© Thomas Limousin / France Volontaires
Initiée il y a plus de vingt ans, la coopération décentralisée entre les régions Centre-Val-de-Loire et Gorgol, dans le sud de la Mauritanie, continue de se renforcer. Benoît Dagbert, volontaire de solidarité internationale (VSI), anime ce partenariat sur place : une présence qui facilite les liens et permet de concrétiser les projets. La venue d’une délégation française en mars a permis de faire éclore l’espoir d’un partenariat entre deux écoles de formation agricole, un enjeu pour les deux régions.
S ous un soleil de plomb, le regard au loin, les mains dans le dos, Sid El Kheir Cheikh El Bou, directeur de l’École nationale de formation et de vulgarisation agricole de Kaédi (ENFVA) ne tient plus en place. Dans quelques minutes, une délégation de la Région Centre-Val-de-Loire arrivera dans son établissement, en visite dans la capitale de cette région du sud du pays, située à la frontière avec le Sénégal. Depuis plusieurs mois, il travaille avec Benoît Dagbert, VSI chargé d’animer la coopération décentralisée, sur un projet de partenariat avec l’école horticole de la Mouillère, basée à Orléans. « J’attends beaucoup de cette délégation » explique-t-il, impatient, « j’ai hâte de faire avancer le projet ».
Depuis 2002, les deux régions nouent une relation étroite et collaborent sur des projets d’amélioration d’accès à l’eau potable, de formation agricole ou de renforcement institutionnel. Cette visite française dans le Gorgol est un moyen de renforcer ces liens et de créer de nouvelles perspectives. Organisée en grande partie par Benoît, c’est un temps fort pour la coopération.
Une centaine d’hectares dédiés à l’expérimentation dans l’agriculture
La délégation arrive enfin. Elle est composée du président de la Région Centre, de la vice-présidente déléguée à la coopération internationale, ses conseillers techniques, de Benoît, ainsi que de Jean-Philippe Audrain, directeur de l’école de la Mouillère. Dans la grande salle de réunion décorée pour l’occasion, le directeur de l’ENFVA fait une présentation de son établissement. L’école accueille 300 élèves pour des formations allant du CAP au BTS. Il expose également ses limites : seulement sept formateurs permanents et un manque d’experts sur certains domaines. Une visite est ensuite organisée, la centaine d’hectares dont dispose l’école est dédiée à la formation et à l’expérimentation dans l’agriculture et dans l’élevage
La visite de la délégation de la Région Centre en mars 2024 en Mauritanie.
La délégation doit repartir. Seuls restent Benoît et le directeur de l’école orléanaise. Le temps politique passé, les engagements pris, il est l’heure d’aborder les aspects techniques et opérationnels. « J’aimerais que de façon réciproque, on puisse s’apporter des expériences et une montée en compétences des formateurs » explique Jean-Philippe Audrain, « Également, que les jeunes de France puissent ouvrir les yeux sur ce qu’il peut se passer ailleurs. Je crois en la coopération et plus largement en la mobilité internationale ». Les deux directeurs sont sur la même longueur d’onde. « Il ne reste plus qu’à mettre en place un protocole d’accord » résume l’un d’eux.
Le volontariat, un gain de temps dans la gestion de la coopération
Rien n’aurait pu se faire sans la présence de Benoît. Envoyé par la région Centre-Val-de-Loire dans le Gorgol il y a dix mois, sa présence permet d’entretenir et de vitaliser la coopération. « Je me vois comme étant un facilitateur d’échanges, de relations. Je mets en liens les acteurs institutionnels, mais également tous les partenaires intéressés par la coopération ». Un rôle essentiel, salué par le directeur de l’école de la Mouillère : « Pour moi, la présence de Benoît est indispensable. Les visios, c’est bien, mais ce n’est jamais suffisant. Ça nous prendrait un temps dingue d’apprendre, de comprendre comment ça fonctionne ici. Ça résout la moitié des problèmes avant qu’ils ne se posent ». Les deux directeurs se serrent la main. Dans quelques mois, une nouvelle délégation se rendra en Mauritanie pour sceller l’accord entre les deux établissements. De son côté, Benoît continue d’animer la relation entre les régions. La coopération décentralisée, levier de solidarité et d’enrichissement mutuel, a encore de beaux jours devant elle.