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Une association des Comores défend la pêche raisonnée du poulpe de récif

© DR

Quinze villages du Parc national de Mohéli, aux Comores, ont rouvert la pêche au poulpe le 10 février dernier. Après plus de trois mois de repos biologique, 18 tonnes de l’animal ont été sorties de l’eau et fait le bonheur de la communauté. Une initiative réussie avec l’appui d’Eliott Barichasse, volontaire de solidarité internationale (VSI) en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc.

Le Parc national de Mohéli œuvre depuis de nombreuses années afin de sensibiliser les communautés à effectuer le repos biologique du poulpe de récif. Les villages sont désormais conscients des avantages et des bienfaits de cette gestion efficace, rationnelle et responsable de l’espèce et de son habitat. « Le repos biologique du poulpe, on en parle à Rodrigue, au Mozambique, à Madagascar… » explique Eliott Barichasse, VSI en en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc. « On considère que pendant la période de reproduction on ne pêche pas, on le laisse se reproduire pour qu’ils soient nombreux à la réouverture mais aussi pour assurer le stock sur le long terme. Ça a commencé il y a plusieurs années, on est passé d’un seul village à une quinzaine aujourd’hui, ça a été un travail de longue haleine. »

Assurer la disponibilité des réserves en poulpes

Tout l’écosystème, à savoir corail et herbier, profite en effet de la pause en période de repos biologique pour s’épanouir et se développer tandis qu’on constate par ailleurs une prolifération des poissons de récifs. Par ailleurs, cette initiative permet également l’implication effective de la communauté dans la gestion de ses ressources marines.

Ainsi, l’association de gestion du poulpe du village de Nioumachoi (Wandzani Wazi Mbwedza), soutient et accompagne financièrement l’opération d’ouverture de la pêche au poulpe au sein des autres communautés de Mohéli par l’entremise du Parc national, qui fédère l’ensemble de ces dernières. Afin d’assurer la disponibilité des réserves de poulpe au village de Nioumachoi sur le moyen terme, et à un prix abordable, près d’une tonne de poulpe a été achetée pour le faire sécher traditionnellement. Cette technique de séchage, appelée « gnouda », permet de conserver le produit longtemps y compris sans électricité.

La pérennisation économique est la clé de voûte de la protection et de la gestion de l’environnement car elle permet une continuité dans les actions à mener sur le long terme et une flexibilité pour s’adapter aux problématiques nouvelles. Par exemple, le parc national développe aussi des zones de réserve de pêche : « C’est ce qu’on appelle une zone de non-prélèvement (ZNP) : une zone où on ne va jamais pêcher, quelque espèce que ce soit. Au bout de quelques années, on compte sur « l’effet réserve » avec une reproduction des individus qui vont finir par déborder et sortir de la zone. Cela prend du temps mais ça permet d’assurer la pérennité alimentaire à terme. On parle du poulpe mais c’est tout l’écosystème qui est concerné », détaille Eliott.

Retrouver un écosystème marin sain

En dépit de cette réouverture, l’activité de pêche reste réglementée afin de protéger les ressources. Il est par exemple interdit d’utiliser des barres de fer destructrices des coraux et donc de l’habitat du poulpe, et bien sûr de détruire les maisons de poulpe. La capture autorisée de poulpes de moins d’un kilo est également prohibée, et la pesée de la pêche est donc obligatoire. L’efficacité de telles mesures a déjà été démontrée : « On voit des poulpes de six ou sept kilos, ce qu’on ne voyait plus depuis des années, c’est les anciens qui en témoignent. Les ouvertures et les fermetures permettent de retrouver un écosystème marin sain qui permet de subvenir sur le long terme à nos besoins », conclut Eliott.

« Au Cambodge, l’attachement sentimental au français est très fort »

© Pisit Heng/ Unsplash

Raphaël Grosbois, doctorant à l’université de Montpellier, a mené une étude sur la langue française dans la société cambodgienne. Il fait partie de la cohorte de volontaires qui sont mobilisés chaque année hors de nos frontières par France Volontaires et ses membres pour travailler autour de la thématique de la francophonie. Retour avec lui sur sa mission, alors que la semaine de la francophonie se tiendra du 16 au 24 mars prochains.

Une année entière pour évaluer l’implémentation, la gestion, l’usage et la réception de la langue française dans la société cambodgienne : c’est le travail auquel s’est attelé Raphaël Grosbois en 2022 en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI). Envoyé sur place par le Service de coopération au développement (SCD), il a travaillé au sein de l’Institut national de l’éducation du Cambodge pour aller à la rencontre des acteurs locaux de la francophonie. Objectif : comprendre la façon dont notre langue est encore parlée dans la société au Cambodge, un pays qui fut d’abord un protectorat français puis rattaché à l’Indochine française (1863-1953).

Sur quoi devait porter concrètement votre étude sur le français ?

Officiellement, le but était de collecter des données sur le nombre d’apprenants du français et leurs origines sociales dans le mille-feuilles éducatif cambodgien. Il s’agissait également de savoir si ce dernier facilitait ou non l’employabilité des personnes qui le parlent. J’ai travaillé à la fois sur la vision d’en haut, celle des organisations gouvernementales et non-gouvernementales qui œuvrent à l’échelle nationale et supranationale autour des questions de francophonie. Mais également sur la dimension intermédiaire concernant la réception et la gestion des politiques éducatives et linguistiques, et enfin sur la vision « d’en bas », pour savoir comment l’apprentissage du français est reçu par les personnes à qui on l’enseigne.
Ce travail a été mené à travers une ethnographie du quotidien et des entretiens individuels et collectifs pour apprendre à connaitre ces locuteurs et l’impact de la langue dans leurs vies.

