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Comment devenir volontaire international d’échange et de solidarité ?

Des volontaires à Madagascar. © DR

Partir en volontariat international d’échange et de solidarité (VIES) s’inscrit dans une démarche d’ouverture au monde marquée par un fort désir d’engagement. Quel que soit son âge, son expérience, sa disponibilité, il existe un dispositif de volontariat qui répond à ce désir d’engagement ! Avant le départ, il convient de (se) poser les bonnes questions et de collecter les bonnes informations. On vous partage quelques pistes pour concrétiser votre projet de volontariat à l’international.

Comment devenir volontaire international ?

Devenir volontaire international, c’est faire le choix de donner de son temps et partager son expertise en partenariat avec les acteurs locaux du pays d’accueil. Partir en volontariat à l’international nécessite un temps de préparation et de réflexion pour bien mûrir son projet d’engagement. Plusieurs étapes s’imposent avant le départ afin d’entreprendre un volontariat utile aussi bien pour les communautés d’accueil que pour soi-même.
En premier lieu, il convient de bien définir son projet en répondant à de simples questions, parmi lesquelles :

  • Combien de temps puis-je consacrer à cette mission ?
  • Quelles sont mes motivations ?
  • Comment voudrais-je participer concrètement à un projet en fonction de mes compétences, ou de mes centres d’intérêt ?
  • Dans quel secteur vais-je m’engager ?

Cette liste n’est pas exhaustive et pour aider les candidats à identifier un projet de volontariat fiable, France Volontaires détaille  « les questions à se poser pour un volontariat responsable » dans un article spécifique.

« Sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même»

Justine, volontaire en Service Civique international en Côte d’Ivoire

Les questions sont nombreuses, mais permettent au volontaire de lever les doutes et définir sereinement les grandes lignes de son parcours à venir. Justine, volontaire en Service Civique International déployée en Côte d’Ivoire, a su rapidement identifier ses objectifs. « Je me suis engagée dans un service civique pour plusieurs raisons. La première, je souhaitais sortir de ma zone de confort et réaliser des choses par moi-même. La seconde était de m’enrichir par de nouvelles expériences tant personnelles que professionnelles. Et la troisième raison était de découvrir un autre pays. »

Quelles sont les démarches pour partir en volontariat ?

La recherche d’une mission de volontariat de qualité nécessite de se renseigner, de se questionner et de bien identifier sa motivation. Afin d’orienter ses recherches et trouver la mission qui correspond le mieux à son profil, France Volontaires a élaboré un test d’orientation sous forme de quizz.  Cet outil permet de préparer au mieux son projet et de trouver la forme d’engagement en adéquation avec son expérience, sa disponibilité et ses motivations.

Une fois le dispositif défini, il ne reste plus qu’à trouver la mission pour partir en volontariat à l’international ! Les missions de VIES proposées par la plateforme France Volontaires sont publiées sur l’espace missions. Elles sont co-construites entre les organismes agréés et les structures d’accueil des volontaires dans les pays partenaires. Le candidat rentre alors dans un processus de sélection, ou dans un vivier de volontaires en proposant son dossier pour répondre aux critères de sélection fixés par l’organisme.

Quel organisme de volontariat international choisir?

France Volontaires est la plateforme française du Volontariat international d’échange et de solidarité (VIES). Opérateur du ministère de l’Europe et des Affaires étrangères, elle réunit l’État, des collectivités territoriales et des associations autour d’une mission d’intérêt général : le développement et la promotion du VIES.

Choisir son organisme d’envoi nécessite d’être en adéquation avec le projet et de s’assurer de certains points :

  • Partir dans de bonnes conditions, avec une structure qui adopte un strict protocole de sécurité
  • S’investir auprès d’une structure éthique, qui veille au respect des populations locales
  • S’engager dans une démarche partenariale, au sein d’une structure qui co-construit les projets avec les acteurs locaux du pays d’accueil
  • S’assurer de l’impact positif et durable des actions menées par les volontaires
  • Ne pas tomber dans les filets de structures malveillantes dont le modèle économique repose sur les profits tirés de l’engagement volontaire, bien souvent au détriment de l’intérêt général
  • Vérifier les conditions financières de la mission (indemnisation éventuelle, participation aux frais de transport pour les missions courtes, etc.)

La liste des associations agréées pour le VSI et le Service civique à l’international est disponible sur le site de France Volontaires. En fonction de votre niveau d’expérience, de nombreuses offres de missions sont disponibles. Pas une minute à perdre, ces missions sont mises à jour régulièrement pour des missions aux quatre coins du monde !

Diverses missions à Madagascar et en Équateur. © DR

Mitahato, le village kenyan qui fait aimer le français à ses habitants

© Mitahato French Village

Au Kenya, on parle le swahili et l’anglais. Pourtant, la francophonie gagne petit à petit du terrain grâce aux efforts d’une poignée d’amoureux de la langue de Molière (et d’Aya Nakamura). Dans le petit village de Mitahato, au centre du pays, Francophone Network of Kenya dispense des cours suivis par de nombreux habitants. Une initiative saluée entre autres par l’Alliance française de Mombasa, qui accompagne les associations locales dans leur promotion de la culture francophone.

“Mitahato French Village, bienvenue” : l’inscription est peinte en gros sur un mur entre deux drapeaux du Kenya et de la France. Nous ne sommes pas dans un quartier d’expatriés de Nairobi, la capitale du Kenya, mais bien à une trentaine de kilomètres plus au Nord, dans une zone rurale peu peuplée de ce pays principalement anglophone.

