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La Mer autrement surfe sur la vague de l’inclusivité

La plage de la Vignette, à Hyères (83), accueille le site La mer autrement pour favoriser les activités nautiques des personnes en situation de handicap. © France Volontaires

Sur la plage de la Vignette, à Hyères, on peut pratiquer la voile, le paddle ou le kayak même quand on est en situation de handicap : c’est la Mer autrement, un dispositif unique en Europe qui permet aux patients des centres de soins de la région de découvrir les activités nautiques. Brylle Arombo, jeune volontaire philippin, participe à l’encadrement des activités sportives dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024.

Une eau turquoise, du sable fin, le soleil au zénith… On pourrait se croire aux Philippines, si ce n’était le chant des cigales qui nous rappelle que nous sommes bien au bord de la Méditerranée, et plus précisément sur la presqu’île de Giens. C’est ici que Brylle, un jeune philippin de 27 ans, réalise son volontariat de service civique international. Amputé d’une jambe à l’âge de 19 ans, il dégage pourtant une incroyable énergie : « Le sport a changé ma vie. Mon combat aujourd’hui est de le promouvoir et de montrer comment il peut changer le quotidien en ouvrant des portes ». C’est sans doute cette détermination qui l’a amené à plus de 10.000 kilomètres de chez lui. Il fait en effet partie des 80 volontaires du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires (voir ci-dessous).

Le sport, une plus-value thérapeutique pour les personnes en situation de handicap

Dans le Var, Brylle est accueilli par l’Ufolep, une fédération sportive qui a développé avec l’hôpital Renée-Sabran ce projet unique en Europe : La Mer autrement, un site de pratique des activités nautiques totalement accessible aux personnes en situation de handicap. « Cela fait deux ans que nous mettons en œuvre cette initiative » explique Denis Fabre, président de l’Ufolep du Var. « Nous animons la plage de la Vignette en travaillant sur l’accessibilité des usagers de l’hôpital et des structures extérieures pour promouvoir l’inclusion. Cela répond également au slogan de notre fédération, le sport autrement ». Parmi les activités proposées, il est ainsi possible de faire du paddle, du kayak ou du catamaran adapté. On peut aussi profiter d’une « simple » mise à l’eau, pour ceux qui souhaitent tranquillement profiter d’un agréable bain de mer.

Pour Jeanne Da Silva-Hibert, tutrice de Brylle et agent de développement à l’Ufolep, « les activités en lien avec la mer apportent une plus-value dans le cadre d’une dimension thérapeutique : nous accompagnons les patients d’un point de vue psychologique et physique dans leur parcours de soin, en lien avec les prescriptions médicales évidemment. »

Brylle Arombo, 27 ans, est photographe sous-marin. Il a surmonté sa situation de handicap (amputation d’une jambe suite à un accident) grâce à une ONG qui l’a accompagné dans sa pratique sportive. © France Volontaires

La mer autrement, un dispositif en faveur du sport et du handicap

Ici, les patients sont donc entre de bonnes mains. Mais les aidants aussi. Car si le site est ouvert aux personnes en situation de handicap, celles qui les accompagnent peuvent également profiter des services de ce lieu pas comme les autres. « C’est essentiel d’ouvrir les activités aux aidants car ils sont confrontés chaque jour à la réalité du handicap. Cela leur permet de lâcher prise en mettant leur proche entre les mains d’un personnel encadré. C’est un souffle dans leur engagement d’aidant » complète Denis Fabre. Au-delà des activités nautiques, la Mer autrement se veut donc aussi un espace de convivialité, où l’on peut simplement partager un moment en famille ou entre amis autour d’activités ludiques.

De quoi répondre parfaitement aux aspirations de Brylle, qui trouve dans cette initiative une source d’inspiration pour l’avenir. « C’est impressionnant ce qui a été fait ici, et j’espère pouvoir monter ce genre de programmes à mon retour aux Philippines. Peut-être que je pourrai moi aussi aider des personnes en situation de handicap ».

Le programme Volontaires - Terre de Jeux Paris 2024

En partenariat avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, France Volontaires a lancé le programme Volontaires Terre de Jeux Paris 2024 : 80 volontaires internationaux vont être mobilisés partout en France en parallèle de cet événement sportif d’envergure. Ce programme répond à un double objectif : soutenir l’engagement des jeunes des pays dits « du Sud » auprès d’organismes français intervenant sur la thématique « sport et développement » ; nourrir l’objectif d’héritage porté par Paris 2024, particulièrement dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026. Les volontaires réalisent des missions de Service civique et de Volontariat de solidarité internationale en France et participeront en tant que volontaires JO/JOP, à la bonne organisation des Jeux.

Bio express

Brylle Arombo, 27 ans, est photographe sous-marin. Il a surmonté sa situation de handicap (amputation d’une jambe suite à un accident) grâce à une ONG qui l’a accompagné dans une pratique sportive éclectique : basket-ball, plongée, canoë-kayak. Seul photographe sous-marin unijambiste, il prévoit de terminer sa formation d'instructeur de plongée dès son retour aux Philippines, et rêve d'ouvrir une école de plongée gratuite pour les enfants et les personnes handicapées. Il est volontaire en service civique auprès de l’Ufolep.
Brylle Amboro
Volontaire en service civique international

L'organisme d'accueil

L'Union française des œuvres laïques d'éducation physique (Ufolep) a été créée en 1928 au sein de la Ligue de l'enseignement, mouvement d'éducation populaire. Fédération agréée par le ministère des Sports et membre du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), ses objectifs s’articulent autour de la volonté d'intervenir autour des sujets de société tels que la citoyenneté en actes, la défense du principe de laïcité, la lutte contre les discriminations et le racisme, la promotion de l’égalité femmes-hommes ou la lutte contre l’homophobie…

Du Bénin jusqu’à Paris pour les Jeux Olympiques de Paris 2024

Blandine Oroucoura Ganni, en service civique pour six mois dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024. © France Volontaires

Arrivée en avril du Bénin, la jeune femme, étudiante en sociologie du sport, passe six mois en France dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 de France Volontaires. Elle accompagne des collégiens des Hauts-de-Seine lors de leurs séances de natation pour évoquer avec eux les valeurs de l’olympisme.

