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« Les jeunes d’aujourd’hui sont l’avenir social, citoyen et économique de demain »

Un an après la signature d’une convention avec France Volontaires, Ahmed El Khadiri, délégué général de l’Union Nationale des Missions Locales (UNML), répond à nos 5 questions et revient sur l’importance d’un accompagnement global pour l’intégration des jeunes. La dimension internationale, à travers les dispositifs proposés par France Volontaires, trouve naturellement sa place dans cette dynamique.

En 1981, Pierre Mauroy, alors premier ministre du président Mitterrand, déclarait dans sa lettre de mission adressée à Bertrand Schwartz qu’il avait chargé d’un rapport sur l’insertion des jeunes, que « l’entrée des jeunes dans la vie active, après la fin de la scolarité, est devenue pour beaucoup d’entre eux, une véritable course d’obstacles et une période d’incertitude et de déstabilisation ». C’est ce qui a conduit à la création de la première mission locale l’année suivante. 

Plus de quarante ans après l’ouverture de la première mission locale, les jeunes sont-ils toujours dans ce même état d’esprit ? Qu’est-ce qui a changé ?

La situation des jeunes en France reste effectivement une préoccupation centrale, qui doit interpeler toute la société : les jeunes d’aujourd’hui sont l’avenir social, citoyen et économique de demain.

Comme cela a pu être pointé il y a quelques semaines dans le rapport annuel de la Cour des Comptes dédié à la jeunesse, cette période de construction est marquée par des basculements cruciaux, qui doivent encore aujourd’hui être accompagnés, en particulier pour les jeunes les plus fragiles.

Ce rapport pointe que sur le total des 9 millions de jeunes de 15 à 25 ans recensés en 2024, plus d’un jeune sur dix est en situation de pauvreté et que le phénomène s’aggrave depuis la fin des années 1960. N’oublions pas que ceux-ci ont été durement touchés financièrement, mais aussi socialement et dans la construction de leur avenir professionnel, par la crise du Covid-19, qui a laissé des séquelles importantes sur leur santé mentale.

Avec 16% d’entre eux durablement éloignés de la formation et de l’emploi, 27% des jeunes de quartiers prioritaires sans diplôme ou encore 38% de jeunes ruraux ayant déjà renoncé à un entretien d’embauche en raison de difficultés de déplacements, nous pouvons supposer que l’entrée dans la vie sociale et active reste un parcours particulièrement complexe et que la possibilité de bénéficier d’un accompagnement renforcé et global, comme cela est proposé en Mission Locale, reste indispensable.

Dans la lettre de mission qui a mené au rapport remis par Bertrand Schwartz au Président de la République en 1981, ce derniers mentionne que « rien ne se fera sans les jeunes ». C’est encore le leitmotiv qui anime l’action des Missions Locales.

"Les jeunes d'aujourd'hui sont l'avenir social, citoyen et économique de demain "

Ahmed El Khadiri, délégué général de l’UNML

Le rapport de Bertrand Schwartz préfigura les permanences d’accueil, d’information et d’orientation des missions locales officialisées par une ordonnance du 26 mars 1982. Comment les actions des missions locales ont-elles évolué au fil des décennies ? Quelles sont aujourd’hui les principales missions de l’UNML ?

À l’époque de la remise du rapport, les « Missions » Locales devaient, comme leur qualification l’indique, exister temporairement, les pouvoirs publics de l’époque ayant en effet confiance en une reprise forte et durable de l’économie. Néanmoins, la pérennisation des difficultés auxquelles font face les jeunes a également mené au développement et à la pérennisation de notre réseau.

À ce jour, ce sont 440 Missions Locales et 15 000 salariés qui exercent une mission de service public (article L5314-2 du Code du travail) en accompagnant plus de 1,1 million de jeunes chaque année.

Pourquoi les Missions Locales restent-elles nécessaires ? Car le réseau des Missions Locales représente l’unique service de proximité dédié à l’insertion socioprofessionnelle des jeunes de 16 à 25 ans.

L’ensemble des jeunes qui passent la porte des Missions Locales présentent chacun des parcours qui nécessitent un accompagnement global et individualisé, pour une intégration sereine, confiante et solide dans la société et dans le monde professionnel.

Au fil des décennies, le travail des conseillers d’insertion s’est étoffé et spécialisé. Aujourd’hui, les conseillers des Missions Locales repèrent, accueillent, informent, orientent, et accompagnent ces jeunes qui ne sont ni en emploi, ni en formation, dans la construction de leur parcours, à la fois en faisant émerger leur projet d’avenir mais aussi en leur permettant de lever des freins, plus ou moins importants selon leurs besoins, qu’ils soient matériels, administratifs ou même psychologiques.

C’est ainsi que les Missions Locales développent un éventail très large d’outils et de dispositifs complémentaires à l’accès à la formation ou à l’emploi : accéder au logement, obtenir son permis, apprendre à se déplacer, ouvrir des comptes administratifs, mais aussi connaître ses droits et devoirs en tant que citoyen, réfléchir à des sujets de société comme les violences sexistes et sexuelles, ou encore accéder aux loisirs ou à un accompagnement psychologique, sont tout autant de services qui constituent ce que nous appelons l’accompagnement global.

Quant à l’UNML, nous remplissons trois grandes missions : Représenter les Missions Locales auprès des pouvoirs publics et des partenaires au niveau national ; animer, accompagner et outiller les Missions Locales pour leur permettre de réussir leur mission d’insertion socio-professionnelle des jeunes ; et enfin, en tant que syndicat d’employeurs, nous représentons les employeurs dans les négociations paritaires et animons le dialogue social.

Présentes aujourd’hui sur l’ensemble du territoire national, les 440 Missions Locales accueillent et accompagnent plus de 1,1 million de jeunes par an. Pourquoi avoir décidé de signer une convention de partenariat avec France Volontaires ?

Depuis 2023, la mobilité internationale a été intégrée dans la stratégie nationale du réseau portée par l’UNML. Nous sommes en effet convaincus de l’impact de la mobilité internationale dans le parcours de jeunes, tant pour l’acquisition de savoir-être et de savoir-faire que pour la motivation qui anime les jeunes qui en bénéficient dans la construction de leur parcours.

Dans un contexte où plusieurs Missions Locales travaillent ou bien ont travaillé par le passé avec France Volontaires, la signature de la convention avec France Volontaires était pour l’UNML incontournable : cette convention nous a permis de réaffirmer à l’échelle nationale notre volonté d’accompagner le réseau des Missions Locales dans la connaissance des projets et dispositifs proposés par France Volontaires et dans leur mise en place, notamment le Service Civique international et les chantiers de solidarité.

À la suite de cette signature, nous avons également intégré la plateforme de France Volontaires pour y représenter notre réseau et plus particulièrement les jeunes les plus éloignés de la mobilité, dont l’enjeu de l’accessibilité aux dispositifs est une volonté partagée entre l’UNML et France Volontaires.

"La confrontation à un nouvel univers culturel, à de nouvelles responsabilités, mais aussi et bien évidemment le sentiment d’utilité qui émerge d’une telle expérience, permettent d’observer des changements forts chez des jeunes"

Ahmed El Khadiri, délégué général de l’UNML

Ce n’est pas une première coopération entre FV et l’UNML puisqu’entre 2016 et 2018, 98 jeunes avaient été envoyés par quinze Missions Locales dans une vingtaine de pays dans le cadre d’un service civique international. Comment comptez-vous renforcer la dimension internationale de vos actions ?

Le projet des « Ambassadeurs de l’engagement citoyen à l’international » a effectivement été une formidable expérience, dont l’étude d’impact a pu montrer les effets de ces expériences de Service Civique sur les jeunes : au moment de l’entrée dans le projet, près de 4 jeunes sur 5 n’étaient ni en emploi, ni en formation. Un ou deux ans après, parmi les répondants à ce nouveau questionnaire, seuls 14% étaient en recherche d’emploi, tandis que 38% étaient en emploi et 34% en formation. 14% d’entre eux avaient par ailleurs poursuivi leur engagement dans le cadre d’un autre dispositif.

