Les mobilités croisées, un atout pour la solidarité internationale
De plus en plus de jeunes venus des cinq continents viennent participer à des missions de volontariat en France. Un principe de réciprocité dont les effets positifs sont vantés par les participants, ici et là-bas. Ils viennent en outre d’être confirmés par une étude récemment publiée par France Volontaires, en partenariat avec l’Agence du Service Civique et F3E.
Entre 2017 et 2022, ce sont 860 jeunes volontaires internationaux qui ont été accueillis en France. Des Burkinabé, des Tunisiens et des Marocains, mais aussi des Péruviens ou des Équatoriens : plus de soixante pays, principalement d’Afrique et d’Amérique du sud (mais pas que !) ont ainsi envoyé leurs ressortissants pour mettre en œuvre des missions de solidarité internationale sur le territoire hexagonal. Car si l’on conçoit souvent la coopération internationale comme un mouvement du Nord vers le Sud, l’inverse est vrai également, tout comme les mobilités entre pays du Sud. « Comme les autres, les volontaires du Sud quittent leur pays et leurs habitudes pour servir. Ils partent à la rencontre d’une autre culture. La mise en œuvre du volontariat de réciprocité est portée par l’urgence de construire une culture de la rencontre ! », expliquait ainsi Emeric Clair, directeur de l’ONG Fidesco (membre de France Volontaires), lors d’une journée de formation au départ organisée au Cameroun au printemps dernier.
Ouverture au monde
Ce principe d’échanges croisés, qui restait marginal il y a encore quelques années, se généralise dans plusieurs pays d’Europe et en particulier en France. Particulièrement développé en Allemagne et en Norvège, il fait aussi partie de l’ADN de France Volontaires, qui le pratique depuis 2009. Surtout, il est désormais inscrit dans la loi de programmation relative au développement solidaire et à la lutte contre les inégalités mondiales, votée en 2021. Un constat qui se retrouve dans les chiffres : l’évolution du nombre de volontaires a été en augmentation croissante au cours des dernières années, avec plus de 66% jusqu’en 2019, avant que la pandémie ne mette un frein (passager) au processus.
Concrètement, ils sont présents un peu partout sur le territoire national, de Bretagne jusqu’en région Paca, principalement dans des organisations déjà bien rodées à l’accueil de volontaires comme des collectivités locales ou des associations. C’est le cas par exemple de Mathieu Anzehon, un jeune ivoirien diplômé en logistique que Marshall Kouamé, ambassadeur de la réciprocité internationale, avait rencontré fin août dernier à l’occasion du Delta Festival de Marseille : « J’ai été accueilli parRecyClop, une association qui a pour but de réduire l’impact environnemental des mégots, car un mégot pollue 500 litres d’eau ! J’étais chargé de la gestion du stand dans le cadre des actions de sensibilisation sur la pollution environnementale, mais aussi des relations avec les autres structures partenaires autour de cette thématique. Cela m’a permis d’acquérir des compétences dans le domaine de la communication, mais aussi plus généralement dans la gestion de projets ».
Au-delà des aspects purement professionnels, c’est aussi la question des bénéfices personnels qui est mise en avant par la plupart des participants à ces échanges réciproques. « S’engager, c’est pour moi s’ouvrir les portes au reste du monde, explorer de nouveaux horizons, promouvoir la solidarité et les actions humanitaires pour un monde stable et durable », explique Félix Dehotema Afelu, qui a réalisé une mission de Service Civique de neuf mois à la Métropole de Lyon, où il était animateur « éducation à la citoyenneté et à la solidarité internationale ».
Les bénéfices de la réciprocité
Une vaste étude, réalisée par France Volontaires en partenariat avec l’Agence du Service Civique et F3E, confirme le ressenti de ces volontaires. Car les 142 entretiens menés sur le terrain, les quelque 300 questionnaires collectés auprès d’anciens volontaires et de tuteurs et les neuf ateliers collectifs organisés sur le sujet ont mis en lumière les effets positifs de la réciprocité : amélioration de la confiance en soi (pour 83% des personnes interrogées), gain d’autonomie, mais aussi renforcement de l’engagement associatif des volontaires à leur retour chez eux et impact manifeste sur l’insertion professionnelle des jeunes dans la suite de leur parcours professionnel.
Même constat du côté des structures d’accueil en France. Outre un effet majeur dans la lutte contre les préjugés et la xénophobie – alors que la défiance vis-à-vis de la question migratoire est particulièrement sensible –, les tuteurs de volontaires internationaux accueillis sur notre territoire sont unanimes pour saluer les avantages de la réciprocité : remobilisation des équipes autour d’une expérience et des objectifs concrets, réflexions sur la rénovation des pratiques pour mieux accompagner les publics des équipements concernés… Ce n’est pas un hasard si ces mobilités croisées ont le vent en poupe chez les acteurs du secteur. Comme la mission locale de Lille Avenirs, qui accueille plus de volontaires internationaux (principalement européens) qu’elle n’en envoie ! « Il s’agit également d’un moyen de souligner que la France a autant à apprendre des jeunes du monde entier que les pays partenaires des volontaires Français » conclut Yann Delaunay, directeur général de France Volontaires.