« Quand tu seras devenue une star, tu ne m’oublieras pas ? ». Ghaly rigole en regardant Blandine prendre la pose pour la photo. La jeune béninoise sourit en retour en direction du maître-nageur. Arrivée mi-avril en région parisienne, elle fait partie des premiers volontaires du programme Terre de Jeux Paris 2024 porté par France Volontaires avec le soutien de l’Ambassade de France et de l’ANPE Bénin. Elle y restera pendant les six mois de son service civique international. Sa mission ? Sensibiliser des collégiens des Hauts-de-Seine dans le cadre du projet « Natation, Olympisme et Handicap » (NOHa) mis en place par le conseil départemental.

Un échange autour du sport et handicap

En ce jeudi du mois de juin, la session a lieu dans la piscine de Suresnes : un bassin flambant neuf (il a été inauguré en février dernier) situé sur les hauteurs de la ville, juste en face du célèbre mémorial du Mont-Valérien. Elliot et Nicolas, professeurs de sport au collègue André-Mauroy de Neuilly-sur-Seine, débarquent avec une vingtaine de jeunes pour valider leur attestation de savoir nager de fin de sixième. Blandine est là pour accompagner les élèves dispensés de sport. Aujourd’hui, seule Alice est dans cette situation. La jeune fille ne mouillera pas ses longues tresses noires dans l’eau du bassin : elle a oublié ses affaires. Qu’à cela ne tienne, voilà l’occasion pour elle de passer un moment avec Blandine pour parler sport et handicap.

Au bord du bassin, alors que les enfants enchaînent leurs exercices nautiques, notre volontaire sort son ordinateur et une petite roue qu’elle demande à Alice de faire tourner. « Valeurs », « Athlètes », « culture générale du sport »… La collégienne voit finalement la petite flèche s’arrêter sur « Natation ». C’est le moment d’échanger sur le parcours d’Alex Portal et Laurent Chardard, deux nageurs français qui participeront en septembre aux Jeux Paralympiques. Ce dernier a un destin particulier : ancien surfeur, le Réunionnais a dû se réinventer après une attaque de requin qui a nécessité l’amputation de son bras et de sa jambe droite. Il est aujourd’hui triple médaillé olympique.

Un ordinateur et une petite roue à faire tourner pour parler sport et handicap avec Alice, dispensée de séance de natation. © France Volontaires

Paradoxalement, ce n’est pourtant pas la natation qui est la spécialité de Blandine. « Dans mon village au Bénin, il n’y avait pas de piscine et je ne sais même pas nager », explique-t-elle. Cela ne l’empêche pas d’être une grande fan de sport, elle qui pratique la gymnastique depuis toute petite.

Un mémoire sur la place des femmes dans le sport

À l’heure des choix professionnels, elle a fini par transformer sa passion en sujet d’étude et suit désormais un cursus universitaire à l’Institut national de l’éducation physique et du sport du Bénin. En se spécialisant sur la question de la place des femmes dans les pratiques : « Tout est parti du constat de l’absence de filles dans certaines disciplines comme le football, la boxe, voire les sports de raquette. Par exemple il n’y avait que six filles qui faisaient du foot sur une centaine d’étudiants dans mon université ». Un enjeu difficile à cerner d’un point de vue sociologique et qu’illustre parfaitement la petite Alice, à la fin de la séance de sensibilisation à l’olympisme : « C’était super intéressant, même pour moi qui n’aime pas du tout le sport », rigole la collégienne.

Pendant les JO, Blandine raccrochera l’ordinateur et la petite roue pour revêtir la tenue officielle de Paris 2024. Elle sera en effet bénévole sur l’événement estival. À défaut de devenir une star dans sa discipline sportive, elle est d’ores et déjà devenue une star de la solidarité internationale.

Le bassin éphémère de Suresnes, inauguré en février dernier par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, où Blandine accompagne les collégiennes et collégiens dans des séances de sensibilisation aux valeurs de l’olympisme. © France Volontaires

Bio express

Blandine Oroucoura Ganni est étudiante à l'Institut national de l'éducation physique et du sport du Bénin. Elle y suit un cursus en sociologie du sport autour de la question de la place des femmes dans les pratiques sportives. D'avril à octobre 2024, elle participe au programme Terre de Jeux Paris 2024 en tant que service civique international en réciprocité, dans le département des Hauts-de-Seine.
Blandine Oroucoura Ganni
Volontaire en service civique international

L'organisme d'accueil

Le Département des Hauts-de-Seine participe au programme Terre de Jeux Paris 2024, coordonné par France Volontaires, en accueillant des volontaires internationaux, en particulier dans le cadre du projet NOHa: un parcours éducatif et sportif qui permet aux collégiens du département de développer la pratique de la natation, d’être sensibilisés aux valeurs de l’olympisme et à la compréhension du handicap. Pour l’occasion, trois bassins de natation éphémères ont été installés à Châtenay-Malabry, Clichy et Suresnes. Au total, ce sont plus de 8000 jeunes qui profiteront de ces nouveaux bassins temporaires.

5 questions au président de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique

Le regroupement des volontaires de l’Ufolep au début du mois de juin à Paris. © France Volontaires

Dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires, l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) accueille plus de quarante volontaires en service civique autour de la période des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ceux-ci sont affectés sur des thématiques sportives mais aussi sociétales chères à cette fédération pas comme les autres. Le 5 juin dernier, un événement a permis de réunir une partie de ces volontaires à Paris. L’occasion d’interroger Arnaud Jean, président de l’Ufolep, sur cette opération.

 

Vous revendiquez une spécificité de l’Ufolep par rapport aux autres fédérations sportives, pouvez-vous nous expliquer en quoi ?