Ce projet a été une réussite notamment grâce à la mise en place de missions de Service Civique adaptées aux jeunes les plus éloignés de la mobilité, en créant un parcours d’accompagnement renforcé et des durées de missions plus courtes qu’habituellement, pour une durée de 6 mois dont le premier et le dernier mois se déroulaient en France. Cette « formule adaptée » d’un dispositif comme le Service Civique est un modèle de flexibilité qui permet de développer l’accessibilité de l’international.

C’est pourquoi nous avons repris ce modèle et invité deux Missions Locales, Le Havre Estuaire Littoral et Lille Avenirs, à répondre à l’appel à projet « accessibilité » porté par l’Agence du Service Civique et France Volontaires et à se baser sur ce modèle réussi pour mettre en œuvre de nouvelles missions de Service Civique international.

Concernant la dimension internationale de nos actions, cela représente un travail important de mise à disposition de connaissances et d’outils pour que chaque Mission Locale ait connaissance des opportunités de mobilité internationale et sache comment les mettre en œuvre ou en bénéficier par le biais de partenaires nationaux ou locaux.

Notre objectif avec France Volontaires est de voir se multiplier les projets de Service Civique international dans les Missions Locales, mais également la réciprocité à travers l’accueil de volontaires internationaux en France.

Quelle place le volontariat international peut-il prendre dans l’orientation des jeunes aujourd’hui ?

La mobilité constitue un véritable effet levier sur le parcours d’insertion des jeunes qui en bénéficient. Je dirais même qu’elle revêt un effet accélérateur et amplificateur, qui transparaît au travers des études d’impact comme celle citée précédemment sur le projet « Ambassadeurs », mais également au travers de tous les témoignages de jeunes et des conseillers qui les accompagnent.

La confrontation à un nouvel univers culturel, à de nouvelles responsabilités, mais aussi et bien évidemment le sentiment d’utilité qui émerge d’une telle expérience, permettent d’observer des changements forts chez des jeunes qui sont parfois fragilisés, a minima éloignés de ces opportunités par un nombre important de freins. Le volontariat international favorise l’émergence de nombreux savoir-être et savoir-faire qui se révèlent précieux pour la suite de leurs parcours comme la prise de confiance, le développement de l’autonomie, du travail en équipe, des responsabilités, l’ouverture à l’interculturalité et une meilleure identification de son projet d’orientation.

Si ce sont des effets qui sont exprimés par la majorité des jeunes qui vivent un Service Civique international, je pense que l’on peut affirmer que cela représente une expérience d’autant plus marquante et transformatrice pour des jeunes qui n’auraient peut-être jamais connu ce programme ou bien osé candidater sans que cela ne leur soit proposé.

C’est pourquoi il nous tient particulièrement à cœur d’œuvrer pour le développement de ces opportunités, afin que le maximum de jeunes, et notamment les jeunes avec moins d’opportunités que nous accueillons dans nos Missions Locales, puissent vivre l’expérience unique du volontariat international.

L'Union Nationale des Missions Locales en bref

L’Union nationale des Missions Locales (UNML), association loi 1901 créée en 2003, assure à la fois l’animation du réseau des Missions Locales et leur représentation auprès des acteurs publics, économiques et sociaux au plan national, ainsi que la fonction de syndicat d’employeurs de la branche professionnelle qui regroupe plus de 15 000 salariés. Présentes sur l’ensemble du territoire, les 437 Missions Locales exercent une mission de service public de proximité avec un objectif essentiel : permettre à tous les jeunes de 16 à 25 ans de surmonter les obstacles à leur insertion professionnelle et sociale.

Du livre au micro, quand les enfants font vibrer les mots au Rocher de Palmer

Dans le studio d’enregistrement du Rocher de Palmer, Emmanuella (à droite), gère une séance d’enregistrement de lecture par une classe de CM2 de Cenon. © France Volontaires

Au Rocher de Palmer, en Gironde, des ateliers culturels mêlant art, lecture et enregistrement en studio sont proposés aux enfants des écoles de la ville. Une expérience immersive qui donne voix à une centaine d’élèves de classes de cours moyen… et du sens à l’engagement d’Emmanuella, volontaire haïtienne en mission de service civique international.

Il est à peine 10 heures ce lundi matin quand une petite troupe d’enfants de CM2 pousse la porte du studio d’enregistrement du Rocher de Palmer, à Cenon. Dans un silence ponctué de chuchotements excités, chacun serre dans ses mains un livre qu’il a soigneusement sélectionné. Le moment est venu de le lire… dans un véritable studio professionnel aux murs calfeutrés, casque sur les oreilles…

Un musée pas comme les autres

Avant de passer derrière le micro, les élèves ont eu droit à une séance d’initiation aux arts plastiques, en partant à la découverte d’une demi-douzaine de tableaux, en lien avec leurs lectures. C’est Émilie Lefèvre, médiatrice culturelle, qui les leur présente sur grand écran, ou via les tablettes mises à leur disposition, dans ce musée numérique de nouvelle génération, né en 2017 au niveau national et baptisé Micro-folie. « Le musée numérique, c’est le cœur de toutes les Micro-folies en France et à l’étranger », explique la jeune femme avec enthousiasme. « On y retrouve plusieurs milliers d’œuvres — des tableaux, mais aussi des sculptures, de l’architecture, etc. L’idée, c’est de faire un premier pas dans l’univers de l’art, sans forcément entrer dans des détails techniques. Juste ouvrir une porte. »

Pour ce groupe, l’expérience a été pensée comme un va-et-vient entre textes littéraires et œuvres artistiques. Chaque passage lu par les enfants a été mis en relation avec une œuvre issue du musée numérique. Une manière de relier l’imaginaire des histoires aux formes et aux couleurs de l’art. Et surtout, de leur donner envie de s’exprimer.

Voici l’un des projets que suit Emmanuella, volontaire en service civique international et venue d’Haïti grâce au programme Tanbou coordonné par l’Institut français : elle supervise la séance du musée numérique et accompagne les enfants dans les entrailles du Rocher de Palmer, célèbre lieu dédié au spectacle vivant de l’agglomération bordelaise. Car il faut parcourir un véritable labyrinthe avant d’arriver en studio. Une fois sur place, elle ajuste un micro, rassure un élève un peu stressé, encourage une autre à bien articuler. « L’enregistrement, c’est une manière de valoriser la parole des enfants », explique Émilie. « Ils ont travaillé leur lecture, sélectionné un passage, et ici, ils peuvent l’enregistrer dans des conditions professionnelles. »

"On est ravis de l’accueillir, Emmanuella est quelqu’un de brillant, elle écrit très bien et elle est polyvalente"

Patrick Duval, directeur du Rocher de Palmer

Emmanuella drive chaque enfant, casque sur les oreilles, bienveillante et concentrée. Elle connaît bien le déroulé. Depuis son arrivée, elle assiste les équipes du Rocher de Palmer sur tous les volets de médiation. Ce projet-là, elle le connaît particulièrement bien. Et pour cause : il cristallise tout ce qu’elle est venue chercher dans cette mission de service civique. « Ce qui me touche, c’est la manière dont on laisse la parole aux enfants ici en France », confie-t-elle. « En Haïti, l’école est plus verticale, on écoute beaucoup, on parle peu. Ici, on encourage les enfants à exprimer ce qu’ils ressentent.»

