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Dans les Yvelines, un château renaît de ses ruines grâce au volontariat

Nelly Jazmin (à droite), jeune volontaire mexicaine, sur le chantier de restauration du château de Rochefort-en-Yvelines © France Volontaires

Il y a quelques mois, ce n’était encore qu’un tas de pierres recouvert de végétation. Grâce à l’action d’une troupe de volontaires internationaux, le château de Gui le Rouge, à Rochefort-en-Yvelines, retrouve petit à petit de sa splendeur. Nelly Jazmin, originaire du Mexique, est venue donner un coup de main sur ce chantier pendant quinze jours en ce début de mois de juillet.

Des ruines des pyramides aztèques jusqu’à celles du château médiéval de Gui le Rouge… c’est le parcours que Nelly Jazmin, jeune étudiante mexicaine, a réalisé pour venir participer au chantier organisé par Études et chantiers Île-de-France. Depuis 2021, l’association, membre de Cotravaux est en effet mandatée par le Parc naturel régional (PNR) de la Vallée de Chevreuse et la mairie de Rochefort-en-Yvelines pour réhabiliter ce site patrimonial qui abrite les ruines d’un édifice bâti au XIè siècle par un seigneur local.

Un chantier de volontariat, cinq nationalités

Du château, il ne reste aujourd’hui rien ou presque. Quelques murs brinquebalants et des amoncellements de pierres qui, jusqu’à il y a quatre ans, étaient encore envahis sous un épais écrin de verdure. L’objectif du chantier de volontariat international est de dégager la végétation afin de faciliter, à terme, les études archéologiques sur le site.

En ce mardi orageux du mois de juillet, sous un ciel menaçant, ils sont une petite dizaine de jeunes, filles et garçons, à s’activer sur le chantier : « Il y a deux Français mais aussi deux Tchèques, trois Espagnols, une Vietnamienne et une Mexicaine », détaille Charlotte, animatrice technique sur le site. Par petits groupes de deux ou trois, ils se répartissent sur l’ensemble de la zone avec une tâche différente pour chacun. Pour certains, il s’agit de répartir des copeaux de bois le long d’un muret afin de stabiliser l’accès d’un chemin circulaire autour du château. Charlotte, elle, encadre deux volontaires qui s’attèlent à la réfection d’un vieil escalier. Nelly, pour sa part, s’est armée d’un sécateur et d’une scie à bois : avec sa binôme espagnole, elles ont pour but d’élaguer un sous-bois afin de restaurer le passage vers les ruines principales de l’édifice.

« C’est un travail vraiment satisfaisant parce qu’on est partis de zéro il y a dix jours et que le résultat est déjà bien visible »

Nelly Jazmin, volontaire mexicaine

Au son du reggaeton que crache la petite enceinte portative, elles coupent, taillent et cisaillent à qui mieux-mieux. Même si elle a un peu rechigné à se remettre au travail après la pause (il fait particulièrement lourd aujourd’hui), elle virevolte désormais de buisson en bosquet pour éclaircir la voie: « C’est un travail vraiment satisfaisant parce qu’on est partis de zéro il y a dix jours, et que le résultat est déjà bien visible », explique (en espagnol) la jeune femme qui a obtenu une bourse pour venir de son État d’Aguascalientes, dans le centre du Mexique, jusqu’à ce petit coin des Yvelines.

Ce chantier de volontariat propose une expérience humaine unique, mêlant engagement, entraide et découverte interculturelle.

Au total, la petite bande de bénévoles reste deux semaines sur place. Ils sont hébergés dans la salle des fêtes du village, transformée pendant quinze jours en grand dortoir international. « La mairie met tous les moyens à notre disposition pour nous accueillir dans de bonnes conditions. C’est un projet qui leur est cher, en particulier Christian Bou, un élu local qui fait partie de la Société historique de Rochefort », explique Charlotte.

Volontariat patrimonial et découvertes culturelles à Paris

En plus de leurs activités de restauration, qui occupe la majeure partie de leur temps quotidien, la dizaine de volontaires va aussi bénéficier d’une journée de visites touristiques à Paris, « et voir la Tour Eiffel », s’enthousiasme Nelly. Sans oublier les soirées en commun, faites d’activités ludiques ou sportives : ce soir-là, ce sera le visionnage de la demi-finale de l’Euro de football, qui fait vibrer les cœurs des cinq jeunes Français et Espagnols du groupe. Mais pas trop tard quand même : il reste encore de la végétation à élaguer !

L’équipe de volontaires, encadrée par Charlotte, animatrice technique de l’association Études et chantiers. © France Volontaires 

La structure d'accueil

Études et chantiers a pour objet de promouvoir la participation volontaire et citoyenne de tous, via des projets d’intérêt général. L'association propose des chantiers en France et à l’étranger à partir de 14 ans. Elle adhère à Cotravaux, membre de France Volontaires.

Dans les champs de Kaédi pour produire local

© Thomas Limousin / France Volontaires

Lancé en 2019, le Projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi (PASPK) vise à répondre aux besoins des populations en fruits et légumes sur les marchés locaux.  Romuald est volontaire pour la Grande muraille verte (V-GMV) en Mauritanie. Recruté pour un appui technique au maraîchage, le jeune Tchadien supervise les équipes sur le terrain, de la préparation des sols à la récolte.

Le Soleil se lève sur Kaédi. Dans les rues encore fraîches, un pick-up fait le tour des habitations. Des hommes et des femmes s’entassent à l’arrière. Ce sont tous des ouvriers de la ferme Semega. Romuald monte à bord. « Il faut être à l’heure sinon ils partent sans toi ! » dit-il en riant. Depuis cinq mois, c’est tous les jours le même rituel. Recruté dans le cadre du programme Volontaires pour la Grande muraille verte, financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, il est en mission pour le projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi.