Arnaud Jean / © Ufolep
Nous sommes une vieille fédération, puisque nous aurons bientôt cent ans, mais très moderne malgré tout : nous prenons notre part dans les défis sociétaux actuels. Les créateurs de l’Ufolep avaient eu envie de se servir du sport comme d’un levier d’éducation, aujourd’hui on parle aussi d’émancipation. Il y a donc chez nous une véritable prise en compte de ces questions : le genre et l’égalité femmes-hommes, l’inclusion, le sport-santé, l’accessibilité à la pratique sportive.

En quoi cet aspect sociétal est-il important, par rapport aux autres fédérations sportives ?

C’est ce qui nous distingue des fédérations dites « délégataires », comme la fédération française d’athlétisme ou de judo, par exemple. Schématiquement : elles délivrent des titres de champion dans leur discipline et représentent la France dans les compétitions sportives internationales. De notre côté, nous sommes plus libres dans la façon de nous organiser. À l’Ufolep le sport n’est qu’un prétexte. On a beaucoup de stages de formation, de championnats, etc. mais c’est surtout une occasion de travailler sur toutes les thématiques qui gravitent autour du sport.

 

© France Volontaires

Quel rôle peut jouer le volontariat international dans votre mode de fonctionnement ?

Pour nous, le recours au volontariat est une nouveauté. L’engagement, c’est quelque chose que nous maîtrisons, mais l’accueil de 41 jeunes étrangers, l’organisation de leur séjour et de leur formation, c’est un vrai challenge qu’il nous faut relever. Mais cela nous va bien ! Ce travail, « c’est nous » :  c’est la prolongation à l’international de ce qu’ont fait de manière naturelle depuis très longtemps. Et c’est conforme aux valeurs de fraternité que nous promouvons depuis toujours. On ne peut que se réjouir de ce tout nouveau partenariat avec France Volontaires.

Quelle a été la réaction des structures d’accueil de volontaires sur le terrain ?

Comme tout cela est nouveau pour nous, la première étape a été de convaincre nos structures au niveau local, tant les clubs que nos comités départementaux. Un gros travail a été fait à cet échelon pour garantir la qualité des missions des volontaires sur le terrain, et s’assurer que l’expérience soit épanouissante pour les jeunes. Ils sont là pour donner et nous sommes là pour apprendre d’eux. Après trois semaines on voit déjà l’apport hyper précieux qui est le leur dans nos structures.

Si vous deviez résumer ce programme Terre de Jeux Paris 2024 en un mot, quel serait-il ?

Le mot qui revient le plus régulièrement c’est « riche ». Riche d’échanges, de collaborations, d’envie, de contact humain, de conversations, de perspectives, d’interconnaissances… C’est ce qu’on entend à chaque fois et, sans exagérer, c’est souvent avec les yeux qui brillent des deux côtés. Pour nous c’est aussi une occasion unique de rencontrer des jeunes du monde : on a peu l’occasion de le faire puisqu’on ne participe pas aux compétitions internationales, donc c’est ce qui fait toute la richesse de cette opération.

L'Ufolep en bref

L'Union française des oeuvres laïques d'éducation physique a été créée en 1928 au sein de la Ligue de l'enseignement, mouvement d'éducation populaire. C'est une fédération agréée par le ministère des Sports, membre du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). L'UFOLEP présente une double ambition de fédération multisports et de mouvement d'idées dans la société d'aujourd'hui et de demain.

« Le sport n’est jamais l’apanage d’un genre en particulier »

© Kenny Eliason / Unsplash

Harshitha Sankaran, jeune indienne de 24 ans, contribue dans le cadre de son service civique à la promotion des valeurs olympiques et paralympiques auprès du jeune public au sein de Bourgogne FrancheComté international (BFCI), à Nevers (53). Sa mission s’inscrit dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires.

 Le sport a une grande place dans ma vie. J’ai commencé à l’âge de six ans, c’était obligatoire durant toute ma scolarité.

J’aime particulièrement la natation et avant de venir en France je pratiquais le badminton.  A la fin de ma licence en développement social, j’ai travaillé autour d’un projet qui consistait à sensibiliser les enfants au travers du sport, qui véhicule selon moi des valeurs fortes. 

Je pense en particulier à la question de l’égalité : tout le monde doit pouvoir le pratiquer, que l’on soit une fille ou un garçon, même si certains continuent de véhiculer l’idée que certains sports doivent être réservés aux uns ou aux autres. Avec les enfants, c’était l’un des objectifs de mon projet. Comprendre pourquoi les filles avaient des réticences à venir pratiquer une activité, en allant les interroger pour connaître les raisons de ce refus. Savoir s’il était lié à des préjugés qu’elles avaient sur la pratique ou si c’était plutôt lié à l’attitude des garçons. L’idée étant à chaque fois de défendre le principe que le sport n’est jamais l’apanage d’un genre en particulier. 

Ma mission à Nevers consiste à promouvoir les valeurs des jeux olympiques et paralympiques auprès des enfants, des adultes et des personnes âgées. Je suis aussi mobilisée pendant la préparation et le déroulement des événements autour des Jeux. 

Il y a deux mois que je suis arrivée en France, la mission se déroule bien, elle n’est pas si différente de l’image que je m’en faisais avant de venir. Ce qui m’a agréablement surprise, c’est de constater qu’on m’avait donné un véritable rôle : en tant que volontaire, je ne suis pas cantonnée à une simple exécutante. Mes tuteurs m’ont beaucoup impliquée dans la réflexion stratégique autour des actions mises en œuvre. D’autant qu’à mon arrivée, ma principale difficulté a été de comprendre le français : malgré cela, j’ai toujours été associé aux réunions, ce qui m’a permis de progresser rapidement dans la maîtrise de la langue. Au final c’est quelque chose de très satisfaisant. 

Cette mission est enfin l’occasion de voir comment les institutions des autres pays travaillent. Ce volontariat m’ouvre de nouvelles perspectives, j’espère pouvoir réutiliser les choses que j’apprends ici quand je retournerai en Inde. 