Le travail de lecture ne s’arrête pas au moment où les micros s’éteignent. Chaque enregistrement sera intégré à une exposition prévue en fin d’année scolaire. « On va afficher les œuvres qui ont été découvertes avec les extraits de lecture, et des QR codes permettront d’écouter les enregistrements réalisés en studio », précise Émilie. « Les enfants auront aussi produit des créations plastiques en classe. C’est un projet complet, qui croise les disciplines. »

Du studio à l’exposition

Dans cette logique de croisement des mondes, le Rocher de Palmer joue un rôle de pont entre les enfants, l’art et le son. Et Emmanuella, dans ce grand puzzle culturel, est une pièce précieuse. Camille Caster-Vasseur, chargée de la médiation au Rocher de Palmer, en témoigne : « Elle nous accompagne aussi sur les parcours scolaires liés aux spectacles jeune public, comme celui qu’on a mené avec le collège Montaigne ou encore à Sainte-Foy-la-Grande, avec le slameur Souleymane Diamanka. Elle suit les ateliers, fait des comptes rendus, prend des photos, et surtout, elle apporte un autre regard. »

Un regard extérieur qui permet de documenter, valoriser et améliorer les actions du Rocher. « On est ravis de l’accueillir, c’est quelqu’un de brillant, elle écrit très bien, et elle est polyvalente, puisqu’elle est affectée à la fois au sein du service communication et à celui de la médiation » glisse Patrick Duval, le directeur des lieux, qui est venu passer une tête pour voir si tout se déroule bien ce matin.

Pour les enfants, c’est une première immersion dans l’univers de la création. Pour Emmanuella, une étape de plus dans son propre parcours. Car après sa mission, elle compte bien poursuivre dans le champ culturel. Ce que lui permet son volontariat au Rocher de Palmer, ce n’est pas seulement d’accompagner des projets, mais aussi de s’envisager un avenir professionnel.

Le programme Tanbou

Porté par l’Institut français en partenariat avec France Volontaires et sur financement de l’AFD, le programme Tanbou prévoit l’accueil de jeunes Haïtiens en mission de service civique au sein d’opérateurs culturels partout en France. Production, administration, médiation : les domaines sont nombreux, à l’image des profils de volontaires mobilisés.

Bio express

Emmanuella Evanol Michel est titulaire d’une licence en droit, obtenue à l’université Quisequeya de Port-au-Prince, qu’elle a complétée avec une spécialisation en négociation stratégique et médiation culturelle à l’Essec Business School. Après plusieurs expériences dans le domaine culturel, comme celle de chroniqueuse auprès de Radio TV Caraïbe, elle est depuis septembre 2024 chargée d’appui communication/médiation auprès du Rocher de Palmer. Sa mission s’achèvera au cours du printemps 2025.
Emmanuella Evanol Michel
Service civique international

© France Volontaires

Chez Drop de Béton, le rugby bâtit des liens solides

L’association Drop de béton dispose d’une section rugby fauteuil, dont le staff a récemment été renforcé par l’arrivée de Makarita Nakavulevu, jeune volontaire fidjienne. © Drop de béton

Dans la métropole bordelaise, l’association Drop de Béton utilise le rugby comme un levier d’inclusion sociale. Depuis quelques semaines, Makarita, jeune volontaire de 22 ans venue des îles Fidji, apporte son énergie et son expertise en participant aux entraînements de rugby-fauteuil et de rugby féminin. Immersion dans une structure où l’ovalie va bien au-delà d’un simple jeu.

Pas de quête de performance ni de courses aux trophées, mais un objectif clair : utiliser le sport comme un vecteur de cohésion sociale et professionnelle. Basée à Mérignac, en Gironde, l’association Drop de béton propose, depuis 1997, de multiples activités autour du ballon ovale dans toute l’agglomération bordelaise : rugby féminin, rugby handicap, rugby citoyen dans les quartiers ou encore rugby santé.

“Chaque projet est porté par nos éducateurs sportifs et s’adresse à des publics différents, allant des jeunes des quartiers politique de la ville aux personnes en situation de handicap”, explique Hugo Gille, l’un des éducateurs sportifs de l’association.

Deux joueuses de la séction féminine de Drop de béton. © Drop de béton

C’est dans ce contexte que Makarita Nakavulevu, une jeune volontaire fidjienne, a rejoint l’association le 13 janvier dernier pour une période de sept mois, en compagnie de trois autres de ses compatriotes, déployés dans d’autres associations sportives de l’Hexagone. Son arrivée a été rendue possible grâce à un partenariat avec l’association Cool’eurs du Monde, qui favorise la mobilité internationale des jeunes engagés. “Le rugby est très ancré aux Fidji, c’est quelque chose de très important là-bas. Quand l’opportunité s’est présentée, Cool’eurs du Monde a tout de suite pensé à nous”, raconte Hugo.

Makarita, une volontaire venue du Pacifique

L’impact de la jeune volontaire de 21 ans au sein de l’association a tout de suite était rapidement palpable. Elle assiste notamment aux entraînements de rugby fauteuil et de rugby féminin, apportant son dynamisme et une expertise – elle suit une licence du sport à l’université de Suva, aux Fidji – qui stimule les joueuses. “Elle a une manière différente d’aborder le jeu. Pour les filles, c’est inspirant d’avoir une volontaire fidjienne dans leur entraînement. C’est une expérience enrichissante à la fois pour elles et pour nous”, ajoute-t-il, même si la barrière de la langue constitue parfois un petit obstacle : « Elle parle très bien anglais, le souci c’est que personne ne le parle très bien chez nous », lance-t-il ainsi en rigolant.

"Makarita a une manière différente d'aborder le jeu. Pour les filles, c'est inspirant d'avoir une volontaire fidjienne dans leur entraînement. C'est une expérience enrichissante à la fois pour elle et pour nous"

Hugo Gille, éducateur sportif au sein de l’association Drop de béton

Parmi les missions de Makarita, l’accompagnement de la section rugby fauteuil occupe une place importante. Cette discipline paralympique, encore méconnue du grand public jusqu’à ce que les Jeux paralympiques de Paris 2024 ne mettent les projecteurs dessus, permet à des joueurs en situation de handicap de pratiquer ce sport de contact intense et teinté de stratégie. “Notre section est en deuxième division nationale, et les entraînements ont lieu deux fois par semaine. Makarita aide à préparer les joueurs, à les équiper, et les assiste aussi pendant et après la séance”, explique Hugo.

Le rugby fauteuil : un terrain d'inclusion

L’initiative de cette section spécifique est venue de Cédric, un éducateur sportif de Drop de Béton, formé aux activités physiques adaptées. Une pratique qui s’avère en parfaite adéquation avec les valeurs de la structure : offrir des opportunités à des personnes qui sont parfois mises de côté, leur permettre de se retrouver et de partager un moment de vie sportive et sociale.

Si ses missions actuelles se concentrent principalement sur le rugby fauteuil et le rugby féminin, l’été prochain verra Makarita s’investir encore davantage. “L’été, c’est notre grosse période d’activité. Elle interviendra dans les centres sociaux, avec des jeunes qui n’ont pas forcément accès à des activités sportives”, prévoit Hugo. Au-delà de la présence sur le terrain, la venue de Makarita est aussi un moyen d’encourager l’ouverture culturelle auprès de jeunes femmes curieuses de découvrir sa culture, créant un échange réciproque où chacun apprend de l’autre.

En accueillant Makarita, Drop de Béton continue d’écrire son histoire, prouvant que dans le rugby comme dans la vie, les plus belles transformations ne se jouent pas qu’entre les perches.

Quatre volontaires fidjiens en France grâce au FEF-R

En plus de Makarita, déployée pour sept mois chez Drop de béton, trois autres volontaires fidjiens sont arrivés en France au mois de janvier dernier : Manoa Keteca, en mission chez Visions Mêlées (du côté de Bordeaux également), Joshua Yee, assistant du coach au club de tennis de table de Hennebont (Morbihan) et Henry Hiramatsu, auprès de l’association Scoope à Saumur (Maine).
Leur venue s’inscrit dans le cadre du principe de réciprocité, qui permet à des volontaires de nos pays partenaires de réaliser des missions de solidarité internationale dans des structures à but non lucratif ou des collectivités locales françaises.
Leur déploiement a été financé par le biais du Fonds Équipe France (FEF)-R, l’un des outils de coopération bilatérale du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Un dispositif qui permet aux ambassades de soutenir des projets de coopération : dans le cas des Fidji, il s’agit d’accompagner plusieurs axes stratégiques dans le domaine sportif comme l’accès aux infrastructures, le soutien à des politiques d’inclusion, ou de lutte contre les discriminations et de réinsertion par le sport.

