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LE MAG’

Noël en terre lointaine : regards croisés entre Accra et Paris

24 Déc. 2025

L’un a posé ses valises à Accra, l’autre découvre Paris sous les lumières de décembre. À l’approche des fêtes, Philippe Féray, volontaire français au Ghana, et Marie-Gertrude Koulou, volontaire ivoirienne en France, racontent leurs premiers pas dans un pays inconnu, entre surprises culturelles et nouvelles habitudes à inventer loin de chez soi.

Passer Noël loin de sa famille n’a rien d’anodin, surtout lorsqu’il s’agit des premières semaines dans un nouveau pays. Cette année, Philippe Féray et Marie-Gertrude Koulou vivent les fêtes de fin d’année à contre-courant de leurs repères habituels. Lui vient d’arriver au Ghana, où décembre rime avec chaleur, festivals et effervescence urbaine. Elle débute sa mission de Service Civique en France, à Paris, où l’hiver, les vitrines illuminées et les traditions de Noël lui offrent un décor inédit.

À travers leurs regards croisés, se racontent le décalage des premières fois et la curiosité de découvrir un nouvel environnement. Une manière très concrète, aussi, de dire ce que signifie s’engager en volontariat, au moment où les autres se retrouvent.

Marie-Gertrude à la découverte de la Tour Eiffel.

C’est comment de passer les fêtes loin de chez soi à Noël ?

Philippe, au Ghana : Les fêtes de fin d’année sont un moment de festivités important, et le sentiment de distance et d’éloignement de la famille occupe toujours un petit coin de sa pensée. Cependant, les appels téléphoniques ou vidéo et la possibilité de jouer à des jeux vidéo en partageant son écran me permettent de réaliser des activités avec les amis et la famille en France.
Même si c’est mon premier Noël au Ghana, c’est le cinquième sans la famille (trois au Japon, un en vacances en Colombie l’année dernière alors que j’étais volontaire en Équateur), du coup je commence à être habitué.
Je vais aussi profiter de ces jours fériés afin de me reposer des premières semaines de travail intenses, et envoyer quelques e-mails administratifs afin de préparer l’année 2026 dans les meilleures conditions !

Marie-Gertrude, en France : Je dois reconnaître qu’il m’arrive parfois de me sentir un peu seule, car les fêtes me rappellent naturellement ma famille, avec qui je les passe d’ordinaire entourée de mes frères, sœurs et parents. Leur présence me manque, c’est vrai, mais cette année a aussi quelque chose de particulier et d’unique : vivre Noël ailleurs, découvrir d’autres façons de célébrer et ressentir autrement cette période si spéciale.

Des différences entre ton pays d’accueil et ton pays d'origine ?

Philippe : La chaleur ! Commencer sa mission en Afrique en décembre implique un changement de température de plus de 20 degrés. L’acclimatation est plutôt rude et la climatisation est souvent utilisée !
En revanche j’ai pu plus facilement m’habituer à la cuisine ghanéenne, étant un fan de plats épicés (jollof, green pepper sauce et autres plats relevés). J’ai pu échanger avec d’autres volontaires qui ont eu plus de mal à s’habituer.
La circulation à Accra est assez chaotique, surtout en ce mois de décembre festif, il faut faire preuve de beaucoup de patience et relativiser, prendre son temps. Les Ghanéens sont chaleureux et amicaux, ils n’hésitent pas à venir en aide aux personnes ayant des problèmes, et sont toujours ravis de rencontrer des volontaires aidant au développement des associations, organismes et entreprises basés au Ghana.

Marie-Gertrude : Je trouve que les Français fêtent plus Noël que nous : la magie de Noël est très présente à Paris. À Abidjan, les fêtes se préparent de façon plus classique, et tout tourne principalement autour des cadeaux pour les enfants.
En revanche l’aspect religieux est probablement plus présent chez nous. La Côte d’Ivoire est un pays principalement chrétien, et la Nativité du Christ est très importante. Du coup, à Noël mais aussi lors des célébrations du jour de l’An, beaucoup de gens vont à la messe à l’église.

