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LE MAG’

“Je n’avais pas conscience des inégalités de genre”

22 Nov. 2024

© Jerry-Gwenaël Azilinon​

Jeune béninois vivant au Sénégal, Jerry Azilinon est engagé depuis longtemps dans la vie citoyenne de son pays d’adoption. Au sein des diverses associations pour lesquelles il a collaboré, la question des droits des femmes a toujours tenu une place centrale. Depuis fin octobre, il s’est engagé comme volontaire chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité à l’Agence française de développement à Marseille. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il témoigne de son parcours et de ses engagements.

J'ai grandi dans une famille béninoise, entouré de figures féminines inspirantes.

« Je suis Béninois, j’ai longtemps vécu au Sénégal mais je garde un fort lien avec le Bénin. J’ai grandi dans une famille entouré de figures féminines inspirantes. Les premiers exemples de réussite sociale autour de moi, c’était l’une de mes tantes qui avait une carrière professionnelle flamboyante, qui s’est vite achetée une voiture, puis une maison : pour moi c’était une évidence que le succès se conjuguait au féminin.

Quand j’ai découvert les violences faites aux femmes, j’ai réalisé que je vivais dans une bulle : je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage. Je pense que c’est ce qui m’a motivé à me sensibiliser aux questions de genre : le sentiment d’être déphasé, la curiosité de comprendre ce qui se passait.

Chez Social Change Factory, une association qui œuvre au quotidien pour l’émancipation, l’autonomisation, l’épanouissement et l’engagement des jeunes, j’ai participé à la mise en œuvre de plusieurs projets dans les domaines de l’éducation, de l’engagement citoyen et du genre. C’était le début de ma longue aventure avec le milieu du développement.  

Je fais activement partie de deux associations, Doyna (« ça suffit ! », en wolof), un mouvement qui milite pour les droits des femmes, l’orientation et la prise en charge de victime. Et Yeewi Association (« Libérez », en wolof) qui fait un focus sur la précarité menstruelle et la santé sexuelle et reproductive. Parmi les actions mises en œuvre, il y avait par exemple des tournées scolaires où nous faisions des ateliers avec les membres de la communauté éducative et les élèves pour leur parler de masculinité positive, de la précarité menstruelle, réfléchir à la réhabilitation des toilettes dans les établissements ou évaluer les besoins en matière de distribution de serviettes hygiéniques.

Je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage.

J’ai aussi été salarié dans diverses entreprises, mais j’ai toujours été frustré, dans le cadre de mes fonctions, par le fait que je ne voyais pas l’impact concret de ce que je faisais, contrairement à mes missions au sein des ONG ou des associations dans lesquelles j’avais évolué. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de candidater pour ce volontariat international d’échange et de solidarité en France en tant que Chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité auprès de l’Agence française de développement, ici à Marseille.

Sur les questions de genre, nous travaillons à développer différents parcours pour des publics tant internes, qu’externes (MOOC* avec des partenaires sur des sujets spécifiques tel que l’éducation, parcours/atelier de sensibilisation et de bonnes pratiques pour éviter et ou corriger les biais de genre, campagnes de communication diverses).

Les deux autres aspects de mon volontariat tournent autour des questions d’intelligence collective et d’interculturalité, deux autres domaines qui me sont chers et sur lesquels j’avais régulièrement travaillé auparavant.

Bref, il s’agit d’une belle mission dans laquelle je m’épanouis pleinement. »

*Acronyme pour « Massive Open Online Course », un type de formations en ligne qui regroupe des vidéos, du contenu texte, des forums, etc.

Bio express

Jerry-Gwenaël Azilinon est un jeune avec un vif intérêt pour les questions de genre et la lutte contre les violences faites aux femmes. Il est ambassadeur #HeforShe et coordonateur du mouvement «Doyna» qui sensibilise aux questions de genre et fournit une assistance aux victimes, entre autres. Il est aussi le SG de "Yeewi", une association qui lutte contre la précarité menstruelle et sensibilise à la santé sexuelle et reproductive. Il est par ailleurs entraîneur d'une équipe féminine de football, les Dakar Sacrées Queens, une manière de montrer que la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes doit être menée sur tous les terrains. Il travaille également au quotidien sur des programmes d’éducation et d’engagement des jeunes ce qui lui a valu d’être nommé Commissaire Régionale adjoint au programme Jeune et au plan stratégique des Scouts de Dakar dont il est membre depuis 2004.
Jerry-Gwenaël Azilinon
Volontaire international en mission à l'AFD à Marseille

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