Bio express

Makarita Nakavulevu a 21 ans. Elle est actuellement étudiante en licence de Science du sport à l'Université de Suva, la capitale des îles Fidji. Elle réalise sa mission de solidarité internationale en réciprocité dans le cadre d'un Service civique international porté par l'association Cool'eurs du monde (membre de France Volontaires), du 13 janvier au 13 août 2025.
Makarita Nakavulevu
Service Civique international

Cinq compétences qu’on acquiert pendant une mission de volontariat

 © France Volontaires Philippines

S’engager dans une mission de volontariat international d’échange et de solidarité (V.I.E.S) est une aventure humaine enrichissante. Au-delà des compétences techniques, cette expérience forge des qualités précieuses, applicables tout au long d’une vie. Autant d’atouts qui vous aideront aussi bien dans votre parcours professionnel que dans votre développement personnel. Voici cinq compétences clés que vous développerez au fil de votre mission !

L’expérience d’interculturalité

Au cœur de toute mission de volontariat international, l’interculturalité s’impose comme une expérience fondatrice. Confrontés à de nouvelles façons de penser et de vivre, les volontaires développent, jour après jour, leur capacité à interagir avec des cultures différentes, dans le respect et la compréhension mutuelle.

Dès leur arrivée sur le terrain, ils doivent s’adapter à un environnement inconnu, où les repères changent. Progressivement, des mécanismes d’adaptation se mettent en place : l’observation, l’écoute, l’apprentissage des coutumes locales… Autant d’étapes qui favorisent une véritable immersion. Très vite, des liens se tissent avec les habitants, portés par des valeurs de partage et de convivialité.

Cette rencontre avec l’autre est une expérience qui marque durablement. En élargissant leur vision du monde et en renforçant leur capacité d’adaptation, les volontaires acquièrent une compétence précieuse, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

Régulièrement, les Espaces Volontariats de France Volontaires proposent aux volontaires d’apprendre les bases d’une langue locale à travers des cours sur plusieurs semaines (2 heures par semaine), facilitant ainsi leur intégration et donc une mission plus « fluide ».

La confiance en soi

Le volontariat n’est pas une recette miracle pour prendre confiance en soi, mais il en est un formidable accélérateur. Confrontés à des défis quotidiens dans un environnement inconnu, les volontaires apprennent à se dépasser, à faire preuve d’initiative et à affirmer leurs compétences.

Travailler en autonomie, évoluer au sein d’une équipe aux parcours variés, transmettre ses savoirs tout en apprenant des autres… Autant d’expériences qui nourrissent l’estime de soi et renforcent la capacité à s’adapter. Loin de leurs repères habituels, les volontaires sont aussi confrontés à l’imprévu : gérer un contretemps, surmonter un échec, poser des questions, rebondir après une erreur. Autant d’épreuves qui, bien que déstabilisantes sur le moment, participent à une réelle prise de confiance.

Parce qu’il oblige à sortir de sa zone de confort et à puiser dans ses ressources, le volontariat s’impose comme une véritable école de la vie. Une expérience qui marque et qui, bien souvent, transforme durablement.

Diverses missions de volontariat international d’échange et de solidarité dans le monde. © DR

Une ouverture sur le monde

Vivre une mission de volontariat à l’international, c’est plonger au cœur d’une réalité bien différente de la sienne. Confronter ses habitudes à d’autres modes de vie, découvrir des histoires singulières, échanger avec des personnes aux parcours variés : autant d’expériences qui transforment durablement la perception du monde et des grands enjeux globaux.

Bien au-delà des images relayées sur les réseaux sociaux, l’immersion permet de saisir la complexité des sociétés, de comprendre leurs dynamiques et de questionner ses propres repères. Cette rencontre avec l’autre pousse à une remise en question profonde : sur sa manière de consommer, de communiquer, de penser. Un véritable « choc culturel », souvent inconfortable, mais toujours enrichissant.

Et après la mission ? Nombreux sont les volontaires qui, une fois rentrés, poursuivent leur engagement au sein d’associations ou d’initiatives tournées vers l’international. Preuve que cette ouverture au monde ne s’arrête pas aux frontières de la mission, mais s’ancre dans un cheminement personnel et citoyen.

Le sens de l’autonomie

Le volontariat international d’échange et de solidarité offre un cadre structurant, avec un tuteur pour accompagner les volontaires. Mais sur le terrain, l’autonomie est de mise. Prendre des initiatives, proposer des idées, innover tout en collaborant avec son équipe : autant de défis qui permettent de grandir et de gagner en assurance, aussi bien sur le plan personnel que professionnel.

Certains dispositifs, comme le volontariat de solidarité internationale, confient aux volontaires des missions à responsabilités, impliquant une prise de décision réelle. Une opportunité précieuse pour mettre en pratique les compétences acquises lors de formations ou d’expériences précédentes, tout en développant un savoir-faire concret.

Cette immersion hors de sa zone de confort forge un état d’esprit proactif. Apprendre à se débrouiller, à s’adapter et à assumer ses choix : autant d’atouts qui, bien au-delà de la mission, s’avèrent essentiels dans la vie professionnelle et personnelle.

L’ humilité

L’humilité est une qualité essentielle pour tout volontaire. Dès la préparation au départ, l’importance d’une posture d’écoute, d’entraide et de travail en équipe est soulignée. Sur le terrain, s’intégrer dans une structure locale implique de comprendre son fonctionnement, de respecter les dynamiques en place et d’apporter son soutien sans s’imposer.

Le rôle du volontaire ne se substitue pas à celui des équipes en place, mais vient le compléter. Son engagement apporte une valeur ajoutée, tant humaine que technique, dans une logique de collaboration et de transmission. Apprendre à observer avant d’agir, à comprendre avant de proposer : c’est dans cette approche respectueuse et partagée que réside la véritable richesse de l’expérience.

Développer cette capacité d’adaptation et d’écoute, c’est aussi un atout précieux pour l’avenir. Dans un monde professionnel et personnel où les relations humaines sont au cœur des réussites collectives, savoir se positionner avec humilité est une force incontestable.

Tifenn Gonnet, une volontaire au chevet des forêts du bassin du Congo

© Ato Aikins /Unsplash

À 29 ans, la Bretonne Tifenn Gonnet s’envole pour Libreville, au Gabon, où elle s’engage en volontariat de solidarité internationale (VSI) avec One Forest Youth Initiative. Sa mission : participer à la préservation des forêts du bassin du Congo, deuxième poumon vert de la planète.

« Je suis un peu un petit oiseau qui aime bien voyager », lance Tifenn Gonnet dans un sourire. Mais cette fois, ce n’est pas pour un Erasmus – comme quelques années auparavant – ou un simple périple touristique à l’étranger qu’elle quitte la Bretagne. La jeune femme de 29 ans part pour deux ans au Gabon en volontariat de solidarité internationale (VSI), dans le cadre du programme V-Forêts, porté par France Volontaires. Son terrain d’action : la préservation des forêts du bassin du Congo, une région souvent éclipsée par l’Amazonie, mais pourtant essentielle dans la lutte contre le changement climatique.

© France Volontaires

Au sein de One Forest Youth Initiative, Tifenn occupera un rôle stratégique. « Je vais m’occuper des partenariats, de l’animation des réseaux et, en parallèle, organiser le prochain forum autour de la biodiversité », explique-t-elle avec enthousiasme. L’objectif est double : sensibiliser les jeunes et mettre en lumière les ressources naturelles de cette région souvent méconnue du grand public.