Romuald Nadjitebaye, volontaire de solidarité internationale à Kaédi en Mauritanie. © Thomas Limousin / France Volontaires

Une fois arrivé, les ouvriers partent dans les champs: 42 hectares dédiés à la production maraîchère et aux vergers. Trente personnes travaillent à temps plein. “Ici, on essaye de répondre aux besoins des populations”, affirme Romuald avec conviction. Dans la région, le potentiel agricole demeure largement sous-exploité. Les petits producteurs locaux tirent des revenus modestes de leurs activités, contribuant à une insécurité alimentaire persistante.

60 tonnes de patates ramassées sur un an avec l'aide de volontaires agricoles

« Pourtant, en termes d’agriculture, on est assis sur une mine d’or » explique Djiby Ba, le responsable du projet. Cet ancien fonctionnaire agronome était là à son commencement, en 2019. « Le début de la ferme était difficile, le sol était sableux et aride. Il a fallu de nombreux investissements pour la rendre cultivable ». Dix forages et plusieurs kilomètres de tuyaux servent désormais à abreuver les cultures. Une boutique a été ouverte dans le centre-ville. « Les gens achètent nos produits parce que c’est une production locale » insiste Djiby Ba, « on essaye de minimiser le prix pour fidéliser la clientèle ».

Le Ramadan approche, il faut anticiper les besoins. Deux rangées de pommes de terre sont récoltées ce matin. Romuald note tout. Tchadien d’origine, agronome de formation, il supervise et encadre les ouvriers. Il assure le suivi de toutes le parcelles, de la graine à la récolte. L’année dernière, 60 tonnes de patates ont été ramassées. « Je suis content d’être ici, j’ai tout le temps des choses à faire ! Je dois remplir des objectifs de production, j’aime avoir des défis à relever ! ».

Former les jeunes à l'agriculture maraîchaire

Dans une région où les moins de 25 ans représentent plus de 65% de la population et où l’accès à l’emploi reste la principale difficulté, la ferme Semega a entrepris un travail de formation des populations. « Des jeunes non qualifiés peuvent venir dans notre ferme, ils seront formés. Les plus motivés seront même responsabilisés avec le temps » assure Romuald. Le projet est devenu un lieu privilégié pour les stagiaires des écoles d’agronomie environnante.

Dans la ferme Semega, 42 hectares de terres sont dédiés à la production maraîchère et aux vergers. © Thomas Limousin / France Volontaires

Même si « le projet n’est pas encore rentable » et qu’il est « impossible de se passer de l’emploi de pesticide ou d’engrais pour le moment », la ferme Semega tente de créer un modèle en Mauritanie. “Ce que je fais ici, ça me donne envie de faire la même chose chez moi“, partage Romuald avec enthousiasme. La journée s’achève sous le brûlant soleil sahélien. Le pick-up retourne en ville déposer les ouvriers.

Bio express

Après des études d’ingénieur agronome en Russie et en France, Romuald Nadjitebaye s’est engagé dans une mission de Volontariat de solidarité internationale (VSI) à Kaédi, en Mauritanie. Déployé dans le cadre du programme Volontaires pour la Grande muraille verte, le jeune Tchadien supervise le volet maraîchage du projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi, qui vise à apporter une réponse aux besoins en fruits et légumes des populations locales.
Romuald Nadjitebaye
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le Projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi (PASPK) est un projet de ferme agricole mis en place en 2019 et qui a pour but de répondre aux besoins alimentaires des populations locales. Composé de plusieurs volets en agriculture et en élevage, il est également un lieu de formation important pour les étudiants en agronomie dans le sud de la Mauritanie.
PASPK

À Nouakchott, des solutions basées sur la nature face au changement climatique

Vue aérienne de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. © Lamine Sall 96 / Creative Commons – Wikimédia

Située sous le niveau de la mer, la capitale de la Mauritanie est particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Construire une stratégie pour anticiper les risques est un enjeu primordial : le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) aide la Région de Nouakchott à intégrer des solutions basées sur la nature dans ses actions. Avec l’aide de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI).

Intrusions marines, inondations, ensablement et îlots de chaleur urbains : selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet Acterra, Nouakchott est confrontée à ces quatre dangers majeurs. Parmi eux, l’intrusion marine semble être la menace la plus imminente. Près d’un tiers du périmètre urbain se trouve ainsi en zone inondable sous le niveau de la mer. Le littoral, longé par un cordon dunaire, laisse apparaître des brèches liées à l’érosion, mais surtout à l’activité humaine et les constructions anarchiques. Ainsi, l’océan atlantique menace d’inonder la ville. Particulièrement exposée, Nouakchott, subit également une croissance démographique importante, les populations rurales venant grossir de 5% par an une agglomération d’1,2 million d’habitants.

Faire face au changement climatique

Consciente de sa vulnérabilité et des impacts socio-économiques du changement climatique, la région de Nouakchott tente d’anticiper les risques. Un atelier, financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et mis en œuvre par le Fonds mondial de développement des villes (FMDV) a été organisé, en présence de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI). L’atelier réunit les cadres de la Région, les ministères concernés, l’université de Nouakchott et des acteurs associatifs. « Notre objectif est d’introduire les notions, les concepts et les enjeux des solutions basées sur la nature, afin de créer une dynamique d’intégration de ces solutions dans les projets menés par l’ensemble des parties prenantes du développement à Nouakchott. » explique-t-il. Diplômé en économie du développement, le jeune volontaire envoyé par La Guilde travaille directement auprès des équipes au siège de la Région. « Notre rôle est de faire un plan d’actions destinées aux autorités régionales, afin que celles-ci puissent définir des politiques publiques et mettre en place des options incluant des solutions basées sur la nature ».

Comment donc faire face au changement climatique et ses conséquences ? Définie par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, la notion de solutions basées sur la nature lie la protection et restauration des écosystèmes à l’adaptabilité et la résilience des populations. Ainsi, à Nouakchott, de nombreuses initiatives sont possibles. En reconstituant le cordon dunaire et en le protégeant, on lutte contre l’ensablement et on diminue les risques d’inondations. Pour baisser les températures localement et combattre les îlots de chaleur, la végétalisation des toits, la création de chemins piétons et la mise en place de parcs urbains végétalisés ou de potagers partagés sont envisageables. « Cette formation est très intéressante, on connait les problèmes liés au réchauffement climatique, on doit maintenant trouver des solutions innovantes pour y répondre, utiliser ce que nous offre la nature semble une évidence » explique Ahmed Nema, président d’une association d’étudiants.

