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Ecuasol, l’établissement qui met du soleil dans la vie des jeunes de Quito

Une séance d’accompagnement scolaire dans les locaux de la fondation. © Ecuasol

Dans les faubourgs de la capitale équatorienne, la fondation Ecuasol réalise un remarquable travail éducatif :  depuis plus de vingt ans maintenant, elle a pour ambition d’aider les enfants et adolescents des quartiers défavorisés, principalement par des actions de soutien scolaire. Six volontaires en service civique international lui apportent leur soutien. Interview croisée entre Romain et Éléonore, actuellement en mission sur place.

« L’éducation peut changer un destin » : plus qu’un slogan, qu’Ecuasol affiche aux côtés de son logo, il s’agit là d’un véritable mot d’ordre que la fondation tente de mettre en œuvre depuis sa création en 2002. Confrontée à la pauvreté dans les quartiers nord de la capitale de l’Equateur, elle lutte au quotidien pour permettre à des dizaines d’enfants de bénéficier d’un accompagnement scolaire mais aussi psychologique et financier, alors que nombre d’entre eux sont livrés à eux-mêmes dans un environnement précaire et dangereux. Pour se faire, l’équipe sur place peut compter sur Paola Pinza, directrice de la fondation, qui est entourée de quatre auxiliaires pédagogiques et de deux cuisinières. Une cohorte de six volontaires en service civique international complète le staff, parmi lesquels Éléonore Himmi et Romain Botella, envoyés sur place par Impact International, qui nous détaillent leur mission.

La fondation Ecuasol évolue dans un contexte social de grande pauvreté, dans un quartier défavorisé. Qu’est-ce qui vous a incités à vous engager dans une telle mission?

Éléonore : D’un point de vue personnel, j’ai toujours voulu aider les enfants, ma formation professionnelle était en lien avec cela. Je suis éducatrice spécialisée, j’ai fait quatre ans d’études dans ce secteur et j’ai travaillé deux ans dans une prison pour mineurs en France. J’avais déjà réalisé un stage de trois mois à Madagascar dans une école, et ce service civique international est pour moi l’occasion de poursuivre dans cette logique.

Romain : Je n’ai pas été convaincu par les études que je faisais, alors j’ai finalement décidé de réaliser une année sabbatique, durant laquelle j’ai fait l’expérience du bénévolat auprès de la Société de Saint-Vincent-de-Paul (une asso­cia­tion d’uti­lité publique de lutte contre la précarité). Cela a constitué ma première approche de la solidarité : j’ai donné un coup de main pour aider à réaliser des demandes de séjour en France, j’ai travaillé sur des recours juridiques, etc. Je me suis senti utile et j’ai particulièrement aimé le contact avec le public. Ce service civique international est dans la continuité de cet engagement.

Éléonore et Romain, en service civique international auprès de la fondation Ecuasol. © DR

Comment se répartissent les rôles entre les différents volontaires présents chez Ecuasol ?

Éléonore : Chacun dispose d’une mission particulière, en ce qui me concerne c’est de l’accompagnement pédagogique et de l’animation. Il faut savoir qu’ici en Equateur, les enfants ont cours soit le matin soit l’après-midi, donc on les prend en charge sur la demi-journée où ils ne sont pas à l’école, afin qu’ils ne soient pas livrés à eux-mêmes. Concrètement, je renforce les cours d’anglais. J’ai aussi préparé le camp d’été, pendant les vacances scolaires, où nous devons gérer les enfants sur toute la journée. On fait des sorties collectives sur la côte, dans la montagne ou en Amazonie, en fonction du budget dont on dispose et qui dépend des donations que nous recevons.

Romain : Je gère la caisse de la fondation au quotidien pour tout ce qui est achat de nourriture, nécessaire de bricolage, cuisine pour le repas des enfants, etc. Il y a également de la gestion de projet, en particulier pour ce qui est de la mise en œuvre des relations avec les partenaires de la fondation. A titre d’exemple, j’ai récemment eu rendez-vous à l’ambassade de France pour rencontrer des représentant de l’Agence française de développement (AFD) afin de voir si on peut mettre en place des partenariats avec des acteurs du développement local, comme Agronomes et vétérinaires sans frontières. On travaille sur un projet pour permettre aux populations locales d’accéder à l’autosuffisance alimentaire.

Quel regard portez-vous sur le travail d’Ecuasol à Quito ?

Éléonore : La fondation a une façon particulièrement bienveillante d’aborder l’aide sociale. Elle est située dans un quartier où il n’y a rien autour, et je trouve qu’elle porte bien son nom, car c’est vraiment une lumière pour les enfants (Ecuasol = « le soleil d’Equateur »), avec un accompagnement global. J’ai travaillé en France autour des situations de maltraitance, mais les choses ne sont pas abordées de la même manière dans les deux pays. Il y a beaucoup plus de défiance vis-à-vis des éducateurs chez nous, alors qu’ici les enfants comptent réellement sur nous pour les aider.
Il faut aussi souligner que tout est organisé pour qu’il y ait une continuité dans les missions des volontaires en service civique international. Il y a systématiquement une passation d’un mois entre l’ancien volontaire et le nouveau, cela facilite le début de la mission du nouvel arrivant, et cela permet aussi de s’acclimater plus vite à la vie ici à Quito.

Romain :  Je suis impressionné par le travail que mène la fondation. Je pensais que c’était « juste » de l’aide dans le quartier, mais il y a un vrai travail de fond qui est mené avec l’ensemble des acteurs locaux, comme la mairie de Quito ou les entreprises. Au-delà des cours de langue ou le soutien scolaire, elle propose aussi des cours de dessin, de danse, il y a une interdisciplinarité qui est exemplaire. C’est un travail quotidien pour aider les enfants mais aussi plus globalement rendre le quartier plus vivable en dehors des murs de la structure.

Une professeure retraitée engagée pour la préservation des forêts

Jocelyne durant un atelier de sensibilisation au lycée Nsam-Efoulan de Yaoundé © DR

Au sein de l’association camerounaise Green Life Act, Jocelyne Liger-Martin s’est engagée pour une mission d’un mois comme volontaire senior dans le cadre du programme Volontaires pour la préservation des forêts (V-Forêts). Une façon de continuer de se rendre utile pendant sa retraite. Témoignage.

