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Volontourisme: « En total décalage entre nos intentions et la réalité »

 © Sarah Cayre / France Volontaires

Le volontourisme, forme de tourisme mêlant voyage et engagement solidaire, séduit ceux en quête de sens et désireux d’aider. Derrière des intentions souvent louables, se cache un modèle marchand : des séjours payants proposés par des organisations qui tirent profit de l’engagement volontaire, parfois au détriment des communautés locales.
Pour Emma, l’envie de faire du volontariat en Afrique est venue en partie grâce aux réseaux sociaux. Mais dès son premier voyage au Togo à 19 ans, elle a vite déchanté :  ni formée ni encadrée par l’organisme avec lequel elle était partie, elle a très mal vécu une mission à l’intérêt douteux pour les populations locales. Elle témoigne de cette mauvaise expérience de “volontourisme”.

Juste avant le départ

” Me sentant perdue et en quête de sens, j’ai décidé, comme beaucoup d’autres, de me lancer dans un « voyage humanitaire ». Ma sœur, qui a pris en charge toute l’organisation, m’a accompagnée dans cette aventure. Pour vous dire à quel point je n’étais pas impliquée, je ne savais même pas où se trouvait le Togo en Afrique.

Centrée sur mes propres soucis, je me suis laissée porter sans vraiment réfléchir. J’ai commis toutes les erreurs possibles : je n’ai pas pris le temps d’étudier le pays ni sa culture, j’ai choisi de travailler avec des enfants sans avoir ni les compétences ni la formation nécessaires, et j’étais émotionnellement indisponible pour affronter ce qui m’attendait.”

Volontourisme : ce que j'ai vécu pendant la mission

“Pendant cette expérience, je me suis vite rendu compte que je n’étais pas prête. J’avais constamment l’impression d’être une imposteuse, une sensation qui ne me quittait pas. Je pleurais chaque jour en découvrant les histoires de certaines personnes, surtout des enfants. Je n’avais ni la patience, ni la maturité, ni la présence d’esprit nécessaires pour m’occuper d’enfants. À 19 ans, sans compétences ni diplôme dans le secteur, j’étais complètement dépassée par la situation. Ma sensibilité était à fleur de peau, et personne ne m’avait préparée à cela.

Je n’avais reçu aucune formation ni consignes avant d’arriver.  Physiquement, je n’étais pas non plus à la hauteur. Porter des briques de 25 kg pour construire une bibliothèque sous une chaleur écrasante de 40 degrés était bien au-delà de mes capacités. Rien n’était organisé à l’avance. Tout se faisait à la dernière minute, et en réalité, nous n’avions pas de travail structuré. Nous nous contentions de ranger et de nettoyer la salle de jeux, d’aider les maçons à porter des briques ou à défricher, de faire jouer les bébés qui n’allaient pas encore à l’école, de rendre visite à des familles, de distribuer le goûter aux enfants, et d’organiser des activités pour eux le week-end. Au fond de moi, je sentais que quelque chose n’allait pas avec l’association.”

"L’association ne débloquait pas de fonds pour les enfants qui nécessitaient des soins de santé, alors que nous avions payé pour couvrir ces frais"

“Dès que nous essayions de contacter les dirigeants pour obtenir des réponses, c’était silence radio. Ils ne répondaient plus.  Au fur et à mesure, je cherchais à discuter plus précisément avec les bénévoles qui étaient là depuis plus longtemps, pour savoir ce qu’ils pensaient réellement de l’organisation.

J’interrogeais aussi nos animateurs pour comprendre leur opinion sur leur employeur. Nous avons découvert qu’ils travaillaient 24 heures sur 24 et que leur salaire était dérisoire comparé au salaire moyen au Togo. Parfois, ils n’étaient même pas payés. Nous nous posions énormément de questions sur la différence entre ce qu’ils recevaient et ce que nous, les bénévoles, versions à l’association. Le plus troublant, c’était de constater que l’association ne débloquait pas de fonds pour les enfants qui nécessitaient des soins de santé, alors que nous avions payé pour couvrir ces frais, ainsi que pour leur scolarité. J’ai fini par me disputer violemment avec les dirigeants, frustrée par leur manque de transparence.

Je commençais aussi à comprendre que notre présence dérangeait certains parents. Beaucoup d’entre eux acceptaient notre aide simplement pour ne pas nous vexer, et cela me mettait de plus en plus mal à l’aise. Ce décalage entre nos intentions et la réalité m’a poussée à remettre en question tout ce que je faisais là. Mais c’est à mon retour en France que j’ai compris le concept de white savior* et de volontourisme. 

Après la mission, ouvrir les yeux sur le volontourisme

“Au Togo, j’étais avec six autres filles, dont Ana, qui était très suivie sur les réseaux sociaux, notamment sur TikTok. Elle avait documenté tout son voyage et recevait énormément de commentaires. Si la majorité étaient encourageants, une partie critiquait nos actions au Togo. Au début, nous ne comprenions pas ces reproches. Peut-être qu’au fond, nous ne voulions pas admettre que ce que nous faisions n’avait servi à rien et que nous avions, sans le vouloir, contribué à une forme de marchandisation de la pauvreté. Après des heures de discussions, parfois même des disputes, nous avons fini par reconnaître que nous étions tombées, sans le savoir, dans les filets du volontourisme.

Pourtant, cette expérience n’a pas été entièrement sans valeur. Nous étions toutes sensibles aux questions de justice sociale et avions tissé des liens avec le chef du village. Lors d’une dernière discussion dans son bureau, nous avions imaginé ensemble un projet visant à fournir un système d’assainissement durable aux habitants d’Assomé pour réduire le taux de paludisme. C’est ainsi qu’est née notre propre association, Akpel’eau, avec pour objectif de ne pas reproduire les erreurs que nous avions vécues. La construction des valeurs d’Akpel’eau a pris des mois. Une chose était sûre : nous allions sensibiliser les autres aux dangers du volontourisme tout en agissant pour la solidarité.”

* La notion de “sauveur blanc” désigne les actions mises en scène par une personne occidentale dans un pays défavorisé afin de se valoriser positivement.

Le volontourisme, qu'est ce que c'est ?

Cette forme de tourisme qui conjugue voyage et engagement volontaire a connu un fort engouement en France depuis les années 2000. Jouant sur la quête de sens des personnes en désir d’engagement, des organisations proposent des séjours payants qui ne répondent pas aux critères d’un volontariat éthique et responsable, bien souvent au détriment des communautés d’accueil et des personnes qui y participent. Pour éviter de participer à une mission relevant du volontourisme, passez par France Volontaires, plateforme du volontariat d’échange et de solidarité (VIES), qui vous garantit des missions éthiques et responsables avec l’ensemble de ses membres (associations, ONG et collectivités locales).