Quelles conclusions en avez-vous tiré ?

En fait, on s’est aperçu que le français au Cambodge est moins une langue de « service » qu’une langue de culture. Au regard de l’étude, il s’est avéré qu’il était surtout utilisé dans certains secteurs professionnels très spécifiques comme la médecine, l’humanitaire et le développement, et de façon plus anecdotique dans l’archéologie (dans la mesure où c’est la langue qui donne accès aux archives). Cela a beaucoup évolué depuis les années 90, avec une fragilisation de l’enseignement du français dans les établissements publics. Cela s’explique en particulier par le fait que les besoins de la société ont changé et par les différents changements d’enjeux de coopérations politiques entre les partenaires français/francophones et les partenaires cambodgiens.
Quand nous avons réalisé nos Focus Groups (une méthode scientifique qui permet d’étudier des problématiques non pas à travers l’enquête d’individus, comme c’est le cas dans l’enquête par sondage, mais par la discussion de groupe – NDLR), il en est ressorti que le français était représenté comme la langue des rois, alors que l’anglais était considéré comme la langue des tuk tuk.

"Le français est la langue des rois alors que l’anglais est la langue des tuk tuk"

Qu’est-ce que cela signifie ?

Très concrètement, nous avons noté la persistance de lien entre le passé et le présent : la famille royale entretient l’habitude de scolariser ses membres dans des établissements français. Incarnation du pouvoir et de l’élitisme, il est en réalité difficile d’apprendre le français sans avoir recours à des cours particuliers. Maitriser la langue française représente des années d’étude et un investissement financier important. La langue est moins présente dans les établissements publics que l’anglais. Il y a alors une opposition entre une langue des élites, le français, et une langue plus accessible, qui est l’anglais qui peut être maniée par “n’importe qui”.

Cet élitisme est-il mal vu par la population cambodgienne ?

Non, il n’est pas mal vu du tout, au contraire. Les Focus Groups comme les entretiens individuels ont fait ressortir cet élément : parler français, c’est une aspiration à se différencier d’une partie de la société, c’est aussi s’habiller différemment et plus globalement disposer d’autres codes socio-culturels. Mais au-delà de la question de l’élitisme, le français est également considéré comme la langue de la démocratie, ce qui peut paraître paradoxal puisque la langue s’est développée dans le cadre d’un mouvement global de colonisation de cette région de l’Asie. Enfin, dernier aspect important, notre langue est aussi vécue à la fois comme une langue d’opportunités et comme une langue de « non-choix » : apprendre le français donne plus de chances d’obtenir des bourses pour aller à l’université, où certains enseignements (en particulier en médecine) sont toujours dispensés en français. Mais à l’inverse, ne pas parler français ferme donc aussi des portes, et notre langue a de ce fait un statut ambigu.

"Il y a une réelle volonté politique d'augmenter l'enseignement du français"

Quelle est l’attitude des acteurs éducatifs et politiques au Cambodge vis-à-vis de la langue française ?

Le cas du Cambodge est particulier dans la région : l’attachement sentimental au français y est très fort, il y a une réelle volonté dans les discours de maintenir la langue française présente, à la fois en augmentant le nombre de locuteurs, mais surtout en augmentant la qualité de la pratique. Il existe un Plan global pour le français (PGF) mené conjointement par la France et par le ministère de l’Education nationale du Cambodge qui promeut la mise en place d’outils, de comités de recherche, qui souhaite mieux former les professeurs également. Le discours politique autour de la francophonie est aussi très important. Il y a une réelle volonté politique d’augmenter les financements pour accroitre l’enseignement du français entre autres pour  contrer la montée en puissance du chinois (mandarin) et de l’anglais, qui, au-delà de la langue, promeuvent aussi un autre modèle de société.

Volontariat et francophonie en chiffres

De nombreux volontaires sont mobilisés par France Volontaires et ses membres autour de la thématique de la francophonie, dans le monde comme sur le territoire français dans le cadre de la réciprocité des échanges. A titre d’exemple, en 2022, 24% des missions en Service civique international ont été réalisées dans le cadre de la francophonie. Ces volontaires sont particulièrement présents dans les Alliances françaises (31% des missions), les lycées français (28%), les instituts français (7%), ainsi que dans des associations proposant l’enseignement du français. Du point de vue géographique, 59% se sont déroulées en Europe et 41% sur le reste de la planète.

Dans l’Aisne, un lieu unique dédié à la langue française

La Cité internationale de la langue française a ouvert officiellement ses portes le lundi 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts dans l’Aisne. Premier lieu culturel entièrement dédié à la langue française, il a pour cadre un château de la Renaissance classé monument historique. La Cité accueille à la fois des expositions, des spectacles et des débats dans son auditorium, mais aussi des sessions de formation ou des résidences d’artistes ou de chercheurs.

La Cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts.  © DR

Bio express

Raphaël Grosbois est âgé de 27 ans, il est cette année doctorant en sociolinguistique et anthropologie langagière à l’Université Paul-Valéry 3 à Montpellier. La mission, mise en place par ses soins, a été menée à l’Institut national d’éducation du Cambodge (INE), financée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en partenariat avec le SCD et réalisée avec le soutien de l’Ambassade de France. Il a poursuivi ce travail de terrain en tant que consultant bénévole à l’INE à travers des projets autour des langues et de la didactique du français au Cambodge en 2023.
Raphaël Grosbois
Volontaire à l'INE

À Siem Reap, des volontaires engagés pour un tourisme responsable

© Régis Binard / France Volontaires

Si la capitale Phnom Penh accueille la majorité des volontaires internationaux au Cambodge, Siem Reap reçoit chaque année la contribution d’une trentaine de volontaires dans de nombreux domaines. Destination touristique majeure du Cambodge (c’est là que se situent les célèbres temples d’Angkor), cette ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO attire des millions de touristes chaque année, permettant la forte croissance économique et démographique de la région… mais avec son lot de difficultés pour la durabilité des sites.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Siem Reap est devenue dépendante du tourisme pour son activité. Si la pandémie a mis en grande difficulté de nombreux professionnels du secteur dans la ville de Siem Reap, la réouverture du pays en mars 2022 a permis la reprise de l’activité et les touristes reviennent de plus en plus.

Le tourisme comme moyen d’insertion professionnelle

Ce tourisme de masse dans les temples angkoriens avait également amené son lot de difficultés pour la conservation des sites historiques ainsi que pour la durabilité et la résilience des activités économiques. Il a également fait apparaître un phénomène très fort de volontourisme visant à exploiter le désir d’engagement et l’empathie des visiteurs aux dépens des populations locales. France Volontaires se bat sur place avec les autorités nationales, l’Ambassade de France au Cambodge et l’ONG Friends International contre ce phénomène. Le déplacement devait ainsi permettre de veiller aux bonnes pratiques du volontariat au sein des structures d’accueil et de promouvoir un volontariat de qualité et responsable à nos interlocuteurs.

Les temples d’Angkor à Siem Reap (Cambodge).  © Giulia Brochetto et Antonella Vilardo / Unsplash

Face à l’afflux massif de visiteurs sur un territoire en développement, des ONG se sont saisies du tourisme comme moyen d’insertion professionnelle. L’Ecole du Bayon, l’Ecole hôtelière Sala Baï ainsi que l’école Paul Dubrule ont mis en place plusieurs formations professionnelles dans les métiers du tourisme et de la restauration, en recrutant des étudiants venant des communautés précaires de la région et des autres provinces du Cambodge. France Volontaires a rendu visite à ces structures qui font appel à des VSI et des volontaires en service civique pour développer et faire vivre ces ONG. Un repas solidaire dans le restaurant d’application de Sala Baï a d’ailleurs été organisé par France Volontaires à l’intention de tous les volontaires basés à Siem Reap mais aussi à Sisophon, au nord-ouest de Siem Reap. L’occasion pour les volontaires de faire connaissance, d’échanger sur leurs missions respectives et rencontrer l’équipe de France Volontaires au Cambodge. Renaud, VSI envoyé par la Guilde pour diriger l’école, s’appuie sur son expérience dans la restauration pour former de futurs professionnels du tourisme au Cambodge.

Pisciculture familiale et écovolontariat

Siem Reap se situe non loin du Tonle Sap, un lac central au Cambodge vivant au rythme des saisons, réserve de biosphère Unesco et, étant une des zones de pêche d’eau douce les plus productives au monde, fournissant un revenu à des milliers de familles cambodgiennes. Pendant le temps des restrictions liées au COVID-19 et à l’absence de revenus tirés du tourisme, de nombreux Cambodgiens sont retournés dans leur village d’origine vivre de la pêche. Or, celle-ci pouvant être particulièrement intensive, la production halieutique locale fait courir un risque économique et environnemental à tout l’écosystème du Tonle Sap.

Autour de ce grand lac, Dorian, VSI envoyé par la Guilde à APDRA Pisciculture Paysanne, lutte contre ces pressions environnementales avec une ONG cambodgienne afin de développer une pisciculture familiale, agro-écologique et rentable. Nous l’avons suivi sur une ferme piscicole pour participer à une étude de terrain qui permettra de mettre en œuvre un programme de développement de la filière dans la région.

Enfin, le fort développement de la province de Siem Reap a amené celle-ci à prendre des mesures pour améliorer les conditions sanitaires et environnementales du territoire et pour favoriser le développement du secteur agricole. En partenariat avec des acteurs locaux et internationaux, ainsi qu’avec l’ONG Agrisud International, la province a entamé la construction de la toute première station de gestion des boues de vidange du pays. Ces boues, après traitement, seront valorisées en fertilisant organique accessible pour les agriculteurs locaux. VSI envoyée par l’IFAID, Eva s’engage dans la mise en œuvre de ce projet visant à structurer et améliorer toute une filière économiquement viable, par la coordination et l’accompagnement de tous les acteurs concernés.

Le grand temple d’Angkor Vat.  © allPhoto Bangkok / Unsplash

« J’ai imaginé un meuble innovant avec du bois local »

Création d’un coin focus mettant en avant les objets de l’exposition « Du visible à l’invisible » au Quai Branly en 2022. © DR

Déployée pour un an auprès de la Route des Chefferies à Bafoussam (Cameroun) dans le cadre de son service civique, Coline Taloc accompagne les équipes de cette institution culturelle en matière de design d’espace et de scénographie. Elle a entre autres dessiné un meuble pour mettre en valeur des objets traditionnels camerounais.

En arrivant à la Route des Chefferies, j’ai travaillé sur un premier projet qui consistait à designer l’espace d’accueil de l’Office régional du tourisme de l’Ouest Cameroun (ORTOC),

qui était encore en cours de construction. J’ai donc suivi l’évolution du chantier et travaillé avec les menuisiers afin de réaliser du mobilier sur mesure. C’est ainsi que j’ai designé le meuble d’exposition que je présente dans la vidéo. C’est un meuble modulable dont le principe est simple : il s’agit d’un panneau en bois dans lequel ont été percé des trous pour pouvoir y insérer des rondins et y placer des étagères. Cela offre une multitude de possibilités lors du montage d’une exposition, qui peuvent varier selon nos envies et nos besoins. Cette étagère innovante et design a été construite sur mesure, avec du bois local, tout cela en collaboration avec un menuisier de Bafoussam.

