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LE MAG’

De Bordeaux au Togo, un ingénieur raconte son Congé Solidaire

2 Oct. 2025

Les apprenants de l’association AGBO-ZEGUE durant leur formation. © Jean Dumesnil

En août 2025, Jean Dumesnil, salarié d’Ingérop, a quitté son bureau bordelais pour rejoindre Lomé, au Togo. Grâce au dispositif Congé Solidaire® de Planète Urgence, il a formé, pendant deux semaines, des acteurs locaux de l’ONG AGBO-ZEGUE aux techniques de suivi et d’évaluation de projets, illustrant les ponts qui peuvent exister entre le monde de l’entreprise et celui de la solidarité internationale. Témoignage, alors que s’ouvre le Mois du volontariat d’entreprise.

Quand il parle de son Congé Solidaire®, Jean Dumesnil est intarissable. Et pour cause : responsable du développement au sein de la société Ingérop, à Bordeaux, il est revenu totalement enthousiaste après avoir passé deux semaines au Togo en mission de solidarité internationale. Sa mission : concevoir et animer un module sur le suivi et l’évaluation de projets pour AGBO-ZEGUE, une ONG locale qui apporte un appui scientifique et technique pour la conservation des espèces menacées de disparition, des écosystèmes fragiles et des aires protégées. Avant même le départ, il avait consacré de longues heures à bâtir un programme adapté. Mais sur place, il a surtout appris à s’ajuster aux réalités et aux besoins exprimés par les participants, jusqu’à transformer leurs projets en études de cas. De cette expérience, il retient une aventure « extrêmement enrichissante », où pédagogie, esprit d’équipe et dimension humaine s’entremêlent.

1. Quand l’ingénierie rencontre la solidarité

« J’ai intégré Ingérop en juin 2020. J’occupe une fonction de responsable du développement au sein du groupe. Concrètement, il s’agit d’aller chercher de nouveaux clients dans les secteurs du bâtiment, de l’énergie et de l’industrie.

Mon parcours est un peu atypique : j’ai d’abord travaillé comme technicien électricien, puis j’ai poursuivi avec des études en école de commerce. Tout cela pour dire que mon métier a toujours été lié au travail en équipe, en mode projet. C’est ce qui m’a beaucoup animé dans la mission au Togo, puisqu’il s’agissait d’aider une ONG locale à travers un module de formation sur le suivi et l’évaluation de projets.

C’est un sujet qui résonnait fortement avec moi : non seulement je devais délivrer la formation, mais j’ai aussi créé l’intégralité du contenu avant de partir. Deux semaines de cours, entièrement construits autour de ce module de suivi-évaluation. Une préparation très prenante, mais déjà une belle aventure en soi. »

2. L’âge, un faux obstacle

« Quand j’ai candidaté je n’étais pas sûr d’avoir le profil. Pour moi, le Congé Solidaire, c’était surtout un truc de jeunes, et comme j’ai 51 ans, je ne pensais pas avoir ma chance. Cela n’a pas été le cas puisque j’ai été reçu, et mes diverses expériences professionnelles ont été bénéfiques à la mission.

Avec le recul, je crois même que mon âge a joué en ma faveur : il m’a permis d’aborder la mission avec sérénité, d’avoir du recul sur les situations rencontrées et d’apporter une expertise acquise au fil des années. Sur place, je n’ai jamais ressenti la moindre barrière générationnelle. Au contraire, les échanges avec les volontaires ont été très stimulants, chacun apportant sa manière de voir et d’agir. Cette complémentarité est une vraie richesse. Aujourd’hui, je suis convaincu qu’il n’y a pas d’âge pour vivre un Congé Solidaire, seulement l’envie sincère de partager et d’apprendre. »

"J’ai transformé certains modules en études de cas, par exemple sur la vulnérabilité des systèmes cotonniers face au changement climatique "

Jean Dumesnil, volontaire en mission de Congé Solidaire au Togo

3. Sur le terrain : transformer les cours en expériences concrètes

« Une fois sur place, j’avais prévu un support qui tenait la route, mais qui n’aurait peut-être pas été totalement opérationnel. Alors, dès les premiers jours, j’ai choisi d’impliquer les participants. Je leur ai proposé de me partager leurs projets concrets, en cours ou à venir, afin d’en faire des cas pratiques. Deux participants, par exemple, ont parlé de projets auxquels ils travaillaient, et j’ai réadapté mes cours en fonction. Au final, près de 60 % du contenu a été réécrit sur place pour répondre à leurs besoins réels.