Bio express

Emma Ricoul a 22 ans. Il y a trois ans, elle a quitté ses études de commerce international pour une année sabbatique. Elle s’est retrouvée à Malte, aux Pays-Bas, au Mexique et enfin au Togo, où elle a vécu cette expérience de volontourisme. Après cette pause, elle a repris des études en développement durable où elle a pu développer son association, Akpel’eau, avec sept autres personnes. Elle est aujourd’hui étudiante en solidarité internationale.
Emma Ricoul

La Patagonie et les Alpes coopèrent pour un tourisme durable

En Patagonie, les grandes calottes glaciaires ont reculé d’un kilomètre depuis le début des années 90. © Man Kwan / Unsplash

Face au changement climatique, les acteurs du tourisme dans les Alpes et en Patagonie argentine ont décidé de se serrer les coudes : les deux territoires ont mis en place des échanges et une stratégie commune pour une gestion durable du tourisme. Ils coopèrent dans le cadre du projet « Des Montagnes et des lacs », qui a débuté en mai 2023 et prendra fin en avril 2025. Un binôme de volontaires franco-argentin a participé aux échanges.

Les Alpes européennes pourraient perdre 34% de leur volume de glace d’ici 2050. Cette statistique, effrayante, est le résultat d’une étude réalisée par l’université de Lausanne (Suisse) en coopération avec l’université Grenoble-Alpes. Dans le sud de l’Argentine, la Patagonie est quand à elle la région du monde qui connaît le plus haut taux de fonte: les grandes calottes glaciaires ont ainsi reculé d’un kilomètre depuis le début des années 90. Pour ces deux régions du monde, pour qui le développement économique passe par un tourisme raisonné, la prise en compte des enjeux climatiques est devenue une véritable priorité.

 © Mikhail Mokrushin/ Unsplash

Penser le tourisme durable à l’échelle internationale

En 2023, elles ont ainsi décidé de marcher main dans la main en créant le projet « Des montagnes et des lacs ». Coordonné par ResaCoop, il regroupe des opérateurs techniques comme l’ONG Tétraktys , spécialisée dans le tourisme durable et l’Ecole nationale des sports de montagne. L’objectif est d’accompagner les collectivités locales* françaises et argentines dans leurs réflexions sur le sujet. Alejo Apochian, jeune argentin de 21 ans, a réalisé une mission de volontariat de solidarité internationale (VSI) auprès de l’ONG grenobloise de décembre 2023 jusqu’au début du mois d’août 2024.

« J’ai toujours vécu en Patagonie, j’ai un fort engagement pour mon territoire, et l’opportunité d’une expérience de quelques mois à l’étranger me semblait pertinente. On pense trop souvent à échelle locale alors que d’autres structures connaissent le même genre de problématiques à l’échelon international », explique le jeune homme. « Quand on élargit son niveau de réflexion et qu’on joint ses efforts, on s’enrichit forcément. »

"Le tourisme post-covid a créé une massification touristique qu’il faut apprendre à maîtriser en prenant en compte les contraintes environnementales."

Bastien Montovert, en service civique au sein de l’ONG Tétraktys

Avec son compère Bastien Montovert (23 ans), qui est pour sa part en service civique, ils ont formé un efficace binôme de volontaires franco-argentin au sein de Tétraktys. Ces derniers ont en particulier travaillé autour de la question du tourisme de randonnée, un véritable savoir-faire pour les acteurs du tourisme alpin que ces derniers entendent partager avec leurs homologues sud-américains. La Route des sept lacs, dans la province de Neuquén, commence en effet à devenir un lieu de référence pour les marcheurs du monde entier.

Des ateliers sur le changement climatique pour un tourisme plus responsable

Avec les difficultés qui vont avec : « Le circuit est géré par des communes qui connaissent de fortes croissances de population et des services publics qui ne suivent pas toujours derrière », détaille Bastien. « L’explosion du tourisme post-covid a par ailleurs créé une massification touristique qu’il faut apprendre à maîtriser en prenant en compte les contraintes environnementales. C’est la clef pour assurer un développement durable des activités ».

Les deux volontaires ont plus globalement participé à l’ensemble des activités mises en place dans le cadre du projet Des montagnes et des lacs : l’accueil d’une délégation argentine dans les Alpes ou l’organisation d’ateliers sur le changement climatique dans les collèges et lycées de la région. Ils ont aussi réalisé une vidéo où argentins et français détaillent les effets concrets de la hausse des températures sur leur environnement et leur quotidien.

Après huit mois de mission, Alejo est reparti finir son cursus universitaire en sciences biologiques dans le sud de l’Argentine, avant, il l’espère, de devenir gardien de parc national. Bastien est encore chez Tétraktys pour quelques semaines. « Avoir évolué ainsi en binôme avec un Argentin a été plus que positif. Cela gomme les effets négatifs que peut représenter le fait de travailler avec des gens qui sont loin. C’est une bien meilleure gestion de l’interculturalité », conclut-il.

* La communauté de communes de la Matheysine, la mairie de Chamrousse et la communauté de communes de l’Oisans côté français, la Province de Neuquén, les communes de Villa la Angostura et Villa Traful côté argentin.

Qu’est-ce que le tourisme durable ?

Le tourisme durable est une approche du tourisme qui vise à minimiser son impact sur l’environnement, tout en contribuant au développement économique et social des territoires visités. Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), il s’agit d’un tourisme qui tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l’environnement et des communautés d’accueil. Concrètement, cela signifie adopter des pratiques respectueuses de la nature, favoriser les économies locales, promouvoir des modes de déplacement à faible empreinte carbone et sensibiliser les voyageurs aux enjeux environnementaux et culturels des destinations qu’ils explorent.

Regarder le reportage réalisé par Alejo et Bastien

Le programme EnLAzando

Alejo Apochian a réalisé sa mission en France dans le cadre du programme EnLAzando. Celui-ci, mené depuis 2020 par France Volontaires, vise à mettre en œuvre une coopération durable entre la France et six pays d’Amérique du sud : la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Paraguay, le Pérou et, depuis 2022, l’Argentine. EnLAzando a pour objectif principal d’appuyer la structuration de réseaux et d’acteurs (organisations, volontaires, entreprises, universités, États, etc.) pour construire une vision commune du volontariat et créer les conditions d’un volontariat responsable et solidaire en Amérique du Sud.