Bio express

Harshitha, 24 ans, s’est spécialisée dans la protection des droits de l’enfant formalisé par l’obtention d’un bachelor en développement social. Elle a été cheffe de projet pour l’ONG Sharana Social and develpment Organisation. Elle contribue dans le cadre de sa mission de service civique à la promotion des valeurs olympiques et paralympiques auprès du jeune public ainsi qu’à l’éducation par le sport, au sein de Bourgogne Franche Comté International (BFCI). Une mission en adéquation avec son projet de retour en Inde : protéger les droits des enfants, rendre le sport accessible aux filles autant qu’aux garçons, leur offrir de nouvelles opportunités d’éducation de qualité et favoriser leur autonomisation
Harshitha Sankaran
Volontaire en service civique

L'organisme d'accueil

Bourgogne-Franche-Comté International (BFC International) est un réseau régional multi-acteurs dédié à la coopération et à la solidarité internationale en Bourgogne-Franche-Comté. Son objectif est de favoriser la qualité et l’impact des actions de coopération et de solidarité internationale menées sur le territoire régional et à l’international, tout en favorisant les mutualisations et les synergies entre les acteurs.

Dans les Yvelines, un château renaît de ses ruines grâce au volontariat

Nelly Jazmin (à droite), jeune volontaire mexicaine, sur le chantier de restauration du château de Rochefort-en-Yvelines © France Volontaires

Il y a quelques mois, ce n’était encore qu’un tas de pierres recouvert de végétation. Grâce à l’action d’une troupe de volontaires internationaux, le château de Gui le Rouge, à Rochefort-en-Yvelines, retrouve petit à petit de sa splendeur. Nelly Jazmin, originaire du Mexique, est venue donner un coup de main sur ce chantier pendant quinze jours en ce début de mois de juillet.

Des ruines des pyramides aztèques jusqu’à celles du château médiéval de Gui le Rouge… c’est le parcours que Nelly Jazmin, jeune étudiante mexicaine, a réalisé pour venir participer au chantier organisé par Études et chantiers Île-de-France. Depuis 2021, l’association, membre de Cotravaux est en effet mandatée par le Parc naturel régional (PNR) de la Vallée de Chevreuse et la mairie de Rochefort-en-Yvelines pour réhabiliter ce site patrimonial qui abrite les ruines d’un édifice bâti au XIè siècle par un seigneur local.

Un chantier de volontariat, cinq nationalités

Du château, il ne reste aujourd’hui rien ou presque. Quelques murs brinquebalants et des amoncellements de pierres qui, jusqu’à il y a quatre ans, étaient encore envahis sous un épais écrin de verdure. L’objectif du chantier de volontariat international est de dégager la végétation afin de faciliter, à terme, les études archéologiques sur le site.

En ce mardi orageux du mois de juillet, sous un ciel menaçant, ils sont une petite dizaine de jeunes, filles et garçons, à s’activer sur le chantier : « Il y a deux Français mais aussi deux Tchèques, trois Espagnols, une Vietnamienne et une Mexicaine », détaille Charlotte, animatrice technique sur le site. Par petits groupes de deux ou trois, ils se répartissent sur l’ensemble de la zone avec une tâche différente pour chacun. Pour certains, il s’agit de répartir des copeaux de bois le long d’un muret afin de stabiliser l’accès d’un chemin circulaire autour du château. Charlotte, elle, encadre deux volontaires qui s’attèlent à la réfection d’un vieil escalier. Nelly, pour sa part, s’est armée d’un sécateur et d’une scie à bois : avec sa binôme espagnole, elles ont pour but d’élaguer un sous-bois afin de restaurer le passage vers les ruines principales de l’édifice.

« C’est un travail vraiment satisfaisant parce qu’on est partis de zéro il y a dix jours et que le résultat est déjà bien visible »

Nelly Jazmin, volontaire mexicaine

Au son du reggaeton que crache la petite enceinte portative, elles coupent, taillent et cisaillent à qui mieux-mieux. Même si elle a un peu rechigné à se remettre au travail après la pause (il fait particulièrement lourd aujourd’hui), elle virevolte désormais de buisson en bosquet pour éclaircir la voie: « C’est un travail vraiment satisfaisant parce qu’on est partis de zéro il y a dix jours, et que le résultat est déjà bien visible », explique (en espagnol) la jeune femme qui a obtenu une bourse pour venir de son État d’Aguascalientes, dans le centre du Mexique, jusqu’à ce petit coin des Yvelines.

Ce chantier de volontariat propose une expérience humaine unique, mêlant engagement, entraide et découverte interculturelle.

Au total, la petite bande de bénévoles reste deux semaines sur place. Ils sont hébergés dans la salle des fêtes du village, transformée pendant quinze jours en grand dortoir international. « La mairie met tous les moyens à notre disposition pour nous accueillir dans de bonnes conditions. C’est un projet qui leur est cher, en particulier Christian Bou, un élu local qui fait partie de la Société historique de Rochefort », explique Charlotte.

Volontariat patrimonial et découvertes culturelles à Paris

En plus de leurs activités de restauration, qui occupe la majeure partie de leur temps quotidien, la dizaine de volontaires va aussi bénéficier d’une journée de visites touristiques à Paris, « et voir la Tour Eiffel », s’enthousiasme Nelly. Sans oublier les soirées en commun, faites d’activités ludiques ou sportives : ce soir-là, ce sera le visionnage de la demi-finale de l’Euro de football, qui fait vibrer les cœurs des cinq jeunes Français et Espagnols du groupe. Mais pas trop tard quand même : il reste encore de la végétation à élaguer !

L’équipe de volontaires, encadrée par Charlotte, animatrice technique de l’association Études et chantiers. © France Volontaires 

La structure d'accueil

Études et chantiers a pour objet de promouvoir la participation volontaire et citoyenne de tous, via des projets d’intérêt général. L'association propose des chantiers en France et à l’étranger à partir de 14 ans. Elle adhère à Cotravaux, membre de France Volontaires.