Dans le village de Mitahato, on peut prendre des cours de français, accéder à une bibliothèque francophone et même… jouer à la pétanque !
© Mitahato French Village

Des cours de français gratuits dans un village kenyan

Comment le français y est-il ainsi devenu la langue préférée des locaux ? Grâce à l’initiative de Chris Mburu, un enfant du village devenu salarié des Nations unies en Suisse, et qui a ramené chez lui son amour pour l’idiome du pays dans lequel il vivait. « Il a d’abord transformé sa maison en librairie, en y entreposant des livres en langue française pour motiver progressivement les habitants à apprendre la langue » explique Ngunye Kimani, coordinateur du projet « Mitahato French Village » au sein de l’association Francophone Network of Kenya, créée par le diplomate. Une initiative doublée quelques temps plus tard par l’ouverture d’un centre de langues : « Le centre régional kenyan pour le français propose des cours gratuits grâce à des étudiants francophones » complète Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa, la deuxième ville du pays. 

« Pendant la pandémie, le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves »

Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa

Jeunes ou moins jeunes, ils sont ainsi nombreux à venir apprendre les bases de cet idiome pas toujours évident à maîtriser pour des locuteurs plus habitués au swahili ou à l’anglais. « Pendant la pandémie, c’était aussi une façon de lutter contre le désœuvrement en occupant les habitants de façon utile, dans la mesure où tout était fermé », se remémore Nilda. « Le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves pour les faire progresser plus vite ».

La fête de la francophonie à Mombasa

Pour l’Alliance française de Mombasa, cette initiative est forcément la bienvenue. L’organisme a ainsi organisé une visite à Mitahato au printemps 2023. L’occasion de faire découvrir aux habitants du French Village un aspect parfois méconnu de la culture française, celle de ses territoires d’outre-mer : « Nous avions présenté la faune et la flore de la Guyane, de la Martinique et de Mayotte », explique Nilda, qui est elle-même originaire de la petite île de l’archipel des Comores, située à quelques centaines de kilomètres au sud des côtes kenyanes.

L’organisme, qui promeut la culture française dans le pays avec son homologue de Nairobi, est particulièrement attentif au développement de la langue française dans le pays. Les 15 et 16 mars derniers, l’Alliance française de Mombasa a ainsi organisé la fête de la francophonie, deux journées destinées autant à la communauté francophone du pays qu’au grand public. Au programme ? Un zoom sur la République démocratique du Congo, pays (presque) voisin du Kenya avec entre autres des ateliers culinaires et des animations imaginées par Kifaransa Village, une association locale inclusive de promotion du français. Et pour finir, un concert de Syssi Mananga, auteure-compositrice née d’une mère congolaise et d’un père belge, comme un symbole de la richesse que constitue la multiculturalité.

La Fête de la francophonie , les 15 et 16 mars 2024 à l’Alliance française de Mombasa.
© Alliance française de Mombasa

Regarder le reportage de Jules sur la chaîne Le Français au Kenya

Bio express

Nilda Chadhouli a 27 ans, elle est née à la Réunion mais elle est originaire de Mayotte, petit département français situé dans l’archipel des Comores. Après avoir effectué une partie de sa scolarité à Dijon (Côte d’Or), elle a obtenu un bac scientifique à Saint-Denis de la Réunion, avant de poursuivre son parcours universitaire en métropole. Elle est titulaire d’une licence de Langues étrangères appliquées (LEA) obtenue à la Sorbonne et d’un master en marketing et communication obtenu à Ynov Campus. Elle effectue sa mission de VSI comme chargée de mission communication à l’Alliance française de Mombasa depuis mai 2022 grâce à l’antenne de France Volontaires à La Réunion en partenariat avec le Département de Mayotte.
Nilda Chadhouli
Volontaire à l'Alliance française de Mombasa

Comment bien choisir son organisme d’envoi en mission de volontariat à l’international ?

© Etienne Girardet / Unsplash

Partager son expérience avec les acteurs internationaux pour faire advenir des projets main dans la main à travers le monde, ça vous parle ? Vous rêvez de donner de votre temps et vous engager dans une mission solidaire à l’international ? S’il n’y a que de bonnes intentions, gare aux arnaques ! Focus sur quelques points de vigilance qui sont à observer avant de vous lancer.

Gare aux arnaques !

L’appétence des citoyens pour le volontariat est bien réelle, comme l’illustre un récent sondage mené par OpinionWay pour France Volontaires. En effet, près d’un français sur deux se dit prêt à s’engager dans une mission de volontariat à l’international. Toutefois, devant un nombre limité d’opportunités disponibles dans le monde, des alternatives se développent, parfois en contrepartie de sommes d’argent importantes et pour des projets ayant au mieux aucun impact sur le terrain, au pire des effets néfastes sur les communautés et les volontaires eux-mêmes. Il s’agit du phénomène du « volontourisme », néologisme formé des mots « volontariat » et « tourisme ».

Répondant à une forte demande des jeunes Occidentaux pour « partir faire de l’humanitaire» à l’étranger, le secteur du volontourisme est en pleine expansion depuis les années 1990 dans les pays-anglosaxons, et depuis le début des années 2000 en France. Les offres de « voyage solidaire », « tourisme humanitaire » ou encore « missions solidaires » pullulent et certaines organisations à but lucratif exploitent le filon dans une logique commerciale, souvent au détriment des populations.

Veiller à sa sécurité et à celle des populations locales

Bien choisir l’organisme de volontariat avec lequel partir est un gage de sécurité, pour soi et pour les populations locales. En tant qu’opérateur du ministère de l’Europe et des affaires étrangères, France Volontaires est pleinement intégrée au dispositif de sécurité des volontaires déployés à l’international, dispositif piloté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. À noter que chaque volontaire est accompagné dans son engagement et son expatriation, aussi bien pour les démarches administratives et médicales, qu’à travers une formation obligatoire qui prend systématiquement en compte les questions de sécurité.