 © Nicolas Weldhing / Unsplash

Bio express

Alejo Apochian a 21 ans. Il suit des études dans le domaine des sciences biologique en Argentine, et a réalisé une mission de volontariat de solidarité internationale (VSI) de huit mois au sein de l’ONG Tétraktys.
Alejo Apochian
Volontaire de solidarité internationale

Bio express

Bastien Montovert a 23 ans. En dernière année de master Tourisme parcours Monde latino-américain à l'ESTHUA d'Angers, il s’est spécialisé au fur et à mesure de son parcours professionnel et universitaire sur les formes de tourisme alternatives en milieu rural. Il réalise une mission de service civique au sein de l’ONG Tétraktys à Grenoble.
Bastien Montovert
Service civique

L'organisme d'accueil

Tétraktys est une ONG française, basée dans la capitale des Alpes, Grenoble. Son leitmotiv ? Le développement touristique et la valorisation des patrimoines comme vecteur de développement local pour les territoires ruraux du monde entier.

Destin croisé pour deux fans de slam

© France Volontaires

Juliette Roest  et William Mendy, alias Slam Korban, ont une passion commune : le slam. Lui est sénégalais, elle est française. Leurs routes se sont croisées au sein de l’association Africulturban, à Dakar, où William assurait des ateliers d’écriture tandis que Juliette était volontaire de solidarité internationale (VSI). On les a interrogés sur leur amour pour cet art oratoire.

Comment avez-vous découvert le slam ?

William : J’ai commencé à m’intéresser au slam après avoir passé mon bac, en 2017. Au lycée, il y avait un club de littérature, d’arts et de philosophie. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à la poésie. Il y a ensuite eu un concours de jeunes talents organisé par l’association Africulturban, et c’est ainsi que j’ai pu commencer à véritablement m’adonner au slam au sein de cette structure, dans laquelle j’ai fini par animer des ateliers.

Juliette : J’ai réalisé des études dans le domaine des arts appliqués (graphisme et design graphique), mais je me suis aperçue que ce n’est pas vers cela que j’avais envie d’aller. Cela a engendré une remise en question personnelle. J’ai eu envie de partir en volontariat pour donner une nouvelle direction à ma vie, sur les conseils de ma sœur qui était déjà partie en mission. C’est ainsi que j’ai été recrutée par l’association Africulturban, et que j’ai rencontré William, environ deux à trois semaines après mon arrivée. C’est comme ça que mon aventure avec le slam a commencé.

Pour vous, quel est l’intérêt de cet art ?

William : Pour moi, c’est avant tout une façon d’exprimer des messages de paix, de vivre ensemble, d’interculturalité. J’essaie aussi d’écrire des textes qui sont en lien avec la protection de l’environnement, la liberté ou la décolonisation mentale de l’Afrique. Mais au-delà des textes, le slam est pour moi avant tout un art de scène. C’est là que tout se joue.

Juliette : Moi à la base ce que j’aime c’est la poésie. Comment créer un texte ? Comment faire passer une émotion ? Je n’avais jamais fait de scène avant d’arriver au Sénégal, donc ça a été un effort pour moi de passer de la poésie au slam. Mais après avoir franchi le cap une première fois, je n’ai plus eu envie de m’arrêter ! C’est d’autant plus intéressant dans un pays « aux mille langues ». Certains déclament en français, d’autres en wolof, d’autres encore dans leur dialecte… C’est une façon « d’honorer la langue » comme nous l’a souvent répété William dans ses ateliers.

"Au Sénégal, le slam est un art oratoire très ancré dans la société."

Juliette Roest

"Le slam est avant tout un art de scène. C'est là que tout se joue."

William “Slam Korban”

La performance de William lors de la grande soirée du slam francophone à Casablanca le 20 mars 2024.

Vous avez tous deux réalisé des missions de volontariat : comment cela s’est-il déroulé ?

William : J’ai réalisé un service civique à partir de janvier 2022 via Cool’eurs du Monde à Saint-André-de-Cubzac, en Gironde. Mon rôle était d’organiser des activités d’écriture autour du slam, du rap, et de la culture hip-hop en général. J’ai également pu participer à un festival, Balance ton slam. Au-delà de l’intérêt artistique, il y avait aussi un aspect plus sentimental, dans la mesure où cela m’a permis de revoir mon grand-père, qui vit en France et que je n’avais pas vu depuis 13 ans.

Juliette : Chez Africulturban, j’étais chargée pour partie de missions dans l’événementiel, et aussi de mettre en place des ateliers pour enfants. J’avoue que le retour a été très dur, car pour moi cela a constitué le voyage de ma vie. On est bien loin du tourisme, c’était avant tout une véritable aventure culturelle. A mon retour à Bordeaux, je n’ai pas ressenti la même envie de monter sur scène, et j’ai mis un peu l’écriture de côté. Au Sénégal, le slam est un art oratoire très ancré dans la société, il y a une énergie qu’on perd un peu ici en France, je pense…

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

William : Après avoir participé aux Journées du volontariat français à l’automne 2023 avec France Volontaires, j’ai participé à la Semaine de la francophonie au Maroc, qui s’est déroulée au printemps dernier. Et actuellement, je prépare un projet de sept nouveaux titres, un rassemblement de textes en français que j’ai écrit au cours de mes rencontres.

Juliette : Je vais reprendre des études dans le domaine de l’éducation socio-culturelle. Je me dis que ma passion pour l’écriture pourrait trouver à s’appliquer auprès d’un public parfois un peu marginalisé.

Juliette et William lors des Journées du volontariat français en octobre 2023 à Paris.  © France Volontaires

L’été en forme olympique de Christopher

Christopher Djonouma, volontaire du programme Terre de Jeux Paris 2024, début août 2024 à Vincennes (94). © France Volontaires

Arrivé courant juin dans la capitale, Christopher est l’un des 80 volontaires du programme Terre de Jeux Paris 2024. Ce Tchadien, passionné de basket, sera déployé à l’aéroport de Roissy pour accompagner les athlètes paralympiques dès la fin du mois d’août. Lors des épreuves qui se sont achevées il y a quelques jours, il était en mission dans la fanzone du château de Vincennes : nous l’y avons suivi une après-midi.

D’habitude, c’est l’un des hauts lieux du tourisme francilien : le château de Vincennes accueille chaque année plus de 100.000 visiteurs, curieux de découvrir la demeure du roi Charles-V qui y avait élu domicile au XIVe siècle. En cet après-midi du mois d’août, les amateurs d’histoire sont peut-être au rendez-vous, mais ce sont surtout les fans de sport qui se sont regroupés dans l’immense cour du monument historique. A l’occasion des Jeux olympiques, deux écrans géants y ont été installés pour suivre les épreuves. Au programme cet après-midi là : des demi-finales de sports collectifs ou de tennis de table, de la boxe ou du kitefoil…

En mission dans la fanzone des Jeux Olympiques de Vincennes

A Vincennes, on peut donc jouer les supporters mais il est aussi possible de mettre en œuvre ses propres talents sportifs : un stand de tir, une rampe de skate, un playground de basket et même… une vague de surf artificielle ont été installés dans l’enceinte du bâtiment. L’encadrement des activités est géré par l’Union nationale des centres sportifs de plein air (UCPA). Objectif : permettre aux jeunes (et moins jeunes) de se prendre, le temps de quelques heures, pour l’un des héros olympiques qui passent sur les écrans.