Dans les champs de Kaédi pour produire local

© Thomas Limousin / France Volontaires

Lancé en 2019, le Projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi (PASPK) vise à répondre aux besoins des populations en fruits et légumes sur les marchés locaux.  Romuald est volontaire pour la Grande muraille verte (V-GMV) en Mauritanie. Recruté pour un appui technique au maraîchage, le jeune Tchadien supervise les équipes sur le terrain, de la préparation des sols à la récolte.

Le Soleil se lève sur Kaédi. Dans les rues encore fraîches, un pick-up fait le tour des habitations. Des hommes et des femmes s’entassent à l’arrière. Ce sont tous des ouvriers de la ferme Semega. Romuald monte à bord. « Il faut être à l’heure sinon ils partent sans toi ! » dit-il en riant. Depuis cinq mois, c’est tous les jours le même rituel. Recruté dans le cadre du programme Volontaires pour la Grande muraille verte, financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, il est en mission pour le projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi.

Romuald Nadjitebaye, volontaire de solidarité internationale à Kaédi en Mauritanie. © Thomas Limousin / France Volontaires

Une fois arrivé, les ouvriers partent dans les champs: 42 hectares dédiés à la production maraîchère et aux vergers. Trente personnes travaillent à temps plein. “Ici, on essaye de répondre aux besoins des populations”, affirme Romuald avec conviction. Dans la région, le potentiel agricole demeure largement sous-exploité. Les petits producteurs locaux tirent des revenus modestes de leurs activités, contribuant à une insécurité alimentaire persistante.

60 tonnes de patates ramassées sur un an avec l'aide de volontaires agricoles

« Pourtant, en termes d’agriculture, on est assis sur une mine d’or » explique Djiby Ba, le responsable du projet. Cet ancien fonctionnaire agronome était là à son commencement, en 2019. « Le début de la ferme était difficile, le sol était sableux et aride. Il a fallu de nombreux investissements pour la rendre cultivable ». Dix forages et plusieurs kilomètres de tuyaux servent désormais à abreuver les cultures. Une boutique a été ouverte dans le centre-ville. « Les gens achètent nos produits parce que c’est une production locale » insiste Djiby Ba, « on essaye de minimiser le prix pour fidéliser la clientèle ».

Le Ramadan approche, il faut anticiper les besoins. Deux rangées de pommes de terre sont récoltées ce matin. Romuald note tout. Tchadien d’origine, agronome de formation, il supervise et encadre les ouvriers. Il assure le suivi de toutes le parcelles, de la graine à la récolte. L’année dernière, 60 tonnes de patates ont été ramassées. « Je suis content d’être ici, j’ai tout le temps des choses à faire ! Je dois remplir des objectifs de production, j’aime avoir des défis à relever ! ».

Former les jeunes à l'agriculture maraîchaire

Dans une région où les moins de 25 ans représentent plus de 65% de la population et où l’accès à l’emploi reste la principale difficulté, la ferme Semega a entrepris un travail de formation des populations. « Des jeunes non qualifiés peuvent venir dans notre ferme, ils seront formés. Les plus motivés seront même responsabilisés avec le temps » assure Romuald. Le projet est devenu un lieu privilégié pour les stagiaires des écoles d’agronomie environnante.

Dans la ferme Semega, 42 hectares de terres sont dédiés à la production maraîchère et aux vergers. © Thomas Limousin / France Volontaires

Même si « le projet n’est pas encore rentable » et qu’il est « impossible de se passer de l’emploi de pesticide ou d’engrais pour le moment », la ferme Semega tente de créer un modèle en Mauritanie. “Ce que je fais ici, ça me donne envie de faire la même chose chez moi“, partage Romuald avec enthousiasme. La journée s’achève sous le brûlant soleil sahélien. Le pick-up retourne en ville déposer les ouvriers.

Bio express

Après des études d’ingénieur agronome en Russie et en France, Romuald Nadjitebaye s’est engagé dans une mission de Volontariat de solidarité internationale (VSI) à Kaédi, en Mauritanie. Déployé dans le cadre du programme Volontaires pour la Grande muraille verte, le jeune Tchadien supervise le volet maraîchage du projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi, qui vise à apporter une réponse aux besoins en fruits et légumes des populations locales.
Romuald Nadjitebaye
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le Projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi (PASPK) est un projet de ferme agricole mis en place en 2019 et qui a pour but de répondre aux besoins alimentaires des populations locales. Composé de plusieurs volets en agriculture et en élevage, il est également un lieu de formation important pour les étudiants en agronomie dans le sud de la Mauritanie.
PASPK

À Nouakchott, des solutions basées sur la nature face au changement climatique

Vue aérienne de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. © Lamine Sall 96 / Creative Commons – Wikimédia

Située sous le niveau de la mer, la capitale de la Mauritanie est particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Construire une stratégie pour anticiper les risques est un enjeu primordial : le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) aide la Région de Nouakchott à intégrer des solutions basées sur la nature dans ses actions. Avec l’aide de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI).

Intrusions marines, inondations, ensablement et îlots de chaleur urbains : selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet Acterra, Nouakchott est confrontée à ces quatre dangers majeurs. Parmi eux, l’intrusion marine semble être la menace la plus imminente. Près d’un tiers du périmètre urbain se trouve ainsi en zone inondable sous le niveau de la mer. Le littoral, longé par un cordon dunaire, laisse apparaître des brèches liées à l’érosion, mais surtout à l’activité humaine et les constructions anarchiques. Ainsi, l’océan atlantique menace d’inonder la ville. Particulièrement exposée, Nouakchott, subit également une croissance démographique importante, les populations rurales venant grossir de 5% par an une agglomération d’1,2 million d’habitants.