Marché au poisson au bord de l’océan Atlantique à Nouakchott. © Uzabiaga / Creative Commons -Wikimédia

« La formation a permis de prioriser, collectivement, les vulnérabilités climatiques auxquelles font face les Nouakchottois et de lister les initiatives existantes pour avoir un aperçu des projets déjà entrepris. L’intérêt pour nous est de pouvoir bénéficier de ces expériences, d’en tirer des leçons et de comprendre les points importants à prendre en compte lors de la mise en œuvre de ces solutions. Le but est de répondre efficacement aux besoins de la population et à l’urgence climatique » résume Thomas. Le FMDV accompagne les collectivités locales dans la structuration de ces projets prioritaires, ainsi que dans la recherche de financement, en mettant la Région de Nouakchott en relation avec des bailleurs intéressés « J’aime cette approche au plus près des acteurs, les équipes de la Région sont pro-actives. Pour une première expérience, cela me donne une vision large du monde du développement ».

Augmentation de 2 à 4°C de la température

Grâce au soutien du FMDV, la région de Nouakchott a récemment mis en place des lignes de bus pilotes dans les quartiers périphériques. Ces lignes dites « sociales » répondent au besoin des populations les plus vulnérables et visent à faciliter l’accès au travail et à l’éducation pour des individus souvent marginalisés, souvent les femmes. En plus de sa fonction première de sécurité, l’installation d’un éclairage public solaire sert à renforcer le lien social en favorisant les interactions dans l’espace urbain. « Quand on parle de résilience et d’adaptation, on parle évidemment de la baisse des risques climatiques mais également de l’amélioration du cadre de vie des populations » conclue Thomas.

En 2100, selon les estimations actuelles, les températures moyennes devraient connaître une augmentation de 2 à 4°C à Nouakchott. L’élévation du niveau moyen de la mer d’un mètre pourrait tripler le taux d’érosion des dunes et entraîner des inondations à grande échelle. Plus de 2 millions de personnes seraient alors menacées.

Bio express

Thomas Beaucoral est envoyé par le FMDV. Agé de 23 ans, il a réalisé une formation en économie du développement au sein de l’Ecole d’économie du centre d’étude et de recherche du développement international. Il finit sa formation après un stage effectué au sein d’un bureau d’étude spécialisé dans l’adaptation au changement climatique à Marseille, et plusieurs missions de terrain en Guadeloupe. Il réalise un mémoire de recherche sur l’aide au développement dédiée à l’adaptation au changement climatique. Par envie d’être confronté aux réalités du terrain, il s’est engagé dans cette mission en Mauritanie.
Thomas Beaucoral
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) est une ONG qui permet aux collectivités locales émergentes et en développement d’accéder aux ressources financières extérieures nécessaires au financement de leurs projets de développement urbain. Il est un instrument d’assistance technique et d’ingénierie financière. Il accompagne les collectivités locales qu’il soutient dans l’ensemble du processus des projets de développement urbain : de la conception, la planification, la recherche de financements, jusqu’à la mise en œuvre et l’évaluation.​

Comment devenir volontaire international d’échange et de solidarité ?

Des volontaires à Madagascar. © DR

Partir en volontariat international d’échange et de solidarité (VIES) s’inscrit dans une démarche d’ouverture au monde marquée par un fort désir d’engagement. Quel que soit son âge, son expérience, sa disponibilité, il existe un dispositif de volontariat qui répond à ce désir d’engagement ! Avant le départ, il convient de (se) poser les bonnes questions et de collecter les bonnes informations. On vous partage quelques pistes pour concrétiser votre projet de volontariat à l’international.

Comment devenir volontaire international ?

Devenir volontaire international, c’est faire le choix de donner de son temps et partager son expertise en partenariat avec les acteurs locaux du pays d’accueil. Partir en volontariat à l’international nécessite un temps de préparation et de réflexion pour bien mûrir son projet d’engagement. Plusieurs étapes s’imposent avant le départ afin d’entreprendre un volontariat utile aussi bien pour les communautés d’accueil que pour soi-même.
En premier lieu, il convient de bien définir son projet en répondant à de simples questions, parmi lesquelles :

  • Combien de temps puis-je consacrer à cette mission ?
  • Quelles sont mes motivations ?
  • Comment voudrais-je participer concrètement à un projet en fonction de mes compétences, ou de mes centres d’intérêt ?
  • Dans quel secteur vais-je m’engager ?

Cette liste n’est pas exhaustive et pour aider les candidats à identifier un projet de volontariat fiable, France Volontaires détaille  « les questions à se poser pour un volontariat responsable » dans un article spécifique.

« Sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même»

Justine, volontaire en Service Civique international en Côte d’Ivoire

Les questions sont nombreuses, mais permettent au volontaire de lever les doutes et définir sereinement les grandes lignes de son parcours à venir. Justine, volontaire en Service Civique International déployée en Côte d’Ivoire, a su rapidement identifier ses objectifs. « Je me suis engagée dans un service civique pour plusieurs raisons. La première, je souhaitais sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même. La seconde était de m’enrichir par de nouvelles expériences tant personnelles que professionnelles. Et la troisième raison était de découvrir un autre pays. »

Quelles sont les démarches pour partir en volontariat ?

La recherche d’une mission de volontariat de qualité nécessite de se renseigner, de se questionner et de bien identifier sa motivation. Afin d’orienter ses recherches et trouver la mission qui correspond le mieux à son profil, France Volontaires a élaboré un test d’orientation sous forme de quizz.  Cet outil permet de préparer au mieux son projet et de trouver la forme d’engagement en adéquation avec son expérience, sa disponibilité et ses motivations.