Christopher fait partie du staff qui coordonne le bon fonctionnement de ces ateliers sportifs. Au mois de juin, il est arrivé depuis le Tchad comme volontaire dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires. D’abord affecté au siège de la fédération à Arcueil, il a ensuite été envoyé sur la fanzone de Vincennes pour donner un précieux coup de main. Talkie-walkie en main, Christopher attend qu’on lui fasse signe pour intervenir : « Je suis là à chaque fois qu’on me sollicite. Parfois il faut organiser les files d’accès aux activités, à d’autres occasions on me demande de déplacer du matériel » explique le grand gaillard qui dépasse le mètre 90.

Justement, son talkie se met à grésiller : cette fois, on le réclame pour venir réaliser une petite vidéo du quiz qui est organisé sur la petite scène. Sous le vif soleil estival, l’animateur enchaîne les questions : «Quelle est la longueur exacte d’un marathon ? », « Dans quelle ville ont eu lieu les premiers JO modernes ? »… Christopher, lui, enregistre sur son téléphone les réponses des participants, qui gagneront des places pour la finale des épreuves d’athlétisme au Stade de France. « Moi j’aurais préféré des billets pour la finale du basket », ajoute-t-il dans un grand sourire.

Christopher et un membre du staff de l’UCPA renseignent une visiteuse de la fanzone du château de Vincennes. © France Volontaires

Avec sa joie de vivre et implication constante, Christopher a convaincu tout le monde sur le site. « Franchement, c’est un volontaire particulièrement volontaire », s’amuse l’un de ses collègues quand on lui demande ce qu’il pense de la présence du jeune homme sur le terrain.  Et lui, que pense-t-il de cet été olympique, et quel souvenir compte-t-il garder de tout cela ? « Honnêtement, j’ai l’impression qu’il m’arrive un truc extraordinaire tous les jours », s’enthousiame-t-il. « Même si je n’ai pas pu croiser d’athlètes, j’ai tout de même défilé sur les Champs Elysées pour le 14-juillet, et j’ai même pu visiter le ministère des Sports. Tout cela en seulement un mois et demi ! ».

De fait, la fin des JO n’a pas signé la fin de la mission de Christopher, bien au contraire. A nouveau mobilisé pour les Jeux paralympiques début août, il sera cette fois affecté à l’aéroport de Roissy. Pas trop déçu de s’éloigner de l’univers sportif ? « Pas du tout, au contraire. Je suis fan d’aviation, ça sera une autre nouvelle aventure », conclut celui pour qui tout semble être l’occasion de prendre du plaisir. Aux JO comme aux Paralympiques, Christopher est un volontaire en or.

Le programme Volontaires - Terre de Jeux Paris 2024

En partenariat avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, France Volontaires a lancé le programme Volontaires Terre de Jeux Paris 2024 : 80 volontaires internationaux vont être mobilisés partout en France en parallèle de cet événement sportif d’envergure. Ce programme répond à un double objectif : soutenir l’engagement des jeunes des pays dits « du Sud » auprès d’organismes français intervenant sur la thématique « sport et développement » ; nourrir l’objectif d’héritage porté par Paris 2024, particulièrement dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026. Les volontaires réalisent des missions de Service civique et de Volontariat de solidarité internationale en France et participeront en tant que volontaires JO/JOP, à la bonne organisation des Jeux.

L'organisme d'accueil

En séjour de vacances ou en activités de loisir au quotidien, les éducateurs sportifs de l’UCPA accompagnent chaque enfant, adolescent et jeune adulte, dans la découverte et le perfectionnement de sports urbains et de nature. Ses activités sont proposées en France et à l’international, à la mer, à la montagne ou en ville.

Un toit pour les familles sinistrées du fleuve Sénégal

© Thomas Limousin / France Volontaires

En Mauritanie, un projet d’aménagement urbain doit permettre la reconstruction de logements à Kaédi : située le long du fleuve Sénégal, la ville a en effet subi des inondations en 2022, laissant plusieurs milliers de personnes sans logements. Celui-ci, financé par une association française, va permettre de redonner un toit convenable à quarante familles.

Cité historique du Fouta-Toro, le royaume qui dominait la vallée du fleuve Sénégal jusqu’à l’arrivée des colons, Kaédi abrite une diversité de populations et de groupes ethniques. On y parle toutes les langues de Mauritanie et des régions avoisinantes. Une ancienne mosquée, à l’architecture soudano-sahélienne, domine une vieille ville sillonnée de rues étroites. Entourée de waalo, ces terres fertiles cultivables en période de décrues, Kaédi a toujours bénéficié d’une agriculture riche et diversifiée grâce au fleuve. Malheureusement, sa terre argileuse peut parfois être source de désastre. Les dernières inondations en août 2022 ont détruit des centaines d’habitations, laissant des milliers de personnes sans logements.

Les sinistrés ont dans un premier temps pu bénéficier des réseaux de solidarités locaux, puis les Kaédiens du monde entier se sont mobilisées pour apporter leurs soutiens. Le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural (GRDR), association française créée sous l’impulsion de la diaspora, a ainsi pu lancer un projet de reconstruction des maisons effondrées et a obtenue des subventions de la Fondation Abbé-Pierre. Organisation importante dans le développement de la vallée du fleuve Sénégal, le GRDR travaille en collaboration avec les collectivités territoriales pour renforcer les politiques de décentralisation. Depuis longtemps imprégnée du volontariat, l’organisation accueille quatre volontaires à Kaédi sur différents projets dont Léo, volontaire de solidarité internationale (VSI).

Léo en visite sur un chantier de reconstruction d’un logement détruit lors des inondations. © Thomas Limousin / France Volontaires

Recruté il y a deux ans sur le programme Maîtrise et adaptation des villes intermédiaires au Sahel (MAVIL), il a contribué à la rédaction d’un « portrait de territoire », un état des lieux de la commune censé orienter les choix politiques en matière de développement local. Il accompagne la commune de Kaédi dans la structuration d’une politique d’aménagement urbain, jusque-là embryonnaire. Il participe également au projet de reconstruction des logements effondrés.