Ma mission aura-t-elle un impact durable sur le terrain ?

Avant d’entamer les démarches pour partir en volontariat, il convient donc de se renseigner sur la structure qui porte le projet en s’assurant de son intégrité, de sa connaissance des enjeux locaux, et de sa reconnaissance du volontariat comme levier de développement ne perturbant pas l’écosystème local. Pour choisir l’organisme d’envoi, il est important de considérer qu’une bonne mission est co-construite localement, dans une démarche partenariale pour répondre à des enjeux bien identifiés. Le volontaire doit se sentir en accord avec les valeurs de la structure, et en confiance au sein d’une équipe experte.

Certaines missions étant ambiguës, France Volontaires encourage à s’engager auprès de ses membres, tous signataires de la Charte des volontariats qui affirme des valeurs communes aux associations actrices des Volontariats internationaux d’échange et de solidarité (VIES) et vise à améliorer la qualité des engagements bénévoles et volontaires à l’international.

© Unsplash

Volontariat international : gratuit ou pas ?

La question du financement doit faire l’objet d’une attention particulière. Si certaines missions ne sont pas  indemnisées (notamment les missions courtes comme les chantiers solidaires pour lesquelles le billet d’avion est souvent à la charge du volontaire), France Volontaires recommande de faire preuve de vigilance face à certains organismes qui demandent le financement intégral de la mission par les volontaires, parfois à des coûts élevés, et pour des missions dont le caractère éthique et responsable, et le manque de lien avec l’intérêt général, interrogent. Bon à savoir, les missions plus longues allant de 6 mois à plusieurs années, comme le service civique à l’international ou le volontariat international de solidarité (VSI), sont indemnisées.

France Volontaires appelle également à prendre contact avec le réseau des Espaces Volontariat, présents dans 24 pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine/Caraïbes, qui assure notamment des fonctions d’information et d’orientation, et de mise en relation. Les Espaces Volontariat pourront vous renseigner sur certaines associations.

Ces points de vigilances ne doivent pas être un frein à votre motivation, mais bien au contraire une bonne façon de vous préparer à vivre une mission intense et enrichissante, à tous points de vue !

Une association des Comores défend la pêche raisonnée du poulpe de récif

© DR

Quinze villages du Parc national de Mohéli, aux Comores, ont rouvert la pêche au poulpe le 10 février dernier. Après plus de trois mois de repos biologique, 18 tonnes de l’animal ont été sorties de l’eau et fait le bonheur de la communauté. Une initiative réussie avec l’appui d’Eliott Barichasse, volontaire de solidarité internationale (VSI) en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc.

Le Parc national de Mohéli œuvre depuis de nombreuses années afin de sensibiliser les communautés à effectuer le repos biologique du poulpe de récif. Les villages sont désormais conscients des avantages et des bienfaits de cette gestion efficace, rationnelle et responsable de l’espèce et de son habitat. « Le repos biologique du poulpe, on en parle à Rodrigue, au Mozambique, à Madagascar… » explique Eliott Barichasse, VSI en en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc. « On considère que pendant la période de reproduction on ne pêche pas, on le laisse se reproduire pour qu’ils soient nombreux à la réouverture mais aussi pour assurer le stock sur le long terme. Ça a commencé il y a plusieurs années, on est passé d’un seul village à une quinzaine aujourd’hui, ça a été un travail de longue haleine. »

Assurer la disponibilité des réserves en poulpes

Tout l’écosystème, à savoir corail et herbier, profite en effet de la pause en période de repos biologique pour s’épanouir et se développer tandis qu’on constate par ailleurs une prolifération des poissons de récifs. Par ailleurs, cette initiative permet également l’implication effective de la communauté dans la gestion de ses ressources marines.

Ainsi, l’association de gestion du poulpe du village de Nioumachoi (Wandzani Wazi Mbwedza), soutient et accompagne financièrement l’opération d’ouverture de la pêche au poulpe au sein des autres communautés de Mohéli par l’entremise du Parc national, qui fédère l’ensemble de ces dernières. Afin d’assurer la disponibilité des réserves de poulpe au village de Nioumachoi sur le moyen terme, et à un prix abordable, près d’une tonne de poulpe a été achetée pour le faire sécher traditionnellement. Cette technique de séchage, appelée « gnouda », permet de conserver le produit longtemps y compris sans électricité.

La pérennisation économique est la clé de voûte de la protection et de la gestion de l’environnement car elle permet une continuité dans les actions à mener sur le long terme et une flexibilité pour s’adapter aux problématiques nouvelles. Par exemple, le parc national développe aussi des zones de réserve de pêche : « C’est ce qu’on appelle une zone de non-prélèvement (ZNP) : une zone où on ne va jamais pêcher, quelque espèce que ce soit. Au bout de quelques années, on compte sur « l’effet réserve » avec une reproduction des individus qui vont finir par déborder et sortir de la zone. Cela prend du temps mais ça permet d’assurer la pérennité alimentaire à terme. On parle du poulpe mais c’est tout l’écosystème qui est concerné », détaille Eliott.

Retrouver un écosystème marin sain

En dépit de cette réouverture, l’activité de pêche reste réglementée afin de protéger les ressources. Il est par exemple interdit d’utiliser des barres de fer destructrices des coraux et donc de l’habitat du poulpe, et bien sûr de détruire les maisons de poulpe. La capture autorisée de poulpes de moins d’un kilo est également prohibée, et la pesée de la pêche est donc obligatoire. L’efficacité de telles mesures a déjà été démontrée : « On voit des poulpes de six ou sept kilos, ce qu’on ne voyait plus depuis des années, c’est les anciens qui en témoignent. Les ouvertures et les fermetures permettent de retrouver un écosystème marin sain qui permet de subvenir sur le long terme à nos besoins », conclut Eliott.

