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LE MAG’

Dans le bois de Vincennes, des jeunes du monde entier cultivent leur engagement écologique

7 Août. 2025

 Séance d’observation de la faune et de la flore dans l’arboretum du bois de Vincennes © France Volontaires

Ils viennent d’Italie, d’Espagne ou de République tchèque, ont entre 15 et 18 ans, mais partagent déjà une conscience aiguë des enjeux environnementaux. Pendant deux semaines, ces jeunes volontaires ont participé à un chantier international au cœur de l’école du Breuil, pour apprendre, transmettre… et vivre ensemble.

Ce matin-là, le soleil filtre à travers les feuillages du bois de Vincennes. Une quinzaine de jeunes volontaires, sac sur le dos et carnet à la main, s’enfoncent dans les allées paisibles de l’arboretum de Paris, accompagnés de Pierrot, leur guide du jour. Spécialiste de botanique et enseignant à l’école du Breuil pendant l’année, il anime un atelier de découverte de la flore et de l’avifaune locale, dans le cadre du chantier international porté par l’association Études et Chantiers Île-de-France, membre du réseau Cotravaux.

 À la découverte des bienfaits cachés de l’ortie. © France Volontaires

« Regardez ces feuilles d’ortie : on peut les ramasser à la main et même les manger », lance Pierrot en français avant de traduire en anglais. Amusé, il scrute le regard des jeunes qui semblent douter de ses paroles. Puis, d’un geste sûr, il froisse la plante entre ses doigts, sans sourciller. « Le secret, c’est de plier l’ortie dans le bon sens pour neutraliser les poils urticants », explique-t-il. Quelques volontaires s’approchent, intrigués. Un Espagnol tente l’expérience, prudemment, avant de croquer une feuille avec un rire nerveux. « It tastes like spinach! », s’exclame-t-il. Autour de lui, les appréhensions tombent. L’atelier se transforme en dégustation improvisée de ce que Pierrot appelle « la mauvaise herbe la plus nutritive d’Europe, avec 6 à 8 grammes de protéine pour 100 grammes ».

Chantier international : quand des jeunes volontaires s’engagent pour l’environnement

À ses côtés, des regards curieux se penchent, des téléphones capturent, des questions fusent dans un anglais parfois balbutiant mais parfois plus sûr. Une volontaire note soigneusement les noms latins, pendant qu’un jeune romain récupère une feuille pour son herbier personnel.

Depuis plus de 30 ans, les chantiers de jeunes bénévoles permettent à des adolescents et jeunes adultes du monde entier de s’engager dans des projets utiles, concrets et solidaires. À Paris, c’est sur les terres verdoyantes de l’école du Breuil que cela se passe cette année. Une oasis de biodiversité où les participants contribuent à l’entretien des jardins, à la valorisation de la faune et de la flore, et à des animations de sensibilisation à l’environnement.

 © France Volontaires

L’idée : mêler action collective et apprentissage. « On n’est pas là pour faire du jardinage décoratif, mais plus pour comprendre comment fonctionne un écosystème urbain », précise Pierrot, qui anime également des ateliers sur les plantes comestibles ou la reconnaissance des chants d’oiseaux.

L’ambiance est studieuse mais détendue. Ce matin, le groupe observe les arbres remarquables du parc, et lève les yeux au ciel pour repérer quelques oiseaux remarquables. Outre des corneilles et autres passereaux communs, les jeunes voient un héron s’envoler lourdement quand ils approchent d’un étang.

« Je ne pensais pas qu’on pouvait trouver une telle diversité au cœur de Paris », s’étonne une jeune volontaire espagnole de 16 ans. « Chez moi, la végétation est beaucoup plus sèche. Ici, c’est un autre monde. »

Le chantier ne se limite pas à l’observation : les jeunes participent aussi à des travaux concrets. L’an dernier, les volontaires avaient réalisé des relevés de faune et de flore pour enrichir les données de l’école et initier les visiteuses et visiteurs aux sciences participatives. Cette année, l’objectif est de fabriquer un mur de nichoirs adaptés aux espèces locales, afin de favoriser la biodiversité et d’encourager l’observation des oiseaux.

Au fil des jours, chacun trouve sa place, selon ses compétences. Encadrés par deux animateurs, les jeunes évoluent en petits groupes. Les échanges sont facilités par l’anglais, et des affinités se créent petit à petit.

Une expérience immersive pour des volontaires venus du monde entier

Ici, pas d’hôtel ni de résidence étudiante : les jeunes campent directement sur le site, sur une vaste pelouse mise à disposition par l’école. Tentes, douches, cuisine collective… une organisation rudimentaire mais joyeuse, propice aux liens. « On cuisine tous ensemble, à tour de rôle. D’ailleurs il faut qu’on réfléchisse au menu du soir avec l’équipe de cuistot du jour », anticipe Ludovica, animatrice du chantier.

Les soirées sont ponctuées de jeux, de discussions sur l’écologie, ou de simples moments à se reposer. Et dans ce quotidien collectif, les apprentissages vont bien au-delà de la botanique. « Ce chantier, c’est une école de la nature, mais aussi de la vie en commun », résume Ludovica. « Ils sont encore mineurs, donc certains sont parfois timides, voire en retrait, mais ils repartent deux semaines plus tard avec des souvenirs, des amitiés, et une conscience élargie du monde. »

Des chantiers internationaux, pour quoi faire ?

Ce chantier s’inscrit dans un réseau plus large de projets de volontariat international, soutenus notamment par l’association Cotravaux, membre de France Volontaires. Chaque été, des centaines de jeunes participent à ces chantiers en France et à l’étranger, dans des domaines aussi variés que le patrimoine, l’environnement, la solidarité ou la culture. Une façon, aussi, de poser les bases d’un engagement citoyen, dans un cadre peu formel et ouvert sur le monde.

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