Une fois le dispositif défini, il ne reste plus qu’à trouver la mission pour partir en volontariat à l’international ! Les missions de VIES proposées par la plateforme France Volontaires sont publiées sur l’espace missions. Elles sont co-construites entre les organismes agréés et les structures d’accueil des volontaires dans les pays partenaires. Le candidat rentre alors dans un processus de sélection, ou dans un vivier de volontaires en proposant son dossier pour répondre aux critères de sélection fixés par l’organisme.

Quel organisme de volontariat international choisir?

France Volontaires est la plateforme française du Volontariat international d’échange et de solidarité (VIES). Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, elle réunit l’État, des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion du VIES.

Choisir son organisme d’envoi nécessite d’être en adéquation avec le projet et de s’assurer de certains points :

  • Partir dans de bonnes conditions, avec une structure qui adopte un strict protocole de sécurité
  • S’investir auprès d’une structure éthique, qui veille au respect des populations locales
  • S’engager dans une démarche partenariale, au sein d’une structure qui co-construit les projets avec les acteurs locaux du pays d’accueil
  • S’assurer de l’impact positif et durable des actions menées par les volontaires
  • Ne pas tomber dans les filets de structures malveillantes dont le modèle économique repose sur les profits tirés de l’engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général
  • Vérifier les conditions financières de la mission (indemnisation éventuelle, participation aux frais de transport pour les missions courtes, etc.)

La liste des associations agréées pour le VSI et le Service civique à l’international est disponible sur le site de France Volontaires. En fonction de votre niveau d’expérience, de nombreuses offres de missions sont disponibles. Pas une minute à perdre, ces missions sont mises à jour régulièrement pour des missions aux quatre coins du monde !

Diverses missions à Madagascar et en Équateur. © DR

Mitahato, le village kenyan qui fait aimer le français à ses habitants

© Mitahato French Village

Au Kenya, on parle le swahili et l’anglais. Pourtant, la francophonie gagne petit à petit du terrain grâce aux efforts d’une poignée d’amoureux de la langue de Molière (et d’Aya Nakamura). Dans le petit village de Mitahato, au centre du pays, Francophone Network of Kenya dispense des cours suivis par de nombreux habitants. Une initiative saluée entre autres par l’Alliance française de Mombasa, qui accompagne les associations locales dans leur promotion de la culture francophone.

“Mitahato French Village, bienvenue” : l’inscription est peinte en gros sur un mur entre deux drapeaux du Kenya et de la France. Nous ne sommes pas dans un quartier d’expatriés de Nairobi, la capitale du Kenya, mais bien à une trentaine de kilomètres plus au Nord, dans une zone rurale peu peuplée de ce pays principalement anglophone.

Dans le village de Mitahato, on peut prendre des cours de français, accéder à une bibliothèque francophone et même… jouer à la pétanque !
© Mitahato French Village

Des cours de français gratuits dans un village kenyan

Comment le français y est-il ainsi devenu la langue préférée des locaux ? Grâce à l’initiative de Chris Mburu, un enfant du village devenu salarié des Nations unies en Suisse, et qui a ramené chez lui son amour pour l’idiome du pays dans lequel il vivait. « Il a d’abord transformé sa maison en librairie, en y entreposant des livres en langue française pour motiver progressivement les habitants à apprendre la langue » explique Ngunye Kimani, coordinateur du projet « Mitahato French Village » au sein de l’association Francophone Network of Kenya, créée par le diplomate. Une initiative doublée quelques temps plus tard par l’ouverture d’un centre de langues : « Le centre régional kenyan pour le français propose des cours gratuits grâce à des étudiants francophones » complète Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa, la deuxième ville du pays. 

« Pendant la pandémie, le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves »

Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa

Jeunes ou moins jeunes, ils sont ainsi nombreux à venir apprendre les bases de cet idiome pas toujours évident à maîtriser pour des locuteurs plus habitués au swahili ou à l’anglais. « Pendant la pandémie, c’était aussi une façon de lutter contre le désœuvrement en occupant les habitants de façon utile, dans la mesure où tout était fermé », se remémore Nilda. « Le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves pour les faire progresser plus vite ».

La fête de la francophonie à Mombasa

Pour l’Alliance française de Mombasa, cette initiative est forcément la bienvenue. L’organisme a ainsi organisé une visite à Mitahato au printemps 2023. L’occasion de faire découvrir aux habitants du French Village un aspect parfois méconnu de la culture française, celle de ses territoires d’outre-mer : « Nous avions présenté la faune et la flore de la Guyane, de la Martinique et de Mayotte », explique Nilda, qui est elle-même originaire de la petite île de l’archipel des Comores, située à quelques centaines de kilomètres au sud des côtes kenyanes.

L’organisme, qui promeut la culture française dans le pays avec son homologue de Nairobi, est particulièrement attentif au développement de la langue française dans le pays. Les 15 et 16 mars derniers, l’Alliance française de Mombasa a ainsi organisé la fête de la francophonie, deux journées destinées autant à la communauté francophone du pays qu’au grand public. Au programme ? Un zoom sur la République démocratique du Congo, pays (presque) voisin du Kenya avec entre autres des ateliers culinaires et des animations imaginées par Kifaransa Village, une association locale inclusive de promotion du français. Et pour finir, un concert de Syssi Mananga, auteure-compositrice née d’une mère congolaise et d’un père belge, comme un symbole de la richesse que constitue la multiculturalité.