« Au Cambodge, l’attachement sentimental au français est très fort »

© Pisit Heng/ Unsplash

Raphaël Grosbois, doctorant à l’université de Montpellier, a mené une étude sur la langue française dans la société cambodgienne. Il fait partie de la cohorte de volontaires qui sont mobilisés chaque année hors de nos frontières par France Volontaires et ses membres pour travailler autour de la thématique de la francophonie. Retour avec lui sur sa mission, alors que la semaine de la francophonie se tiendra du 16 au 24 mars prochains.

Une année entière pour évaluer l’implémentation, la gestion, l’usage et la réception de la langue française dans la société cambodgienne : c’est le travail auquel s’est attelé Raphaël Grosbois en 2022 en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI). Envoyé sur place par le Service de coopération au développement (SCD), il a travaillé au sein de l’Institut national de l’éducation du Cambodge pour aller à la rencontre des acteurs locaux de la francophonie. Objectif : comprendre la façon dont notre langue est encore parlée dans la société au Cambodge, un pays qui fut d’abord un protectorat français puis rattaché à l’Indochine française (1863-1953).

Sur quoi devait porter concrètement votre étude sur le français ?

Officiellement, le but était de collecter des données sur le nombre d’apprenants du français et leurs origines sociales dans le mille-feuilles éducatif cambodgien. Il s’agissait également de savoir si ce dernier facilitait ou non l’employabilité des personnes qui le parlent. J’ai travaillé à la fois sur la vision d’en haut, celle des organisations gouvernementales et non-gouvernementales qui œuvrent à l’échelle nationale et supranationale autour des questions de francophonie. Mais également sur la dimension intermédiaire concernant la réception et la gestion des politiques éducatives et linguistiques, et enfin sur la vision « d’en bas », pour savoir comment l’apprentissage du français est reçu par les personnes à qui on l’enseigne.
Ce travail a été mené à travers une ethnographie du quotidien et des entretiens individuels et collectifs pour apprendre à connaitre ces locuteurs et l’impact de la langue dans leurs vies.

Quelles conclusions en avez-vous tiré ?

En fait, on s’est aperçu que le français au Cambodge est moins une langue de « service » qu’une langue de culture. Au regard de l’étude, il s’est avéré qu’il était surtout utilisé dans certains secteurs professionnels très spécifiques comme la médecine, l’humanitaire et le développement, et de façon plus anecdotique dans l’archéologie (dans la mesure où c’est la langue qui donne accès aux archives). Cela a beaucoup évolué depuis les années 90, avec une fragilisation de l’enseignement du français dans les établissements publics. Cela s’explique en particulier par le fait que les besoins de la société ont changé et par les différents changements d’enjeux de coopérations politiques entre les partenaires français/francophones et les partenaires cambodgiens.
Quand nous avons réalisé nos Focus Groups (une méthode scientifique qui permet d’étudier des problématiques non pas à travers l’enquête d’individus, comme c’est le cas dans l’enquête par sondage, mais par la discussion de groupe – NDLR), il en est ressorti que le français était représenté comme la langue des rois, alors que l’anglais était considéré comme la langue des tuk tuk.

"Le français est la langue des rois alors que l’anglais est la langue des tuk tuk"

Qu’est-ce que cela signifie ?

Très concrètement, nous avons noté la persistance de lien entre le passé et le présent : la famille royale entretient l’habitude de scolariser ses membres dans des établissements français. Incarnation du pouvoir et de l’élitisme, il est en réalité difficile d’apprendre le français sans avoir recours à des cours particuliers. Maitriser la langue française représente des années d’étude et un investissement financier important. La langue est moins présente dans les établissements publics que l’anglais. Il y a alors une opposition entre une langue des élites, le français, et une langue plus accessible, qui est l’anglais qui peut être maniée par “n’importe qui”.

Cet élitisme est-il mal vu par la population cambodgienne ?

Non, il n’est pas mal vu du tout, au contraire. Les Focus Groups comme les entretiens individuels ont fait ressortir cet élément : parler français, c’est une aspiration à se différencier d’une partie de la société, c’est aussi s’habiller différemment et plus globalement disposer d’autres codes socio-culturels. Mais au-delà de la question de l’élitisme, le français est également considéré comme la langue de la démocratie, ce qui peut paraître paradoxal puisque la langue s’est développée dans le cadre d’un mouvement global de colonisation de cette région de l’Asie. Enfin, dernier aspect important, notre langue est aussi vécue à la fois comme une langue d’opportunités et comme une langue de « non-choix » : apprendre le français donne plus de chances d’obtenir des bourses pour aller à l’université, où certains enseignements (en particulier en médecine) sont toujours dispensés en français. Mais à l’inverse, ne pas parler français ferme donc aussi des portes, et notre langue a de ce fait un statut ambigu.

"Il y a une réelle volonté politique d'augmenter l'enseignement du français"

Quelle est l’attitude des acteurs éducatifs et politiques au Cambodge vis-à-vis de la langue française ?

Le cas du Cambodge est particulier dans la région : l’attachement sentimental au français y est très fort, il y a une réelle volonté dans les discours de maintenir la langue française présente, à la fois en augmentant le nombre de locuteurs, mais surtout en augmentant la qualité de la pratique. Il existe un Plan global pour le français (PGF) mené conjointement par la France et par le ministère de l’Education nationale du Cambodge qui promeut la mise en place d’outils, de comités de recherche, qui souhaite mieux former les professeurs également. Le discours politique autour de la francophonie est aussi très important. Il y a une réelle volonté politique d’augmenter les financements pour accroitre l’enseignement du français entre autres pour  contrer la montée en puissance du chinois (mandarin) et de l’anglais, qui, au-delà de la langue, promeuvent aussi un autre modèle de société.