Mobilisée pour venir en appui pédagogique aux équipes de l’association Green Life Act basée à Yaoundé, Jocelyne observe au quotidien le déroulement des ateliers organisés par l’association dans les établissements scolaires de la métropole camerounaise. Elle forme également les membres de la structure afin de les rendre pleinement opérationnels dans leur rôle d’ambassadeurs de la préservation de la biodiversité auprès des jeunes.

Cet engagement a été rendu possible grâce à AGIRabcd, une association française membre de la plateforme France Volontaires, qui déploie chaque année sur le terrain des dizaines de seniors dans le cadre du volontariat d’échanges et de compétences (VEC). Également appelé volontariat d’expertise, ce dispositif met en avant l’engagement des volontaires qui souhaitent faire bénéficier de leurs compétences professionnelles à des assoications ou ONG de pays partenaires, le plus souvent dans le cadre de missions de courte durée allant d’un mois à six mois.

En séance de travail avec Green Life Act et le Club Unesco de l’Institut des relations internationales du Cameroun (IRIC) © DR

J’effectue des missions de formation en France et à l’étranger dans le domaine des sciences, de l’éducation à la santé et du développement durable. Si je suis au Cameroun, c’est pour une mission d’un mois auprès de l’association Green Life Act. Le but de ma mission c’est de former des bénévoles et d’écrire un livret pédagogique à destination des formateurs qui permettra aux nouveaux formateurs de continuer à former les jeunes.

 Je me suis engagée parce que depuis que je suis en retraite, je continue d’être très intéressée par la formation, et je pense que la préservation de la biodiversité est un combat qui doit être mené au niveau mondial. J’ai eu la possibilité de partir aider cette association, je n’ai pas hésité : ça fait partie de mes centres d’intérêt.

Je souhaitais transmettre des compétences aux élèves, ici au Cameroun, même s’il y a une spécificité de la communication et de l’enseignement. Il a fallu s’imprégner de l’ambiance et de la façon de procéder pour être efficace. J’ai appris à m’adapter. Il s’agit de rendre concrets et adaptables des concepts qui sont souvent enseignés de façon très générale.

" C’est l’écoute qui est prioritaire. Peut-être une certaine modestie aussi, parce que les difficultés que rencontrent les gens ici sont difficilement appréhendables pour nous."

Jocelyne Liger-Martin, en volontariat d’échanges et des compétences au Cameroun

Ce qui m’a marquée le plus, c’est la taille de la ville de Yaoundé et l’importance du trafic. J’ai habité ici il y a vingt-cinq ans pendant six ans, je travaillais dans le cadre d’un projet franco-camerounais, et la ville n’avait rien à voir en termes de déplacements et de population, c’était beaucoup plus tranquille. Je me rends compte que l’urbanisation au Cameroun est devenue énorme.

Pour quelqu’un qui voudrait venir en tant que volontaire au Cameroun, il faut essayer de faire table rases de ses idées préconçues : il faut écouter, s’adapter, éviter de coller aux situations qu’on peut vivre au quotidien des représentations sans les avoir interrogées . C’est l’écoute qui est prioritaire. Peut-être une certaine modestie aussi, parce que les difficultés que rencontrent les gens ici sont difficilement appréhendables pour nous. Il faut essayer de comprendre avant de juger.

La structure d'accueil

Créée en 2017 au Cameroun, Green Life Act œuvre pour réaliser la vision d’un humanisme durable et de proximité, en s’appuyant sur des valeurs d’action, d’innovation, d’efficacité, de synergie, de transparence et d’équité. L’association promeut activement la solidarité sociale inclusive et l’économie circulaire au Cameroun, avec un objectif de sensibilisation à l’écocitoyenneté et l’éducation environnementale.

Une jeune sportive béninoise au service des volleyeuses bretonnes

“Ousta” Toko, volontaire en service civique international à Treffendel, en Ille-et-Vilaine (35). © DR

Au printemps 2023, l’équipe féminine U21 de volley-ball du Bénin venait passer quinze jours de stage à Treffendel, en Ille-et-Vilaine. Le début d’un partenariat entre la fédération nationale du pays d’Afrique de l’Ouest et le club local de Brocéliande volley. Celui-ci s’est récemment renforcé avec l’arrivée d’Oustazirathou Toko (« Ousta »), une jeune joueuse béninoise qui y effectue son service civique international (SCI).

De Brocéliande, on connaît la légendaire forêt et son non moins légendaire habitant Merlin l’Enchanteur. Mais depuis quelques mois, on commence aussi à connaître Brocéliande pour son équipe de volley féminin. Évoluant en Nationale 3 (la quatrième division nationale), le club de la petite ville de Treffendel ne se contente plus de vouloir rayonner au niveau régional. Depuis le printemps de l’année 2023, celui-ci est ainsi engagé dans un partenariat avec la fédération nationale de volley-ball du Bénin.

Des échanges sportifs qui ouvrent des horizons

« Nous avons saisi l’opportunité de l’organisation des Jeux olympiques à Paris pour mettre en place un partenariat avec des clubs français », explique Débora Louis, chargée de la coopération au sein de la Fédération béninoise de volley-ball. Du 25 mai au 10 juin 2023, à un peu plus d’un an du grand événement sportif, l’équipe nationale féminine U21 du Bénin réalise un premier déplacement en Bretagne. Au menu ? Des entraînements intensifs quotidiens, des stages en entreprise, des interventions dans les écoles ou des échanges culturels. Un programme qui dépasse volontairement le simple cadre du sport : « Il y a beaucoup de sportifs de haut niveau, mais peu deviennent des professionnels » justifie Débora. « Et pour ceux qui le deviennent, il y a toujours le risque d’une carrière écourtée pour cause de blessures, par exemple. Il faut donc sensibiliser nos athlètes au fait qu’ils doivent penser leur carrière au-delà du terrain, et cela se prépare tôt. »

Un an plus tard, c’est une délégation bretonne qui fait le déplacement au Bénin, cette fois. « Nous avons organisé des séances de découverte de notre sport dans les écoles et mis en place des oppositions contre des équipes locales », détaille Laurence Gortais, présidente du Brocéliande Volley. L’occasion de découvrir un autre volley-ball, dans un pays où ce sport est bien souvent pratiqué en plein air plutôt qu’en gymnase, et dans des conditions climatiques pas exactement similaires à celles que l’on connaît en Bretagne ! Des échanges qui « ouvrent de nouveaux horizons », et font naître de nouvelles idées de collaboration… comme l’accueil de volontaires en service civique international, par exemple. 