L’engagement environnemental de Tifenn ne date pas d’hier. « Depuis toute petite, j’ai été sensibilisée aux questions écologiques par ma famille, mes amis, mon éducation », confie-t-elle. Son parcours universitaire – un master en économie sociale et solidaire – a renforcé cette conscience et nourri son envie d’agir. Après un service civique dans une association d’agriculteurs bio dans les Alpes-Maritimes, elle a décidé de franchir un cap en s’impliquant sur le terrain, mais à l’échelle internationale cette fois.

Conscience écologique

Un pas de côté qui constitue aussi une aventure personnelle. « Je ne sais pas si on peut dire que c’est un rêve, mais c’est quelque chose qui me tenait vraiment à cœur : rencontrer une nouvelle culture, de nouvelles personnes, évoluer et déconstruire certains préjugés », avoue-t-elle. À travers cette mission, elle espère autant contribuer à la protection des forêts qu’à sa propre transformation.

Dans un contexte où l’urgence climatique impose de repenser notre rapport à la nature, l’engagement de Tifenn incarne cette nouvelle génération qui ne veut plus rester spectatrice. « Il y a une vraie prise de conscience chez les jeunes sur ces enjeux », souligne la jeune volontaire. Et elle, du haut de ses 29 ans, compte bien y prendre toute sa part.

Du Sénégal à Madagascar, le rugby comme vecteur d’émancipation féminine

© Terres en mêlées

À Dakar et Tananarive, Amélie Mimault et Marie Diomat partagent un même combat : promouvoir le rugby féminin comme outil d’émancipation et de lutte contre les inégalités. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, elles racontent leur mission de volontariat international, leurs défis et l’impact du sport sur la condition féminine.

Le 8 mars célèbre la Journée internationale des droits des femmes, une occasion de rappeler que l’égalité entre les sexes est un combat quotidien. À travers le monde, de nombreuses initiatives visent à promouvoir le rôle des femmes dans des univers où elles restent encore trop souvent marginalisées. C’est le cas du sport, et en particulier du rugby, une activité qui reste encore majoritairement pratiquée par les hommes. 

Amélie Mimault s’est engagée dans un volontariat de solidarité internationale auprès de la Maison du rugby au Sénégal, tandis que Marie Diomat est mobilisée en service civique par l’association Terres en Mêlées à Madagascar. Toutes deux ont choisi de s’engager sur le terrain pour bousculer les idées reçues et offrir aux jeunes filles un espace où elles peuvent s’exprimer librement.

Amélie Mimault, coordinatrice de projets à la Maison du rugby du Sénégal. © Marion Quintin / France Volontaires

Pourquoi as-tu choisi de t’engager dans le développement du rugby féminin ?

 Amélie Mimault : Ce qui m’a attirée dans cette mission, au-delà de l’aspect sportif du rugby, c’est avant tout les valeurs qu’il véhicule, en particulier celles liées à la promotion du sport féminin. L’idée d’aider des jeunes filles à s’épanouir grâce à l’activité physique m’a profondément touchée.

De plus, j’avais cette envie d’aller au-delà de mon quotidien habituel et de découvrir un autre mode de vie. Le volontariat m’a offert cette opportunité d’apprendre, de m’engager dans des causes qui m’importent, tout en me permettant de contribuer à une cause plus grande. C’est aussi un moyen de repousser mes limites personnelles et professionnelles, dans un cadre différent de tout ce que j’avais connu jusque-là.

Marie Diomat : Ce qui m’a immédiatement attirée dans cette mission, c’est ma passion pour le sport, même si le rugby n’est pas ma discipline de prédilection. De plus, en tant que femme, je me sens pleinement en phase avec les valeurs de l’association. Si mon engagement peut contribuer à améliorer les conditions de vie des femmes à Madagascar, alors ma mission prend tout son sens !

"Les filles commencent à prendre confiance en elles, à se faire entendre et à se faire un cercle d’amies solidaires"

Amélie Mimault, volontaire de solidarité internationale

Concrètement, quel est ton rôle dans le projet ?

Amélie : Je suis responsable et coordinatrice de projets au sein de la Maison du rugby. C’est une mission polyvalente : j’organise des activités autour du rugby et de l’éducation, en mettant l’accent sur la participation des filles.

Le programme “Rugby Rising Play” vise à encourager la pratique du rugby chez les jeunes filles, mais au-delà du sport, il cherche à promouvoir des valeurs d’épanouissement et de solidarité féminine. Nous organisons des entraînements dans des écoles, mais aussi des ateliers sur des thèmes essentiels comme la santé, l’hygiène menstruelle, et la lutte contre les violences basées sur le genre. Le but est de créer un environnement sûr et inclusif pour les filles, et d’encourager leur autonomisation grâce au sport.

Marie : Je suis mobilisée dans le cadre du projet Ampi’zay de l’association Terres en Mêlées, qui travaille à la réduction des violences basées sur le genre dans les collèges de Madagascar. Grâce à mon expérience en animation sportive, je travaille en collaboration avec les éducateurs lors des interventions dans les établissements scolaires, où le rugby sert de vecteur pour l’éducation et le développement. Je participe à la réflexion et à l’animation d’ateliers, tant sportifs qu’éducatifs.

Terres en Mêlées a développé une approche éducative novatrice, le Rugby for Change. Cette initiative combine la pratique du rugby, la sensibilisation à des enjeux de développement et l’acquisition de compétences de vie. Ainsi, le rugby devient un véritable levier de transformation sociale. L’objectif n’est pas seulement de former de jeunes sportifs et sportives mais des citoyens.

Nous intervenons régulièrement dans les écoles pour transmettre des valeurs éducatives, en mettant l’accent sur la pratique du rugby en mixité. Cette approche vise à remettre en question les stéréotypes de genre et à favoriser l’égalité entre les filles et les garçons.

Marie Diomat, volontaire mobilisée auprès de l’association Terres en Mêlées , qui participe à la réduction des violences basées sur le genre dans les collèges de Madagascar © DR

Quels changements observes-tu chez les jeunes filles grâce à ce projet ?

Amélie : Le projet a déjà permis à de nombreuses filles de s’impliquer dans des activités sportives, mais aussi de changer leur vision du sport et de leur place dans la société. Les filles commencent à prendre confiance en elles, à se faire entendre et à se faire un cercle d’amies solidaires. C’est particulièrement significatif dans une culture où les femmes ont parfois du mal à trouver leur place dans certains espaces publics comme le sport.

 Marie : Ce qui m’a le plus marquée, c’est de voir des jeunes filles avoir peur de pratiquer un sport considéré comme “violent” au début puis devenir de plus en plus confiante et être capables de jouer en mixité sans avoir peur du contact. C’est tout l’importance de montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent jouer au même niveau que les garçons.

"Chaque action, aussi modeste soit-elle, a un impact dans la lutte pour les droits des femmes"

Marie Diomat, volontaire de solidarité internationale

Quel moment fort retiens-tu de ton volontariat ?

Amélie : Un moment particulièrement marquant a été ma rencontre avec un groupe de jeunes filles de 10 à 13 ans sur la plage de Yoff. On a discuté de leur vie, de leurs études et c’est là qu’une d’elles m’a expliqué qu’elle n’était plus scolarisée. C’était un choc de réaliser que, dans ce contexte, à 13 ans, certaines ne vont plus à l’école. Cela m’a fait prendre conscience de réalités auxquelles je n’avais jamais pensé et m’a motivée à poursuivre mon engagement.

Que représente la Journée internationale des droits des femmes pour toi ?

Marie : Je pense qu’il ne faut pas attendre une journée spécifique pour célébrer et défendre les droits des femmes, mais cette date reste tout de même importante. Elle symbolise des années de lutte pour une égalité qui, selon moi, n’est pas encore totalement atteinte.