Volontariat et francophonie en chiffres

De nombreux volontaires sont mobilisés par France Volontaires et ses membres autour de la thématique de la francophonie, dans le monde comme sur le territoire français dans le cadre de la réciprocité des échanges. A titre d’exemple, en 2022, 24% des missions en Service civique international ont été réalisées dans le cadre de la francophonie. Ces volontaires sont particulièrement présents dans les Alliances françaises (31% des missions), les lycées français (28%), les instituts français (7%), ainsi que dans des associations proposant l’enseignement du français. Du point de vue géographique, 59% se sont déroulées en Europe et 41% sur le reste de la planète.

Dans l’Aisne, un lieu unique dédié à la langue française

La Cité internationale de la langue française a ouvert officiellement ses portes le lundi 30 octobre 2023 à Villers-Cotterêts dans l’Aisne. Premier lieu culturel entièrement dédié à la langue française, il a pour cadre un château de la Renaissance classé monument historique. La Cité accueille à la fois des expositions, des spectacles et des débats dans son auditorium, mais aussi des sessions de formation ou des résidences d’artistes ou de chercheurs.

La Cité internationale de la francophonie à Villers-Cotterêts.  © DR

Bio express

Raphaël Grosbois est âgé de 27 ans, il est cette année doctorant en sociolinguistique et anthropologie langagière à l’Université Paul-Valéry 3 à Montpellier. La mission, mise en place par ses soins, a été menée à l’Institut national d’éducation du Cambodge (INE), financée par l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) en partenariat avec le SCD et réalisée avec le soutien de l’Ambassade de France. Il a poursuivi ce travail de terrain en tant que consultant bénévole à l’INE à travers des projets autour des langues et de la didactique du français au Cambodge en 2023.
Raphaël Grosbois
Volontaire à l'INE

À Siem Reap, des volontaires engagés pour un tourisme responsable

© Régis Binard / France Volontaires

Si la capitale Phnom Penh accueille la majorité des volontaires internationaux au Cambodge, Siem Reap reçoit chaque année la contribution d’une trentaine de volontaires dans de nombreux domaines. Destination touristique majeure du Cambodge (c’est là que se situent les célèbres temples d’Angkor), cette ville historique classée au patrimoine mondial de l’UNESCO attire des millions de touristes chaque année, permettant la forte croissance économique et démographique de la région… mais avec son lot de difficultés pour la durabilité des sites.

Classée au patrimoine mondial de l’Unesco, la ville de Siem Reap est devenue dépendante du tourisme pour son activité. Si la pandémie a mis en grande difficulté de nombreux professionnels du secteur dans la ville de Siem Reap, la réouverture du pays en mars 2022 a permis la reprise de l’activité et les touristes reviennent de plus en plus.

Le tourisme comme moyen d’insertion professionnelle

Ce tourisme de masse dans les temples angkoriens avait également amené son lot de difficultés pour la conservation des sites historiques ainsi que pour la durabilité et la résilience des activités économiques. Il a également fait apparaître un phénomène très fort de volontourisme visant à exploiter le désir d’engagement et l’empathie des visiteurs aux dépens des populations locales. France Volontaires se bat sur place avec les autorités nationales, l’Ambassade de France au Cambodge et l’ONG Friends International contre ce phénomène. Le déplacement devait ainsi permettre de veiller aux bonnes pratiques du volontariat au sein des structures d’accueil et de promouvoir un volontariat de qualité et responsable à nos interlocuteurs.

Les temples d’Angkor à Siem Reap (Cambodge).  © Giulia Brochetto et Antonella Vilardo / Unsplash

Face à l’afflux massif de visiteurs sur un territoire en développement, des ONG se sont saisies du tourisme comme moyen d’insertion professionnelle. L’Ecole du Bayon, l’Ecole hôtelière Sala Baï ainsi que l’école Paul Dubrule ont mis en place plusieurs formations professionnelles dans les métiers du tourisme et de la restauration, en recrutant des étudiants venant des communautés précaires de la région et des autres provinces du Cambodge. France Volontaires a rendu visite à ces structures qui font appel à des VSI et des volontaires en service civique pour développer et faire vivre ces ONG. Un repas solidaire dans le restaurant d’application de Sala Baï a d’ailleurs été organisé par France Volontaires à l’intention de tous les volontaires basés à Siem Reap mais aussi à Sisophon, au nord-ouest de Siem Reap. L’occasion pour les volontaires de faire connaissance, d’échanger sur leurs missions respectives et rencontrer l’équipe de France Volontaires au Cambodge. Renaud, VSI envoyé par la Guilde pour diriger l’école, s’appuie sur son expérience dans la restauration pour former de futurs professionnels du tourisme au Cambodge.

Pisciculture familiale et écovolontariat

Siem Reap se situe non loin du Tonle Sap, un lac central au Cambodge vivant au rythme des saisons, réserve de biosphère Unesco et, étant une des zones de pêche d’eau douce les plus productives au monde, fournissant un revenu à des milliers de familles cambodgiennes. Pendant le temps des restrictions liées au COVID-19 et à l’absence de revenus tirés du tourisme, de nombreux Cambodgiens sont retournés dans leur village d’origine vivre de la pêche. Or, celle-ci pouvant être particulièrement intensive, la production halieutique locale fait courir un risque économique et environnemental à tout l’écosystème du Tonle Sap.