Ousta (en haut à gauche), avec l’une des équipes de jeunes du club de Brocéliande Volley, à Treffendel. © DR

Avec l’aide du Comité départemental olympique et sportif d’Ille-et-Vilaine, Brocéliande Volley s’est ainsi vu accorder l’opportunité d’accueillir une jeune joueuse de l’équipe nationale féminine U21 du Bénin en SCI. Oustazirathou Toko (« Ousta pour tout le monde, en Bretagne comme au Bénin), a ainsi posé son sac de sport à Treffendel au mois d’avril dernier pour une durée de dix mois – tandis qu’un de ses collègues de l’équipe nationale masculine, Wilfried Bleossi, posait le sien au Rennes Étudiants Club pour la même durée.

Baby-volley, coaching et arbitrage

La jeune femme s’entraîne avec l’équipe de Brocéliande, évidemment, mais elle participe aussi à la vie du club en général. « J’assiste les coachs pour les entraînements de toutes les catégories de jeunes, et j’anime des séances de baby-volley avec de très jeunes enfants en travaillant sur des parcours de motricité et l’usage du ballon », explique-t-elle avec enthousiasme. « Il peut aussi m’arriver de participer à des rencontres en tant qu’arbitre puisque j’ai suivi une formation dans ce sens, ou encore de mettre la main à la pâte pour l’organisation de tournois ». En dehors du domaine sportif, la jeune femme donne aussi de son temps à une école de Treffendel, où elle assiste le personnel pour la gestion de la cantine et de la garderie.  


Un volontariat qui réjouit la principale intéressée – ravie de voir que l’expérience lui permet de « lutter contre [son] caractère un peu introverti » – mais aussi l’ensemble des membres du club… et ceux de la fédération béninoise, évidemment. « Quand nos joueurs évoluent en équipe nationale, ils sont très encadrés, il y a toujours une délégation qui s’occupe de tout pour eux : avec cette expérience de service civique, ils découvrent l’envers du décor d’un club, ce qui les oblige à sortir de leur zone de confort. Cela demande de la résilience et de l’adaptation », confirme Débora Louis. De quoi faire grandir humainement et sportivement ces jeunes athlètes en devenir. « Dans quelques mois, nous récupérerons des joueuses et joueurs qui seront des locomotives pour leur club et pour leur équipe nationale », conclut-elle.

A propos du partenariat

Soutenu par l’ambassade de France au Bénin, le partenariat entre la fédération du Bénin de volley-ball et le club de Brocéliande Volley s’inscrit dans le cadre du soutien de la pratique féminine de ce sport. Le cas de Brocéliande a fait des émules en Bretagne, puisque deux autres clubs du département ont décidé également d’accueillir des volontaires : le Rennes Étudiants Club et l’US Mordelles basket-ball. Actuellement, un quatrième club étudie l’accueil d’un volontaire pour l’année 2025. Ce partenariat est réalisé avec le concours financier de l’Agence nationale pour l’emploi au Bénin, organisme en charge du volontariat. Au titre de ses compétences, l’ANPE accompagner et promeut des programmes innovants de volontariat de développement national. Elle assure également la participation de demandeurs d'emplois aux programmes internationaux de volontariat.

Le Comité départemental olympique et sportif 35

Le Comité départemental olympique et sportif d’Ille-et-Vilaine a pour missions, entre autres, d’apporter une aide aux clubs du département, de mener une politique à l’attention des jeunes sportifs et de contribuer à la formation des bénévoles. Il dispose d’un agrément de l’Agence nationale du service civique pour accompagner les clubs dans une mise à disposition de volontaires, au travers du montage des projets, de la définition des missions, de l’élaboration des contrats, du suivi et du bilan de fin de mission.

Entre la Martinique et le Bénin, un océan de projets

A Ouidah au Bénin, la Porte du non-retour commémore la déportation de millions de personnes vers les Antilles et l’Amérique latine dans le cadre de la traite d’esclaves noirs en provenance d’Afrique. © jbdodane

Réunies par un passé douloureux et un récent jumelage, les villes des Anses d’Arlet et d’Ouidah (au Bénin) construisent ensemble des ponts au-dessus de l’Atlantique : elles travaillent autour de projets communs dans le domaine culturel et touristique (entre autres). Comlan Pacôme Alomakpe, récemment rentré au Bénin après dix mois en Martinique, revient avec nous sur sa mission.

Si l’Atlantique sépare la commune des Anses d’Arlet, en Martinique, de celle d’Ouidah, sur la côte du Bénin, les deux collectivités travaillent main dans la main depuis plusieurs années. En 2019, un jumelage a ainsi été mis en place entre les deux villes, rappelant les liens forts qui unissent les Antilles et l’Afrique de l’Ouest au travers d’un passé marqué par la pénible histoire de l’esclavage. Aujourd’hui, les Anses d’Arlet et Ouidah mettent leur énergie en commun autour de partenariats sur les plans touristique, environnemental, culturel, ou social, tandis que les associations de pêcheurs des deux cités développent également des collaborations.

C’est dans ce contexte que des volontaires de solidarité internationale (VSI) martiniquais sont déployés au Bénin, tandis que leurs homologues béninois viennent sur cette île des Caraïbes, conformément au principe de réciprocité dans le volontariat international d’échange et de solidarité. Comlan Pacôme Alomakpe faisait partie de ces derniers : rentré au Bénin à la mi-décembre, nous avons fait un bilan avec lui du déroulement de sa mission dans les Antilles, où il était chargé du développement de plusieurs activités liées à la valorisation du patrimoine, à l’éducation, au tourisme et à la pêche.

