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LE MAG’

Jog Jëem : un documentaire pour raconter l’engagement des jeunes de la Gironde au Sénégal

17 Oct. 2025

Seydou Sidibé, en juillet dernier à son retour au Sénégal. Le documentaire Jog Jëem, qu’il a contribué à réaliser, sera projeté à Bordeaux le 28 octobre prochain . © France Volontaires Sénégal

À Bordeaux, l’association Keur Espoir et le volontaire sénégalais Seydou Sidibé ont donné vie à un documentaire sur la jeunesse engagée. Né d’une mission de service civique international, ce film collectif met en lumière les initiatives citoyennes portées par des jeunes en France et au Sénégal.

À la salle des fêtes du Grand Parc, à Bordeaux, l’écran s’allumera le 28 octobre prochain pour dévoiler un film pas comme les autres. Jog Jëem, ce documentaire à la réalisation « artisanale », selon les dires mêmes de ses créateurs, mais à l’ambition bien affirmée, raconte une jeunesse en action, en France comme au Sénégal. Aux manettes : Seydou Sidibé, 27 ans, venu de Guédiawaye, dans la banlieue de Dakar, pour un service civique international en France. À ses côtés, l’association bordelaise Keur Espoir, qui accueillait pour la première fois un volontaire de ce type.

« Dès son arrivée, le feeling a été évident », se souvient Mélanie Siot, sa tutrice au sein de l’association. « Seydou est quelqu’un d’hyper dynamique, très créatif, avec une vraie énergie. Pour nous, c’était simple de l’intégrer et d’imaginer des projets ensemble. »

Une mission de volontariat qui se transforme en aventure collective

À l’origine, il ne s’agissait que de développer une mission de communication et quelques podcasts sur l’engagement citoyen. Mais très vite, l’enthousiasme de Seydou et la curiosité de l’équipe font basculer le projet. « On a rencontré des jeunes incroyables, des acteurs engagés des deux côtés de la Méditerranée… Alors on s’est dit : pourquoi pas un documentaire ? », raconte Mélanie.

Le film prend forme pas à pas. À Bordeaux, Seydou et l’équipe interviewent des jeunes des quartiers populaires, des associations locales, des élus comme le maire de Cenon. Le fil rouge : montrer qu’au-delà des clichés sur une jeunesse désabusée, des milliers de jeunes, en France comme au Sénégal, se retroussent les manches pour leurs communautés.

« Ce qu’on voulait montrer, c’est qu’il y a une vraie énergie dans la jeunesse », explique Mélanie Siot. « Qu’elle prenne la forme des études, de l’engagement social ou de la coopération entre villes, ça a du sens. Et c’est une histoire qu’on partage avec le Sénégal, qu’il faut raconter ensemble. »

Après être parti à la rencontre de nombreux jeunes girondins pendant ses six mois en France, Seydou Sidibé a interviewé, à son retour au Sénégal, des acteurs de la citoyenneté sénégalaise: Pape Sega Ndiaye, plus jeune conseiller municipal de la commune de Ouakam et entrepreneur engagé et Assane Alfred Ndiaye, fondateur de l’association Keur Espoir au Sénégal. © Keur Espoir Sénégal

De Guédiawaye à Bordeaux, l’itinéraire d’un volontaire international

Le projet n’aurait pas vu le jour sans Seydou Sidibé. Son parcours ne suit pas les sentiers balisés. À l’adolescence, il préfère les rythmes du hip-hop aux bancs de l’école. Il rejoint l’association de son quartier, Guédiawaye Hip-Hop, qui utilise les cultures urbaines pour accompagner des jeunes en difficulté. Peu à peu, l’art devient engagement : présentateur scénique, organisateur d’événements, chargé de communication… jusqu’au jour où son association lui propose de candidater pour une mission de service civique en France.

« Je ne m’attendais pas à être sélectionné », avoue Seydou. « Mais je n’ai pas hésité une seconde. C’était une opportunité de maximiser mes compétences et de grandir personnellement. »

À Bordeaux, il découvre un univers nouveau, parfois déroutant : le froid de l’hiver, le silence des rues, le poids du temps qui ne s’écoule pas comme au Sénégal. « Le premier mois, je me suis demandé si je n’allais pas rentrer », confie-t-il. « Mais ensuite, j’ai vécu les plus beaux moments de ma vie. »

Le volontariat agit comme un tremplin. Lui qui bégayait parfois prend confiance, s’exprime avec aisance jusque devant des élus. Il s’active sur le montage vidéo, la prise de son, renforce ses compétences en communication. « Je ne me suis jamais autant engagé que pendant mon séjour en France », dit-il aujourd’hui.

"Au Sénégal, il y a des jeunes qui ne travaillent pas, d’autres qui ne sont pas allés à l’école. Avec ce documentaire, je veux leur dire : il faut se lever, aller chercher les opportunités, ne pas rester dans l’inaction."

Seydou Sidibé, volontaire en service civique international

Un film participatif, miroir de la jeunesse

Avec Jog Jëem, Seydou et Keur Espoir cherchent à capturer un souffle collectif. Le documentaire multiplie les voix, du doctorant sénégalais en droit public installé à Bordeaux à la jeune élue de la mairie de Ouakam. « On voulait que ce soit un récit participatif », insiste Mélanie Siot. « Nous avons dit aux personnes rencontrées : “C’est vous les acteurs principaux du film.” »

Seydou, lui, y a vu une mission : « Au Sénégal, il y a des jeunes qui ne travaillent pas, d’autres qui ne sont pas allés à l’école. Avec ce documentaire, je veux leur dire : il faut se lever, aller chercher les opportunités, ne pas rester dans l’inaction. C’est possible de réussir. »

Au-delà du film, l’expérience a tissé des liens solides. Keur Espoir et Seydou travaillent encore ensemble, malgré son retour à Dakar en juillet. « Aujourd’hui, il est toujours en charge de notre communication. C’est une rencontre humaine et professionnelle qui se poursuit », explique Mélanie. « L’aventure continue ».

De son côté, le jeune homme multiplie les projets : la création d’une maison de production, l’organisation d’un festival, et peut-être un retour en France en tant que volontaire de solidarité internationale. Son message est clair : « Les jeunes doivent être conscients que nous sommes les guerriers de notre génération, les ambassadeurs de demain. Engagez-vous, donnez tout ce que vous avez. »

L’histoire de Jog Jëem illustre ce que peut produire la réciprocité : un échange où chacun grandit, où la France et le Sénégal construisent un récit commun. Et dans ce récit, l’engagement des jeunes n’est pas un second rôle mais bien le cœur de l’intrigue.

À Bordeaux, fin octobre, les lumières de la salle s’éteindront. L’écran projettera les visages, les voix, les gestes de cette jeunesse en mouvement. Et peut-être que dans le silence attentif du public résonnera le mot wolof qui donne son titre au film. « Jog Jëem » : s’engager.

Bio express

Originaire de Guediawaye, près de Dakar, Seydou Sidibé a grandi au sein de l’association GHip-Hop, où il s’est formé aux cultures urbaines et à l’engagement citoyen. Animateur, présentateur et communicant, il effectue en 2024 un service civique international à Bordeaux avec Keur Espoir, dans le cadre du programme WECCEE de Cool'eurs du monde. Sa mission l’amène à créer des podcasts et un documentaire, Jog Jëem, sur l’engagement de la jeunesse. De retour au Sénégal, il développe une maison de production et de nouveaux projets culturels
Seydou Sidibé
Volontaire en service civique international

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