Faire face au changement climatique

Consciente de sa vulnérabilité et des impacts socio-économiques du changement climatique, la région de Nouakchott tente d’anticiper les risques. Un atelier, financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et mis en œuvre par le Fonds mondial de développement des villes (FMDV) a été organisé, en présence de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI). L’atelier réunit les cadres de la Région, les ministères concernés, l’université de Nouakchott et des acteurs associatifs. « Notre objectif est d’introduire les notions, les concepts et les enjeux des solutions basées sur la nature, afin de créer une dynamique d’intégration de ces solutions dans les projets menés par l’ensemble des parties prenantes du développement à Nouakchott. » explique-t-il. Diplômé en économie du développement, le jeune volontaire envoyé par La Guilde travaille directement auprès des équipes au siège de la Région. « Notre rôle est de faire un plan d’actions destinées aux autorités régionales, afin que celles-ci puissent définir des politiques publiques et mettre en place des options incluant des solutions basées sur la nature ».

Comment donc faire face au changement climatique et ses conséquences ? Définie par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, la notion de solutions basées sur la nature lie la protection et restauration des écosystèmes à l’adaptabilité et la résilience des populations. Ainsi, à Nouakchott, de nombreuses initiatives sont possibles. En reconstituant le cordon dunaire et en le protégeant, on lutte contre l’ensablement et on diminue les risques d’inondations. Pour baisser les températures localement et combattre les îlots de chaleur, la végétalisation des toits, la création de chemins piétons et la mise en place de parcs urbains végétalisés ou de potagers partagés sont envisageables. « Cette formation est très intéressante, on connait les problèmes liés au réchauffement climatique, on doit maintenant trouver des solutions innovantes pour y répondre, utiliser ce que nous offre la nature semble une évidence » explique Ahmed Nema, président d’une association d’étudiants.

Marché au poisson au bord de l’océan Atlantique à Nouakchott. © Uzabiaga / Creative Commons -Wikimédia

« La formation a permis de prioriser, collectivement, les vulnérabilités climatiques auxquelles font face les Nouakchottois et de lister les initiatives existantes pour avoir un aperçu des projets déjà entrepris. L’intérêt pour nous est de pouvoir bénéficier de ces expériences, d’en tirer des leçons et de comprendre les points importants à prendre en compte lors de la mise en œuvre de ces solutions. Le but est de répondre efficacement aux besoins de la population et à l’urgence climatique » résume Thomas. Le FMDV accompagne les collectivités locales dans la structuration de ces projets prioritaires, ainsi que dans la recherche de financement, en mettant la Région de Nouakchott en relation avec des bailleurs intéressés « J’aime cette approche au plus près des acteurs, les équipes de la Région sont pro-actives. Pour une première expérience, cela me donne une vision large du monde du développement ».

Augmentation de 2 à 4°C de la température

Grâce au soutien du FMDV, la région de Nouakchott a récemment mis en place des lignes de bus pilotes dans les quartiers périphériques. Ces lignes dites « sociales » répondent au besoin des populations les plus vulnérables et visent à faciliter l’accès au travail et à l’éducation pour des individus souvent marginalisés, souvent les femmes. En plus de sa fonction première de sécurité, l’installation d’un éclairage public solaire sert à renforcer le lien social en favorisant les interactions dans l’espace urbain. « Quand on parle de résilience et d’adaptation, on parle évidemment de la baisse des risques climatiques mais également de l’amélioration du cadre de vie des populations » conclue Thomas.

En 2100, selon les estimations actuelles, les températures moyennes devraient connaître une augmentation de 2 à 4°C à Nouakchott. L’élévation du niveau moyen de la mer d’un mètre pourrait tripler le taux d’érosion des dunes et entraîner des inondations à grande échelle. Plus de 2 millions de personnes seraient alors menacées.

Bio express

Thomas Beaucoral est envoyé par le FMDV. Agé de 23 ans, il a réalisé une formation en économie du développement au sein de l’Ecole d’économie du centre d’étude et de recherche du développement international. Il finit sa formation après un stage effectué au sein d’un bureau d’étude spécialisé dans l’adaptation au changement climatique à Marseille, et plusieurs missions de terrain en Guadeloupe. Il réalise un mémoire de recherche sur l’aide au développement dédiée à l’adaptation au changement climatique. Par envie d’être confronté aux réalités du terrain, il s’est engagé dans cette mission en Mauritanie.
Thomas Beaucoral
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) est une ONG qui permet aux collectivités locales émergentes et en développement d’accéder aux ressources financières extérieures nécessaires au financement de leurs projets de développement urbain. Il est un instrument d’assistance technique et d’ingénierie financière. Il accompagne les collectivités locales qu’il soutient dans l’ensemble du processus des projets de développement urbain : de la conception, la planification, la recherche de financements, jusqu’à la mise en œuvre et l’évaluation.​

Comment devenir volontaire international d’échange et de solidarité ?

Des volontaires à Madagascar. © DR

Partir en volontariat international d’échange et de solidarité (VIES) s’inscrit dans une démarche d’ouverture au monde marquée par un fort désir d’engagement. Quel que soit son âge, son expérience, sa disponibilité, il existe un dispositif de volontariat qui répond à ce désir d’engagement ! Avant le départ, il convient de (se) poser les bonnes questions et de collecter les bonnes informations. On vous partage quelques pistes pour concrétiser votre projet de volontariat à l’international.

Comment devenir volontaire international ?

Devenir volontaire international, c’est faire le choix de donner de son temps et partager son expertise en partenariat avec les acteurs locaux du pays d’accueil. Partir en volontariat à l’international nécessite un temps de préparation et de réflexion pour bien mûrir son projet d’engagement. Plusieurs étapes s’imposent avant le départ afin d’entreprendre un volontariat utile aussi bien pour les communautés d’accueil que pour soi-même.
En premier lieu, il convient de bien définir son projet en répondant à de simples questions, parmi lesquelles :

  • Combien de temps puis-je consacrer à cette mission ?
  • Quelles sont mes motivations ?
  • Comment voudrais-je participer concrètement à un projet en fonction de mes compétences, ou de mes centres d’intérêt ?
  • Dans quel secteur vais-je m’engager ?