Concrètement, quelles activités as-tu pu mettre en œuvre dans le cadre de ta mission ?

J’ai eu le plaisir d’organiser des échanges thématiques entre acteurs socio-économiques martiniquais et béninois concernés par une même thématique, qui ont pu se rencontrer en visio-conférence et échanger sur leurs pratiques respectives. Dans le même esprit, des artistes béninois et martiniquais ainsi que des marins pêcheurs des deux territoires ont eu le plaisir d’échanger avec leurs homologues outre-Atlantique. 

Les deux villes ont en commun un passé en lien avec l’esclavage : comment cela se matérialise-t-il ?

Plusieurs projets sont en cours. Le premier est celui de la Porte du retour, un site mémorial qui serait à l’image de la Porte du non-retour de Ouidah, érigée en 1995 avec des matériaux durables (béton et bronze) et une intervention artistique relevée. Ces deux sites vont se connecter pour valoriser la mémoire de la traite des Noirs et renforcer les liens de fraternité et de solidarité entre les communautés de Ouidah et celles des Antilles.

J’ai également collaboré à l’organisation des Journées de la Mémoire et de la Réconciliation en mai 2024. Cette initiative cherche à renforcer les relations entre le Bénin et la Martinique, où la communauté afrodescendante est importante, en offrant un cadre propice à la consolidation de ce lien culturel. Elle met l’accent sur le partage et les réminiscences des héritages africains au sein des territoires afrodescendants, tout en promouvant des valeurs de paix et de cohésion entre les peuples. Durant une semaine, des artistes et des scientifiques des deux territoires ont pu se rencontrer et célébrer le 22 mai, journée de l’abolition de l’esclavage en Martinique. Nous avons ainsi organisé un spectacle appelé « Racine et Réconciliation » dont des représentations ont été données dans plusieurs communes martiniquaises (Le François, Sainte Anne, Basse Pointe, Saint Esprit et Saint Pierre).

"Valoriser la mémoire de la traite des Noirs et renforcer les liens de fraternité et de solidarité entre les communautés d'Ouidah et des Antilles"

Avec ta formation dans le domaine du tourisme et de la gestion du patrimoine culturel, ce volontariat répondait-il à tes attentes ?

Effectivement, j’ai choisi de m’engager car le volontariat est une opportunité unique pour collaborer et rencontrer des personnes dans mon domaine d’expertise. J’ai ressenti le besoin de mettre à l’épreuve mes connaissances et de m’ouvrir à d’autres horizons. C’était l’occasion d’acquérir de nouvelles connaissances ainsi que de nouvelles compétences. La Martinique étant une réserve de biosphère inscrite au Patrimoine mondial de l’Unesco. J’ai été attiré par l’ébullition artistique et culturelle de l’île. De ce point de vue-là, toutes mes attentes ont été comblées.

En revanche, j’aurais aimé pouvoir rester plus longtemps. De nombreux projets ont été mis en place et pour lesquels des demandes de financement ont été formulées. Nous sommes au début d’un long processus auquel je ne pourrai malheureusement pas continuer d’apporter physiquement et en présentiel, ma modeste contribution. Une mission d’un an, c’est court, c’est un délai qui ne permet pas d’assister à la concrétisation des initiatives qui sont à l’étape embryonnaires. Il aurait pertinent que la mission soit renouvelée pour un an de plus.

D’un point de vue personnel, cette expérience a-t-elle également été l’occasion de découvrir la vie en Martinique ?

Oui, mon immersion m’a même offert une expérience dans l’art culinaire, avec l’apprentissage de la cuisine martiniquaise et la découverte des liens culturels entre les traditions culinaires du Bénin et celles de la Martinique. À travers cette expérience, j’ai le sentiment que je suis en train de reconstruire mon humanité, de redécouvrir ce qui nous lie en tant qu’êtres humains. Ce séjour m’a d’ailleurs inspiré pour le prochain livre que je suis en train d’écrire !

Bio express

Comlan Pacôme Alomakpe est titulaire d’un master 2 en Gestion du patrimoine culturel et d’un autre en Tourisme et patrimoine culturel, obtenus à Cotonou au Bénin. Il a réalisé une mission de VSI en tant que coordonnateur technique de la coopération décentralisée entre Les Anses d'Arlet et Ouidah. Il est par ailleurs vice-président du think tank Génération des vigilants,un laboratoire d'idées qui réfléchit, propose et agit en vue du bien-être des citoyens et du développement intégré.
Comlan Pacôme Alomakpe
Volontaire de solidarité internationale

© jbdodane

Les volontaires passent les fêtes en mission

 Elsa, volontaire de solidarité internationale au Ghana. © DR

Partir en volontariat international d’échange et de solidarité (V.I.E.S), c’est parfois s’engager (très) loin de chez soi. Nombreux sont les volontaires qui restent dans leur pays de mission au moment des fêtes de fin d’année, pour les passer en pleine immersion. Petit tour du monde du Noël des volontaires avec Krishma en Inde, Clémence au Congo, Elsa au Ghana et Maéva au Togo…

C’est comment de passer les fêtes loin de chez soi ?

« Je prévois les cadeaux à l’avance, je veille à bien appeler mes proches, je leur demande de m’envoyer des photos des décorations à la maison, de ma ville. J’ai quand même cette impression de rater un moment important avec eux : le fait de célébrer ensemble la fin d’une année et le début d’une autre, mais je reste proche sans l’être physiquement. »
Krishma, volontaire de solidarité internationale (VSI) chez France Volontaires en Inde

« J’ai toujours passé Noël dans le froid près du poêle avec un chocolat chaud, donc j’ai du mal à imaginer que c’est bientôt Noël. C’est donc pour moi un plaisir de découvrir une nouvelle façon de célébrer cette fête avec les religieuses et les religieux et les autres volontaires qui m’entourent »
Clémence, VSI chez ASLAV, au Congo

« J’aurais pu rentrer en France mais j’ai décidé de rester au Ghana. Je suis contente de pouvoir vivre une nouvelle expérience. De plus, j’ai pas mal d’amis qui sont aussi ici pour les fêtes : nous allons donc organiser un dîner de Noël entre nous, cuisiner un repas français, boire du bon vin et s’offrir des cadeaux. »
Elsa, VSI chez France Volontaires Ghana

« C’est mon 29ème Noël, mais le premier sans ma famille. Je suis curieuse à l’idée de vivre cette fête traditionnelle et un peu magique, loin du froid et des miens. Je serai avec ma famille d’accueil ! Celle que je me suis faite au Togo. Donc une fête 100% togolaise à priori. »
Maéva, VSI chez France Volontaires Togo

Des différences entre la France et ton pays d’accueil ?

