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LE MAG’

Destin croisé pour deux fans de slam

22 Août. 2024

© France Volontaires

Juliette Roest  et William Mendy, alias Slam Korban, ont une passion commune : le slam. Lui est sénégalais, elle est française. Leurs routes se sont croisées au sein de l’association Africulturban, à Dakar, où William assurait des ateliers d’écriture tandis que Juliette était volontaire de solidarité internationale (VSI). On les a interrogés sur leur amour pour cet art oratoire.

Comment avez-vous découvert le slam ?

William : J’ai commencé à m’intéresser au slam après avoir passé mon bac, en 2017. Au lycée, il y avait un club de littérature, d’arts et de philosophie. C’est là que j’ai commencé à m’intéresser à la poésie. Il y a ensuite eu un concours de jeunes talents organisé par l’association Africulturban, et c’est ainsi que j’ai pu commencer à véritablement m’adonner au slam au sein de cette structure, dans laquelle j’ai fini par animer des ateliers.

Juliette : J’ai réalisé des études dans le domaine des arts appliqués (graphisme et design graphique), mais je me suis aperçue que ce n’est pas vers cela que j’avais envie d’aller. Cela a engendré une remise en question personnelle. J’ai eu envie de partir en volontariat pour donner une nouvelle direction à ma vie, sur les conseils de ma sœur qui était déjà partie en mission. C’est ainsi que j’ai été recrutée par l’association Africulturban, et que j’ai rencontré William, environ deux à trois semaines après mon arrivée. C’est comme ça que mon aventure avec le slam a commencé.

Pour vous, quel est l’intérêt de cet art ?

William : Pour moi, c’est avant tout une façon d’exprimer des messages de paix, de vivre ensemble, d’interculturalité. J’essaie aussi d’écrire des textes qui sont en lien avec la protection de l’environnement, la liberté ou la décolonisation mentale de l’Afrique. Mais au-delà des textes, le slam est pour moi avant tout un art de scène. C’est là que tout se joue.

Juliette : Moi à la base ce que j’aime c’est la poésie. Comment créer un texte ? Comment faire passer une émotion ? Je n’avais jamais fait de scène avant d’arriver au Sénégal, donc ça a été un effort pour moi de passer de la poésie au slam. Mais après avoir franchi le cap une première fois, je n’ai plus eu envie de m’arrêter ! C’est d’autant plus intéressant dans un pays « aux mille langues ». Certains déclament en français, d’autres en wolof, d’autres encore dans leur dialecte… C’est une façon « d’honorer la langue » comme nous l’a souvent répété William dans ses ateliers.

"Au Sénégal, le slam est un art oratoire très ancré dans la société."

Juliette Roest

"Le slam est avant tout un art de scène. C'est là que tout se joue."

William “Slam Korban”

La performance de William lors de la grande soirée du slam francophone à Casablanca le 20 mars 2024.

Vous avez tous deux réalisé des missions de volontariat : comment cela s’est-il déroulé ?

William : J’ai réalisé un service civique à partir de janvier 2022 via Cool’eurs du Monde à Saint-André-de-Cubzac, en Gironde. Mon rôle était d’organiser des activités d’écriture autour du slam, du rap, et de la culture hip-hop en général. J’ai également pu participer à un festival, Balance ton slam. Au-delà de l’intérêt artistique, il y avait aussi un aspect plus sentimental, dans la mesure où cela m’a permis de revoir mon grand-père, qui vit en France et que je n’avais pas vu depuis 13 ans.

Juliette : Chez Africulturban, j’étais chargée pour partie de missions dans l’événementiel, et aussi de mettre en place des ateliers pour enfants. J’avoue que le retour a été très dur, car pour moi cela a constitué le voyage de ma vie. On est bien loin du tourisme, c’était avant tout une véritable aventure culturelle. A mon retour à Bordeaux, je n’ai pas ressenti la même envie de monter sur scène, et j’ai mis un peu l’écriture de côté. Au Sénégal, le slam est un art oratoire très ancré dans la société, il y a une énergie qu’on perd un peu ici en France, je pense…

Quels sont vos projets pour l’avenir ?

William : Après avoir participé aux Journées du volontariat français à l’automne 2023 avec France Volontaires, j’ai participé à la Semaine de la francophonie au Maroc, qui s’est déroulée au printemps dernier. Et actuellement, je prépare un projet de sept nouveaux titres, un rassemblement de textes en français que j’ai écrit au cours de mes rencontres.

Juliette : Je vais reprendre des études dans le domaine de l’éducation socio-culturelle. Je me dis que ma passion pour l’écriture pourrait trouver à s’appliquer auprès d’un public parfois un peu marginalisé.

Juliette et William lors des Journées du volontariat français en octobre 2023 à Paris.  © France Volontaires

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