La Fête de la francophonie , les 15 et 16 mars 2024 à l’Alliance française de Mombasa.
© Alliance française de Mombasa

Regarder le reportage de Jules sur la chaîne Le Français au Kenya

Bio express

Nilda Chadhouli a 27 ans, elle est née à la Réunion mais elle est originaire de Mayotte, petit département français situé dans l’archipel des Comores. Après avoir effectué une partie de sa scolarité à Dijon (Côte d’Or), elle a obtenu un bac scientifique à Saint-Denis de la Réunion, avant de poursuivre son parcours universitaire en métropole. Elle est titulaire d’une licence de Langues étrangères appliquées (LEA) obtenue à la Sorbonne et d’un master en marketing et communication obtenu à Ynov Campus. Elle effectue sa mission de VSI comme chargée de mission communication à l’Alliance française de Mombasa depuis mai 2022 grâce à l’antenne de France Volontaires à La Réunion en partenariat avec le Département de Mayotte.
Nilda Chadhouli
Volontaire à l'Alliance française de Mombasa

Comment bien choisir son organisme d’envoi en mission de volontariat à l’international ?

© Etienne Girardet / Unsplash

Partager son expérience avec les acteurs internationaux pour faire advenir des projets main dans la main à travers le monde, ça vous parle ? Vous rêvez de donner de votre temps et vous engager dans une mission solidaire à l’international ? S’il n’y a que de bonnes intentions, gare aux arnaques ! Focus sur quelques points de vigilance qui sont à observer avant de vous lancer.

Gare aux arnaques !

L’appétence des citoyens pour le volontariat est bien réelle, comme l’illustre un récent sondage mené par OpinionWay pour France Volontaires. En effet, près d’un français sur deux se dit prêt à s’engager dans une mission de volontariat à l’international. Toutefois, devant un nombre limité d’opportunités disponibles dans le monde, des alternatives se développent, parfois en contrepartie de sommes d’argent importantes et pour des projets ayant au mieux aucun impact sur le terrain, au pire des effets néfastes sur les communautés et les volontaires eux-mêmes. Il s’agit du phénomène du « volontourisme », néologisme formé des mots « volontariat » et « tourisme ».

Répondant à une forte demande des jeunes Occidentaux pour « partir faire de l’humanitaire» à l’étranger, le secteur du volontourisme est en pleine expansion depuis les années 1990 dans les pays-anglosaxons, et depuis le début des années 2000 en France. Les offres de « voyage solidaire », « tourisme humanitaire » ou encore « missions solidaires » pullulent et certaines organisations à but lucratif exploitent le filon dans une logique commerciale, souvent au détriment des populations.

Veiller à sa sécurité et à celle des populations locales

Bien choisir l’organisme de volontariat avec lequel partir est un gage de sécurité, pour soi et pour les populations locales. En tant qu’opérateur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, France Volontaires est pleinement intégrée au dispositif de sécurité des volontaires déployés à l’international, dispositif piloté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. À noter que chaque volontaire est accompagné dans son engagement et son expatriation, aussi bien pour les démarches administratives et médicales, qu’à travers une formation obligatoire qui prend systématiquement en compte les questions de sécurité.

Ma mission aura-t-elle un impact durable sur le terrain ?

Avant d’entamer les démarches pour partir en volontariat, il convient donc de se renseigner sur la structure qui porte le projet en s’assurant de son intégrité, de sa connaissance des enjeux locaux, et de sa reconnaissance du volontariat comme levier de développement ne perturbant pas l’écosystème local. Pour choisir l’organisme d’envoi, il est important de considérer qu’une bonne mission est co-construite localement, dans une démarche partenariale pour répondre à des enjeux bien identifiés. Le volontaire doit se sentir en accord avec les valeurs de la structure, et en confiance au sein d’une équipe experte.

Certaines missions étant ambiguës, France Volontaires encourage à s’engager auprès de ses membres, tous signataires de la Charte des volontariats qui affirme des valeurs communes aux associations actrices des Volontariats internationaux d’échange et de solidarité (VIES) et vise à améliorer la qualité des engagements bénévoles et volontaires à l’international.

© Unsplash

Volontariat international : gratuit ou pas ?

La question du financement doit faire l’objet d’une attention particulière. Si certaines missions ne sont pas  indemnisées (notamment les missions courtes comme les chantiers solidaires pour lesquelles le billet d’avion est souvent à la charge du volontaire), France Volontaires recommande de faire preuve de vigilance face à certains organismes qui demandent le financement intégral de la mission par les volontaires, parfois à des coûts élevés, et pour des missions dont le caractère éthique et responsable, et le manque de lien avec l’intérêt général, interrogent. Bon à savoir, les missions plus longues allant de 6 mois à plusieurs années, comme le service civique à l’international ou le volontariat international de solidarité (VSI), sont indemnisées.

France Volontaires appelle également à prendre contact avec le réseau des Espaces Volontariat, présents dans 24 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine/Caraïbes, qui assure notamment des fonctions d’information et d’orientation, et de mise en relation. Les Espaces Volontariat pourront vous renseigner sur certaines associations.

Ces points de vigilances ne doivent pas être un frein à votre motivation, mais bien au contraire une bonne façon de vous préparer à vivre une mission intense et enrichissante, à tous points de vue !

Une association des Comores défend la pêche raisonnée du poulpe de récif

© DR

Quinze villages du Parc national de Mohéli, aux Comores, ont rouvert la pêche au poulpe le 10 février dernier. Après plus de trois mois de repos biologique, 18 tonnes de l’animal ont été sorties de l’eau et fait le bonheur de la communauté. Une initiative réussie avec l’appui d’Eliott Barichasse, volontaire de solidarité internationale (VSI) en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc.

Le Parc national de Mohéli œuvre depuis de nombreuses années afin de sensibiliser les communautés à effectuer le repos biologique du poulpe de récif. Les villages sont désormais conscients des avantages et des bienfaits de cette gestion efficace, rationnelle et responsable de l’espèce et de son habitat. « Le repos biologique du poulpe, on en parle à Rodrigue, au Mozambique, à Madagascar… » explique Eliott Barichasse, VSI en en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc. « On considère que pendant la période de reproduction on ne pêche pas, on le laisse se reproduire pour qu’ils soient nombreux à la réouverture mais aussi pour assurer le stock sur le long terme. Ça a commencé il y a plusieurs années, on est passé d’un seul village à une quinzaine aujourd’hui, ça a été un travail de longue haleine. »

Assurer la disponibilité des réserves en poulpes

Tout l’écosystème, à savoir corail et herbier, profite en effet de la pause en période de repos biologique pour s’épanouir et se développer tandis qu’on constate par ailleurs une prolifération des poissons de récifs. Par ailleurs, cette initiative permet également l’implication effective de la communauté dans la gestion de ses ressources marines.