Cette liste n’est pas exhaustive et pour aider les candidats à identifier un projet de volontariat fiable, France Volontaires détaille  « les questions à se poser pour un volontariat responsable » dans un article spécifique.

« Sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même»

Justine, volontaire en Service Civique international en Côte d’Ivoire

Les questions sont nombreuses, mais permettent au volontaire de lever les doutes et définir sereinement les grandes lignes de son parcours à venir. Justine, volontaire en Service Civique International déployée en Côte d’Ivoire, a su rapidement identifier ses objectifs. « Je me suis engagée dans un service civique pour plusieurs raisons. La première, je souhaitais sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même. La seconde était de m’enrichir par de nouvelles expériences tant personnelles que professionnelles. Et la troisième raison était de découvrir un autre pays. »

Quelles sont les démarches pour partir en volontariat ?

La recherche d’une mission de volontariat de qualité nécessite de se renseigner, de se questionner et de bien identifier sa motivation. Afin d’orienter ses recherches et trouver la mission qui correspond le mieux à son profil, France Volontaires a élaboré un test d’orientation sous forme de quizz.  Cet outil permet de préparer au mieux son projet et de trouver la forme d’engagement en adéquation avec son expérience, sa disponibilité et ses motivations.

Une fois le dispositif défini, il ne reste plus qu’à trouver la mission pour partir en volontariat à l’international ! Les missions de VIES proposées par la plateforme France Volontaires sont publiées sur l’espace missions. Elles sont co-construites entre les organismes agréés et les structures d’accueil des volontaires dans les pays partenaires. Le candidat rentre alors dans un processus de sélection, ou dans un vivier de volontaires en proposant son dossier pour répondre aux critères de sélection fixés par l’organisme.

Quel organisme de volontariat international choisir?

France Volontaires est la plateforme française du Volontariat international d’échange et de solidarité (VIES). Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, elle réunit l’État, des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion du VIES.

Choisir son organisme d’envoi nécessite d’être en adéquation avec le projet et de s’assurer de certains points :

  • Partir dans de bonnes conditions, avec une structure qui adopte un strict protocole de sécurité
  • S’investir auprès d’une structure éthique, qui veille au respect des populations locales
  • S’engager dans une démarche partenariale, au sein d’une structure qui co-construit les projets avec les acteurs locaux du pays d’accueil
  • S’assurer de l’impact positif et durable des actions menées par les volontaires
  • Ne pas tomber dans les filets de structures malveillantes dont le modèle économique repose sur les profits tirés de l’engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général
  • Vérifier les conditions financières de la mission (indemnisation éventuelle, participation aux frais de transport pour les missions courtes, etc.)

La liste des associations agréées pour le VSI et le Service civique à l’international est disponible sur le site de France Volontaires. En fonction de votre niveau d’expérience, de nombreuses offres de missions sont disponibles. Pas une minute à perdre, ces missions sont mises à jour régulièrement pour des missions aux quatre coins du monde !

Diverses missions à Madagascar et en Équateur. © DR

Mitahato, le village kenyan qui fait aimer le français à ses habitants

© Mitahato French Village

Au Kenya, on parle le swahili et l’anglais. Pourtant, la francophonie gagne petit à petit du terrain grâce aux efforts d’une poignée d’amoureux de la langue de Molière (et d’Aya Nakamura). Dans le petit village de Mitahato, au centre du pays, Francophone Network of Kenya dispense des cours suivis par de nombreux habitants. Une initiative saluée entre autres par l’Alliance française de Mombasa, qui accompagne les associations locales dans leur promotion de la culture francophone.

“Mitahato French Village, bienvenue” : l’inscription est peinte en gros sur un mur entre deux drapeaux du Kenya et de la France. Nous ne sommes pas dans un quartier d’expatriés de Nairobi, la capitale du Kenya, mais bien à une trentaine de kilomètres plus au Nord, dans une zone rurale peu peuplée de ce pays principalement anglophone.

Dans le village de Mitahato, on peut prendre des cours de français, accéder à une bibliothèque francophone et même… jouer à la pétanque !
© Mitahato French Village

Des cours de français gratuits dans un village kenyan

Comment le français y est-il ainsi devenu la langue préférée des locaux ? Grâce à l’initiative de Chris Mburu, un enfant du village devenu salarié des Nations unies en Suisse, et qui a ramené chez lui son amour pour l’idiome du pays dans lequel il vivait. « Il a d’abord transformé sa maison en librairie, en y entreposant des livres en langue française pour motiver progressivement les habitants à apprendre la langue » explique Ngunye Kimani, coordinateur du projet « Mitahato French Village » au sein de l’association Francophone Network of Kenya, créée par le diplomate. Une initiative doublée quelques temps plus tard par l’ouverture d’un centre de langues : « Le centre régional kenyan pour le français propose des cours gratuits grâce à des étudiants francophones » complète Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa, la deuxième ville du pays. 

« Pendant la pandémie, le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves »

Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa

Jeunes ou moins jeunes, ils sont ainsi nombreux à venir apprendre les bases de cet idiome pas toujours évident à maîtriser pour des locuteurs plus habitués au swahili ou à l’anglais. « Pendant la pandémie, c’était aussi une façon de lutter contre le désœuvrement en occupant les habitants de façon utile, dans la mesure où tout était fermé », se remémore Nilda. « Le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves pour les faire progresser plus vite ».

La fête de la francophonie à Mombasa

Pour l’Alliance française de Mombasa, cette initiative est forcément la bienvenue. L’organisme a ainsi organisé une visite à Mitahato au printemps 2023. L’occasion de faire découvrir aux habitants du French Village un aspect parfois méconnu de la culture française, celle de ses territoires d’outre-mer : « Nous avions présenté la faune et la flore de la Guyane, de la Martinique et de Mayotte », explique Nilda, qui est elle-même originaire de la petite île de l’archipel des Comores, située à quelques centaines de kilomètres au sud des côtes kenyanes.