« En Inde, on voit aussi de belles décorations dans les rues : il y a des sapins, des lumières, des guirlandes. J’ai eu l’occasion de visiter des marchés de Noël aussi, sans vin chaud, mais tout aussi chaleureux et créatifs ! Mais avec la plage, cette chaleur et les palmiers, on oublierait presque qu’on est au mois de décembre.
J’ai célébré les fêtes au Népal et en Pologne, lorsque je travaillais avec une ONG américaine. J’ai l’impression que l’ambiance que le gens créent reste assez similaire quel que soit le lieu : un côté chaleureux, magique, convivial. En Pologne, j’ai le souvenir d’avoir passé du temps à faire des puzzles près de la cheminée avec d’autres volontaires ou encore d’avoir cuisiné des biscuits en forme de sapin. Au Népal, notre dîner de Noel était composé de plats du monde et nous dansions sur des musiques népalaises.»
Krishma

« En France nous misons beaucoup sur la décoration, les cadeaux, sur la notion de faire plaisir à l’autre, alors qu’au Congo je ressens moins ce besoin de décorer mais plus la nécessité de renforcer les liens familiaux »
Clémence

« Les célébrations se font généralement en extérieur, autour d’un barbecue, dans les jardins, sur la plage… C’est un moment convivial où les familles se retrouvent (la diaspora revient), un peu comme en France. En revanche, la tradition des cadeaux est plus rare. Disons que c’est beaucoup moins «marketing» qu’en France. C’est également beaucoup plus religieux car le Ghana est chrétien : quasiment toutes les familles vont à la messe le 25 décembre, et la religion occupe l’espace public, encore plus que d’habitude. 
Ce qui me surprend aussi, c’est que les gens chantent et dansent dans les rues : il y a un véritable esprit communautaire qui se manifeste par des rassemblements spontanés. Cela contraste avec le Noël plus calme et intime que l’on trouve en France. »
Elsa

« Voir un énorme Père Noël gonflable emmitouflé dans son costume rouge, sous 35°C, comme décoration devant un grand supermarché du centre-ville, ça me fait sourire. Ici, l’approche de Noël est une période où se mêle la joie et la frustration. La joie en cette période festive et de partage, la frustration du fait du manque de moyen et ce que ça engendre. C’est également une période de forte activité pour les associations qui se mobilisent pour récolter des fonds, afin d’offrir un Noël aux enfants qui n’y ont pas accès. La solidarité se ressent très fortement en cette période. »
Maéva

"Les fêtes sont une période de forte activité pour les associations qui se mobilisent pour récolter des fonds, afin d’offrir un Noël aux enfants qui n’y ont pas accès."

Maéva, au Togo

Un truc qui te manque ?

« Je suis assez nostalgique des dîners de famille, des musiques et films de Noël, des marathons Harry Potter avec mon frère, du sentiment d’avoir froid lors des balades au lac près de chez moi. Je pense que mes proches ressentent encore plus un manque du fait de mon absence. »
Krishma

« Le fait de ne pas avoir pu acheter un sapin et le décorer, par manque de moyens. Et le pain d’épices et la tarte flambée me manquent beaucoup !»
Clémence

« Ma famille tout d’abord ! Noël chez moi est un moment assez intime, juste avec ma famille proche. Et toujours très festif. La nourriture aussi. J’aime bien les plats ghanéens, mais le repas de Noël français reste quand même assez exceptionnel. On va cuisiner français avec mes potes, mais c’est sûr que ça ne sera pas pareil. »
Elsa

« Ma famille. Mes amis. Ils sont mon équilibre, donc pour des moments forts comme celui-ci, le manque se fait toujours ressentir. Du reste, je suis plutôt curieuse de découvrir l’ambiance d’un Noël familial à la togolaise plutôt que dans l’anticipation nostalgique d’un Noël à la française. »
Maéva

Des souhaits pour l’année qui arrive ?

« Le fait d’être en mission en Inde pour deux ans, est très important pour moi. J’ai des origines dans le Nord de l’Inde, le Punjab, mais je vis dans une partie de l’Inde que je connais moins, le Tamil Nadu. J’ai soif d’apprendre à connaître cette région. Et j’ai aussi vraiment envie de prendre part aux projets de France Volontaires en Inde, de proposer des idées, de rencontrer des partenaires et les volontaires, d’avoir une belle dynamique avec les équipes ici. »
Krishma

« Partir en mission dans le pays en visitant nos différents centres de santé qui sont éparpillés un peu partout dans la République du Congo. Et profiter des paysages qui sont magnifiques. »
Clémence

« Continuer à m’investir à fond dans ma mission. Nous avons plein de beaux projets à venir en 2025 au Ghana et j’ai hâte de les voir se concrétiser. Sur un plan plus personnel, j’espère que mon intégration se poursuivra aussi bien. J’ai hâte de découvrir encore plus la culture locale, de rencontrer de nouvelles personnes, et de voyager à travers le pays et la région. »
Elsa

« Pouvoir mettre en place quelques nouveautés en termes de communication. J’ai de la chance d’avoir un manager qui laisse libre place à l’imagination, à la créativité, avec un droit à l’erreur pour apprendre. Donc nous allons tester de nouvelles choses. Je dois aussi me préparer à l’après mission, et définir une stratégie de retour en France temporaire, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Cette mission au Togo a changé ma vie sur ces deux aspects, et 2025 sera une année pleine de nouveautés. »
Maéva

Au Sénégal, une base de la Grande Muraille verte pour soutenir un développement durable

Le sergent Ahmadou Badji, responsable de la politique forestière de la base de la GMV à Widou, en discussion avec des femmes de la communauté.  © Marion Quintin / France Volontaires

Le village de Widou abrite l’une des principales bases de la Grande Muraille verte (GMV), ce mur végétal qui doit à terme traverser l’Afrique pour restaurer les écosystèmes sahéliens. Objectif : transformer les terres arides en un terreau fertile pour les populations. France Volontaires Sénégal s’est rendue sur place pour rencontrer les acteurs du projet.

