque année sur le terrain des dizaines de seniors dans le cadre du volontariat d’échanges et de compétences (VEC). Également appelé volontariat d’expertise, ce dispositif met en avant l’engagement des volontaires qui souhaitent faire bénéficier de leurs compétences professionnelles à des assoications ou ONG de pays partenaires, le plus souvent dans le cadre de missions de courte durée allant d’un mois à six mois.

En séance de travail avec Green Life Act et le Club Unesco de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) © DR

J’effectue des missions de formation en France et à l’étranger dans le domaine des sciences, de l’éducation à la santé et du développement durable. Si je suis au Cameroun, c’est pour une mission d’un mois auprès de l’association Green Life Act. Le but de ma mission c’est de former des bénévoles et d’écrire un livret pédagogique à destination des formateurs qui permettra aux nouveaux formateurs de continuer à former les jeunes.

 Je me suis engagée parce que depuis que je suis en retraite, je continue d’être très intéressée par la formation, et je pense que la préservation de la biodiversité est un combat qui doit être mené au niveau mondial. J’ai eu la possibilité de partir aider cette association, je n’ai pas hésité : ça fait partie de mes centres d’intérêt.

Je souhaitais transmettre des compétences aux élèves, ici au Cameroun, même s’il y a une spécificité de la communication et de l’enseignement. Il a fallu s’imprégner de l’ambiance et de la façon de procéder pour être efficace. J’ai appris à m’adapter. Il s’agit de rendre concrets et adaptables des concepts qui sont souvent enseignés de façon très générale.

" C’est l’écoute qui est prioritaire. Peut-être une certaine modestie aussi, parce que les difficultés que rencontrent les gens ici sont difficilement appréhendables pour nous."

Jocelyne Liger-Martin, en volontariat d’échanges et des compétences au Cameroun

Ce qui m’a marquée le plus, c’est la taille de la ville de Yaoundé et l’importance du trafic. J’ai habité ici il y a vingt-cinq ans pendant six ans, je travaillais dans le cadre d’un projet franco-camerounais, et la ville n’avait rien à voir en termes de déplacements et de population, c’était beaucoup plus tranquille. Je me rends compte que l’urbanisation au Cameroun est devenue énorme.

Pour quelqu’un qui voudrait venir en tant que volontaire au Cameroun, il faut essayer de faire table rases de ses idées préconçues : il faut écouter, s’adapter, éviter de coller aux situations qu’on peut vivre au quotidien des représentations sans les avoir interrogées . C’est l’écoute qui est prioritaire. Peut-être une certaine modestie aussi, parce que les difficultés que rencontrent les gens ici sont difficilement appréhendables pour nous. Il faut essayer de comprendre avant de juger.

La structure d'accueil

Créée en 2017 au Cameroun, Green Life Act œuvre pour réaliser la vision d’un humanisme durable et de proximité, en s’appuyant sur des valeurs d’action, d’innovation, d’efficacité, de synergie, de transparence et d’équité. L’association promeut activement la solidarité sociale inclusive et l’économie circulaire au Cameroun, avec un objectif de sensibilisation à l’écocitoyenneté et l’éducation environnementale.

Une jeune sportive béninoise au service des volleyeuses bretonnes

“Ousta” Toko, volontaire en service civique international à Treffendel, en Ille-et-Vilaine (35). © DR

Au printemps 2023, l’équipe féminine U21 de volley-ball du Bénin venait passer quinze jours de stage à Treffendel, en Ille-et-Vilaine. Le début d’un partenariat entre la fédération nationale du pays d’Afrique de l’Ouest et le club local de Brocéliande volley. Celui-ci s’est récemment renforcé avec l’arrivée d’Oustazirathou Toko (« Ousta »), une jeune joueuse béninoise qui y effectue son service civique international (SCI).

De Brocéliande, on connaît la légendaire forêt et son non moins légendaire habitant Merlin l’Enchanteur. Mais depuis quelques mois, on commence aussi à connaître Brocéliande pour son équipe de volley féminin. Évoluant en Nationale 3 (la quatrième division nationale), le club de la petite ville de Treffendel ne se contente plus de vouloir rayonner au niveau régional. Depuis le printemps de l’année 2023, celui-ci est ainsi engagé dans un partenariat avec la fédération nationale de volley-ball du Bénin.