L’organisme, qui promeut la culture française dans le pays avec son homologue de Nairobi, est particulièrement attentif au développement de la langue française dans le pays. Les 15 et 16 mars derniers, l’Alliance française de Mombasa a ainsi organisé la fête de la francophonie, deux journées destinées autant à la communauté francophone du pays qu’au grand public. Au programme ? Un zoom sur la République démocratique du Congo, pays (presque) voisin du Kenya avec entre autres des ateliers culinaires et des animations imaginées par Kifaransa Village, une association locale inclusive de promotion du français. Et pour finir, un concert de Syssi Mananga, auteure-compositrice née d’une mère congolaise et d’un père belge, comme un symbole de la richesse que constitue la multiculturalité.

La Fête de la francophonie , les 15 et 16 mars 2024 à l’Alliance française de Mombasa.
© Alliance française de Mombasa

Regarder le reportage de Jules sur la chaîne Le Français au Kenya

Bio express

Nilda Chadhouli a 27 ans, elle est née à la Réunion mais elle est originaire de Mayotte, petit département français situé dans l’archipel des Comores. Après avoir effectué une partie de sa scolarité à Dijon (Côte d’Or), elle a obtenu un bac scientifique à Saint-Denis de la Réunion, avant de poursuivre son parcours universitaire en métropole. Elle est titulaire d’une licence de Langues étrangères appliquées (LEA) obtenue à la Sorbonne et d’un master en marketing et communication obtenu à Ynov Campus. Elle effectue sa mission de VSI comme chargée de mission communication à l’Alliance française de Mombasa depuis mai 2022 grâce à l’antenne de France Volontaires à La Réunion en partenariat avec le Département de Mayotte.
Nilda Chadhouli
Volontaire à l'Alliance française de Mombasa

Comment bien choisir son organisme d’envoi en mission de volontariat à l’international ?

© Etienne Girardet / Unsplash

Partager son expérience avec les acteurs internationaux pour faire advenir des projets main dans la main à travers le monde, ça vous parle ? Vous rêvez de donner de votre temps et vous engager dans une mission solidaire à l’international ? S’il n’y a que de bonnes intentions, gare aux arnaques ! Focus sur quelques points de vigilance qui sont à observer avant de vous lancer.

Gare aux arnaques !

L’appétence des citoyens pour le volontariat est bien réelle, comme l’illustre un récent sondage mené par OpinionWay pour France Volontaires. En effet, près d’un français sur deux se dit prêt à s’engager dans une mission de volontariat à l’international. Toutefois, devant un nombre limité d’opportunités disponibles dans le monde, des alternatives se développent, parfois en contrepartie de sommes d’argent importantes et pour des projets ayant au mieux aucun impact sur le terrain, au pire des effets néfastes sur les communautés et les volontaires eux-mêmes. Il s’agit du phénomène du « volontourisme », néologisme formé des mots « volontariat » et « tourisme ».

Répondant à une forte demande des jeunes Occidentaux pour « partir faire de l’humanitaire» à l’étranger, le secteur du volontourisme est en pleine expansion depuis les années 1990 dans les pays-anglosaxons, et depuis le début des années 2000 en France. Les offres de « voyage solidaire », « tourisme humanitaire » ou encore « missions solidaires » pullulent et certaines organisations à but lucratif exploitent le filon dans une logique commerciale, souvent au détriment des populations.

Veiller à sa sécurité et à celle des populations locales

Bien choisir l’organisme de volontariat avec lequel partir est un gage de sécurité, pour soi et pour les populations locales. En tant qu’opérateur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, France Volontaires est pleinement intégrée au dispositif de sécurité des volontaires déployés à l’international, dispositif piloté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. À noter que chaque volontaire est accompagné dans son engagement et son expatriation, aussi bien pour les démarches administratives et médicales, qu’à travers une formation obligatoire qui prend systématiquement en compte les questions de sécurité.

Ma mission aura-t-elle un impact durable sur le terrain ?

Avant d’entamer les démarches pour partir en volontariat, il convient donc de se renseigner sur la structure qui porte le projet en s’assurant de son intégrité, de sa connaissance des enjeux locaux, et de sa reconnaissance du volontariat comme levier de développement ne perturbant pas l’écosystème local. Pour choisir l’organisme d’envoi, il est important de considérer qu’une bonne mission est co-construite localement, dans une démarche partenariale pour répondre à des enjeux bien identifiés. Le volontaire doit se sentir en accord avec les valeurs de la structure, et en confiance au sein d’une équipe experte.

Certaines missions étant ambiguës, France Volontaires encourage à s’engager auprès de ses membres, tous signataires de la Charte des volontariats qui affirme des valeurs communes aux associations actrices des Volontariats internationaux d’échange et de solidarité (VIES) et vise à améliorer la qualité des engagements bénévoles et volontaires à l’international.

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Volontariat international : gratuit ou pas ?

La question du financement doit faire l’objet d’une attention particulière. Si certaines missions ne sont pas  indemnisées (notamment les missions courtes comme les chantiers solidaires pour lesquelles le billet d’avion est souvent à la charge du volontaire), France Volontaires recommande de faire preuve de vigilance face à certains organismes qui demandent le financement intégral de la mission par les volontaires, parfois à des coûts élevés, et pour des missions dont le caractère éthique et responsable, et le manque de lien avec l’intérêt général, interrogent. Bon à savoir, les missions plus longues allant de 6 mois à plusieurs années, comme le service civique à l’international ou le volontariat international de solidarité (VSI), sont indemnisées.

France Volontaires appelle également à prendre contact avec le réseau des Espaces Volontariat, présents dans 24 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine/Caraïbes, qui assure notamment des fonctions d’information et d’orientation, et de mise en relation. Les Espaces Volontariat pourront vous renseigner sur certaines associations.

Ces points de vigilances ne doivent pas être un frein à votre motivation, mais bien au contraire une bonne façon de vous préparer à vivre une mission intense et enrichissante, à tous points de vue !