© Léa Besançon
En Indonésie, l’association Pokja Pesisir lutte pour préserver la faune et la flore d’une forêt mise en danger, entre autres, par l’édification de la nouvelle capitale du pays en plein milieu de la jungle. Cette petite structure compte sur l’implication d’une poignée de citoyens engagés… et sur l’aide de volontaires comme Léa Besançon, qui a passé deux semaines sur place cet été pour former les locaux au montage vidéo.
Le 17 août dernier, date anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie, une nouvelle cité est officiellement sortie de terre en plein cœur de la jungle, sur l’île de Bornéo : Nusantara, la nouvelle capitale, a été inaugurée par les autorités du pays. À terme, la ville doit « remplacer » l’actuelle capitale Jakarta en accueillant les élus et les fonctionnaires indonésiens dans une ville construire de toutes pièces au milieu d’une vaste écosystème forestier. La petite association Pokja Pesisir, basée à Balikpapan (à environ une centaine de kilomètres de la nouvelle capitale, sur la côte), se bat pour préserver ce qui peut encore l’être d’un point de vue environnemental.
Avec peu de moyens, mais beaucoup d’énergie. Elle a ainsi fait appel à Planète Urgence, une ONG française qui se bat depuis des années contre la déforestation et qui a financé la mission de volontariat d’échanges et de compétences (VEC) de Léa Besançon. Chargée de communication et de projets digitaux, la jeune femme a apporté son expertise aux membres de l’association en les initiant au montage vidéo, afin de leur permettre de sensibiliser les habitants de la région aux enjeux environnementaux de leur île. Nous l’avons rencontrée.
Léa et des membres de l’association Pokja Pesisir, en tournage dans la mangrove de la région de Balikpapan, sur l’île de Bornéo © Léa Besançon
Qu’est-ce qui vous a motivée à partir animer ces ateliers de montage vidéo en Indonésie ?
Je suis à l’aise dans le secteur de la communication : j’ai réalisé mon cursus universitaire dans ce domaine, et même si je ne suis pas vidéaste, je suis relativement polyvalente. L’idée était d’apporter mon aide à cette association en les formant pour qu’ils puissent réaliser par eux-mêmes des contenus pour les réseaux sociaux. Au final, ce VEC collait à mes compétences.
La question environnementale a-t-elle également été importante pour vous ?
Oui évidemment. C’est une association très engagée dans la protection de la faune de Balikpapan sur l’île de Bornéo, qui est confrontée à la surexploitation des ressources, à la destruction de la mangrove, et qui lutte à son échelle pour protéger son île. Les vidéos produites pour l’association aident précisément à sensibiliser à ces questions d’environnement, à communiquer avec les populations locales sur ces sujets. D’autant plus depuis la construction de la nouvelle capitale au milieu de la jungle, un projet qui se veut futuriste mais qui en fait nuit à l’environnement en détruisant l’habitat de la faune locale.
"J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure"
Léa Besançon, en volontariat d’échanges et de compétences (VEC) en Indonésie
Comment se déroulait la formation ?
On a fait de la théorie, en établissant les story-boards des vidéos avant d’aller filmer des images sur le terrain, dans un deuxième temps, pour avoir du matériel à monter. Comme l’association n’a pas trop de moyen, on a travaillé sur Canva (NDLR : un outil de montage en ligne simple d’utilisation). Sur le travail de montage, on se réunissait, on analysait le pour et le contre, on échangeait nos avis. Je me suis sentie légitime car ils m’ont donné beaucoup de confiance. Ils étaient tous très investis, très réceptifs. Certains membres de l’association m’ont même demandé des « devoirs à la maison » pour pouvoir travailler chez eux et j’ai reçu des vidéos en dehors des heures de formation !
Quel bilan tirez-vous de ce volontariat ?
J’ai adoré cette expérience, c’est allé plus loin que mes attentes. En plus je ne connaissais pas le dispositif du volontariat d’échanges et de compétence, je ne connaissais que le service civique international (SCI), puisque j’en avais fait un en Tanzanie. Finalement, deux semaines, c’était limite trop court. Je suis finalement restée une semaine de plus, à titre personnel, pour visiter l’île avec des membres de l’association Pokja Pesisir. Ce VEC m’a permis de découvrir une autre facette de l’Indonésie que celle qu’on peut voir à la télé. J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure. Cela m’a mis la pression, mais dans le bon sens du terme, et j’ai pris tout cela très au sérieux. Quelque part cela m’a donné une nouvelle corde à mon arc, en me donnant confiance sur ma capacité à former des gens.
© Léa Besançon