Cela m’a demandé du travail supplémentaire, mais c’était passionnant. Le fait d’adapter les cours aux projets locaux les a rendus bien plus impactants et utiles pour eux. J’ai transformé certains modules en études de cas, par exemple sur la vulnérabilité des systèmes cotonniers face au changement climatique, ou encore sur la création de points d’accès à l’eau potable pour les communautés locales. Deux projets très différents, mais qui ont servi de fil conducteur pour travailler sur les méthodes de suivi-évaluation.

À la fin de la mission, nous avons organisé un bilan pédagogique. Planète Urgence demande toujours d’évaluer l’impact de la formation et d’identifier ce qui peut être amélioré pour la suite. Le dernier jour, les participants ont tenu à me remercier avec un chant de clôture très émouvant. Pour moi, c’était la preuve que ces deux semaines avaient été une réussite, autant pour eux que pour moi.

L’expérience a aussi été valorisée : une capsule vidéo a été réalisée et diffusée sur YouTube, et nous avons pris une photo de groupe avec tous les participants. »

 © DR

4. Un dispositif qui engage l’entreprise et les salariés

« Concernant le dispositif Congé Solidaire®, il faut savoir qu’Ingérop lance chaque année, en mars, un appel à candidatures auprès des salariés. Ceux qui souhaitent s’investir remplissent un dossier en ligne. Ensuite, une présélection est faite, puis les candidats « pitchent » devant un petit comité pour expliquer leurs motivations et le choix de leur mission. Chaque année, entre cinq et sept personnes sont retenues.

C’est une démarche très vertueuse : l’entreprise met ses salariés à disposition pour des missions solidaires, Planète Urgence s’assure du sérieux et de la sécurité des ONG partenaires, et au final tout le monde y gagne. L’entreprise soutient financièrement la mission, notamment sur les frais de déplacement, et le salarié pose ses congés pour la durée de la mission. Moi, par exemple, j’ai posé deux semaines, et tout le temps de préparation et de restitution a été fait en plus, sur mon temps personnel.

Au retour, on nous demande aussi de témoigner. C’est essentiel pour montrer l’intérêt de ce type d’engagement, ce que cela apporte aux ONG, mais aussi ce que cela change dans notre métier. »

5. Un retour d’expérience qui inspire et fédère

« Concernant le dispositif Congé Solidaire®, il faut savoir qu’Ingérop lance chaque année, en mars, un appel à candidatures auprès des salariés. Ceux qui souhaitent s’investir remplissent un dossier en ligne. Ensuite, une présélection est faite, puis les candidats « pitchent » devant un petit comité pour expliquer leurs motivations et le choix de leur mission. Chaque année, entre cinq et sept personnes sont retenues.

C’est une démarche très vertueuse : l’entreprise met ses salariés à disposition pour des missions solidaires, Planète Urgence s’assure du sérieux et de la sécurité des ONG partenaires, et au final tout le monde y gagne. L’entreprise soutient financièrement la mission, notamment sur les frais de déplacement, et le salarié pose ses congés pour la durée de la mission. Moi, par exemple, j’ai posé deux semaines, et tout le temps de préparation et de restitution a été fait en plus, sur mon temps personnel.

Au retour, on nous demande aussi de témoigner. C’est essentiel pour montrer l’intérêt de ce type d’engagement, ce que cela apporte aux ONG, mais aussi ce que cela change dans notre métier. »

Le Mois du volontariat d’entreprise par Planète Urgence

Depuis quatre ans, chaque année au mois d’octobre, l’ONG Planète Urgence valorise le volontariat d’entreprise en mettant en avant le Congé Solidaire®, un dispositif d’engagement efficace au service de la solidarité internationale. Créé il y a 20 ans par l’association Planète Urgence, ce dispositif de volontariat financé par les entreprises, permet aux salariés de s’engager sur une mission de courte durée (2 semaines) sur leur temps de congés, en France ou à l’international. Association du groupe SOS, Planète Urgence est une ONG de solidarité internationale et d’aide au développement reconnue d’utilité publique. À travers ses dispositifs de volontariat et de renforcement de compétences, ses actions de sensibilisation et ses projets de préservation des forêts, elle entend permettre à chacune et chacun d’être davantage acteur de son développement et de celui de sa communauté. Planète Urgence agit en direct via ses équipes de terrain dans les trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux – l’Amazonie, le bassin du Congo, le bassin du Bornéo Mékong – là où la déforestation est la plus vive, la biodiversité la plus exceptionnelle et les vulnérabilités humaines les plus fortes. Elle s’appuie également sur la mobilisation et l’engagement des citoyens, et notamment des salariés via le Congé Solidaire.

Jean Dumesnil © DR 

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