Des échanges sportifs qui ouvrent des horizons

« Nous avons saisi l’opportunité de l’organisation des Jeux olympiques à Paris pour mettre en place un partenariat avec des clubs français », explique Débora Louis, chargée de la coopération au sein de la Fédération béninoise de volley-ball. Du 25 mai au 10 juin 2023, à un peu plus d’un an du grand événement sportif, l’équipe nationale féminine U21 du Bénin réalise un premier déplacement en Bretagne. Au menu ? Des entraînements intensifs quotidiens, des stages en entreprise, des interventions dans les écoles ou des échanges culturels. Un programme qui dépasse volontairement le simple cadre du sport : « Il y a beaucoup de sportifs de haut niveau, mais peu deviennent des professionnels » justifie Débora. « Et pour ceux qui le deviennent, il y a toujours le risque d’une carrière écourtée pour cause de blessures, par exemple. Il faut donc sensibiliser nos athlètes au fait qu’ils doivent penser leur carrière au-delà du terrain, et cela se prépare tôt. »

Un an plus tard, c’est une délégation bretonne qui fait le déplacement au Bénin, cette fois. « Nous avons organisé des séances de découverte de notre sport dans les écoles et mis en place des oppositions contre des équipes locales », détaille Laurence Gortais, présidente du Brocéliande Volley. L’occasion de découvrir un autre volley-ball, dans un pays où ce sport est bien souvent pratiqué en plein air plutôt qu’en gymnase, et dans des conditions climatiques pas exactement similaires à celles que l’on connaît en Bretagne ! Des échanges qui « ouvrent de nouveaux horizons », et font naître de nouvelles idées de collaboration… comme l’accueil de volontaires en service civique international, par exemple. 

Ousta (en haut à gauche), avec l’une des équipes de jeunes du club de Brocéliande Volley, à Treffendel. © DR

Avec l’aide du Comité départemental olympique et sportif d’Ille-et-Vilaine, Brocéliande Volley s’est ainsi vu accorder l’opportunité d’accueillir une jeune joueuse de l’équipe nationale féminine U21 du Bénin en SCI. Oustazirathou Toko (« Ousta pour tout le monde, en Bretagne comme au Bénin), a ainsi posé son sac de sport à Treffendel au mois d’avril dernier pour une durée de dix mois – tandis qu’un de ses collègues de l’équipe nationale masculine, Wilfried Bleossi, posait le sien au Rennes Étudiants Club pour la même durée.

Baby-volley, coaching et arbitrage

La jeune femme s’entraîne avec l’équipe de Brocéliande, évidemment, mais elle participe aussi à la vie du club en général. « J’assiste les coachs pour les entraînements de toutes les catégories de jeunes, et j’anime des séances de baby-volley avec de très jeunes enfants en travaillant sur des parcours de motricité et l’usage du ballon », explique-t-elle avec enthousiasme. « Il peut aussi m’arriver de participer à des rencontres en tant qu’arbitre puisque j’ai suivi une formation dans ce sens, ou encore de mettre la main à la pâte pour l’organisation de tournois ». En dehors du domaine sportif, la jeune femme donne aussi de son temps à une école de Treffendel, où elle assiste le personnel pour la gestion de la cantine et de la garderie.  


Un volontariat qui réjouit la principale intéressée – ravie de voir que l’expérience lui permet de « lutter contre [son] caractère un peu introverti » – mais aussi l’ensemble des membres du club… et ceux de la fédération béninoise, évidemment. « Quand nos joueurs évoluent en équipe nationale, ils sont très encadrés, il y a toujours une délégation qui s’occupe de tout pour eux : avec cette expérience de service civique, ils découvrent l’envers du décor d’un club, ce qui les oblige à sortir de leur zone de confort. Cela demande de la résilience et de l’adaptation », confirme Débora Louis. De quoi faire grandir humainement et sportivement ces jeunes athlètes en devenir. « Dans quelques mois, nous récupérerons des joueuses et joueurs qui seront des locomotives pour leur club et pour leur équipe nationale », conclut-elle.

A propos du partenariat

Soutenu par l’ambassade de France au Bénin, le partenariat entre la fédération du Bénin de volley-ball et le club de Brocéliande Volley s’inscrit dans le cadre du soutien de la pratique féminine de ce sport. Le cas de Brocéliande a fait des émules en Bretagne, puisque deux autres clubs du département ont décidé également d’accueillir des volontaires : le Rennes Étudiants Club et l’US Mordelles basket-ball. Actuellement, un quatrième club étudie l’accueil d’un volontaire pour l’année 2025. Ce partenariat est réalisé avec le concours financier de l’Agence nationale pour l’emploi au Bénin, organisme en charge du volontariat. Au titre de ses compétences, l’ANPE accompagner et promeut des programmes innovants de volontariat de développement national. Elle assure également la participation de demandeurs d'emplois aux programmes internationaux de volontariat.

Le Comité départemental olympique et sportif 35

Le Comité départemental olympique et sportif d’Ille-et-Vilaine a pour missions, entre autres, d’apporter une aide aux clubs du département, de mener une politique à l’attention des jeunes sportifs et de contribuer à la formation des bénévoles. Il dispose d’un agrément de l’Agence nationale du service civique pour accompagner les clubs dans une mise à disposition de volontaires, au travers du montage des projets, de la définition des missions, de l’élaboration des contrats, du suivi et du bilan de fin de mission.