Autour de ce grand lac, Dorian, VSI envoyé par la Guilde à APDRA Pisciculture Paysanne, lutte contre ces pressions environnementales avec une ONG cambodgienne afin de développer une pisciculture familiale, agro-écologique et rentable. Nous l’avons suivi sur une ferme piscicole pour participer à une étude de terrain qui permettra de mettre en œuvre un programme de développement de la filière dans la région.

Enfin, le fort développement de la province de Siem Reap a amené celle-ci à prendre des mesures pour améliorer les conditions sanitaires et environnementales du territoire et pour favoriser le développement du secteur agricole. En partenariat avec des acteurs locaux et internationaux, ainsi qu’avec l’ONG Agrisud International, la province a entamé la construction de la toute première station de gestion des boues de vidange du pays. Ces boues, après traitement, seront valorisées en fertilisant organique accessible pour les agriculteurs locaux. VSI envoyée par l’IFAID, Eva s’engage dans la mise en œuvre de ce projet visant à structurer et améliorer toute une filière économiquement viable, par la coordination et l’accompagnement de tous les acteurs concernés.

Le grand temple d’Angkor Vat.  © allPhoto Bangkok / Unsplash

« J’ai imaginé un meuble innovant avec du bois local »

Création d’un coin focus mettant en avant les objets de l’exposition « Du visible à l’invisible » au Quai Branly en 2022. © DR

Déployée pour un an auprès de la Route des Chefferies à Bafoussam (Cameroun) dans le cadre de son service civique, Coline Taloc accompagne les équipes de cette institution culturelle en matière de design d’espace et de scénographie. Elle a entre autres dessiné un meuble pour mettre en valeur des objets traditionnels camerounais.

En arrivant à la Route des Chefferies, j’ai travaillé sur un premier projet qui consistait à designer l’espace d’accueil de l’Office régional du tourisme de l’Ouest Cameroun (ORTOC),

qui était encore en cours de construction. J’ai donc suivi l’évolution du chantier et travaillé avec les menuisiers afin de réaliser du mobilier sur mesure. C’est ainsi que j’ai designé le meuble d’exposition que je présente dans la vidéo. C’est un meuble modulable dont le principe est simple : il s’agit d’un panneau en bois dans lequel ont été percé des trous pour pouvoir y insérer des rondins et y placer des étagères. Cela offre une multitude de possibilités lors du montage d’une exposition, qui peuvent varier selon nos envies et nos besoins. Cette étagère innovante et design a été construite sur mesure, avec du bois local, tout cela en collaboration avec un menuisier de Bafoussam.

Par la suite, on m’a confié différents projets de relooking de cases patrimoniales des chefferies de l’Ouest Cameroun, afin de pouvoir mettre en avant des objets qui avaient précédemment fait partie de l’exposition « Du visible à l’invisible » qui s’était tenue au Musée du Quai Branly à Paris en 2022. J’ai dû repenser les espaces afin de créer un endroit dédié à ces pièces d’exposition. Différents chantiers de relooking sont également en cours à Bandjoun ou Bangoua (deux autres chefferies de la région), qui nécessitent un suivi régulier de ma part.

Prochainement nous allons commencer à travailler sur le chantier de La Cité du Patrimoine qui débutera à Bamougoum. Je songe déjà à la possibilité de repenser l’aménagement intérieur du hall d’accueil. Je tiens à préciser que l’ensemble de ces travaux s’accompagnent de missions de prospection et de repérage sur le terrain, de prises de mesures, de prises de photos et de discussions avec les chefs et maires des communautés.

Le meuble imaginé par Coline pour l’Ortoc / Le design intérieur de l’un des accueils de la Chefferie de Bangoua.  © DR

Bio express

Coline Taloc a 21 ans. Avant de partir en service civique au Cameroun, elle avait obtenu un diplôme en design d’espace ( Bac +3) à l’Institut du design et de l’image (IFFDEC) à Rennes.
Coline Taloc
Volontaire à la Route des Chefferies

L'organisme d'accueil

La Route des Chefferies est une organisation culturelle spécialisée dans l’ingénierie du patrimoine au Cameroun et dans le monde. Créée en 2012 à la suite du succès du programme éponyme, elle est aujourd’hui à l’origine d’un réseau de plus de 26 musées, répartis dans plusieurs régions du Cameroun. Engagée dans des programmes d’aménagement culturel et touristique du territoire, de grands projets de musées, de formations et de renforcement de l’employabilité des jeunes dans le secteur culturel, ou d’expositions internationales, elle agit quotidiennement au service du patrimoine et de la culture.

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Apprendre en lisant grâce à la bibliothèque de l’île de Gorée

© Rémi Belot / France Volontaires

Longtemps dédiée à la traite négrière, l’île de Gorée au large de Dakar (Sénégal) est devenue un lieu de mémoire qui rappelle à ses milliers de touristes ce que fut la condition des esclaves pendant près de 400 ans. Elle continue toutefois d’abriter une population d’environ 2000 habitants. Amélie Fouassier-Tall, bibliothécaire, y a monté l’association Livre en liberté : avec l’aide de son équipe de volontaires, elle met en place des activités pédagogiques autour de la lecture pour les enfants du village et ceux de Dakar.

Une nuée d’enfants galopent dans la cour de la vieille bâtisse en pierre basaltique noire. Construit en 1777, le majestueux bâtiment a traversé les âges : jadis propriété du directeur de la Compagnie des Indes puis abandonné et laissé en ruines pendant des années, il a finalement été restauré et fait désormais office de centre socio-culturel sur l’île de Gorée.

