© Thomas Limousin / France Volontaires
Lancé en 2019, le Projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi (PASPK) vise à répondre aux besoins des populations en fruits et légumes sur les marchés locaux. Romuald est volontaire pour la Grande muraille verte (V-GMV) en Mauritanie. Recruté pour un appui technique au maraîchage, le jeune Tchadien supervise les équipes sur le terrain, de la préparation des sols à la récolte.
Le Soleil se lève sur Kaédi. Dans les rues encore fraîches, un pick-up fait le tour des habitations. Des hommes et des femmes s’entassent à l’arrière. Ce sont tous des ouvriers de la ferme Semega. Romuald monte à bord. « Il faut être à l’heure sinon ils partent sans toi ! » dit-il en riant. Depuis cinq mois, c’est tous les jours le même rituel. Recruté dans le cadre du programme Volontaires pour la Grande muraille verte, financé par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères français, il est en mission pour le projet agro-sylvo-pastoral de Kaédi.
Romuald Nadjitebaye, volontaire de solidarité internationale à Kaédi en Mauritanie. © Thomas Limousin / France Volontaires
Une fois arrivé, les ouvriers partent dans les champs: 42 hectares dédiés à la production maraîchère et aux vergers. Trente personnes travaillent à temps plein. “Ici, on essaye de répondre aux besoins des populations”, affirme Romuald avec conviction. Dans la région, le potentiel agricole demeure largement sous-exploité. Les petits producteurs locaux tirent des revenus modestes de leurs activités, contribuant à une insécurité alimentaire persistante.
60 tonnes de patates ramassées sur un an avec l'aide de volontaires agricoles
« Pourtant, en termes d’agriculture, on est assis sur une mine d’or » explique Djiby Ba, le responsable du projet. Cet ancien fonctionnaire agronome était là à son commencement, en 2019. « Le début de la ferme était difficile, le sol était sableux et aride. Il a fallu de nombreux investissements pour la rendre cultivable ». Dix forages et plusieurs kilomètres de tuyaux servent désormais à abreuver les cultures. Une boutique a été ouverte dans le centre-ville. « Les gens achètent nos produits parce que c’est une production locale » insiste Djiby Ba, « on essaye de minimiser le prix pour fidéliser la clientèle ».
Le Ramadan approche, il faut anticiper les besoins. Deux rangées de pommes de terre sont récoltées ce matin. Romuald note tout. Tchadien d’origine, agronome de formation, il supervise et encadre les ouvriers. Il assure le suivi de toutes le parcelles, de la graine à la récolte. L’année dernière, 60 tonnes de patates ont été ramassées. « Je suis content d’être ici, j’ai tout le temps des choses à faire ! Je dois remplir des objectifs de production, j’aime avoir des défis à relever ! ».
Former les jeunes à l'agriculture maraîchaire
Dans une région où les moins de 25 ans représentent plus de 65% de la population et où l’accès à l’emploi reste la principale difficulté, la ferme Semega a entrepris un travail de formation des populations. « Des jeunes non qualifiés peuvent venir dans notre ferme, ils seront formés. Les plus motivés seront même responsabilisés avec le temps » assure Romuald. Le projet est devenu un lieu privilégié pour les stagiaires des écoles d’agronomie environnante.
Dans la ferme Semega, 42 hectares de terres sont dédiés à la production maraîchère et aux vergers. © Thomas Limousin / France Volontaires
Même si « le projet n’est pas encore rentable » et qu’il est « impossible de se passer de l’emploi de pesticide ou d’engrais pour le moment », la ferme Semega tente de créer un modèle en Mauritanie. “Ce que je fais ici, ça me donne envie de faire la même chose chez moi“, partage Romuald avec enthousiasme. La journée s’achève sous le brûlant soleil sahélien. Le pick-up retourne en ville déposer les ouvriers.