Par la suite, on m’a confié différents projets de relooking de cases patrimoniales des chefferies de l’Ouest Cameroun, afin de pouvoir mettre en avant des objets qui avaient précédemment fait partie de l’exposition « Du visible à l’invisible » qui s’était tenue au Musée du Quai Branly à Paris en 2022. J’ai dû repenser les espaces afin de créer un endroit dédié à ces pièces d’exposition. Différents chantiers de relooking sont également en cours à Bandjoun ou Bangoua (deux autres chefferies de la région), qui nécessitent un suivi régulier de ma part.

Prochainement nous allons commencer à travailler sur le chantier de La Cité du Patrimoine qui débutera à Bamougoum. Je songe déjà à la possibilité de repenser l’aménagement intérieur du hall d’accueil. Je tiens à préciser que l’ensemble de ces travaux s’accompagnent de missions de prospection et de repérage sur le terrain, de prises de mesures, de prises de photos et de discussions avec les chefs et maires des communautés.

Le meuble imaginé par Coline pour l’Ortoc / Le design intérieur de l’un des accueils de la Chefferie de Bangoua.  © DR

Bio express

Coline Taloc a 21 ans. Avant de partir en service civique au Cameroun, elle avait obtenu un diplôme en design d’espace ( Bac +3) à l’Institut du design et de l’image (IFFDEC) à Rennes.
Coline Taloc
Volontaire à la Route des Chefferies

L'organisme d'accueil

La Route des Chefferies est une organisation culturelle spécialisée dans l’ingénierie du patrimoine au Cameroun et dans le monde. Créée en 2012 à la suite du succès du programme éponyme, elle est aujourd’hui à l’origine d’un réseau de plus de 26 musées, répartis dans plusieurs régions du Cameroun. Engagée dans des programmes d’aménagement culturel et touristique du territoire, de grands projets de musées, de formations et de renforcement de l’employabilité des jeunes dans le secteur culturel, ou d’expositions internationales, elle agit quotidiennement au service du patrimoine et de la culture.

Voir la vidéo sur l'exposition du Musée du Quai Branly

Apprendre en lisant grâce à la bibliothèque de l’île de Gorée

© Rémi Belot / France Volontaires

Longtemps dédiée à la traite négrière, l’île de Gorée au large de Dakar (Sénégal) est devenue un lieu de mémoire qui rappelle à ses milliers de touristes ce que fut la condition des esclaves pendant près de 400 ans. Elle continue toutefois d’abriter une population d’environ 2000 habitants. Amélie Fouassier-Tall, bibliothécaire, y a monté l’association Livre en liberté : avec l’aide de son équipe de volontaires, elle met en place des activités pédagogiques autour de la lecture pour les enfants du village et ceux de Dakar.

Une nuée d’enfants galopent dans la cour de la vieille bâtisse en pierre basaltique noire. Construit en 1777, le majestueux bâtiment a traversé les âges : jadis propriété du directeur de la Compagnie des Indes puis abandonné et laissé en ruines pendant des années, il a finalement été restauré et fait désormais office de centre socio-culturel sur l’île de Gorée.

Au rez-de-chaussée, sous l’imposant escalier en pierre qui mène aux coursives du premier étage, se trouve une petite pièce aux murs recouverts de livres : c’est la bibliothèque municipale, vers laquelle les bambins convergent finalement. Car il est 15h30 en cet après-midi de début janvier et les locaux viennent d’ouvrir leurs portes. C’est Grégoire qui est en charge de l’animation du jour : ce jeune français, volontaire en service civique international, donne de son temps, de son énergie et de son savoir aux enfants du village.

1500 livres pour les enfants de Gorée et Dakar

Si la bibliothèque a été mise en place en 2015 par la municipalité de Gorée, c’est bien l’association Livre en Liberté qui en assure la gestion au quotidien. La structure a été créée par Amélie Foussier-Tall. Ancienne bibliothécaire, puis engagée au sein de l’ONG Livres sans frontières, elle gère désormais cette petite structure dont l’objectif est de développer des activités pédagogiques en lien avec la lecture : « Nous disposons de plus de 1500 ouvrages ici, qui nous ont été offerts par l’ONG Biblionef ».

De fait, les rayons sont bien garnis. Il y en a pour tous les âges, de la petite enfance jusqu’à l’adolescence, et dans tous les styles : des romans, de la BD, des documentaires, afin d’aiguiser la curiosité de tous les jeunes qui vivent sur ce petit rocher qui émerge au large de Dakar.

La bibliothèque de l’île de Gorée, dans les locaux du centre socioculturel Joseph-Ndiaye.

Une bibliothèque dans les sacs à dos

Pour autant, l’activité de l’association ne se limite pas qu’à la seule île de Gorée : plusieurs fois par semaine, Amélie et ses volontaires remplissent leurs sacs à dos et vont apporter de la lecture dans dix écoles de la capitale sénégalaise, qu’on peut rejoindre après environ 30 minutes de traversée sur l’océan Atlantique : « C’est le même principe qu’un bibliobus », détaille Amélie « sauf que nous n’avons pas les moyens de nous payer un véhicule. Nous espérons y parvenir un jour, mais dans l’attente nous amenons nous même les ouvrages sur place ».