Dans le nord-ouest du Sénégal, à quelques encablures de la frontière avec la Mauritanie, se trouve le village de Widou, où le temps semble s’être arrêté au milieu d’un désert de sable dominé par une chaleur intense. Ici comme dans d’autres zones du Sahel, les conditions de vie sont marquées par la rareté des ressources naturelles et la difficulté à exploiter les sols.

Pourtant, grâce au projet de la GMV, initiative qui traverse le continent d’ouest en est de Dakar à Djibouti, un espoir renaît. Le projet se traduit concrètement par un corridor de reboisement et se veut un bouclier contre la désertification, tout en offrant des solutions économiques durables aux populations locales. Le village de Widou abrite l’une des principales bases de la Grande Muraille verte au Sénégal.

Une parcelle en phase de reboisement dans le village de Widou, au nord-ouest du pays.  © Marion Quintin / France Volontaires

L’installation des parcelles de reboisement a débuté il y a quelques années déjà dans la région. Mais au-delà des plantations, il a fallu convaincre les habitants de l’importance du projet. Un long travail de sensibilisation a été mené pour encourager l’implication des communautés locales. Les autorités et les associations ont donc œuvré pour que chacun prenne conscience de la valeur écologique et économique de ces arbres.

Le soump, un arbre résistant dans le désert

À Widou, l’un des symboles de cette reforestation est le balanites aegyptiaca, un arbre local plus communément appelé « soump » au Sénégal (dattier du désert), connu pour sa résistance à la sécheresse. Ce dernier fournit une ressource précieuse : son huile est utilisée pour la cuisson et il peut servir à la fabrication de savons, de sirop, de soins pour les cheveux, de nourriture pour les poissons et même comme biocharbon. Ces dérivés permettent non seulement de diversifier les sources de revenus pour les familles, mais aussi de promouvoir des pratiques agricoles durables qui respectent l’environnement.

Le sergent Ahmadou Badji est chef du triage forestier et responsable de la politique forestière dans la zone: « Nous proposons aux particuliers de reboiser leurs terrains en leur fournissant des arbres et en les accompagnant tout au long du processus de plantation », explique-t-il. En plus de ses responsabilités forestières, il coordonne toutes les actions autour de la base opérationnelle de la Grande Muraille verte.

"Nous proposons aux particuliers de reboiser leurs terrains en leur fournissant des arbres et en les accompagnant tout au long du processus de plantation"

Ahmadou Badji, chef du triage forestier et responsable de la politique forestière de la base de la GMV à WIdou

L’arrivée de volontaires est un élément clé de la réussite de ce projet. Ces derniers jouent en effet un rôle essentiel en soutenant les initiatives locales et en apportant des compétences et de la visibilité au projet. Joël Ewolo, volontaire de solidarité internationale (VSI), a été envoyé sur place par France Volontaires pour soutenir le projet de la GMV avec pour mission de participer à la promotion des produits forestiers autres que le bois (gibier, fruits, graines…).

Son rôle est déterminant, notamment dans la valorisation des produits dérivés du soump. Originaire du Cameroun, il fait partie de la cohorte des volontaires « sud-sud » qui a choisi le volontariat afin de contribuer à quelque chose de concret et utile sur son continent.

Des femmes au cœur du projet de la Grande Muraille verte

Dès son arrivée, Joël a su s’intégrer pleinement au projet en s’impliquant à 100 % dans ses activités. Il a vécu au plus près des populations touchées par la désertification et s’est assuré que le projet ait un impact positif sur les habitants. Selon lui, « il faut vivre ici pour comprendre ». Cette expérience a été un véritable modèle de résilience, un processus où le présent prépare l’avenir des générations futures. « Il est important de faire de la sensibilisation car en agissant correctement aujourd’hui, les efforts auront un impact significatif et durable » plaide-t-il.

Grâce à son expérience, Joël a appris à comprendre et à appréhender les défis spécifiques des différentes populations locales. Pour lui, le plus grand enseignement de ce projet a été la résilience. Bien que la barrière de la langue, l’éducation différente et les croyances variées aient été parfois des obstacles, il a été accueilli comme un membre à part entière de la communauté.

Le serent Badji (avec la casquette), Joël (les bras croisés devant un soump), Oumy et Goumal, deux femmes impliquées dans la communauté. © Marion Quintin / France Volontaires

Oumy, une bénéficiaire active du projet, témoigne de l’impact positif que ce dernier a eu sur sa vie. « C’est une chance d’avoir accès à cette aide et de participer aux formations. Le changement est visible, non seulement sur la terre, mais aussi dans les mentalités et les pratiques des habitants de Widou », explique-t-elle. Pour elle, l’accompagnement autour de la GMV est bien plus qu’une simple aide matérielle : il s’agit d’un levier de changement durable pour la communauté.

Cependant, au début, tout n’a pas été facile. Goumal raconte ainsi comment elle a commencé à participer au projet sans en parler à son époux, sceptique quant à son utilité. « Les agents et le sergent Badji m’ont soutenue dans mon projet de commerce et ont même parlé avec mon mari. Grâce à leur accompagnement, j’ai pu accéder à toutes les ressources nécessaires pour développer mon activité », témoigne-t-elle.

