La Royal Academy, où Paul enseigne, est installée dans un ancien dzong (une forteresse typiquement bhoutanaise). © DR
À 45 ans, Paul Loyrette a choisi de vivre son volontariat perché entre ciel et montagnes. Depuis juin 2025, ce Parisien passionné de livres, d’opéra et de yoga, est volontaire de solidarité internationale à la Royal Academy of Bhutan, un pensionnat d’exception situé à 3 000 mètres d’altitude.
« J’étais impatient de découvrir les magnifiques paysages du Bhoutan. Je ne suis pas déçu ! », confie Paul avec enthousiasme. Titulaire d’un master en littérature comparée, il a pourtant déjà vu du pays, puisqu’il a enseigné aux quatre coins du monde, de l’Italie, à l’Ouzbékistan en passant par l’Autriche, le Royaume-Uni, la Chine, la Russie ou l’Inde. Mais ce passionné de lectures reste toujours animé par le même moteur : transmettre la langue française et s’enrichir du dialogue culturel.
Enseigner le français dans le cadre d’une mission de volontariat international
C’est à la Royal Academy, une école comme les autres, qu’il a décidé de poser ses bagages. Installée dans un ancien dzong (une forteresse typiquement bhoutanaise), celle-ci accueille plus de 300 élèves venus de tout le pays, dans le cadre d’un programme éducatif inédit : le Bhutan Baccalaureate. « Cette approche holistique vise à développer le potentiel et le bien-être de chaque élève, bien au-delà des simples notes », explique Paul, qui enseigne le français à des classes de 7e à 11e, tout en animant un ciné-club hebdomadaire et des cours de français pour ses collègues. Ses élèves, peu familiers à la culture francophone, découvrent avec curiosité que le français se parle aussi au Canada ou en Afrique.
« La vie au pensionnat est rythmée par bien plus que les cours : sport le matin, « Ngondro » une forme de méditation après le petit-déjeuner, pièces de théâtre écrites et interprétées par les élèves, concerts, nuits des étoiles, conférences internationales etc. », explique notre volontaire. « Les professeurs valorisent une approche concrète et interdisciplinaire, basée sur les principes philosophiques du Bhoutan : projets de terrain, excursions, collaborations entre matières, loin du simple par cœur. Bref, une éducation vivante et ouverte. C’est passionnant de faire partie de ce programme », complète-t-il.
© DR
Car l’administration camerounaise a ses propres codes. « Les techniques que j’applique en France ne pouvaient pas être reproduites telles quelles. Il fallait comprendre les règles du pays, sa loi sur les archives, son histoire », détaille-t-elle. Une adaptation d’autant plus passionnante que le Cameroun partage certains principes d’archivage avec la France : « Mon expertise n’était pas complètement décalée. Il fallait juste apprendre à naviguer autrement. »
Enseignement du français et immersion culturelle
Au Bhoutan, la vie s’écoule autrement. « La nature est préservée, il n’y a ni bruit ni pollution. On se sent incroyablement serein. » La capitale, Thimphu, accessible en deux heures, offre cafés et restaurants animés. Mais Paul savoure surtout la simplicité d’un quotidien centré sur l’essentiel : « Vivre dans les montagnes et dans le calme, c’est magique. Si j’appréhendais l’isolement au départ, au bout de cinq mois, je me réjouis de la simplicité qui m’entoure. Et puis, l’école dispose d’un café, d’une bibliothèque et on organise souvent des soirées avec les collègues. Au final, je m’intéresse de plus en plus à mon environnement – aux oiseaux, par exemple. Une particularité tout de même : il faut rester vigilant face aux ours ou aux léopards ! » s’amuse-t-il.
"Les professeurs valorisent une approche concrète et interdisciplinaire, basée sur les principes philosophiques du Bhoutan : projets de terrain, excursions, collaborations entre matières"
Paul Loyrette, volontaire de solidarité internationale
Au fil de sa mission, Paul découvre un Bhoutan à la fois moderne et profondément ancré dans ses traditions. Une vingtaine de langues régionales témoignent d’une diversité vivante « Beaucoup de mes élèves n’ont pas le dzongkha comme langue maternelle ». Il confie : « Ici, le thé au lait est salé, la cuisine simple, toujours accompagnée de riz. Pour moi, le concept de Bonheur national brut se traduit par un mode de vie modeste, sans excès, basé sur la sérénité et le respect ».
Grandir en enseignant
À ses yeux, enseigner à l’étranger est la meilleure façon de découvrir un pays, ses cultures, ses traditions, ses langues, et de grandir soi-même. Depuis sa première expérience, il y a vingt ans, Paul a eu l’occasion de travailler non seulement dans l’enseignement, mais aussi dans les domaines de la culture et de la communication. Il réalise aujourd’hui que ce parcours l’a rendu bien plus ouvert d’esprit.
« Parfois, tout commence par une simple question. J’ai récemment demandé aux élèves si, pendant l’hiver, les gens faisaient du ski ici. Ils m’ont répondu que les montagnes étaient sacrées au Bhoutan. Par cette simple question, j’ai appris quelque chose d’important. »
Avec le soutien de l’ambassade de France en Inde et l’Institut français en Inde, en collaboration avec La Guilde en tant que structure d’envoi, cette mission de VSI contribue à renforcer les liens diplomatiques et culturels. Pour Paul, ce volontariat n’est pas une parenthèse, mais un mode de vie. « J’ai envie de continuer à voyager et à découvrir de nouvelles cultures. La vie est courte, il faut en profiter », conclue-t-il.
Paul Loyrette, volontaire de solidarité internationale. © DR