Pour animer cette bibliothèque mobile, elle peut compter sur l’aide de son équipe de volontaires. Cette année, ils sont au nombre de quatre : Grégoire, donc, mais aussi Pierre, Léna et Kawtar, tous trois en volontariat de solidarité internationale (VSI). « Cela fait la troisième année que nous accueillons des volontaires. Ils ont un rôle assez important pour nous car nous sommes une petite équipe et leur présence renforce nos projets » justifie Amélie.

Grégoire, titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées, voit dans sa mission une occasion « d’engranger une expérience professionnelle à l’étranger. J’étais motivé par le fait de sortir de ma zone de confort, découvrir une nouvelle culture et un nouveau mode de vie. Je me suis tout de suite senti concerné par l’envie de cette association de promouvoir les arts, les sciences, la littérature et de créer un espace inclusif qui répondrait au besoin du plus grand nombre ». Grâce au dynamisme d’Amélie et de ses volontaires, à Gorée comme à Dakar, les livres n’ont pas fini d’évoluer en liberté.

© Rémi Belot / France Volontaires

Bio express

Grégoire Neau a 23 ans, il est titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées spécialisation commerce international et d’un BTS Tourisme. Il est originaire de Surgères en Charente-Maritime.
Grégoire Neau
Volontaire chez Livre en Liberté

« Cela stimule les élèves de sortir du cadre scolaire »

© DR / France Volontaires

[Retour sur mission] Fanny Pons a réalisé six mois de volontariat au cours de l’année 2023 dans une école communautaire à Ashaiman, une zone défavorisée de la région du Grand Accra (Ghana), pour une mission d’enseignement formel et informel du français autour du sport et des jeux. Elle s’était engagée dans le cadre d’un Service Civique international.

J’ai effectué mon volontariat chez Floating Crystals Academy, c’est une école communautaire fondée il y a une dizaine d’année par la fondation Hope and Service.

Son but est de permettre aux enfants les plus défavorisés de la communauté de pourvoir avoir accès à l’enseignement à moindre frais. Elle scolarise 150 enfants de la crèche jusqu’à la fin du cycle primaire.

Je suis intervenue pour l’enseignement formel et informel du français, autour du sport et des jeux. Par exemple, pour apprendre les nombres : je donnais le nombre en français, et les élèves devaient courir toucher sur le mur les nombres qui forment ce chiffre. Le plus rapide avait gagné ! Cela stimule les élèves de sortir du cadre strictement scolaire et d’apprendre dans la bonne humeur. Pour les couleurs, je leur en donnais une et les élèves devaient être les plus rapides à toucher un objet de cette couleur présent dans la cour de récréation. Je partageais aussi avec eux des éléments sur la culture française et, lors des récréations, je menais des discussions de pratique orale en français avec les élèves.

J’espérais acquérir une meilleure maîtrise de l’anglais et je voulais m’inscrire dans une plus longue période à l’étranger. J’étais déjà allée au Burkina Faso avant, mais je voulais pouvoir mettre en avant le fait que j’aie passé six mois dans le cadre de ce type de missions. C’était aussi un test pour savoir si je réussirais à rester aussi longtemps loin de chez moi, de mes amis, de ma famille et de ma ville. Je me suis rendue compte qu’effectivement je me sens bien en voyage et ça me donne envie de continuer !

Du point de vue de la langue, au niveau de l’anglais, je ne suis pas bilingue, mais j’ai un peu progressé. Par ailleurs, je pense avoir pu contribuer à déconstruire l’image des personnes du Nord qu’ont parfois les membres de la communauté dans laquelle je suis. Nous avons discuté des nombreux clichés sur l’Afrique et l’Europe que chacun véhicule de part et d’autre. Par exemple, tout le monde était étonné que je cuisine, que je fasse mes lessives ou que je me déplace sans chauffeur. Les membres de la communauté avaient pour seule représentation des européens, les expatriés qui bénéficient de personnel de maison. Elles étaient étonnées de savoir que ce n’est pas du tout la norme dans mon pays !

Bio express

Fanny Pons a 26 ans. Elle est titulaire d’un master 2 en relations internationales et politique de sécurité et de défense à l’Université de Toulouse Capitole. Outre son engagement dans le cadre de ce Service civique international, elle a aussi participé à des missions au Burkina Faso au sein de l’association Terra, dont elle a assuré la présidence, et qui intervient dans ce pays pour y organiser des formations aux premiers secours.
Fanny Pons
Volontaire chez Hope and Service

L'organisme d'accueil

Hope and Service est une fondation ghanéenne dont l’objectif est de soutenir et aider les personnes démunies et les enfants vulnérables sans soutien familial en leur donnant les compétences nécessaires pour qu'ils puissent participer à des activités visant à la réduction de la pauvreté dans leurs communautés rurales (apiculture, élevage, création de petites entreprises, etc.).

Au soutien des personnes en situation de handicap mental

© Nathan Anderson / Unsplash

À Ambleteuse (Pas-de-Calais), l’Arche Les Trois Fontaines accueille des personnes en situation de handicap mental. L’établissement compte sur l’aide d’une importante cohorte de volontaires (actuels et anciens) qui accompagnent les bénévoles et salariés dans l’ensemble des tâches de l’établissement.