Une centaine d'habitations détruites par les inondations du fleuve Sénégal

Lorsqu’il marche dans les rues de la ville, on le reconnaît vite : sa peau blanche, son mètre 90 et ses cheveux longs attirent évidemment l’attention. « Léo ! Léo ! », des enfants l’appellent au loin. « J’aime vivre ici, c’est un dépaysement quotidien », explique-t-il sur le chemin d’un chantier. La Mauritanie est son premier pays de mission, urbaniste de formation, il est confronté à des problématiques étudiées lors de ses études. « La thématique de la ville africaine m’intéresse beaucoup, les petites villes vont absorber toute la croissance des populations. Kaédi va doubler dans 20 ans, passant de 60 à 120 000 habitants. »

Sur la centaine d’habitations détruites, quarante logements jugés prioritaires ont bénéficié du soutien du GRDR. La priorité des logements vulnérables a été définie en concertation avec les comités de quartiers. L’association finance la reconstruction et propose aux bénéficiaires de rebâtir en banco ou en ciment. Le banco est un matériau de construction traditionnel en Afrique subsaharienne, fait de terre argileuse et de paille hachée. Il a l’avantage d’être un excellent isolant thermique. Les pièces de la maison restent fraîches malgré le fait que les températures à Kaédi excèdent les 40 degrés une grande partie de l’année. Un maçon superviseur est payé par le GRDR pour suivre l’état d’avancement des travaux.

 

La population de Kaédi va doubler dans 20 ans, passant de 60 à 120 000 habitants. © Thomas Limousin / France Volontaires

Dans une petite concession du centre-ville, la réhabilitation est bientôt terminée. Un logement avec trois pièces pouvant accueillir une famille. Léo a appris quelques mots en Haalpulaar. Il demande au propriétaire si les briques en banco sont bien originaires de Kaédi. Celui-ci lui répond que oui, il existe des ateliers le long du fleuve. Les fondations restent néanmoins en ciment, plus résistante face aux crues. « Ici, c’est une zone inondable dans Kaédi, lors de la saison des pluies, ça ruisselle, ça peut être très dangereux pour les populations ». Au bout de trois ans, le GRDR arrive aux termes de la première phase du projet. « D’ici la fin mars, tous les travaux de réaménagements seront terminés, on aimerait par la suite étendre les actions à plus de ménages » explique Léo.

Également passionné de photographie, il a monté un projet d’exposition itinérante pour présenter les résultats du programme MAVIL. Déjà exposé à Saint-Louis au Sénégal, l’exposition est présentée à Kaédi en plein centre-ville. La population, curieuse, s’amasse autour des panneaux, c’est une satisfaction pour Léo: « L’avantage ici, c’est que je touche à tout, même si je fais principalement du travail de recherche, je participe aussi à la recherche de financement et je suis impliqué dans d’autres projets. C’est une expérience très riche. »

Bio express

Léo Brenet est diplômé de l'Ecole de l'aménagement durable des territoires (ENTPE) et de l'institut d'urbanisme de Lyon. Il est volontaire de solidarité internationale (VSI), en mission en Mauritanie depuis septembre 2021. Il a été recruté sur le programme Maîtrise et adaptation des villes intermédiaires au Sahel (MAVIL), et a contribué à la rédaction d’un « portrait de territoire ».
Léo Brenet
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le GRDR Migration-Citoyenneté-Développement est une association internationale de droit français composée de professionnels (agronomes, économistes, sociologues, géographes, urbanistes, travailleurs sociaux…) qui mettent leur savoir-faire au service des populations des territoires sur lesquels il agit. Créé en 1969 sous l’impulsion de ressortissants d’Afrique de l’ouest vivant en France, le Grdr est l’une des rares associations menant des actions de développement à la fois dans les pays de départ, de passage et d’accueil (Afrique de l’Ouest, Maghreb et France).

J’accompagne les jeunes vers l’excellence sportive et scolaire

© Milédou

Juliette Briand, a été envoyée par la Guilde auprès de l’association Milédou (Leading Youth Sport and Developement) au Togo. Elle coordonne trois programmes autour du sport en général et du basket en particulier.

Pendant ma dernière année d'études, j'ai découvert la SEED Academy, une académie au Sénégal qui rassemble des basketteurs prometteurs de toute l'Afrique

pour les former à briller sur et en-dehors de terrains, et je me disais : « Wahou, travailler là-bas, ce serait le rêve ». Finalement, j’ai trouvé une mission en volontariat de solidarité internationale (VSI) chez Milédou, au Togo, qui s’inspire du fonctionnement de la SEED Academy. Cela m’a confirmé que je ne m’étais pas trompée dans ma projection.

Je suis donc responsable des programmes, et je coordonne notamment trois d’entre eux. Une ligue de basket se déroulant d’octobre à mars, cette ligue permet aux jeunes de se rencontrer et de voyager à travers tout le Togo. Elle est financée par les fonds d’appui à la société civile togolaise, soutenus par l’ambassade de France au Togo. Il y a également un centre de formation Élite, situé en milieu rural dans la région maritime. Ce centre accompagne cinquante jeunes vers l’excellence sportive et scolaire. Ce programme, inspiré par la Seed Academy, est financé par l’AFD et la FIFA, et soutenu par Play International et l’institut Diambars. Enfin, le programme Milés, destiné aux 18-25 ans, il assure le suivi des jeunes joueurs des différents programmes tout en favorisant leur progression académique et professionnelle. Milédou développe leurs compétences en les connectant à des réseaux professionnels, des formations et des conférences, les préparant ainsi à leur insertion professionnelle. Bref, je ne m’ennuie pas !

Je vis des moments inoubliables pendant cette mission. Je pense en particulier à la journée dédiée aux droits des femmes que nous avons organisée à Kouvé, un village situé à 1h30 de Lomé (la capitale du Togo), où nous sommes très actifs. Nous avions prévu des matchs et des activités communautaires pour marquer l’événement. À notre arrivée, les jeunes de Kouvé avaient préparé une danse et acheté des pagnes : ils m’en ont offert un en signe de gratitude. J’étais profondément touchée.

On se prépare à pas mal de choses en arrivant ici, mais c’est impossible de tout anticiper parce que le changement de vie est conséquent : culture, climat, habitudes, gestion des moustiques, coupures de courant, chaleur, etc. La différence culturelle a été un défi, mais aussi une grande source d’apprentissage. Ce n’est pas tant une difficulté qu’une opportunité enrichissante. J’espère pouvoir conserver certaines choses apprises ici dans ma vie future. Pour la suite, j’aimerais continuer de travailler dans le monde du sport avec une dimension sociale ou politique. En France ou à l’étranger, mon cœur balance, il me reste encore quelques mois, la suite me le dira.