Ainsi, l’association de gestion du poulpe du village de Nioumachoi (Wandzani Wazi Mbwedza), soutient et accompagne financièrement l’opération d’ouverture de la pêche au poulpe au sein des autres communautés de Mohéli par l’entremise du Parc national, qui fédère l’ensemble de ces dernières. Afin d’assurer la disponibilité des réserves de poulpe au village de Nioumachoi sur le moyen terme, et à un prix abordable, près d’une tonne de poulpe a été achetée pour le faire sécher traditionnellement. Cette technique de séchage, appelée « gnouda », permet de conserver le produit longtemps y compris sans électricité.

La pérennisation économique est la clé de voûte de la protection et de la gestion de l’environnement car elle permet une continuité dans les actions à mener sur le long terme et une flexibilité pour s’adapter aux problématiques nouvelles. Par exemple, le parc national développe aussi des zones de réserve de pêche : « C’est ce qu’on appelle une zone de non-prélèvement (ZNP) : une zone où on ne va jamais pêcher, quelque espèce que ce soit. Au bout de quelques années, on compte sur « l’effet réserve » avec une reproduction des individus qui vont finir par déborder et sortir de la zone. Cela prend du temps mais ça permet d’assurer la pérennité alimentaire à terme. On parle du poulpe mais c’est tout l’écosystème qui est concerné », détaille Eliott.

Retrouver un écosystème marin sain

En dépit de cette réouverture, l’activité de pêche reste réglementée afin de protéger les ressources. Il est par exemple interdit d’utiliser des barres de fer destructrices des coraux et donc de l’habitat du poulpe, et bien sûr de détruire les maisons de poulpe. La capture autorisée de poulpes de moins d’un kilo est également prohibée, et la pesée de la pêche est donc obligatoire. L’efficacité de telles mesures a déjà été démontrée : « On voit des poulpes de six ou sept kilos, ce qu’on ne voyait plus depuis des années, c’est les anciens qui en témoignent. Les ouvertures et les fermetures permettent de retrouver un écosystème marin sain qui permet de subvenir sur le long terme à nos besoins », conclut Eliott.

« Au Cambodge, l’attachement sentimental au français est très fort »

© Pisit Heng/ Unsplash

Raphaël Grosbois, doctorant à l’université de Montpellier, a mené une étude sur la langue française dans la société cambodgienne. Il fait partie de la cohorte de volontaires qui sont mobilisés chaque année hors de nos frontières par France Volontaires et ses membres pour travailler autour de la thématique de la francophonie. Retour avec lui sur sa mission, alors que la semaine de la francophonie se tiendra du 16 au 24 mars prochains.

Une année entière pour évaluer l’implémentation, la gestion, l’usage et la réception de la langue française dans la société cambodgienne : c’est le travail auquel s’est attelé Raphaël Grosbois en 2022 en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI). Envoyé sur place par le Service de coopération au développement (SCD), il a travaillé au sein de l’Institut national de l’éducation du Cambodge pour aller à la rencontre des acteurs locaux de la francophonie. Objectif : comprendre la façon dont notre langue est encore parlée dans la société au Cambodge, un pays qui fut d’abord un protectorat français puis rattaché à l’Indochine française (1863-1953).

Sur quoi devait porter concrètement votre étude sur le français ?

Officiellement, le but était de collecter des données sur le nombre d’apprenants du français et leurs origines sociales dans le mille-feuilles éducatif cambodgien. Il s’agissait également de savoir si ce dernier facilitait ou non l’employabilité des personnes qui le parlent. J’ai travaillé à la fois sur la vision d’en haut, celle des organisations gouvernementales et non-gouvernementales qui œuvrent à l’échelle nationale et supranationale autour des questions de francophonie. Mais également sur la dimension intermédiaire concernant la réception et la gestion des politiques éducatives et linguistiques, et enfin sur la vision « d’en bas », pour savoir comment l’apprentissage du français est reçu par les personnes à qui on l’enseigne.
Ce travail a été mené à travers une ethnographie du quotidien et des entretiens individuels et collectifs pour apprendre à connaitre ces locuteurs et l’impact de la langue dans leurs vies.

Quelles conclusions en avez-vous tiré ?

En fait, on s’est aperçu que le français au Cambodge est moins une langue de « service » qu’une langue de culture. Au regard de l’étude, il s’est avéré qu’il était surtout utilisé dans certains secteurs professionnels très spécifiques comme la médecine, l’humanitaire et le développement, et de façon plus anecdotique dans l’archéologie (dans la mesure où c’est la langue qui donne accès aux archives). Cela a beaucoup évolué depuis les années 90, avec une fragilisation de l’enseignement du français dans les établissements publics. Cela s’explique en particulier par le fait que les besoins de la société ont changé et par les différents changements d’enjeux de coopérations politiques entre les partenaires français/francophones et les partenaires cambodgiens.
Quand nous avons réalisé nos Focus Groups (une méthode scientifique qui permet d’étudier des problématiques non pas à travers l’enquête d’individus, comme c’est le cas dans l’enquête par sondage, mais par la discussion de groupe – NDLR), il en est ressorti que le français était représenté comme la langue des rois, alors que l’anglais était considéré comme la langue des tuk tuk.

"Le français est la langue des rois alors que l’anglais est la langue des tuk tuk"

Qu’est-ce que cela signifie ?

Très concrètement, nous avons noté la persistance de lien entre le passé et le présent : la famille royale entretient l’habitude de scolariser ses membres dans des établissements français. Incarnation du pouvoir et de l’élitisme, il est en réalité difficile d’apprendre le français sans avoir recours à des cours particuliers. Maitriser la langue française représente des années d’étude et un investissement financier important. La langue est moins présente dans les établissements publics que l’anglais. Il y a alors une opposition entre une langue des élites, le français, et une langue plus accessible, qui est l’anglais qui peut être maniée par “n’importe qui”.