Créée dans les années 1960, l’Arche est une fédération de communautés qui accueillent les personnes en situation de handicap mental dans des lieux de vie et de travail, où elles résident avec des bénévoles ou volontaires. Au nombre de 39, elles sont réparties sur tout le territoire national et regroupent en tout 4000 personnes dont 1750 ayant un handicap mental. L’Arche Les Trois fontaines est l’une de celles-ci. Basée à Ambleteuse, entre Calais et Boulogne-sur-mer, elle dispose de quatre structures médico-sociales : un foyer d’hébergement, un foyer de vie, un établissement hébergeant des personnes handicapées âgées (EHPAH) et un établissement et service d’aide par le travail (ESAT).

Des volontaires "pépites"

Stéphane fait partie des forces vives de l’équipe de l’Arche. Chaque jour depuis son arrivée à l’automne dernier, ce jeune tchadien en volontariat de solidarité internationale (VSI) donne un coup de main pour faciliter le quotidien des résidents des lieux : « Je passe mes journées au foyer, je suis là pour les assister dans leurs activités. Je les guide, je les fais sortir, je les encadre quand ils jouent au foot ou quand ils se promènent, je signale les points de danger, je leur rappelle de bien s’hydrater quand il fait trop chaud… » détaille-t-il avec précision. Des tâches complexes, face à des personnes en manque d’autonomie qui nécessitent parfois un accompagnement conséquent.

« C’est fatigant, et cela peut mettre les volontaires face à leurs limites ou leurs fragilités. Ce n’est pas toujours tout rose », complète Lucie Druart, responsable des ressources humaines de l’établissement, avant d’enchaîner : « Mais ces volontaires assurent une aide concrète et cela donne plus de temps aux salariés pour mettre en œuvre leurs missions tout en permettant d’être au rythme des personnes handicapées. Ce sont des pépites pour nos équipes de salariés » s’enthousiasme-t-elle.

« Beaucoup de salariés sont arrivés ici par la voie du volontariat »

Lucie Druart, responsable RH et ancienne volontaire

Il faut dire qu’elle est elle-même bien placée pour connaître les avantages du dispositif : avant d’arriver à l’Arche Les Trois Fontaines, elle avait ainsi assuré une première mission de volontariat au Rwanda avec les Scouts de France, avant de repartir quelques mois plus tard pour une nouvelle mission, en Équateur cette fois et avec son mari, via la Délégation catholique pour la coopération (DCC). Quant à Nicolas Nys, directeur de la structure, il était quant à lui VSI en Côte d’Ivoire il y a quelques années. « Beaucoup de salariés sont arrivés ici par la voie du volontariat », commente Lucie Druart : « Cela permet de comprendre réellement ce qu’est le travail social et de conforter un choix de carrière ». En somme, l’Arche développe une véritable culture du volontariat.

Stéphane, de son côté, n’a pas prévu de continuer dans ce secteur pour la suite. Pas par manque d’intérêt pour les missions qu’il assure, mais il a d’autres projets : « Je veux rentrer au pays avec cette expérience : j’ai une association de volontaires au Tchad, j’ai besoin de rentrer pour m’en occuper ». Pas avant le mois de septembre prochain toutefois, puisque sa mission doit durer un an. Encore quelques mois pour continuer d’œuvrer dans sa « famille », comme il le dit affectueusement : « J’ai été accueilli dans mon foyer comme un prince, je compte bien le leur rendre jusqu’au bout ».

Stéphane Boyahré, volontaire de solidarité internationale envoyé la Délégation catholique pour la coopération à l’Arche Les Trois Fontaines.

Bio express

Stéphane Boyahré a été envoyé à l’Arche les Trois Fontaines par la Délégation catholique pour la coopération (DCC), pour une mission de volontariat de solidarité internationale (VSI). Il est titulaire d’un diplôme en sciences de l’éducation et en psychologie obtenu lors de son cursus universitaire au Cameroun. À son retour au Tchad, il a été bénévole puis volontaire national dans son pays.
Stéphane Boyahré
Volontaire à l'Arche les Trois Fontaines

Regarder le témoignage de Martin, ancien service civique à l'Arche Strasbourg

Quelles différences entre une action humanitaire d’urgence, une mission de volontariat et du bénévolat ? 

© Kyle Glenn / Unsplash

Bénévoles, humanitaires ou volontaires, tous sont guidés dans leur mission par un fort désir de mettre à profit leur temps ou leur compétence au service de l’intérêt général.  Si les motivations de ces engagements ont des racines communes (solidarité, altruisme, don de soi), il existe cependant quelques nuances entre ces statuts. Tour d’horizon des différences à connaître pour s’engager dans la bonne direction !

Qu'est-ce qu'une action humanitaire d'urgence ?

Une action humanitaire d’urgence est un déplacement effectué dans le but de fournir une assistance humanitaire à des populations dans le besoin, généralement dans des régions touchées par des crises ou des catastrophes naturelles, des conflits armés, ou encore des situations de pauvreté extrême. 

Les activités menées en cas d’urgence humanitaire peuvent inclure la distribution de nourriture, d’eau potable, de médicaments et d’autres fournitures de première nécessité, ainsi que la mise en place de programmes éducatifs, sanitaires ou de reconstruction. L’objectif principal est d’apporter une aide immédiate aux populations vulnérables et de contribuer à soulager leurs souffrances.

Les volontaires internationaux d’échange et de solidarité ne s’engagent pas dans des missions d’urgence humanitaire. Ils sont déployés dans le cadre de dispositifs réglementés par l’État français et ils sont soumis au respect des recommandations sécuritaires formulées par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Dans une zone sinistrée où les humanitaires pourraient être missionnés, les volontaires seraient quant à eux rapatriés pour des raisons de sécurité.

Quelles différences entre volontariat et bénévolat ?

