© Sébastien Grimaud / Etymocurieux
Sébastien Grimaud, plus connu comme l’Etymocurieux sur Instagram, est un amoureux des mots. Ancien professeur de français, il propose aujourd’hui des contenus originaux à plus de 230.000 abonnés sur l’étymologie de la langue française, avec distance et humour. Présent sur le stand de France Volontaires à la Gaîté lyrique à l’occasion du festival de la francophonie début octobre, il nous a expliqué les dessous de son aventure
« Solide et solidaire ont la même étymologie »… Dans l’une de ses dernières vidéos publiées fin septembre, Sébastien Grimaud nous expliquait les origines d’un terme qui est cher à tous les volontaires internationaux d’échange et de solidarité (V.I.E.S). Depuis près d’un an maintenant, il décortique les mots et expressions de la langue française pour nous en livrer la substantifique moelle.
Le 2 octobre dernier, il était présent au Festival de la francophonie, qui s’est tenu pendant quatre jours au CENTQUATRE-Paris et à la Gaîté lyrique, dans la capitale. Sur le stand de France Volontaires, il a rencontré ceux qui sont impliqués dans la défense de la langue française aux quatre coins du monde*. Et nous a expliqué son travail comme sa vision de la francophonie.
Le concept de ton compte Instagram, c’est d’expliquer l’étymologie d’un mot à tes abonnés : comment procèdes-tu pour les choisir ?
Je n’ai pas une approche académique de la langue. L’idée n’est pas de faire un cours de grammaire ou de latin, je prends des mots du quotidien, et j’aime voir la façon dont ils ont voyagé, dont ils peuvent révéler leurs « secrets » ou un sens caché. Parfois je me pose et je laisse venir l’inspiration, mais la lecture aide beaucoup aussi, évidemment. Au détour d’un texte, je peux m’apercevoir qu’il y a un mot intéressant à traiter, soit parce qu’il est rare, soit parce qu’il est rigolo. Et de plus en plus, avec le succès du compte, je reçois des suggestions de mes abonnés.
Tu as été professeur de français : est-ce qu’il y a un lien entre cette activité et la façon dont tu travailles sur Insta ?
Alors ça n’a rien à voir ! (rires) Enfin si, il y a de la transmission, mais c’est différent dans la forme : un cours dure une heure, une vidéo dure une minute. Disons que j’ai toujours eu l’envie de transmettre ce qu’on m’avait appris. Je n’ai pas la science infuse, au contraire. J’apprends moi-même tous les jours et c’est ce que j’adore dans la création de contenus. Il faut se renouveler en permanence, chercher de nouvelles idées. Enseigner pendant des années m’a appris la pédagogie évidemment, le fait d’y aller pas à pas, cela m’a aussi appris à utiliser l’humour de temps en temps, car si on se contente de lire un dictionnaire, ce ne sera pas très intéressant. J’aime plaisanter autour des mots.
"Cela m’arrive régulièrement que des profs m’écrivent pour me dire qu’ils ont utilisé mes vidéos dans leurs cours"
Ce que tu fais en création de contenus est-il utilisable dans le cadre d’un cours de français ?
Oui, cela m’arrive d’ailleurs régulièrement que des profs m’écrivent pour me dire qu’ils aimaient bien ce que je faisais, qu’ils ont utilisé mes vidéos dans des cours comme une ressource pédagogique. Aussi bien en commentaires sous mes publications qu’en messages privés, ils me disent qu’utiliser ces petites « pastilles » est une manière différente d’animer leurs cours.
Y a-t-il une forme de satisfaction au fait que tes contenus soient réutilisés de la sorte ?
En fait je suis honoré de ça ! Je crée mes contenus avec beaucoup de soin, je travaille énormément, cela représente des heures de recherche, d’écriture de script… Alors quand je vois que ça trouve un écho et que des profs s’en saisissent comme une ressource utile et fiable, j’en suis évidemment très content !
Le succès du compte te donne-t-il envie de participer à d’autres événements comme ce festival de la francophonie ?
Oui, cela me donne clairement envie de croiser les gens qui suivent mon compte, et plus globalement tous ceux pour qui la francophonie est une réalité. On est 300 millions sur la planète à parler français, je trouve ça dingue. Parmi mes abonnés il y a beaucoup de Québécois, des Africains aussi (Sénégalais, Ivoiriens…), des Belges ou des Suisses. Ici, je suis content de pouvoir rencontrer vos volontaires qui sont originaires de tous ces pays : c’est du français un peu différent et c’est intéressant d’évoquer la résonance différente qu’un mot peut avoir dans différents endroits du monde. Certaines zones francophones ont même leurs propres mots, comme au Liban ou en Louisiane. En fait, le sujet est infini !
Volontariat et francophonie en chiffres
De nombreux volontaires sont mobilisés par France Volontaires et ses membres autour de la thématique de la francophonie, dans le monde comme sur le territoire français dans le cadre de la réciprocité des échanges. A titre d’exemple, en 2022, 24% des missions en Service civique international ont été réalisées dans le cadre de la francophonie. Ces volontaires sont particulièrement présents dans les Alliances françaises (31% des missions), les lycées français (28%), les instituts français (7%), ainsi que dans des associations proposant l’enseignement du français. Du point de vue géographique, 59% se sont déroulées en Europe et 41% sur le reste de la planète.