Cet élitisme est-il mal vu par la population cambodgienne ?

Non, il n’est pas mal vu du tout, au contraire. Les Focus Groups comme les entretiens individuels ont fait ressortir cet élément : parler français, c’est une aspiration à se différencier d’une partie de la société, c’est aussi s’habiller différemment et plus globalement disposer d’autres codes socio-culturels. Mais au-delà de la question de l’élitisme, le français est également considéré comme la langue de la démocratie, ce qui peut paraître paradoxal puisque la langue s’est développée dans le cadre d’un mouvement global de colonisation de cette région de l’Asie. Enfin, dernier aspect important, notre langue est aussi vécue à la fois comme une langue d’opportunités et comme une langue de « non-choix » : apprendre le français donne plus de chances d’obtenir des bourses pour aller à l’université, où certains enseignements (en particulier en médecine) sont toujours dispensés en français. Mais à l’inverse, ne pas parler français ferme donc aussi des portes, et notre langue a de ce fait un statut ambigu.

"Il y a une réelle volonté politique d'augmenter l'enseignement du français"

Quelle est l’attitude des acteurs éducatifs et politiques au Cambodge vis-à-vis de la langue française ?

Le cas du Cambodge est particulier dans la région : l’attachement sentimental au français y est très fort, il y a une réelle volonté dans les discours de maintenir la langue française présente, à la fois en augmentant le nombre de locuteurs, mais surtout en augmentant la qualité de la pratique. Il existe un Plan global pour le français (PGF) mené conjointement par la France et par le ministère de l’Education nationale du Cambodge qui promeut la mise en place d’outils, de comités de recherche, qui souhaite mieux former les professeurs également. Le discours politique autour de la francophonie est aussi très important. Il y a une réelle volonté politique d’augmenter les financements pour accroitre l’enseignement du français entre autres pour  contrer la montée en puissance du chinois (mandarin) et de l’anglais, qui, au-delà de la langue, promeuvent aussi un autre modèle de société.

Volontariat et francophonie en chiffres

De nombreux volontaires sont mobilisés par France Volontaires et ses membres autour de la thématique de la francophonie, dans le monde comme sur le territoire français dans le cadre de la réciprocité des échanges. A titre d’exemple, en 2022, 24% des missions en Service civique international ont été réalisées dans le cadre de la francophonie. Ces volontaires sont particulièrement présents dans les Alliances françaises (31% des missions), les lycées français (28%), les instituts français (7%), ainsi que dans des associations proposant l’enseignement du français. Du point de vue géographique, 59% se sont déroulées en Europe et 41% sur le reste de la planète.

Dans l’Aisne, un lieu unique dédié à la langue française

La Cité internationale de la langue française a ouvert officiellement ses portes le lundi 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts dans l’Aisne. Premier lieu culturel entièrement dédié à la langue française, il a pour cadre un château de la Renaissance classé monument historique. La Cité accueille à la fois des expositions, des spectacles et des débats dans son auditorium, mais aussi des sessions de formation ou des résidences d’artistes ou de chercheurs.

La Cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts.  © DR

Bio express

Raphaël Grosbois est âgé de 27 ans, il est cette année doctorant en sociolinguistique et anthropologie langagière à l’Université Paul-Valéry 3 à Montpellier. La mission, mise en place par ses soins, a été menée à l’Institut national d’éducation du Cambodge (INE), financée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en partenariat avec le SCD et réalisée avec le soutien de l’Ambassade de France. Il a poursuivi ce travail de terrain en tant que consultant bénévole à l’INE à travers des projets autour des langues et de la didactique du français au Cambodge en 2023.
Raphaël Grosbois
Volontaire à l'INE

À Siem Reap, des volontaires engagés pour un tourisme responsable

© Régis Binard / France Volontaires

Si la capitale Phnom Penh accueille la majorité des volontaires internationaux au Cambodge, Siem Reap reçoit chaque année la contribution d’une trentaine de volontaires dans de nombreux domaines. Destination touristique majeure du Cambodge (c’est là que se situent les célèbres temples d’Angkor), cette ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO attire des millions de touristes chaque année, permettant la forte croissance économique et démographique de la région… mais avec son lot de difficultés pour la durabilité des sites.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Siem Reap est devenue dépendante du tourisme pour son activité. Si la pandémie a mis en grande difficulté de nombreux professionnels du secteur dans la ville de Siem Reap, la réouverture du pays en mars 2022 a permis la reprise de l’activité et les touristes reviennent de plus en plus.

Le tourisme comme moyen d’insertion professionnelle

Ce tourisme de masse dans les temples angkoriens avait également amené son lot de difficultés pour la conservation des sites historiques ainsi que pour la durabilité et la résilience des activités économiques. Il a également fait apparaître un phénomène très fort de volontourisme visant à exploiter le désir d’engagement et l’empathie des visiteurs aux dépens des populations locales. France Volontaires se bat sur place avec les autorités nationales, l’Ambassade de France au Cambodge et l’ONG Friends International contre ce phénomène. Le déplacement devait ainsi permettre de veiller aux bonnes pratiques du volontariat au sein des structures d’accueil et de promouvoir un volontariat de qualité et responsable à nos interlocuteurs.