Le statut

Le bénévolat à l’international est un engagement libre, sans condition d’âge ni de diplôme. C’est un engagement moral qui peut être ponctuel ou régulier, mais n’est jamais une activité à temps plein. À ce titre, un bénévole n’a pas de contrat de travail (même s’il doit respecter le règlement de l’organisme et ses règles de sécurité). Le bénévole est libre de mettre un terme à son engagement sans procédure ni dédommagement. Le volontariat est un engagement contractuel et exclusif. Le statut de volontaire se situe entre celui du salarié et celui du bénévole. Un volontaire n’est pas salarié parce qu’il consacre une partie de son temps à une mission d’intérêt général. Il n’est pas non plus bénévole parce que soumis au respect d’un contrat et d’une exclusivité. En outre, il doit respecter un préavis.

La compensation financière

Un bénévole n’est pas payé. Il ne reçoit donc aucune compensation financière, qu’elle soit en espèce ou en nature. C’est d’ailleurs l’une des caractéristiques essentielles du bénévolat. Certains dispositifs de volontariat, comme le VSI et le service civique, permettent au volontaire de percevoir mensuellement une indemnité de subsistance. Ce n’est pas le cas en revanche pour d’autres types de volontariat comme les chantiers internationaux.

La durée de l'engagement

Si le bénévolat peut s’envisager « à la carte », à court ou à long terme, il n'y a généralement pas d'exigences strictes en termes de durée d'engagement. En revanche, plusieurs dispositifs comme le volontariat de solidarité internationale implique souvent un engagement à long terme, généralement de plusieurs mois à plusieurs années, pour permettre une contribution significative et durable aux projets.

La formation et le support pendant la mission

Le bénévolat ne nécessite pas nécessairement de formation préalable spécifique ou de support continu, bien que cela puisse varier selon le contexte. En revanche, les missions plus longues de volontariat à l’international nécessitent une formation obligatoire avant le départ et bénéficient d’un soutien continu pendant la mission. Les Espaces Volontariats de France Volontaires proposent des formations, des outils, des espaces d’échange mais aussi des contacts utiles tout au long de la mission.

Les objectifs

Le bénévolat peut être réalisé dans divers contextes, y compris au niveau local, national ou international, mais n'est pas toujours axé sur des missions spécifiques de solidarité internationale. Le VIES se concentre spécifiquement sur des missions de développement et d'appui aux acteurs locaux, dans le cadre de projets concrets, portés et gérés par des structures spécialisées.

Bonne nouvelle !

Un engagement bénévole peut tout à fait être prolongé par une période de volontariat et inversement ! S’il existe quelques différences entre les deux statuts, il n’y a aucune incompatibilité entre eux. Au contraire, ils s’inscrivent souvent dans un véritable parcours d’engagement, sous différentes formes, à différents moments de sa vie.  De bon augure pour celles et ceux qui cherchent leur chemin dans la solidarité internationale.

La Mauritanie et la Région Centre main dans la main au service de la formation agricole

© Thomas Limousin / France Volontaires

Initiée il y a plus de vingt ans, la coopération décentralisée entre les régions Centre-Val-de-Loire et Gorgol, dans le sud de la Mauritanie, continue de se renforcer. Benoît Dagbert, volontaire de solidarité internationale (VSI), anime ce partenariat sur place : une présence qui facilite les liens et permet de concrétiser les projets. La venue d’une délégation française en mars a permis de faire éclore l’espoir d’un partenariat entre deux écoles de formation agricole, un enjeu pour les deux régions.

S ous un soleil de plomb, le regard au loin, les mains dans le dos, Sid El Kheir Cheikh El Bou, directeur de l’École nationale de formation et de vulgarisation agricole de Kaédi (ENFVA) ne tient plus en place. Dans quelques minutes, une délégation de la Région Centre-Val-de-Loire arrivera dans son établissement, en visite dans la capitale de cette région du sud du pays, située à la frontière avec le Sénégal. Depuis plusieurs mois, il travaille avec Benoît Dagbert, VSI chargé d’animer la coopération décentralisée, sur un projet de partenariat avec l’école horticole de la Mouillère, basée à Orléans. « J’attends beaucoup de cette délégation » explique-t-il, impatient, « j’ai hâte de faire avancer le projet ».
Depuis 2002, les deux régions nouent une relation étroite et collaborent sur des projets d’amélioration d’accès à l’eau potable, de formation agricole ou de renforcement institutionnel. Cette visite française dans le Gorgol est un moyen de renforcer ces liens et de créer de nouvelles perspectives. Organisée en grande partie par Benoît, c’est un temps fort pour la coopération. 

Une centaine d’hectares dédiés à l’expérimentation dans l’agriculture

La délégation arrive enfin. Elle est composée du président de la Région Centre, de la vice-présidente déléguée à la coopération internationale, ses conseillers techniques, de Benoît, ainsi que de Jean-Philippe Audrain, directeur de l’école de la Mouillère. Dans la grande salle de réunion décorée pour l’occasion, le directeur de l’ENFVA fait une présentation de son établissement. L’école accueille 300 élèves pour des formations allant du CAP au BTS. Il expose également ses limites : seulement sept formateurs permanents et un manque d’experts sur certains domaines. Une visite est ensuite organisée, la centaine d’hectares dont dispose l’école est dédiée à la formation et à l’expérimentation dans l’agriculture et dans l’élevage

La visite de la délégation de la Région Centre en mars 2024 en Mauritanie. 

