La clinique mobile se rend dans les villages reculés pour apporter des soins aux patientes. © DR
Au Togo, Constance Prouvost a trouvé une mission de chargée de projets au sein de l’hôpital de l’Ordre de Malte à Elavagnon, à environ 250 kilomètres au Nord de la capitale (Lomé). Envoyée par la Délégation Catholique pour la Coopération, elle participe à un programme de lutte contre la mortalité materno-infantile. À 24 ans, c’est pour elle une opportunité de consolider son CV via une expérience professionnalisante après des études dans le domaine de la solidarité internationale.
Tu es en mission dans un hôpital au centre du Togo : peux-tu nous expliquer en quoi cela consiste ?
Je suis assistante financière et administrative ainsi que chargée de projet pour l’hôpital de l’Ordre de Malte d’Elavagnon. À ce titre, mes missions sont très variées.
Il y a d’abord les missions administratives et financières, donc, qui me permettent de comprendre en profondeur la gestion d’une structure médicale et d’ainsi analyser les besoins des équipes. L’objectif étant que le patient soit toujours accueilli le mieux possible et que sa prise en charge soit la plus adaptée au contexte local.
En tant que chargé de projets, tu as aussi pour mission le suivi d’un programme de réduction de la mortalité materno-infantile : peux-tu nous en dire plus ?
Effectivement, l’hôpital gère un projet qui a pour objectif principal de réduire la mortalité materno-infantile pour les femmes et les enfants de l’Est-Mono (dans la région des plateaux, limitrophe du Bénin, NDLR). Mes missions dans le projet sont de coordonner les différentes équipes nécessaires, de concevoir avec elle de nouvelles activités, de mesurer l’impact des actions, et bien sûr de rendre compte au siège.
L’objectif est d’encourager les femmes et les enfants des villages reculés à se rendre à l’hôpital pour un meilleur suivi de grossesse et pédiatrique. Parmi les actions que l’on mène, je peux par exemple citer l’organisation et la gestion de la clinique mobile qui offre des consultations prénatales et pédiatriques dans les villages les plus reculés, ou encore la mise en place d’un service d’urgences materno-infantiles, afin de repérer au plus vite les cas urgents dans les villages grâce à des ambulances.
Plus globalement, mon rôle est donc d’assurer le suivi des équipes et de concevoir avec elles les nouvelles stratégies à mettre en place pour aider les communautés à accéder aux soins. L’hôpital inaugurera un pôle mère-enfant en 2025 avec un nouveau bloc opératoire et une unité de néonatalogie. Ce pôle permettra une prise en charge efficace et qualitative pour les mères et les enfants.
"N’appartenant à aucune ethnie ou n'ayant pas d'attaches particulières, il m'est plus facile de prendre des décisions justes qui favorisent l'équité entre les personnes"
Ce sont de forts enjeux en termes de santé publique : quelles difficultés as-tu rencontrées dans le cadre de tes missions ?
Nous sommes confrontés à de nombreux défis : le manque de moyens, les difficultés pour l’ambulance et la clinique mobile de se rendre dans les villages les plus reculés, les grands prématurés à prendre en charge ou l’augmentation de la pauvreté dû aux changements climatiques. Nos équipes se battent tous les jours pour rendre l’accès aux soins plus facile pour les communautés. Dans ce contexte, voir les femmes enceintes des villages se rendre à l’hôpital après les sensibilisations que nous réalisons est une belle réussite de la part du personnel !
D’un point de vue plus personnel, étant de nature extravertie, ma plus grande difficulté en début de mission a été l’isolement qu’impose la vie en brousse, et la nuit qui tombe très tôt. Mais les moments d’isolement ont quand même du bon : ils m’ont permis de développer des projets que je n’aurais pas eu le temps de réaliser en France. Aujourd’hui, une deuxième volontaire en VSI m’a rejointe, donc l’isolement est moins difficile à vivre.
Le fait de ne pas avoir de formation médicale a-t-il été un handicap pour toi ?
Effectivement, tout dans cette mission est nouveau pour moi ! Mais les équipes sur place m’ont tout appris sur le contexte de l’accès aux soins pour les populations et le système de santé du pays. Au-delà, cette mission m’apprend également à faire face aux imprévus, à des situations d’urgence, à vivre dans une autre temporalité que celle que nous connaissons en France, à se laisser bousculer par des évènements que je n’avais pas choisis. Mais à l’inverse, le fait d’être d’une culture différente apporte en contrepartie une certaine neutralité dans les décisions qu’on doit prendre. N’appartenant à aucune ethnie ou n’ayant pas d’attaches particulières, il m’est plus facile de prendre des décisions justes qui favorisent l’équité entre les personnes.
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As-tu as une anecdote particulière à nous raconter ?
Oui, je peux parler de l’accueil que m’a réservé la chorale du village par exemple. Partager les moments de répétitions de chants et de danses avec les villageois est à la fois une source de gêne mais aussi de rires ! Car évidemment je ne comprends rien à ce que je chante et je n’ai pas de partition, donc je vous laisse imaginer les sons mélodieux qui sortent de ma bouche !
Quels sont tes projets pour la suite ?
Edifiée par la résilience des femmes rencontrées à la maternité et dans le personnel de l’hôpital, je monte un projet pour mon retour en France qui consistera à la création d’un podcast autour de douze figures féminines, philosophes et autres, qui nous parlent encore aujourd’hui. Après ce projet, je compte candidater à des offres de chargée de projets dans le secteur de l’action sociale en France ou dans le secteur humanitaire dans une ONG. Mon VSI me permet d’acquérir des bases solides et d’être polyvalente sur de nombreux prochains postes.
La pesée des enfants dans le cadre du programme de prévention de la malnutrition et de vaccination / © DR