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LE MAG’

Bien dans sa mission : un accompagnement psychique tout au long du volontariat

15 Juil. 2025

 © Emma Simpson / Unsplash

Alors que la santé mentale a été proclamée Grande cause nationale 2025, les acteurs de la solidarité internationale s’adaptent aux réalités psychiques des jeunes (et moins jeunes) qui partent en mission. France Volontaires met en place un accompagnement spécifique, dès la préparation au départ.

En 2025, la santé mentale a été érigée en Grande Cause nationale, faisant d’elle un enjeu de société à part entière. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : selon l’Assurance maladie, un Français sur quatre sera confronté à un trouble psychique au cours de sa vie, et près de 23 % estiment ne pas prendre suffisamment soin de leur santé mentale, une tendance encore plus marquée chez les jeunes de 18 à 24 ans. Le monde du travail n’est pas épargné, avec un salarié sur quatre se déclarant en mauvaise santé mentale. Dans ce contexte, le volontariat international, avec ses bouleversements culturels, ses éloignements familiaux et ses ruptures de repères, constitue un terrain particulièrement sensible.

Santé mentale des jeunes : un défi dans les missions de solidarité internationale

Face à ces constats, France Volontaires a choisi de mettre le bien-être de ses volontaires au cœur de sa stratégie d’accompagnement. « Nous avons décidé de mettre en place un module de formation sur ces questions lors des stages de préparation au départ, en coopération avec l’Adice », explique Popescu, chargée de mission formations et développement d’outils pédagogiques chez France Volontaires. La première formation a eu lieu il y a quelques semaines avec les volontaires du programme European Volunteering for Environment and Resilience (EVER). Objectif : renforcer les capacités des organisations d’accueil participantes dans le domaine du mentorat, en mettant l’accent sur les personnes ayant moins d’opportunités, sur le harcèlement et les violences sexuelles et les questions de genre.

« On essaie de leur expliquer ce qu’est le bien-être en mission, le « continuum de la santé mentale » … tout au long de de sa vie on vacille entre des moments où tout va bien et d’autres où l’on est confronté à la maladie ou au deuil » complète Caroline Bouclet, référente psychosociale au sein de l’organisation.

« Nous avons décidé de mettre en place un module de formation sur ces questions lors des stages de préparation au départ »

Elena Popescu, chargée de mission formations et développement d’outils pédagogiques chez France Volontaires

Les volontaires sont alors invités à identifier leurs points de stress, à se projeter dans leur futur environnement et à identifier les points qui pourraient potentiellement poser être un facteur d’inquiétude une fois sur le terrain. Sur place, ils ne sont pas laissés seuls pour autant : en cas de difficulté, un réseau de référents, de responsables nationaux et, au besoin, de psychologues est mobilisé. Caroline Bouclet, depuis le siège de France Volontaires, peur alors assurer une « première écoute active » pour proposer, selon les cas, des groupes de pairs, des relais associatifs ou un accompagnement psychologique personnalisé.

« On a envie de sensibiliser mais sans leur faire peur », insiste Elena Popescu. « Le message, c’est que la santé mentale n’est pas de l’anormalité. Faites-vous aider quand il y a besoin, ne restez pas seul. Venez vers nous, on est là pour ça ! »

Le difficile retour d’un volontaire

Ce cadre d’accompagnement, à la fois préventif et bienveillant, prend tout son sens lorsqu’on écoute les volontaires eux-mêmes. Le parcours de Romain, de retour après deux ans de mission à Vanuatu, illustre avec justesse les bouleversements intérieurs auxquels peuvent être confrontés les jeunes en mobilité, mais aussi les ressources qu’ils apprennent à mobiliser. Dans son rapport de fin de mission, il écrit ainsi : « Mon retour en France après cette expérience d’expatriation suscite chez moi un certain nombre d’appréhensions et de préoccupations profondes. […] Je redoute de devoir réapprendre à vivre en phase avec la réalité française, comme si je devais m’y insérer à nouveau après en avoir été éloigné. »

Pour Romain, la rupture est à la fois affective, sociale et professionnelle : « Cela implique de faire le deuil de cette expérience unique, mais aussi de dire au revoir aux personnes que j’ai rencontrées, celles avec lesquelles j’ai noué des liens forts et qui ont laissé une empreinte indélébile dans mon parcours personnel. »

Et pourtant, l’expérience n’est pas qu’une épreuve. Elle devient même un révélateur :
« J’ai compris que, quel que soit le contexte, il est possible de se réinventer. […] Lors de moments de stress ou d’angoisse, j’ai appris à me recentrer, à puiser dans mes ressources intérieures pour garder mon calme et trouver des solutions. »

 © Christophe Lemercie / Unsplash

Parmi les membres de France Volontaires qui ont pris en compte ces problématiques, l’Adice s’appuie quant à elle sur le projet MIND. Destiné aux apprenants en mobilité professionnelle, ce programme vise à renforcer les pratiques de santé mentale et à améliorer le bien-être émotionnel, avant, pendant et après le départ. Il propose des outils pédagogiques, des formations et des dispositifs interactifs permettant aux volontaires de développer leurs compétences émotionnelles, cognitives et sociales.

Dans un monde encore marqué par les séquelles de la pandémie, MIND répond à une réalité urgente : « Les jeunes sont aujourd’hui 30 à 80 % plus susceptibles de souffrir d’un trouble de la santé mentale », alerte le dernier rapport de l’UE cité par le projet.

Des outils pédagogiques pour mieux vivre sa mission à l’international

Le suivi des volontaires ne s’arrête pas à la fin de la mission. Des entretiens de retour, des stages post-mission et l’analyse des rapports – comme celui de Romain – permettent d’identifier des troubles parfois passés sous silence pendant la mission. Pour les situations les plus sensibles, un accompagnement psychologique est proposé, dans la continuité du dispositif mis en place sur le terrain.

Les mots de Romain résonnent alors comme un appel à considérer la mission de volontariat pour ce qu’elle est aussi : une aventure intérieure. « L’éloignement constitue une rupture avec nos repères traditionnels et nous pousse à évoluer dans une nouvelle “bulle” de vie. » Un isolement que France Volontaires s’efforce de ne pas laisser s’installer dans le silence.

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