La délégation doit repartir. Seuls restent Benoît et le directeur de l’école orléanaise. Le temps politique passé, les engagements pris, il est l’heure d’aborder les aspects techniques et opérationnels. « J’aimerais que de façon réciproque, on puisse s’apporter des expériences et une montée en compétences des formateurs » explique Jean-Philippe Audrain, « Également, que les jeunes de France puissent ouvrir les yeux sur ce qu’il peut se passer ailleurs. Je crois en la coopération et plus largement en la mobilité internationale ». Les deux directeurs sont sur la même longueur d’onde. « Il ne reste plus qu’à mettre en place un protocole d’accord » résume l’un d’eux.

Le volontariat, un gain de temps dans la gestion de la coopération

Rien n’aurait pu se faire sans la présence de Benoît. Envoyé par la région Centre-Val-de-Loire dans le Gorgol il y a dix mois, sa présence permet d’entretenir et de vitaliser la coopération. « Je me vois comme étant un facilitateur d’échanges, de relations. Je mets en liens les acteurs institutionnels, mais également tous les partenaires intéressés par la coopération ». Un rôle essentiel, salué par le directeur de l’école de la Mouillère : « Pour moi, la présence de Benoît est indispensable. Les visios, c’est bien, mais ce n’est jamais suffisant. Ça nous prendrait un temps dingue d’apprendre, de comprendre comment ça fonctionne ici. Ça résout la moitié des problèmes avant qu’ils ne se posent ». Les deux directeurs se serrent la main. Dans quelques mois, une nouvelle délégation se rendra en Mauritanie pour sceller l’accord entre les deux établissements. De son côté, Benoît continue d’animer la relation entre les régions. La coopération décentralisée, levier de solidarité et d’enrichissement mutuel, a encore de beaux jours devant elle.

Bio express

Benoît Dagbert a 32 ans. Après des études et une vie dans le théâtre, il décide de se tourner vers la science politique à l'université Paris 8 - Saint-Denis. Intéressé par le marché de l'art et ses enjeux contemporain de restitution des œuvres africaines, il s'engage dans un Service Civique au Bénin dans un centre culturel. Grand amoureux du Brésil et des voyages, la Mauritanie lui ouvre ses bras et il anime désormais la coopération décentralisée avec la région du Gorgol.
Benoît Dagbert
Volontaire pour la Région Centre-Val-de-Loire en Mauritanie

Quand Léna accompagne les élèves en difficulté à Nouakchott

© Thomas Limousin / France Volontaires

Volontaire en Service Civique au lycée français de Nouakchott, Lena accompagne des élèves en difficulté scolaire. Véritable pédagogue, cette expérience lui sert à faire un premier pas dans le domaine de l’éducation et lui permet d’affirmer ses choix professionnels. Portrait d’une jeune baroudeuse pour qui l’instruction est une vocation.

Il est 11h30 dans le CDI du lycée Théodore Monod de Nouakchott, le calme règne. Certains élèves, studieux, révisent pour les examens à venir, d’autres feuillètent des bandes dessinées. Ryme, en 4ème, se dirige quant à elle vers une petite salle climatisée. Lena l’y attend pour une séance de soutien individuel. Aujourd’hui, c’est aide au devoir de géographie, un cours sur les mobilités transnationales. Il faut décrire une image et rédiger un paragraphe sur l’évolution des migrations. Après quelques explications, la jeune fille se lance dans sa dissertation.

Mais cela n’est pas toujours aussi facile. Dans cet établissement où les cours sont dispensés en français, certains élèves mauritaniens accumulent du retard. « Même si tous comprennent le français, quelques-uns ont de grandes difficultés en compréhension et production écrite, ça les handicape, il faut consolider les bases » explique Léna. « On se voit pendant toute la semaine, pour des séances d’une heure, parfois deux, on est en tête-à-tête, c’est plus simple pour eux de garder leur concentration ».

Club de lecture et ateliers débats avec les élèves

La jeune française est en Service Civique dans l’établissement depuis décembre 2022. Diplômée d’une licence de lettres, elle a décidé de réaliser une pause dans ses études pour avoir une première expérience dans le monde de l’éducation. « Lena est une bonne professeure » souligne Ryme, toute souriante, « avec elle, je n’ai pas l’impression d’être en classe, j’ai plus de liberté pour poser des questions. Le tutorat m’aide à apprendre, j’ai vraiment l’impression de progresser ».
Le lycée lui offre une certaine souplesse. Elle anime un club de lecture et a l’intention de mener un atelier débat où chacun pourra prendre la parole librement. « Ce sont des projets que j’ai monté, c’est gratifiant de voir que ça plaît » se réjouit Lena.

« Le voyage, ça m’anime. C’est dur parfois, mais ça apporte tellement. Tu acquiers des compétences pour la vie »

Léna, en service civique en Mauritanie

La jeune volontaire est une véritable baroudeuse. À 17 ans, elle arpentait déjà seule l’Indonésie. Ces nombreux voyages à travers le monde lui ont donné la fièvre de la découverte et l’envie d’enseigner. « Le voyage, ça m’anime, c’est dur parfois, mais ça m’apporte tellement. Tu acquiers des compétences pour la vie », résume-t-elleElle se voit devenir professeure de français langue étrangère. Pour le moment, elle fait ses armes au lycée français de Nouakchott, pour le plus grand plaisir des jeunes élèves.

© Thomas Limousin / France Volontaires

Bio express

Léna Longère, 24 ans, a effectué son service civique pour une mission d'accompagnement des élèves en difficultés auprès du lycée français Théodore-Monod à Nouakchott, en Mauritanie, entre janvier et juin 2023.
Léna Longère
Volontaire en service civique