"Il est important de faire de la sensibilisation car en agissant correctement aujourd’hui, les efforts auront un impact significatif et durable "

Joël Ewolo, volontaire de solidarité internationale (VSI) dans le cadre de la GMV

Le soutien des équipes locales a été un facteur déterminant pour surmonter les obstacles sociaux et culturels. Ce projet de reboisement, au-delà de la dimension écologique, a permis à des femmes comme Oumy et Goumal de prendre en main leur avenir économique, tout en contribuant à la régénération de la terre. Le sergent Badji souligne d’ailleurs l’importance des volontaires féminines dans les échanges. « Cela a favorisé le dialogue avec les femmes de la communauté, et cela a constitué une véritable aide pour organiser les tâches et soutenir le développement du projet », précise-t-il.

À Widou, comme dans bien d’autres villages du Sahel, la mission de la Grande Muraille verte est bien plus qu’un simple projet de reboisement. Elle représente un espoir de renaissance pour des communautés confrontées à la désertification, tout en offrant des solutions concrètes sur le long terme. Grâce à l’implication des volontaires, des bénéficiaires et des autorités locales, la Grande Muraille verte est devenue un symbole de la lutte pour la préservation de l’environnement et du développement durable.

 © Marion Quintin / France Volontaires

Le programme Volontaires pour la Grande Muraille verte

Lancée il y a quatorze ans, la Grande Muraille verte est un projet panafricain dans plusieurs pays du Sahel, de l’Afrique du Nord et de la Corne de l’Afrique dont le but est de lutter contre la désertification et le changement climatique. Projet avant tout forestier à l’origine, l’approche est désormais plus globale, intégrant le territoire et ses composantes environnementales, sociales et économiques. Le programme Volontaires pour la Grande Muraille verte a pour but de soutenir cette initiative en envoyant des volontaires français ou de pays partenaires sur place.

En Équateur, une fondation vient en aide aux enfants des communautés andines

La région de Saraguro, dans les Andes équatoriennes, accueille la maison de la jeunesse de la Fondation Mashi Pierre. © Victor Sauca / Unsplash

Perché sur les pentes de la cordillère des Andes, le petit village de Saraguro accueille la Fondation Mashi Pierre, qui gère une maison de la jeunesse pour les communautés locales. Avec l’aide de volontaires qui se mobilisent pour assurer, entre autres, des cours de langue et animer une bibliothèque mobile.

Le lundi 23 décembre dernier a marqué la fin de la campagne de collecte de fin d’année menée durant deux semaines par la fondation Mashi Pierre auprès des particuliers et des commerçants de Saraguro. L’objectif était de permettre de distribuer des cadeaux de Noël aux enfants défavorisés de la région, l’une des nombreuses activités menées par cette association créée il y a une quinzaine d’années pour venir en aide aux jeunes de ce petit village situé dans le sud de l’Equateur, à quelque 2500 mètres d’altitude.

Au-delà d’initiatives ponctuelles comme cette collecte solidaire, la structure, dédiée à l’éducation des enfants des communautés indigènes, mène deux projets majeurs : des cours d’anglais et un projet innovant de bibliothèque mobile destiné à desservir les écoles des populations locales, dans un environnement géographique qui ne facilite pas les déplacements. Ces initiatives ont pour but de favoriser l’accès à l’éducation et d’élargir les horizons des jeunes, tout en respectant les spécificités culturelles de la région. 

Susciter l’apprentissage des langues par le jeu

C’est ici que Vanessa Martins a décidé de s’engager en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI) pour une mission de deux ans, qu’elle a débutée il y a un peu plus de quatre mois, envoyée par la Guilde. Depuis toujours, la jeune femme rêvait de partir en Amérique latine. Pas seulement pour voyager. L’option du volontariat a immédiatement résonné en elle comme un moyen de vivre une expérience immersive et enrichissante, tout en apportant une contribution réelle à la communauté.

En tant que coordinatrice, les missions de Vanessa sont multiples : elle donne des cours d’anglais à une classe de douze enfants âgés de 5 à 11 ans et anime des ateliers autour de la lecture. « L’une des méthodes les plus efficaces pour capter l’attention des enfants est l’enseignement par le jeu : une approche ludique facilite l’apprentissage et suscite l’intérêt des jeunes élèves » explique-t-elle.

Vanessa, VSI au sein de la fondation Mashi Pierre avec les enfants de Saraguro et les membres des communautés locales. © DR

Elle participe par ailleurs activement à la gestion administrative de la fondation, dont l’équipe locale est composée de quatre personnes : un unique salarié et trois volontaires (une VSI donc, et deux volontaires en service civique).

Un trophée pour récompenser le travail de la fondation

Cette mission permet à Vanessa de développer de nombreuses compétences, tant sur le plan personnel que dans le cadre de ses activités : « J’ai dû apprendre la patience, car tout prend plus de temps dans ce contexte, et j’ai également dû m’adapter à un rythme de travail bien différent de celui que je connaissais auparavant. Sur le plan technique, j’ai enrichi mes compétences en informatique et en comptabilité, des domaines dans qui n’étaient pas ma spécialité, mais qui sont cruciaux dans la gestion de la fondation »

Parmi les souvenirs les plus marquants de Vanessa, il y a cette première visite dans une école, où le directeur a remis un trophée à la Fondation Mashi Pierre pour récompenser son travail. Ce geste symbolique l’a profondément touchée, car il a été pour elle un puissant rappel de l’impact des actions de la fondation sur les communautés locales. L’accueil chaleureux et la reconnaissance des enseignants et des élèves ont renforcé son sentiment que son engagement avait un véritable sens et qu’elle n’était pas venue pour rien : « C’est pour moi une opportunité unique de redécouvrir le monde à travers une autre perspective, celle de la solidarité et de l’engagement. Chaque moment de la mission est précieux, offrant une expérience qui va au-delà du simple travail humanitaire : c’est une véritable aventure humaine ».