Bio express

Juliette Briand, 25 ans, a obtenu un master en Strategic Business Developement à l’IEA de Toulouse avant de se spécialiser en intégrant un second master en Relations et affaires internationales à l’IEP d’Aix en Provence. Elle a par ailleurs créé un podcast sur le thème de l’orientation scolaire pour aider les jeunes et leur donner la voix. Envoyée par la Guilde auprès de l'association Leading Youth Sport and Developement Togo sur le programme Milédou, elle passe un an en mission au Togo, de décembre 2023 à décembre 2024.
Juliette Briand
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Milédou (LYSD) est née de la rencontre à Johannesburg (Afrique du Sud) en février 2012, entre l’actuel président de l’association et les dirigeants de la NBA Afrique. Depuis mars 2013 et le lancement des activités, Milédou des programmes et organise des événements avec pour but d'utiliser le sport comme porte d'entrée auprès des enfants et des adolescents. Objectif : créer des synergies avec les autorités locales, construire ou rénover les infrastructures sportives, et former les éducateurs pour mettre en place des environnements épanouissants pouvant contribuer au développement personnel de chaque jeune.

La Mer autrement surfe sur la vague de l’inclusivité

La plage de la Vignette, à Hyères (83), accueille le site La mer autrement pour favoriser les activités nautiques des personnes en situation de handicap. © France Volontaires

Sur la plage de la Vignette, à Hyères, on peut pratiquer la voile, le paddle ou le kayak même quand on est en situation de handicap : c’est la Mer autrement, un dispositif unique en Europe qui permet aux patients des centres de soins de la région de découvrir les activités nautiques. Brylle Arombo, jeune volontaire philippin, participe à l’encadrement des activités sportives dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024.

Une eau turquoise, du sable fin, le soleil au zénith… On pourrait se croire aux Philippines, si ce n’était le chant des cigales qui nous rappelle que nous sommes bien au bord de la Méditerranée, et plus précisément sur la presqu’île de Giens. C’est ici que Brylle, un jeune philippin de 27 ans, réalise son volontariat de service civique international. Amputé d’une jambe à l’âge de 19 ans, il dégage pourtant une incroyable énergie : « Le sport a changé ma vie. Mon combat aujourd’hui est de le promouvoir et de montrer comment il peut changer le quotidien en ouvrant des portes ». C’est sans doute cette détermination qui l’a amené à plus de 10.000 kilomètres de chez lui. Il fait en effet partie des 80 volontaires du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires (voir ci-dessous).

Le sport, une plus-value thérapeutique pour les personnes en situation de handicap

Dans le Var, Brylle est accueilli par l’Ufolep, une fédération sportive qui a développé avec l’hôpital Renée-Sabran ce projet unique en Europe : La Mer autrement, un site de pratique des activités nautiques totalement accessible aux personnes en situation de handicap. « Cela fait deux ans que nous mettons en œuvre cette initiative » explique Denis Fabre, président de l’Ufolep du Var. « Nous animons la plage de la Vignette en travaillant sur l’accessibilité des usagers de l’hôpital et des structures extérieures pour promouvoir l’inclusion. Cela répond également au slogan de notre fédération, le sport autrement ». Parmi les activités proposées, il est ainsi possible de faire du paddle, du kayak ou du catamaran adapté. On peut aussi profiter d’une « simple » mise à l’eau, pour ceux qui souhaitent tranquillement profiter d’un agréable bain de mer.

Pour Jeanne Da Silva-Hibert, tutrice de Brylle et agent de développement à l’Ufolep, « les activités en lien avec la mer apportent une plus-value dans le cadre d’une dimension thérapeutique : nous accompagnons les patients d’un point de vue psychologique et physique dans leur parcours de soin, en lien avec les prescriptions médicales évidemment. »

Brylle Arombo, 27 ans, est photographe sous-marin. Il a surmonté sa situation de handicap (amputation d’une jambe suite à un accident) grâce à une ONG qui l’a accompagné dans sa pratique sportive. © France Volontaires

La mer autrement, un dispositif en faveur du sport et du handicap

Ici, les patients sont donc entre de bonnes mains. Mais les aidants aussi. Car si le site est ouvert aux personnes en situation de handicap, celles qui les accompagnent peuvent également profiter des services de ce lieu pas comme les autres. « C’est essentiel d’ouvrir les activités aux aidants car ils sont confrontés chaque jour à la réalité du handicap. Cela leur permet de lâcher prise en mettant leur proche entre les mains d’un personnel encadré. C’est un souffle dans leur engagement d’aidant » complète Denis Fabre. Au-delà des activités nautiques, la Mer autrement se veut donc aussi un espace de convivialité, où l’on peut simplement partager un moment en famille ou entre amis autour d’activités ludiques.

De quoi répondre parfaitement aux aspirations de Brylle, qui trouve dans cette initiative une source d’inspiration pour l’avenir. « C’est impressionnant ce qui a été fait ici, et j’espère pouvoir monter ce genre de programmes à mon retour aux Philippines. Peut-être que je pourrai moi aussi aider des personnes en situation de handicap ».

Le programme Volontaires - Terre de Jeux Paris 2024

En partenariat avec le Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024 et avec le soutien du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, France Volontaires a lancé le programme Volontaires Terre de Jeux Paris 2024 : 80 volontaires internationaux vont être mobilisés partout en France en parallèle de cet événement sportif d’envergure. Ce programme répond à un double objectif : soutenir l’engagement des jeunes des pays dits « du Sud » auprès d’organismes français intervenant sur la thématique « sport et développement » ; nourrir l’objectif d’héritage porté par Paris 2024, particulièrement dans la perspective des Jeux Olympiques de la Jeunesse de Dakar 2026. Les volontaires réalisent des missions de Service civique et de Volontariat de solidarité internationale en France et participeront en tant que volontaires JO/JOP, à la bonne organisation des Jeux.

Bio express

Brylle Arombo, 27 ans, est photographe sous-marin. Il a surmonté sa situation de handicap (amputation d’une jambe suite à un accident) grâce à une ONG qui l’a accompagné dans une pratique sportive éclectique : basket-ball, plongée, canoë-kayak. Seul photographe sous-marin unijambiste, il prévoit de terminer sa formation d'instructeur de plongée dès son retour aux Philippines, et rêve d'ouvrir une école de plongée gratuite pour les enfants et les personnes handicapées. Il est volontaire en service civique auprès de l’Ufolep.
Brylle Amboro
Volontaire en service civique international

L'organisme d'accueil

L'Union française des œuvres laïques d'éducation physique (Ufolep) a été créée en 1928 au sein de la Ligue de l'enseignement, mouvement d'éducation populaire. Fédération agréée par le ministère des Sports et membre du Comité national olympique et sportif français (CNOSF), ses objectifs s’articulent autour de la volonté d'intervenir autour des sujets de société tels que la citoyenneté en actes, la défense du principe de laïcité, la lutte contre les discriminations et le racisme, la promotion de l’égalité femmes-hommes ou la lutte contre l’homophobie…

Du Bénin jusqu’à Paris pour les Jeux Olympiques de Paris 2024

Blandine Oroucoura Ganni, en service civique pour six mois dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024. © France Volontaires

Arrivée en avril du Bénin, la jeune femme, étudiante en sociologie du sport, passe six mois en France dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 de France Volontaires. Elle accompagne des collégiens des Hauts-de-Seine lors de leurs séances de natation pour évoquer avec eux les valeurs de l’olympisme.