Il est important de se rappeler que le changement ne se produit pas du jour au lendemain, mais que chaque action, aussi modeste soit-elle, a un impact dans cette lutte. Continuons d’avancer ensemble, en soutenant les femmes et en travaillant pour un avenir où l’égalité des sexes est une norme et non un combat.

 © Marion Quintin / France Volontaires et Terres en Mêlées

Bio express

Amélie Mimault a 27 ans, elle est originaire des Deux-Sèvres. Elle est titulaire d’un master en Design et Sciences sociales à l'université de Rennes en 2022. En janvier 2023 elle a intégré le programme de service civique Weccee de l'association Cool’eurs du Monde, qui lui a permis de partir à Dakar, au Sénégal, pour un service civique de six mois avec la Fédération sénégalaise de Rugby et la Maison du rugby. À la fin de cette mission, elle a poursuivi son engagement en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI), où elle exerce sa mission depuis février 2024.
Amélie Mimault
Volontaire de solidarité internationale

Bio express

Marie Diomat a 23 ans, elle est originaire de La Montagne à la Réunion. Après avoir obtenu une double licence STAPS en Activités physiques adaptées et en Entraînement sportif, elle a travaillé pendant un an comme préparatrice physique au sein de la Ligue réunionnaise de football. C’est après cette expérience qu’elle a choisi de s’engager comme volontaire en Service Civique international dans le cadre du programme Territoires Volontaires (TeVo) soutenu par le Département de La Réunion. Elle a rejoint l'équipe de Terres en Mêlées Madagascar, une organisation qui utilise le sport comme outil de développement sur l’île, dans le cadre de la mission « Contribution à la réduction des violences basées sur le genre par la pratique du rugby à Madagascar grâce au projet Ampi'zay », à Tananarive.
Marie Diomat
Volontaire de solidarité internationale

Dans les écoles béninoises pour sensibiliser les élèves à la protection de l’environnement

L’ONG Aide et Progrès est une organisation basée au Bénin qui a pour but de contribuer à la réduction de la souffrance des personnes marginalisées. © Aide et progrès

Laura Chevrot, titulaire d’un master en politique de l’environnement, effectue depuis six mois une mission à Pahou, au Bénin, dans le cadre d’un service civique avec Planète Urgence. Après ses études et plusieurs stages en France, la jeune femme, passionnée par les questions environnementales et de biodiversité, a réalisé son souhait de travailler sur le terrain. Elle a rejoint l’ONG Aide et Progrès, qui, entre autres, organise des ateliers de sensibilisation à l’environnement.

Laura, lors d’un atelier de sensibilisation à la protection de l’environnement. © DR

Je souhaitais partir en mission de volontariat depuis plusieurs années. Mon objectif était de participer à des actions concrètes de lutte contre les effets du changement climatique tout en intégrant les populations concernées aux prises de décisions.

Je voulais me rapprocher d’un pays particulièrement affecté par ces enjeux pour mieux comprendre les réalités vécues par ses habitants. Dans les recherches, on met souvent en avant les voix d’experts et de chercheurs, mais les populations directement touchées par le réchauffement climatique sont rarement suffisamment représentées. C’est pourquoi il me tenait à cœur d’aller à leur rencontre.

Cette démarche répondait aussi à une motivation personnelle. Partir en Afrique représentait un véritable défi pour moi. J’adore voyager, mais en tant que personne plutôt introvertie, m’immerger dans une culture très différente de la mienne était un réel défi.

Étant la première volontaire en service civique de mon ONG, nous avons dû construire le projet à partir de zéro à mon arrivée. Pour organiser des ateliers de sensibilisation à l’environnement, j’ai commencé par créer des supports pédagogiques, en imaginant des activités ludiques d’une durée de 30 minutes à une heure. Une fois ces supports finalisés, nous avons démarché des structures telles que des écoles et des associations pour proposer ces activités.

"Dans les recherches, on met souvent en avant les voix d’experts et de chercheurs, mais les populations directement touchées par le réchauffement climatique sont rarement suffisamment représentées."

Laura, en service civique international au Bénin

J’ai ainsi animé quelques ateliers dans deux écoles. En peu de temps, j’ai constaté que les élèves retenaient bien les informations que je leur avais transmises. J’ai également remarqué qu’ils semblaient plus sensibilisés aux questions environnementales que les adultes.

En plus de ces ateliers, j’ai réalisé des missions de bureau pour mon ONG, notamment la refonte du site web, la gestion des réseaux sociaux et diverses tâches administratives. J’ai également collaboré avec d’autres ONG partenaires pour les soutenir dans leurs activités, comme la création de sites internet, le management de projets et le soutien de leurs actions.

En arrivant sur place, j’ai dû redéfinir mes missions en fonction du contexte local. Initialement, je devais mener davantage d’actions de sensibilisation sur le terrain auprès de diverses cibles. Cependant, comme ma structure d’accueil avait récemment ouvert le volet environnement, les lieux où nous pouvions intervenir n’étaient pas encore clairement définis. J’ai donc dû effectuer un travail de bureau pour identifier ces lieux et établir des contacts. Les délais de réponse de mes interlocuteurs ont souvent été longs, et certaines réponses étaient négatives

"J’ai constaté que les élèves semblaient plus sensibilisés aux questions environnementales que les adultes."

 

J’appréhendais fortement le choc culturel, mais ce défi s’est finalement bien déroulé. J’ai appris à tisser des liens avec des personnes très différentes de moi et cette expérience m’a permis de mieux me connaître, en découvrant mes forces et mes faiblesses. Aujourd’hui, je me sens mieux préparée pour aller à la rencontre des autres.

Professionnellement, cette expérience m’a appris à m’adapter à un contexte et à des méthodes de travail très différents de ceux auxquels j’étais habituée en France. J’ai compris que, malgré des approches variées, chacun peut apporter ses compétences. Il faut faire preuve d’ouverture et accepter les différences pour trouver une manière de collaborer efficacement sur un projet.

Partir m’a aussi permis de comprendre que tous les environnements de travail ont leurs avantages et leurs inconvénients. Je souhaitais quitter le milieu institutionnel pour me rapprocher du terrain, mais j’ai découvert qu’en ONG, on fait face à d’autres types de problématiques.

La structure d'accueil

L’ONG AIDE et PROGRÈS est une ONG à but non lucratif qui a pour objectif principal de contribuer au bien-être des couches marginalisées de la population. Elle a été créée en 2008 par Mr Delphin BOCCO, éducateur social de formation. Elle intervient dans le domaine de l'éducation, de l'environnement, de la santé et des droits de l'Homme. Elle a fondé l'école Joie et Vie à Pahou, une école privée à dimension sociale avec l'inscription gratuite pour les élèves en situation de précarité.

Stéphane Hamouis: « Le VSI a été une porte d’entrée vers la solidarité internationale »

A Madagascar, l’ONG Bel Avenir œuvre au quotidien pour répondre aux enjeux d’un développement durable dans le sud de Madagascar par des valeurs éducatives d’intégration et d’inclusion. Elle a accueilli le premier volontaire de solidarité internationale français, Stéphane Hamouis, en février 2005. © ONG Bel Avenir

Envoyé en mission à Madagascar en février 2005, Stéphane Hamouis a été le premier à bénéficier du tout nouveau statut de volontaire de solidarité internationale (VSI), qui fête ce mois-ci ses vingt ans. Il est aujourd’hui directeur de l’association Eau de coco France, qu’il a créée à la suite de cette expérience. Il revient pour nous sur ses vingt ans d’engagement au service de la coopération internationale, et nous livre sa vision du VSI.

Comment en êtes-vous venu à vous engager comme volontaire de solidarité internationale ?

Mes premiers voyages en tant que bénévole avaient fait germer en moi beaucoup d’interrogations, en particulier sur la chance que j’avais eu de grandir dans une famille et un environnement protecteur en Normandie. Cela m’a donné la vocation de me mettre au service de projets qui pouvaient venir en aide à ceux qui n’avaient pas eu cette chance-là.