Au rez-de-chaussée, sous l’imposant escalier en pierre qui mène aux coursives du premier étage, se trouve une petite pièce aux murs recouverts de livres : c’est la bibliothèque municipale, vers laquelle les bambins convergent finalement. Car il est 15h30 en cet après-midi de début janvier et les locaux viennent d’ouvrir leurs portes. C’est Grégoire qui est en charge de l’animation du jour : ce jeune français, volontaire en service civique international, donne de son temps, de son énergie et de son savoir aux enfants du village.

1500 livres pour les enfants de Gorée et Dakar

Si la bibliothèque a été mise en place en 2015 par la municipalité de Gorée, c’est bien l’association Livre en Liberté qui en assure la gestion au quotidien. La structure a été créée par Amélie Foussier-Tall. Ancienne bibliothécaire, puis engagée au sein de l’ONG Livres sans frontières, elle gère désormais cette petite structure dont l’objectif est de développer des activités pédagogiques en lien avec la lecture : « Nous disposons de plus de 1500 ouvrages ici, qui nous ont été offerts par l’ONG Biblionef ».

De fait, les rayons sont bien garnis. Il y en a pour tous les âges, de la petite enfance jusqu’à l’adolescence, et dans tous les styles : des romans, de la BD, des documentaires, afin d’aiguiser la curiosité de tous les jeunes qui vivent sur ce petit rocher qui émerge au large de Dakar.

La bibliothèque de l’île de Gorée, dans les locaux du centre socioculturel Joseph-Ndiaye.

Une bibliothèque dans les sacs à dos

Pour autant, l’activité de l’association ne se limite pas qu’à la seule île de Gorée : plusieurs fois par semaine, Amélie et ses volontaires remplissent leurs sacs à dos et vont apporter de la lecture dans dix écoles de la capitale sénégalaise, qu’on peut rejoindre après environ 30 minutes de traversée sur l’océan Atlantique : « C’est le même principe qu’un bibliobus », détaille Amélie « sauf que nous n’avons pas les moyens de nous payer un véhicule. Nous espérons y parvenir un jour, mais dans l’attente nous amenons nous même les ouvrages sur place ».

Pour animer cette bibliothèque mobile, elle peut compter sur l’aide de son équipe de volontaires. Cette année, ils sont au nombre de quatre : Grégoire, donc, mais aussi Pierre, Léna et Kawtar, tous trois en volontariat de solidarité internationale (VSI). « Cela fait la troisième année que nous accueillons des volontaires. Ils ont un rôle assez important pour nous car nous sommes une petite équipe et leur présence renforce nos projets » justifie Amélie.

Grégoire, titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées, voit dans sa mission une occasion « d’engranger une expérience professionnelle à l’étranger. J’étais motivé par le fait de sortir de ma zone de confort, découvrir une nouvelle culture et un nouveau mode de vie. Je me suis tout de suite senti concerné par l’envie de cette association de promouvoir les arts, les sciences, la littérature et de créer un espace inclusif qui répondrait au besoin du plus grand nombre ». Grâce au dynamisme d’Amélie et de ses volontaires, à Gorée comme à Dakar, les livres n’ont pas fini d’évoluer en liberté.

© Rémi Belot / France Volontaires

Bio express

Grégoire Neau a 23 ans, il est titulaire d’une licence en langues étrangères appliquées spécialisation commerce international et d’un BTS Tourisme. Il est originaire de Surgères en Charente-Maritime.
Grégoire Neau
Volontaire chez Livre en Liberté

« Cela stimule les élèves de sortir du cadre scolaire »

© DR / France Volontaires

[Retour sur mission] Fanny Pons a réalisé six mois de volontariat au cours de l’année 2023 dans une école communautaire à Ashaiman, une zone défavorisée de la région du Grand Accra (Ghana), pour une mission d’enseignement formel et informel du français autour du sport et des jeux. Elle s’était engagée dans le cadre d’un Service Civique international.

J’ai effectué mon volontariat chez Floating Crystals Academy, c’est une école communautaire fondée il y a une dizaine d’année par la fondation Hope and Service.

Son but est de permettre aux enfants les plus défavorisés de la communauté de pourvoir avoir accès à l’enseignement à moindre frais. Elle scolarise 150 enfants de la crèche jusqu’à la fin du cycle primaire.

Je suis intervenue pour l’enseignement formel et informel du français, autour du sport et des jeux. Par exemple, pour apprendre les nombres : je donnais le nombre en français, et les élèves devaient courir toucher sur le mur les nombres qui forment ce chiffre. Le plus rapide avait gagné ! Cela stimule les élèves de sortir du cadre strictement scolaire et d’apprendre dans la bonne humeur. Pour les couleurs, je leur en donnais une et les élèves devaient être les plus rapides à toucher un objet de cette couleur présent dans la cour de récréation. Je partageais aussi avec eux des éléments sur la culture française et, lors des récréations, je menais des discussions de pratique orale en français avec les élèves.

J’espérais acquérir une meilleure maîtrise de l’anglais et je voulais m’inscrire dans une plus longue période à l’étranger. J’étais déjà allée au Burkina Faso avant, mais je voulais pouvoir mettre en avant le fait que j’aie passé six mois dans le cadre de ce type de missions. C’était aussi un test pour savoir si je réussirais à rester aussi longtemps loin de chez moi, de mes amis, de ma famille et de ma ville. Je me suis rendue compte qu’effectivement je me sens bien en voyage et ça me donne envie de continuer !

Du point de vue de la langue, au niveau de l’anglais, je ne suis pas bilingue, mais j’ai un peu progressé. Par ailleurs, je pense avoir pu contribuer à déconstruire l’image des personnes du Nord qu’ont parfois les membres de la communauté dans laquelle je suis. Nous avons discuté des nombreux clichés sur l’Afrique et l’Europe que chacun véhicule de part et d’autre. Par exemple, tout le monde était étonné que je cuisine, que je fasse mes lessives ou que je me déplace sans chauffeur. Les membres de la communauté avaient pour seule représentation des européens, les expatriés qui bénéficient de personnel de maison. Elles étaient étonnées de savoir que ce n’est pas du tout la norme dans mon pays !