« Quand tu seras devenue une star, tu ne m’oublieras pas ? ». Ghaly rigole en regardant Blandine prendre la pose pour la photo. La jeune béninoise sourit en retour en direction du maître-nageur. Arrivée mi-avril en région parisienne, elle fait partie des premiers volontaires du programme Terre de Jeux Paris 2024 porté par France Volontaires avec le soutien de l’Ambassade de France et de l’ANPE Bénin. Elle y restera pendant les six mois de son service civique international. Sa mission ? Sensibiliser des collégiens des Hauts-de-Seine dans le cadre du projet « Natation, Olympisme et Handicap » (NOHa) mis en place par le conseil départemental.

Un échange autour du sport et handicap

En ce jeudi du mois de juin, la session a lieu dans la piscine de Suresnes : un bassin flambant neuf (il a été inauguré en février dernier) situé sur les hauteurs de la ville, juste en face du célèbre mémorial du Mont-Valérien. Elliot et Nicolas, professeurs de sport au collègue André-Mauroy de Neuilly-sur-Seine, débarquent avec une vingtaine de jeunes pour valider leur attestation de savoir nager de fin de sixième. Blandine est là pour accompagner les élèves dispensés de sport. Aujourd’hui, seule Alice est dans cette situation. La jeune fille ne mouillera pas ses longues tresses noires dans l’eau du bassin : elle a oublié ses affaires. Qu’à cela ne tienne, voilà l’occasion pour elle de passer un moment avec Blandine pour parler sport et handicap.

Au bord du bassin, alors que les enfants enchaînent leurs exercices nautiques, notre volontaire sort son ordinateur et une petite roue qu’elle demande à Alice de faire tourner. « Valeurs », « Athlètes », « culture générale du sport »… La collégienne voit finalement la petite flèche s’arrêter sur « Natation ». C’est le moment d’échanger sur le parcours d’Alex Portal et Laurent Chardard, deux nageurs français qui participeront en septembre aux Jeux Paralympiques. Ce dernier a un destin particulier : ancien surfeur, le Réunionnais a dû se réinventer après une attaque de requin qui a nécessité l’amputation de son bras et de sa jambe droite. Il est aujourd’hui triple médaillé olympique.

Un ordinateur et une petite roue à faire tourner pour parler sport et handicap avec Alice, dispensée de séance de natation. © France Volontaires

Paradoxalement, ce n’est pourtant pas la natation qui est la spécialité de Blandine. « Dans mon village au Bénin, il n’y avait pas de piscine et je ne sais même pas nager », explique-t-elle. Cela ne l’empêche pas d’être une grande fan de sport, elle qui pratique la gymnastique depuis toute petite.

Un mémoire sur la place des femmes dans le sport

À l’heure des choix professionnels, elle a fini par transformer sa passion en sujet d’étude et suit désormais un cursus universitaire à l’Institut national de l’éducation physique et du sport du Bénin. En se spécialisant sur la question de la place des femmes dans les pratiques : « Tout est parti du constat de l’absence de filles dans certaines disciplines comme le football, la boxe, voire les sports de raquette. Par exemple il n’y avait que six filles qui faisaient du foot sur une centaine d’étudiants dans mon université ». Un enjeu difficile à cerner d’un point de vue sociologique et qu’illustre parfaitement la petite Alice, à la fin de la séance de sensibilisation à l’olympisme : « C’était super intéressant, même pour moi qui n’aime pas du tout le sport », rigole la collégienne.

Pendant les JO, Blandine raccrochera l’ordinateur et la petite roue pour revêtir la tenue officielle de Paris 2024. Elle sera en effet bénévole sur l’événement estival. À défaut de devenir une star dans sa discipline sportive, elle est d’ores et déjà devenue une star de la solidarité internationale.

Le bassin éphémère de Suresnes, inauguré en février dernier par le conseil départemental des Hauts-de-Seine, où Blandine accompagne les collégiennes et collégiens dans des séances de sensibilisation aux valeurs de l’olympisme. © France Volontaires

Bio express

Blandine Oroucoura Ganni est étudiante à l'Institut national de l'éducation physique et du sport du Bénin. Elle y suit un cursus en sociologie du sport autour de la question de la place des femmes dans les pratiques sportives. D'avril à octobre 2024, elle participe au programme Terre de Jeux Paris 2024 en tant que service civique international en réciprocité, dans le département des Hauts-de-Seine.
Blandine Oroucoura Ganni
Volontaire en service civique international

L'organisme d'accueil

Le Département des Hauts-de-Seine participe au programme Terre de Jeux Paris 2024, coordonné par France Volontaires, en accueillant des volontaires internationaux, en particulier dans le cadre du projet NOHa: un parcours éducatif et sportif qui permet aux collégiens du département de développer la pratique de la natation, d’être sensibilisés aux valeurs de l’olympisme et à la compréhension du handicap. Pour l’occasion, trois bassins de natation éphémères ont été installés à Châtenay-Malabry, Clichy et Suresnes. Au total, ce sont plus de 8000 jeunes qui profiteront de ces nouveaux bassins temporaires.

5 questions au président de l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique

Le regroupement des volontaires de l’Ufolep au début du mois de juin à Paris. © France Volontaires

Dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires, l’Union française des œuvres laïques d’éducation physique (Ufolep) accueille plus de quarante volontaires en service civique autour de la période des Jeux Olympiques et Paralympiques. Ceux-ci sont affectés sur des thématiques sportives mais aussi sociétales chères à cette fédération pas comme les autres. Le 5 juin dernier, un événement a permis de réunir une partie de ces volontaires à Paris. L’occasion d’interroger Arnaud Jean, président de l’Ufolep, sur cette opération.

 

Vous revendiquez une spécificité de l’Ufolep par rapport aux autres fédérations sportives, pouvez-vous nous expliquer en quoi ?

Arnaud Jean / © Ufolep
Nous sommes une vieille fédération, puisque nous aurons bientôt cent ans, mais très moderne malgré tout : nous prenons notre part dans les défis sociétaux actuels. Les créateurs de l’Ufolep avaient eu envie de se servir du sport comme d’un levier d’éducation, aujourd’hui on parle aussi d’émancipation. Il y a donc chez nous une véritable prise en compte de ces questions : le genre et l’égalité femmes-hommes, l’inclusion, le sport-santé, l’accessibilité à la pratique sportive.

