© @CREA y Projet Colibrí
Six étudiants en médecine de Lille, membres de l’association La Goutte d’Eau, ont monté de A à Z un projet de solidarité internationale au Pérou. Après deux ans de préparation, leur « Projet Colibri » a vu le jour à Iquitos, au cœur de la forêt amazonienne, avec la création d’une volière de réhabilitation pour oiseaux sauvages, construite avec leurs homologues péruviens.
Ils sont en deuxième année à l’Université de médecine à Lille, n’ont aucune formation en construction ni en protection de l’environnement, mais une même conviction : celle que leur parcours universitaire pouvait aussi rimer avec engagement solidaire. Membres de l’association étudiante La Goutte d’Eau, qui propose chaque année à des étudiants de monter des projets de solidarité en France ou à l’étranger, six futurs soignants ont été sélectionnés pour lancer un chantier international. Leur mission ? Imaginer, financer et concrétiser un projet à impact. Ce sera au Pérou, dans la forêt amazonienne, avec la création d’une volière de réhabilitation pour oiseaux sauvages. Le Projet Colibri est né.
© @CREA y Projet Colibrí
Sa singularité ? Un cycle de deux ans : « On est parti de rien et on a tout dû construire de A à Z : trouver un partenaire local, autofinancer le projet, chercher des bourses, coordonner la logistique… », raconte Wandrille Spriet, 19 ans, qui a monté le projet avec ses cinq comparses*. Le groupe contacte alors France Volontaires au Pérou, qui les oriente vers le Centro de Rescate Amazónico (CREA), un centre spécialisé dans le soin et la réhabilitation d’animaux sauvages. Très vite, le lien est établi. CREA propose alors un projet concret : construire une volière de réinsertion pour oiseaux rescapés du trafic illégal. Les six futurs volontaires sont conquis.
Volontariat international étudiant : un projet de solidarité né à la fac de médecine
Le chantier est ambitieux : une volière destinée à accueillir 21 espèces d’oiseaux amazoniens victimes de braconnage, de trafic ou de captivité illégale. Ces oiseaux, remis aux soins de CREA par les autorités locales, doivent retrouver un espace leur permettant de se remuscler, se nourrir et évoluer dans un environnement proche de leur habitat naturel. « On savait qu’il y avait à faire. On avait envoyé les fonds en février pour que des professionnels construisent la structure, parce qu’évidemment, on n’a pas de formation dans le domaine », précise Wandrille. « Nous, on devait faire l’aménagement intérieur : planter des arbres, installer des perchoirs, recréer une ambiance de forêt ».
Sur place, les six Lillois rejoignent un groupe de sept étudiants de l’Université nationale de l’Amazonie péruvienne, avec qui ils collaborent au quotidien. La dynamique est immédiate. Les jeunes Français découvrent Iquitos, ville située aux portes de l’Amazonie, à mille lieues des circuits touristiques. « Les locaux sont extrêmement accueillants. On ne croise pas souvent de Français là-bas. Ils nous ont montré où faire nos courses, comment se déplacer. L’accueil était top », sourit Wandrille.
© @CREA y Projet Colibrí
Après deux ans de préparation, le chantier dure deux semaines, à la fin du mois de juin 2025. Quinze jours intenses où se conjuguent efforts physiques, choc culturel et émerveillement. Les membres du groupe, qui ne se connaissaient pas au départ, réalisent à quel point ces vingt-quatre mois de préparation ont soudé leur cohésion. « L’avantage du projet en deux ans, c’est qu’on a le temps de se connaître et de prévoir. On savait exactement comment ça allait se passer, même au niveau de la nourriture, des allergies… », raconte Wandrille. À leur retour en France, les jeunes prennent la mesure de l’impact de cette expérience : « Ça met une claque. Rien que le fait de pouvoir mettre la brosse à dents sous le robinet prend une autre valeur. »
Protection de la biodiversité amazonienne : une expérience humaine et écologique marquante
Le Projet Colibri, au-delà de son utilité écologique – offrir une seconde chance à des oiseaux sauvages – a aussi ouvert la voie à d’autres vocations. Wandrille, encore étudiant, se projette déjà : « Une fois que j’aurai mon diplôme de médecin, j’aimerais bien repartir, cette fois dans le domaine médical. » Mieux encore, CREA et La Goutte d’Eau ont convenu de reconduire le partenariat. Une nouvelle équipe de six étudiants prendra la relève en 2026, pour faire vivre cette volière et peut-être en imaginer d’autres.
* Virgile Bertin, Agathe Coze, Justine Juanchich, Maeva Landsheere et Léna Strus
Regardez le reportage sur le projet Colibri (en espagnol)
Le CREA, un sanctuaire pour la faune amazonienne
Le Centre de Rescate Amazónico (CREA), à Iquitos, œuvre depuis plus de dix ans pour la conservation de la faune sauvage. Emblème de son action, le lamantin amazonien est passé du statut d’espèce méconnue à celui de symbole de protection de la biodiversité. Résultat : le trafic de lamantins dans la ville a été réduit à zéro. En tout, 70 lamantins ont été sauvés, dont 33 relâchés dans des réserves naturelles. Le CREA prend aussi soin de tortues, oiseaux, caïmans ou paresseux. Il mène des actions d’éducation (200 000 personnes sensibilisées) et développe un écotourisme responsable. Il a été sélectionné pour accueillir un VSI dans le cadre du projet V-Amazonie de France Volontaires.
Les partenaires d’un chantier de volontariat exemplaire
Le Projet Colibri a été rendu possible grâce à la synergie de plusieurs acteurs :
• La Goutte d’Eau, association de l’Université de Médecine de Lille, initiatrice du projet.
• France Volontaires – Espace Volontariats Pérou, qui a assuré l’orientation, la mise en relation et le suivi.
• CREA – Centro de Rescate Amazónico, structure péruvienne d’accueil et partenaire opérationnel.
• L’Université nationale de l’Amazonie Péruvienne (UNAP), dont sept étudiants ont collaboré au chantier.
• Le FONJEP, via le dispositif JSI-VVVSI, qui a attribué une bourse de 10 000 euros au projet, avec l’appui de l’Ambassade de France au Pérou.