Bio express

Fanny Pons a 26 ans. Elle est titulaire d’un master 2 en relations internationales et politique de sécurité et de défense à l’Université de Toulouse Capitole. Outre son engagement dans le cadre de ce Service civique international, elle a aussi participé à des missions au Burkina Faso au sein de l’association Terra, dont elle a assuré la présidence, et qui intervient dans ce pays pour y organiser des formations aux premiers secours.
Fanny Pons
Volontaire chez Hope and Service

L'organisme d'accueil

Hope and Service est une fondation ghanéenne dont l’objectif est de soutenir et aider les personnes démunies et les enfants vulnérables sans soutien familial en leur donnant les compétences nécessaires pour qu'ils puissent participer à des activités visant à la réduction de la pauvreté dans leurs communautés rurales (apiculture, élevage, création de petites entreprises, etc.).

Au soutien des personnes en situation de handicap mental

© Nathan Anderson / Unsplash

À Ambleteuse (Pas-de-Calais), l’Arche Les Trois Fontaines accueille des personnes en situation de handicap mental. L’établissement compte sur l’aide d’une importante cohorte de volontaires (actuels et anciens) qui accompagnent les bénévoles et salariés dans l’ensemble des tâches de l’établissement.

Créée dans les années 1960, l’Arche est une fédération de communautés qui accueillent les personnes en situation de handicap mental dans des lieux de vie et de travail, où elles résident avec des bénévoles ou volontaires. Au nombre de 39, elles sont réparties sur tout le territoire national et regroupent en tout 4000 personnes dont 1750 ayant un handicap mental. L’Arche Les Trois fontaines est l’une de celles-ci. Basée à Ambleteuse, entre Calais et Boulogne-sur-mer, elle dispose de quatre structures médico-sociales : un foyer d’hébergement, un foyer de vie, un établissement hébergeant des personnes handicapées âgées (EHPAH) et un établissement et service d’aide par le travail (ESAT).

Des volontaires "pépites"

Stéphane fait partie des forces vives de l’équipe de l’Arche. Chaque jour depuis son arrivée à l’automne dernier, ce jeune tchadien en volontariat de solidarité internationale (VSI) donne un coup de main pour faciliter le quotidien des résidents des lieux : « Je passe mes journées au foyer, je suis là pour les assister dans leurs activités. Je les guide, je les fais sortir, je les encadre quand ils jouent au foot ou quand ils se promènent, je signale les points de danger, je leur rappelle de bien s’hydrater quand il fait trop chaud… » détaille-t-il avec précision. Des tâches complexes, face à des personnes en manque d’autonomie qui nécessitent parfois un accompagnement conséquent.

« C’est fatigant, et cela peut mettre les volontaires face à leurs limites ou leurs fragilités. Ce n’est pas toujours tout rose », complète Lucie Druart, responsable des ressources humaines de l’établissement, avant d’enchaîner : « Mais ces volontaires assurent une aide concrète et cela donne plus de temps aux salariés pour mettre en œuvre leurs missions tout en permettant d’être au rythme des personnes handicapées. Ce sont des pépites pour nos équipes de salariés » s’enthousiasme-t-elle.

« Beaucoup de salariés sont arrivés ici par la voie du volontariat »

Lucie Druart, responsable RH et ancienne volontaire

Il faut dire qu’elle est elle-même bien placée pour connaître les avantages du dispositif : avant d’arriver à l’Arche Les Trois Fontaines, elle avait ainsi assuré une première mission de volontariat au Rwanda avec les Scouts de France, avant de repartir quelques mois plus tard pour une nouvelle mission, en Équateur cette fois et avec son mari, via la Délégation catholique pour la coopération (DCC). Quant à Nicolas Nys, directeur de la structure, il était quant à lui VSI en Côte d’Ivoire il y a quelques années. « Beaucoup de salariés sont arrivés ici par la voie du volontariat », commente Lucie Druart : « Cela permet de comprendre réellement ce qu’est le travail social et de conforter un choix de carrière ». En somme, l’Arche développe une véritable culture du volontariat.

Stéphane, de son côté, n’a pas prévu de continuer dans ce secteur pour la suite. Pas par manque d’intérêt pour les missions qu’il assure, mais il a d’autres projets : « Je veux rentrer au pays avec cette expérience : j’ai une association de volontaires au Tchad, j’ai besoin de rentrer pour m’en occuper ». Pas avant le mois de septembre prochain toutefois, puisque sa mission doit durer un an. Encore quelques mois pour continuer d’œuvrer dans sa « famille », comme il le dit affectueusement : « J’ai été accueilli dans mon foyer comme un prince, je compte bien le leur rendre jusqu’au bout ».

Stéphane Boyahré, volontaire de solidarité internationale envoyé la Délégation catholique pour la coopération à l’Arche Les Trois Fontaines.

Bio express

Stéphane Boyahré a été envoyé à l’Arche les Trois Fontaines par la Délégation catholique pour la coopération (DCC), pour une mission de volontariat de solidarité internationale (VSI). Il est titulaire d’un diplôme en sciences de l’éducation et en psychologie obtenu lors de son cursus universitaire au Cameroun. À son retour au Tchad, il a été bénévole puis volontaire national dans son pays.
Stéphane Boyahré
Volontaire à l'Arche les Trois Fontaines

Regarder le témoignage de Martin, ancien service civique à l'Arche Strasbourg