En quoi cet aspect sociétal est-il important, par rapport aux autres fédérations sportives ?

C’est ce qui nous distingue des fédérations dites « délégataires », comme la fédération française d’athlétisme ou de judo, par exemple. Schématiquement : elles délivrent des titres de champion dans leur discipline et représentent la France dans les compétitions sportives internationales. De notre côté, nous sommes plus libres dans la façon de nous organiser. À l’Ufolep le sport n’est qu’un prétexte. On a beaucoup de stages de formation, de championnats, etc. mais c’est surtout une occasion de travailler sur toutes les thématiques qui gravitent autour du sport.

 

© France Volontaires

Quel rôle peut jouer le volontariat international dans votre mode de fonctionnement ?

Pour nous, le recours au volontariat est une nouveauté. L’engagement, c’est quelque chose que nous maîtrisons, mais l’accueil de 41 jeunes étrangers, l’organisation de leur séjour et de leur formation, c’est un vrai challenge qu’il nous faut relever. Mais cela nous va bien ! Ce travail, « c’est nous » :  c’est la prolongation à l’international de ce qu’ont fait de manière naturelle depuis très longtemps. Et c’est conforme aux valeurs de fraternité que nous promouvons depuis toujours. On ne peut que se réjouir de ce tout nouveau partenariat avec France Volontaires.

Quelle a été la réaction des structures d’accueil de volontaires sur le terrain ?

Comme tout cela est nouveau pour nous, la première étape a été de convaincre nos structures au niveau local, tant les clubs que nos comités départementaux. Un gros travail a été fait à cet échelon pour garantir la qualité des missions des volontaires sur le terrain, et s’assurer que l’expérience soit épanouissante pour les jeunes. Ils sont là pour donner et nous sommes là pour apprendre d’eux. Après trois semaines on voit déjà l’apport hyper précieux qui est le leur dans nos structures.

Si vous deviez résumer ce programme Terre de Jeux Paris 2024 en un mot, quel serait-il ?

Le mot qui revient le plus régulièrement c’est « riche ». Riche d’échanges, de collaborations, d’envie, de contact humain, de conversations, de perspectives, d’interconnaissances… C’est ce qu’on entend à chaque fois et, sans exagérer, c’est souvent avec les yeux qui brillent des deux côtés. Pour nous c’est aussi une occasion unique de rencontrer des jeunes du monde : on a peu l’occasion de le faire puisqu’on ne participe pas aux compétitions internationales, donc c’est ce qui fait toute la richesse de cette opération.

L'Ufolep en bref

L'Union française des oeuvres laïques d'éducation physique a été créée en 1928 au sein de la Ligue de l'enseignement, mouvement d'éducation populaire. C'est une fédération agréée par le ministère des Sports, membre du Comité national olympique et sportif français (CNOSF). L'UFOLEP présente une double ambition de fédération multisports et de mouvement d'idées dans la société d'aujourd'hui et de demain.

« Le sport n’est jamais l’apanage d’un genre en particulier »

© Kenny Eliason / Unsplash

Harshitha Sankaran, jeune indienne de 24 ans, contribue dans le cadre de son service civique à la promotion des valeurs olympiques et paralympiques auprès du jeune public au sein de Bourgogne FrancheComté international (BFCI), à Nevers (53). Sa mission s’inscrit dans le cadre du programme Terre de Jeux Paris 2024 coordonné par France Volontaires.

 Le sport a une grande place dans ma vie. J’ai commencé à l’âge de six ans, c’était obligatoire durant toute ma scolarité.

J’aime particulièrement la natation et avant de venir en France je pratiquais le badminton.  A la fin de ma licence en développement social, j’ai travaillé autour d’un projet qui consistait à sensibiliser les enfants au travers du sport, qui véhicule selon moi des valeurs fortes. 

Je pense en particulier à la question de l’égalité : tout le monde doit pouvoir le pratiquer, que l’on soit une fille ou un garçon, même si certains continuent de véhiculer l’idée que certains sports doivent être réservés aux uns ou aux autres. Avec les enfants, c’était l’un des objectifs de mon projet. Comprendre pourquoi les filles avaient des réticences à venir pratiquer une activité, en allant les interroger pour connaître les raisons de ce refus. Savoir s’il était lié à des préjugés qu’elles avaient sur la pratique ou si c’était plutôt lié à l’attitude des garçons. L’idée étant à chaque fois de défendre le principe que le sport n’est jamais l’apanage d’un genre en particulier. 

Ma mission à Nevers consiste à promouvoir les valeurs des jeux olympiques et paralympiques auprès des enfants, des adultes et des personnes âgées. Je suis aussi mobilisée pendant la préparation et le déroulement des événements autour des Jeux. 

Il y a deux mois que je suis arrivée en France, la mission se déroule bien, elle n’est pas si différente de l’image que je m’en faisais avant de venir. Ce qui m’a agréablement surprise, c’est de constater qu’on m’avait donné un véritable rôle : en tant que volontaire, je ne suis pas cantonnée à une simple exécutante. Mes tuteurs m’ont beaucoup impliquée dans la réflexion stratégique autour des actions mises en œuvre. D’autant qu’à mon arrivée, ma principale difficulté a été de comprendre le français : malgré cela, j’ai toujours été associé aux réunions, ce qui m’a permis de progresser rapidement dans la maîtrise de la langue. Au final c’est quelque chose de très satisfaisant. 

Cette mission est enfin l’occasion de voir comment les institutions des autres pays travaillent. Ce volontariat m’ouvre de nouvelles perspectives, j’espère pouvoir réutiliser les choses que j’apprends ici quand je retournerai en Inde. 

Bio express

Harshitha, 24 ans, s’est spécialisée dans la protection des droits de l’enfant formalisé par l’obtention d’un bachelor en développement social. Elle a été cheffe de projet pour l’ONG Sharana Social and develpment Organisation. Elle contribue dans le cadre de sa mission de service civique à la promotion des valeurs olympiques et paralympiques auprès du jeune public ainsi qu’à l’éducation par le sport, au sein de Bourgogne Franche Comté International (BFCI). Une mission en adéquation avec son projet de retour en Inde : protéger les droits des enfants, rendre le sport accessible aux filles autant qu’aux garçons, leur offrir de nouvelles opportunités d’éducation de qualité et favoriser leur autonomisation
Harshitha Sankaran
Volontaire en service civique

L'organisme d'accueil

Bourgogne-Franche-Comté International (BFC International) est un réseau régional multi-acteurs dédié à la coopération et à la solidarité internationale en Bourgogne-Franche-Comté. Son objectif est de favoriser la qualité et l’impact des actions de coopération et de solidarité internationale menées sur le territoire régional et à l’international, tout en favorisant les mutualisations et les synergies entre les acteurs.