Les temples d’Angkor à Siem Reap (Cambodge).  © Giulia Brochetto et Antonella Vilardo / Unsplash

Face à l’afflux massif de visiteurs sur un territoire en développement, des ONG se sont saisies du tourisme comme moyen d’insertion professionnelle. L’Ecole du Bayon, l’Ecole hôtelière Sala Baï ainsi que l’école Paul Dubrule ont mis en place plusieurs formations professionnelles dans les métiers du tourisme et de la restauration, en recrutant des étudiants venant des communautés précaires de la région et des autres provinces du Cambodge. France Volontaires a rendu visite à ces structures qui font appel à des VSI et des volontaires en service civique pour développer et faire vivre ces ONG. Un repas solidaire dans le restaurant d’application de Sala Baï a d’ailleurs été organisé par France Volontaires à l’intention de tous les volontaires basés à Siem Reap mais aussi à Sisophon, au nord-ouest de Siem Reap. L’occasion pour les volontaires de faire connaissance, d’échanger sur leurs missions respectives et rencontrer l’équipe de France Volontaires au Cambodge. Renaud, VSI envoyé par la Guilde pour diriger l’école, s’appuie sur son expérience dans la restauration pour former de futurs professionnels du tourisme au Cambodge.

Pisciculture familiale et écovolontariat

Siem Reap se situe non loin du Tonle Sap, un lac central au Cambodge vivant au rythme des saisons, réserve de biosphère Unesco et, étant une des zones de pêche d’eau douce les plus productives au monde, fournissant un revenu à des milliers de familles cambodgiennes. Pendant le temps des restrictions liées au COVID-19 et à l’absence de revenus tirés du tourisme, de nombreux Cambodgiens sont retournés dans leur village d’origine vivre de la pêche. Or, celle-ci pouvant être particulièrement intensive, la production halieutique locale fait courir un risque économique et environnemental à tout l’écosystème du Tonle Sap.

Autour de ce grand lac, Dorian, VSI envoyé par la Guilde à APDRA Pisciculture Paysanne, lutte contre ces pressions environnementales avec une ONG cambodgienne afin de développer une pisciculture familiale, agro-écologique et rentable. Nous l’avons suivi sur une ferme piscicole pour participer à une étude de terrain qui permettra de mettre en œuvre un programme de développement de la filière dans la région.

Enfin, le fort développement de la province de Siem Reap a amené celle-ci à prendre des mesures pour améliorer les conditions sanitaires et environnementales du territoire et pour favoriser le développement du secteur agricole. En partenariat avec des acteurs locaux et internationaux, ainsi qu’avec l’ONG Agrisud International, la province a entamé la construction de la toute première station de gestion des boues de vidange du pays. Ces boues, après traitement, seront valorisées en fertilisant organique accessible pour les agriculteurs locaux. VSI envoyée par l’IFAID, Eva s’engage dans la mise en œuvre de ce projet visant à structurer et améliorer toute une filière économiquement viable, par la coordination et l’accompagnement de tous les acteurs concernés.

Le grand temple d’Angkor Vat.  © allPhoto Bangkok / Unsplash

« J’ai imaginé un meuble innovant avec du bois local »

Création d’un coin focus mettant en avant les objets de l’exposition « Du visible à l’invisible » au Quai Branly en 2022. © DR

Déployée pour un an auprès de la Route des Chefferies à Bafoussam (Cameroun) dans le cadre de son service civique, Coline Taloc accompagne les équipes de cette institution culturelle en matière de design d’espace et de scénographie. Elle a entre autres dessiné un meuble pour mettre en valeur des objets traditionnels camerounais.

En arrivant à la Route des Chefferies, j’ai travaillé sur un premier projet qui consistait à designer l’espace d’accueil de l’Office régional du tourisme de l’Ouest Cameroun (ORTOC),

qui était encore en cours de construction. J’ai donc suivi l’évolution du chantier et travaillé avec les menuisiers afin de réaliser du mobilier sur mesure. C’est ainsi que j’ai designé le meuble d’exposition que je présente dans la vidéo. C’est un meuble modulable dont le principe est simple : il s’agit d’un panneau en bois dans lequel ont été percé des trous pour pouvoir y insérer des rondins et y placer des étagères. Cela offre une multitude de possibilités lors du montage d’une exposition, qui peuvent varier selon nos envies et nos besoins. Cette étagère innovante et design a été construite sur mesure, avec du bois local, tout cela en collaboration avec un menuisier de Bafoussam.

Par la suite, on m’a confié différents projets de relooking de cases patrimoniales des chefferies de l’Ouest Cameroun, afin de pouvoir mettre en avant des objets qui avaient précédemment fait partie de l’exposition « Du visible à l’invisible » qui s’était tenue au Musée du Quai Branly à Paris en 2022. J’ai dû repenser les espaces afin de créer un endroit dédié à ces pièces d’exposition. Différents chantiers de relooking sont également en cours à Bandjoun ou Bangoua (deux autres chefferies de la région), qui nécessitent un suivi régulier de ma part.

Prochainement nous allons commencer à travailler sur le chantier de La Cité du Patrimoine qui débutera à Bamougoum. Je songe déjà à la possibilité de repenser l’aménagement intérieur du hall d’accueil. Je tiens à préciser que l’ensemble de ces travaux s’accompagnent de missions de prospection et de repérage sur le terrain, de prises de mesures, de prises de photos et de discussions avec les chefs et maires des communautés.

Le meuble imaginé par Coline pour l’Ortoc / Le design intérieur de l’un des accueils de la Chefferie de Bangoua.  © DR

Bio express

Coline Taloc a 21 ans. Avant de partir en service civique au Cameroun, elle avait obtenu un diplôme en design d’espace ( Bac +3) à l’Institut du design et de l’image (IFFDEC) à Rennes.
Coline Taloc
Volontaire à la Route des Chefferies

L'organisme d'accueil

La Route des Chefferies est une organisation culturelle spécialisée dans l’ingénierie du patrimoine au Cameroun et dans le monde. Créée en 2012 à la suite du succès du programme éponyme, elle est aujourd’hui à l’origine d’un réseau de plus de 26 musées, répartis dans plusieurs régions du Cameroun. Engagée dans des programmes d’aménagement culturel et touristique du territoire, de grands projets de musées, de formations et de renforcement de l’employabilité des jeunes dans le secteur culturel, ou d’expositions internationales, elle agit quotidiennement au service du patrimoine et de la culture.

Voir la vidéo sur l'exposition du Musée du Quai Branly