"Les Ghanéens sont chaleureux et amicaux, ils n’hésitent pas à venir en aide aux personnes ayant des problèmes, et sont toujours ravis de rencontrer des volontaires"

Philippe Féray, volontaire de solidarité internationale au Ghana

Un truc qui te manque ?

Philippe : Étant franco-portugais, ma famille a pour habitude de voyager au Portugal pour les fêtes afin de visiter ma grand-mère et mes cousins. Le repas familial avec les différents plats et desserts va me manquer cette année ! Contrairement à la plupart des volontaires qui mentionneront le fromage, moi c’est plutôt le pain d’épices de Noël qui me manquera beaucoup !

Marie-Gerturde : Hormis ma famille évidemment, je crois que ce sont des habitudes alimentaires. Parce que chez nous, traditionnellement pour les fêtes, on a l’habitude de manger de la sauce arachide avec du poulet accompagné de riz ou de foutou (de la banane plantain écrasée). On le trouve vraiment pratiquement dans toutes les familles, c’est cette recette-là qu’on voit sur les tables. Et cette année je ne pourrais pas en manger donc les fêtes auront forcément une saveur différente.

D’un point de vue personnel, comment tu vis les fêtes de fin d’année ?

Philippe : J’ai tendance à être plus casanier en période de fin d’année, mais le mois de décembre est très festif au Ghana en raison du climat chaud attirant beaucoup de touristes et au regroupement familial de nombreux Afro-Américains désirant passer les fêtes de fin d’année en famille.

De nombreux festivals de musique comme Afrofuture (28/29 décembre) et le Bhim festival (24 décembre) permettent de connaître de nouveaux artistes, DJs et groupes de musique provenant de toute l’Afrique. Pour les plus fêtards, beaucoup de soirées seront organisées sur les plages d’Accra comme le Tidal Rave Festival. Enfin, des événements à thématique culturelle tels que l’Eco Kids festival (20 décembre) et le Takoradi Ankos Masquerade Festival (street parade et costumes) (25/26 décembre) permettent de s’immerger dans la culture ghanéenne. J’espère pouvoir découvrir certains de ces événements et faire de ce mois de décembre un moment inoubliable !

Marie-Gerturde : Il y a quelque chose de cool que je découvre ici à Paris, ce sont les lumières de Noël. On n’a pas ça en Côte d’Ivoire, c’est aussi le signe que les gens ici sont plus enthousiastes, qu’ils attendent Noël avec impatience. Dans le foot, on dit « Paris est magique » et c’est vrai aussi dans la vie de tous les jours pendant les fêtes, entre les éclairages sur les Champs-Élysées, sur la place de la République ou aux Galeries Lafayette, où j’ai pu admirer les vitrines de Noël. Et tout est très beau avec les sapins partout.

"Dans le foot, on dit « Paris est magique » et c’est vrai aussi dans la vie de tous les jours pendant les fêtes, entre les éclairages et les sapins partout"

Marie-Gertrude Koulou, volontaire de solidarité internationale au Ghana

Des souhaits pour l’année qui arrive ?

Philippe : J’espère continuer sur la dynamique de début de VSI pour l’année 2026 avec une ambiance de travail parfaite et une mission vraiment intéressante. J’aimerais aussi voyager afin de rencontrer d’autres volontaires sur le terrain en approfondissant ma connaissance du Ghana ! J’espère pouvoir utiliser certains jours de congé afin de découvrir la beauté du continent africain! J’ai pu rejoindre un groupe de volley-ball mélangeant expatriés, ghanéens et étudiants du lycée français d’Accra qui organise régulièrement des compétitions, pourquoi pas remporter le tournoi ?

Marie-Gerturde : Ces trois premiers mois m’ont laissé un léger sentiment d’inachevé : j’aurais aimé faire davantage de rencontres, profiter encore plus de Paris et oser sortir un peu plus de ma zone de confort. Mais je vois surtout cela comme une belle marge devant moi : j’espère que les prochains mois seront l’occasion de multiplier les découvertes et les opportunités.
En revanche, au niveau de ma mission, tout se passe très bien. Je suis très bien entourée, par mon tuteur comme par mes collègues et les autres services, et à tous points de vue, c’est vraiment une expérience très positive.

Philippe, lors d’une de ses missions de volontaire précédentes en Amérique latine.

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