J’ai saisi l’opportunité de m’engager comme VSI en 2005, dès la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale. J’ai signé mon contrat en février 2025 auprès de l’ONG Bel avenir (NDLR : elle développe un programme d’éducation pour les plus démunis à Tuléar, dans le Sud-Ouest de l’île) : mon idée était d’aller au-delà de l’engagement bénévole que j’avais déjà auprès de cette association. Ce nouveau statut constituait une sorte d’intermédiaire entre celui de bénévole et celui de salarié expatrié. Le contrat était porté par la Délégation catholique pour la coopération.

L’ONG Bel Avenir met en place de nombreuses activités pour les enfants défavorisés du sud de Madagascar. © ONG Bel Avenir

Comment s’est passée votre mission ?

Vraiment très bien ! À l’origine je devais réaliser le suivi financier des opérations, mais très vite j’ai dépassé mes fonctions. C’est pour moi tout l’intérêt du VSI, avec un engagement de moyen terme – deux ans en ce qui me concerne – qui s’est même poursuivi pour cinq mois supplémentaires. Ce statut permet d’évoluer en toute sécurité et avec un réel accompagnement, puisqu’on est encadré et indemnisé.

Et cette mission a pour vous été l’occasion de transformer votre engagement de volontaire en carrière professionnelle…

Effectivement, j’ai fini par m’engager au sein de l’ONG Bel avenir en tant que salarié, et j’ai créé quelques temps plus tard l’association Eau de coco en France, une structure qui met en réseau des acteurs de la solidarité internationale dont Bel avenir fait partie. J’en suis devenu le directeur en mars 2013. Aujourd’hui, le réseau compte environ 240 salariés en France, en Espagne, en Suisse ou en Andorre, et apporte son soutien à des projets à Madagascar ou au Cambodge.  C’est une façon de mutualiser les ressources pour accompagner des associations locales.

"Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas compte de la richesse des missions."

Stéphane Hamouis, premier volontaire de solidarité internationale (VSI), de 2005 à 2007 à Madagascar.

Avec le recul de vingt ans, quel bilan tirez-vous de la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale ?

Pour moi, le VSI a véritablement été une porte d’entrée vers la solidarité internationale. Si je n’avais pas connu ce dispositif, je ne suis pas certain que j’aurais réalisé la suite de ma carrière dans ce secteur. C’est vraiment un statut qui permet à toutes les personnes sensibles aux questions de solidarité de vivre une expérience riche et unique, et qui crée des vocations. Je continue d’ailleurs aujourd’hui d’avoir une grande confiance dans le VSI, nous en avons ainsi cinq actuellement sous contrat chez Eau de coco.

Selon vous, y aurait-il des améliorations à apporter au dispositif ?

Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas forcément compte de l’importance et de la richesse des missions qu’on mène dans ce cadre. La solidarité internationale est parfois un « gros mot » pour certains, et le terme même de volontariat n’est pas toujours clairement défini par rapport au bénévolat.

La récente remise en cause des budgets du service civique démontre aussi une certaine méconnaissance politique vis-à-vis des enjeux de solidarité. Le volontariat est un véritable tremplin pour l’avenir, ce sont des expériences qui donnent parfois un vrai sens à la vie. Il ne faut pas se contenter de signer des chèques pour payer un bâtiment, il faut aussi penser l’accompagnement à moyen et long terme des projets de développement. À ce titre, les VSI sont précieux : ils voient de leurs yeux ce que sont les inégalités, c’est tout aussi primordial que les milliers d’euros qu’on peut investir dans un projet.

 Stéphane Hamouis, en 2005, lors d’un tournoi de foot organisé à Madagascar avec des jeunes de l’un des centres de Bel Avenir. © DR

2005-2025 : vingt ans de VSI

Officiellement promulguée le 23 février 2005, la loi relative au contrat de volontariat de solidarité internationale est l’aboutissement de plusieurs années de discussions, projets et rapports soumis au Sénat et à l’Assemblée nationale. Du décret de 1986 à celui de 1995, de la promulgation de la loi à l’ouverture au principe de réciprocité en 2021, l’histoire du dispositif est marquée par des dates clés qui ont progressivement façonné sa reconnaissance législative.
Clé de voûte du volontariat international d’échange et de solidarité, le VSI représente plusieurs centaines de missions chaque année et, depuis 2021, des dizaines de volontaires internationaux engagés en France. Accessible dès 18 ans et tout au long de la vie, il permet un engagement longue durée au service du développement durable et de l’intérêt général — sur des projets axés sur l’éducation, l’environnement, la culture, la santé ou encore les droits humains.

Quelques chiffres sur le VSI :

🌍 Plus de 17 400 missions effectuées depuis 2005 ;
1630 missions effectuées en 2022 ;
🔄 59 missions effectuées en réciprocité, partout en France, en 2023 ;
🎓 30% des missions effectuées en lien avec l’éducation et la formation depuis 2005

De la Réunion à Madagascar, des fours solaires pour un avenir durable

 © DR

Ressourcerie, ateliers de réparation ou développement de solutions « low-tech »… l’association Ekopratik, à la Réunion, a fait de l’écologie du quotidien son credo. Dernièrement, elle a entrepris le développement de fours solaires, pour les particuliers comme pour les professionnels. Ziona, volontaire malgache en mission à Saint-Paul, a participé à la mise en œuvre du projet.

Née il y a onze ans, l’association Ekopratik est aujourd’hui devenue l’un des acteurs majeurs de la protection de l’environnement à Saint-Paul, sur l’île de la Réunion. À ses débuts, elle se consacrait essentiellement à la réparation d’objets au travers des «Réparali Kafés », des ateliers collaboratifs où chacun peut venir restaurer des appareils électroménagers et autres objets du quotidien. Progressivement, l’association a élargi son champ d’action en intégrant le concept du low-tech : « Il s’agit d’un mouvement axé sur le développement de technologies frugales, qui ne nécessitent pas ou peu d’énergies fossiles, qui sont en open source et accessibles à tous », explique Baptise Beauvais, l’un des membres actifs de l’association.

Ziona (au centre), volontaire en service civique international entouré de son tuteur Baptiste Beauvais, de l’association Ekopratik et d’Anne Korszuk, responsable de l’antenne de France Volontaires à la Réunion. © DR

Ancrée dans un territoire qui bénéficie d’un fort ensoleillement, Ekopratik a logiquement décidé de mettre en œuvre des solutions basées sur l’énergie solaire. C’est ainsi que l’association a initié un projet de création de fours alimenté par ce biais : un système ingénieux dans lequel un jeu de miroirs réfléchissants placés à l’intérieur d’une boîte vitrée permet d’atteindre de hautes températures.

Répondre à des besoins primaires à Madagascar

Le but, à terme, est d’essayer de monter une filière de construction en utilisant la récupération de matériaux comme matière première. En attendant, l’association réalise pour l’heure des démonstrations grand public : c’est dans ce cadre que Ziona, jeune volontaire malgache en service civique international, a réalisé sa mission auprès d’Ekopratik, d’avril à décembre 2024. « J’étais mobilisé sur les projets de fours solaires. L’objectif de ma mission était d’apporter des améliorations low-tech pour arriver à augmenter la température. Nous sommes parvenus à passer de 115 à 150 degrés », précise le jeune homme.

Avec, pour lui, un objectif final: repartir à Madagascar avec un véritable savoir-faire en la matière, afin de pouvoir reproduire sur place le projet à l’identique. « D’habitude nous travaillons plutôt avec des volontaires français. Ce sont souvent des jeunes qui sont intéressés par le low-tech d’un point de vue académique et souhaitent tester des prototypes. Ziona est le premier volontaire étranger que nous recevons ici en réciprocité, et pour lui la logique est différente : les fours solaires répondent à un besoin primaire à Madagascar, celui de se nourrir à moindre coût », complète Baptiste. Tout cela en valorisant au maximum la récupération pour réduire encore les frais, en utilisant par exemple des vitres de photocopieuses ou de frigos usagés par exemple, et du film réfléchissant plutôt que de véritables miroirs.

« Planter des graines » pour l’avenir des jeunes

En plus de ces fours pour particuliers, Ekopratik travaille également à la création d’objets de plus grande taille : des concentrateurs solaires destinés aux professionnels. Placés sur des remorques de bateau, ils peuvent embarquer jusqu’à 5 mètres carrés de miroir et monter jusqu’à 250 ou 300 degrés. De quoi assurer des cuissons plus puissantes ou de la torréfaction de graines, par exemple. Un usage destiné cette fois à des boulangers ou des paysans, avec l’idée de permettre à terme une utilisation collaborative de l’appareil.

A la fin de sa mission, courant décembre, Ziona est donc reparti à Madagascar avec deux kits de confection de fours solaires, réalisés à l’issue d’une formation d’une journée, pour en faire don à des ONG locales. Deux autres volontaires en réciprocité avaient également bénéficié de cette journée : Sharmila, originaire du Mozambique, qui intervenait en appui aux établissements scolaires de l’ouest de l’île, et Sonya, originaire de Madagascar, qui a apporté une contribution précieuse à la Ferme Forêt des Makes

« Former des jeunes à la création de ce genre d’outils est ambitieux, mais c’est l’objet de l’association Ekopratik : on plante des graines dans leur tête pour leur permettre à terme d’être autonomes », se réjouit Baptiste.

Grâce à son approche axée sur la transmission des savoir-faire et l’innovation durable, Ekopratik s’impose comme un acteur majeur de l’écologie à la Réunion. Son engagement dans le développement de solutions simples, économiques et respectueuses de l’environnement, illustre la pertinence de son approche pour répondre aux défis contemporains.

Le programme Territoires Volontaires au service des collectivités de la Réunion

Ziona s’est engagé en tant que volontaire en mission de service civique international en réciprocité dans le cadre du programme Territoires Volontaires (TeVo) de France Volontaires. Co-financée par le Département de La Réunion, sa mission de « Sensibilisation à l’environnement par l’innovation alternative et durable » a duré huit mois, d’avril à décembre 2024.

Ecuasol, l’établissement qui met du soleil dans la vie des jeunes de Quito

Une séance d’accompagnement scolaire dans les locaux de la fondation. © Ecuasol

Dans les faubourgs de la capitale équatorienne, la fondation Ecuasol réalise un remarquable travail éducatif :  depuis plus de vingt ans maintenant, elle a pour ambition d’aider les enfants et adolescents des quartiers défavorisés, principalement par des actions de soutien scolaire. Six volontaires en service civique international lui apportent leur soutien. Interview croisée entre Romain et Éléonore, actuellement en mission sur place.

« L’éducation peut changer un destin » : plus qu’un slogan, qu’Ecuasol affiche aux côtés de son logo, il s’agit là d’un véritable mot d’ordre que la fondation tente de mettre en œuvre depuis sa création en 2002. Confrontée à la pauvreté dans les quartiers nord de la capitale de l’Equateur, elle lutte au quotidien pour permettre à des dizaines d’enfants de bénéficier d’un accompagnement scolaire mais aussi psychologique et financier, alors que nombre d’entre eux sont livrés à eux-mêmes dans un environnement précaire et dangereux. Pour se faire, l’équipe sur place peut compter sur Paola Pinza, directrice de la fondation, qui est entourée de quatre auxiliaires pédagogiques et de deux cuisinières. Une cohorte de six volontaires en service civique international complète le staff, parmi lesquels Éléonore Himmi et Romain Botella, envoyés sur place par Impact International, qui nous détaillent leur mission.

La fondation Ecuasol évolue dans un contexte social de grande pauvreté, dans un quartier défavorisé. Qu’est-ce qui vous a incités à vous engager dans une telle mission?

Éléonore : D’un point de vue personnel, j’ai toujours voulu aider les enfants, ma formation professionnelle était en lien avec cela. Je suis éducatrice spécialisée, j’ai fait quatre ans d’études dans ce secteur et j’ai travaillé deux ans dans une prison pour mineurs en France. J’avais déjà réalisé un stage de trois mois à Madagascar dans une école, et ce service civique international est pour moi l’occasion de poursuivre dans cette logique.

Romain : Je n’ai pas été convaincu par les études que je faisais, alors j’ai finalement décidé de réaliser une année sabbatique, durant laquelle j’ai fait l’expérience du bénévolat auprès de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (une asso­cia­tion d’uti­lité publique de lutte contre la précarité). Cela a constitué ma première approche de la solidarité : j’ai donné un coup de main pour aider à réaliser des demandes de séjour en France, j’ai travaillé sur des recours juridiques, etc. Je me suis senti utile et j’ai particulièrement aimé le contact avec le public. Ce service civique international est dans la continuité de cet engagement.

Éléonore et Romain, en service civique international auprès de la fondation Ecuasol. © DR

Comment se répartissent les rôles entre les différents volontaires présents chez Ecuasol ?

Éléonore : Chacun dispose d’une mission particulière, en ce qui me concerne c’est de l’accompagnement pédagogique et de l’animation. Il faut savoir qu’ici en Equateur, les enfants ont cours soit le matin soit l’après-midi, donc on les prend en charge sur la demi-journée où ils ne sont pas à l’école, afin qu’ils ne soient pas livrés à eux-mêmes. Concrètement, je renforce les cours d’anglais. J’ai aussi préparé le camp d’été, pendant les vacances scolaires, où nous devons gérer les enfants sur toute la journée. On fait des sorties collectives sur la côte, dans la montagne ou en Amazonie, en fonction du budget dont on dispose et qui dépend des donations que nous recevons.

Romain : Je gère la caisse de la fondation au quotidien pour tout ce qui est achat de nourriture, nécessaire de bricolage, cuisine pour le repas des enfants, etc. Il y a également de la gestion de projet, en particulier pour ce qui est de la mise en œuvre des relations avec les partenaires de la fondation. A titre d’exemple, j’ai récemment eu rendez-vous à l’ambassade de France pour rencontrer des représentant de l’Agence française de développement (AFD) afin de voir si on peut mettre en place des partenariats avec des acteurs du développement local, comme Agronomes et vétérinaires sans frontières. On travaille sur un projet pour permettre aux populations locales d’accéder à l’autosuffisance alimentaire.

Quel regard portez-vous sur le travail d’Ecuasol à Quito ?

Éléonore : La fondation a une façon particulièrement bienveillante d’aborder l’aide sociale. Elle est située dans un quartier où il n’y a rien autour, et je trouve qu’elle porte bien son nom, car c’est vraiment une lumière pour les enfants (Ecuasol = « le soleil d’Equateur »), avec un accompagnement global. J’ai travaillé en France autour des situations de maltraitance, mais les choses ne sont pas abordées de la même manière dans les deux pays. Il y a beaucoup plus de défiance vis-à-vis des éducateurs chez nous, alors qu’ici les enfants comptent réellement sur nous pour les aider.
Il faut aussi souligner que tout est organisé pour qu’il y ait une continuité dans les missions des volontaires en service civique international. Il y a systématiquement une passation d’un mois entre l’ancien volontaire et le nouveau, cela facilite le début de la mission du nouvel arrivant, et cela permet aussi de s’acclimater plus vite à la vie ici à Quito.

Romain :  Je suis impressionné par le travail que mène la fondation. Je pensais que c’était « juste » de l’aide dans le quartier, mais il y a un vrai travail de fond qui est mené avec l’ensemble des acteurs locaux, comme la mairie de Quito ou les entreprises. Au-delà des cours de langue ou le soutien scolaire, elle propose aussi des cours de dessin, de danse, il y a une interdisciplinarité qui est exemplaire. C’est un travail quotidien pour aider les enfants mais aussi plus globalement rendre le quartier plus vivable en dehors des murs de la structure.