La Fondation Mashi-Pierre ne dispose que d’un unique salarié, et compte donc particulièrement sur la présence de volontaires internationaux d’échange et de solidarité (V.I.E.S) pour mettre en œuvre l’ensemble de ses actions.
En 2020, nous relations sur notre site le témoignage de Charlotte Lecloux, qui évoquait sa mission à la fondation: “Vivre à Saraguro m’a fait remettre en question ma propre culture et ma propre éducation (parce que beaucoup de choses marchent différemment ici). Être plongée dans la culture indigène, c’est un monde complètement différent. La culture est incroyable avec les rituels, les croyances, la langue quechua, les fêtes, la musique, la nourriture… Tout a été surprenant, et dès les premiers jours”, expliquait-elle alors.

Bio express

Vanessa Martins a exploré plusieurs domaines avant de s’engager dans son volontariat de solidarité internationale en Équateur. Initialement formée en mathématiques, en espagnol et en affaires européennes, elle a également travaillé dans le secteur du transport, avant de se former en tant que coach de vie. Un Erasmus en Espagne, un pays qu’elle affectionne particulièrement, a renforcé son désir de découvrir l’Amérique latine. Elle a été envoyée sur place par la Guilde.
Vanessa Martins
Volontaire de solidarité internationale

La structure d'accueil

La Fondation Mashi Pierre gère une maison de la jeunesse (casa de juventud) à Saraguro, petite ville de la Cordillière des Andes à majorité indigène. Elle organise des ateliers et des activités culturelles et éducatives : soutien scolaire, atelier informatique, cuisine, cinéma, danse, fabrication de petits objets, animation d’une bibliothèque/ludothèque… Suite à un besoin grandissant et une forte demande, elle développe actuellement des cours d’anglais dans les écoles indigènes (enfants 6-12 ans) des communautés du canton de Saraguro, avec l’objectif de faire vivre ensemble des jeunes et des enfants métis et indigènes dont les communautés forment des entités parfois distinctes sur le terrain.
La Fondation Mashi-Pierre

« Une vague porteuse d’espoir » pour les jeunes surfeuses sénégalaises

© Julien Laborda

Sur la plage de Yoff (Sénégal), l’association Malika Surf propose aux jeunes de la région d’apprendre à dompter les remous de l’Atlantique. Mais parce que ce sport n’est pas réservé qu’aux hommes, Malika Surf a donné naissance il y a quatre ans à Surfkids Shredding Sénégal, une fondation qui permet aux jeunes femmes de développer également leur pratique. Nous avons rencontré Julien Laborda, engagé en tant que service civique sur ce projet.

« Quand j’ai décidé de créer ce surf camp en 2010, j’ai reçu l’aide de très bons amis : quelqu’un m’a offert quelques combinaisons, une planche, un leash ou une combinaison en lycra. Personnellement, je crois que c’est comme un cercle : si quelqu’un me donne quelque chose, je dois donner quelque chose à quelqu’un d’autre en retour », explique Marta, créatrice avec son époux Aziz du Malika Surf Camp de Yoff, dans les faubourgs de Dakar. Cela n’aurait pu être qu’une déclaration d’intention, mais la passionnée ne s’est effectivement pas arrêtée là. En 2020 est ainsi né Surfkids Shredding Sénégal, un programme, soutenu par l’Agence française de développement, dont l’objectif est de permettre à un maximum de jeunes de bénéficier de l’apprentissage du surf, mais également de pousser les filles à pratiquer ce sport.

Il y a quelques mois, Julien Laborda, envoyé par La Guildes’est engagé dans une mission de service civique international pour mettre en œuvre ce programme. Les 2 et 3 octobre derniers, lors des Journées du volontariat français (JVF) organisées par France Volontaires à Saint-Louis, il a présenté le projet « Une vague porteuse d’espoir ». Porté par Surfkids Shredding Sénégal et accompagné financièrement par l’ambassade de France au Sénégal, celui-ci entend encourager les jeunes filles à explorer ce sport comme vecteur de confiance, favoriser leur émancipation à travers des formations professionnelles et lutter contre les stéréotypes de genre.

Pourquoi avoir choisi de t’engager au sein du programme Surfkids Shredding Senegal ?

Le programme m’a tout de suite attiré. J’ai toujours aimé l’océan et lorsque j’ai vu la mission de Malika Surf, j’ai trouvé que cela avait du sens. Utiliser le sport, et en particulier le surf, comme levier pour l’émancipation des filles me parlait énormément. Ce projet m’a permis de combiner mon intérêt pour le sport et mon désir de contribuer à une cause sociale, notamment en matière d’égalité de genre et d’inclusion.

Peux-tu nous en dire plus sur le projet "Une vague porteuse d’espoir" ?

Le but du projet est de faciliter l’émancipation de jeunes filles à travers la pratique du surf, tout en créant une véritable communauté solidaire et engagée. Nous voulons former vingt jeunes filles des villages de Yoff et Ngor, leur offrir les outils nécessaires pour qu’elles deviennent des leaders dans leur communauté. C’est pourquoi nous organisons des rencontres avec des athlètes féminines qui ont réussi dans des sports comme le surf. Ces femmes, qui ont su s’imposer, servent de modèles et montrent aux jeunes filles qu’elles aussi peuvent réussir et s’épanouir dans des environnements traditionnellement dominés par les hommes. Ces rencontres sont particulièrement importantes, car elles permettent aux jeunes filles de se projeter et de se voir comme des leaders dans leur propre communauté.

Julien Laborda sur la plage de Yoff. © DR

Le surf peut donc aussi jouer un rôle dans leur développement professionnel…

Oui, en plus de la pratique sportive, nous nous engageons à les soutenir dans leur développement personnel et professionnel. L’un de nos objectifs majeurs est de former trois jeunes filles aux métiers du surf pour qu’elles deviennent coach, juge de compétition ou maître-nageur. Cela leur permettrait de montrer que des femmes peuvent occuper des rôles influents dans lesquels elles ne s’étaient pas forcément projetées.

Au-delà, nous aimerions aussi atteindre 50 % de filles au sein de l’association, pour garantir une véritable égalité de participation et de représentation dans toutes les activités proposées. Le surf, avec ses hauts et ses bas, son environnement changeant, est une sorte de métaphore de la vie. Nous voulons montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent, tout comme dans ce sport, s’adapter, évoluer et surmonter les obstacles qu’elles rencontrent.

."Le surf (...) est une sorte de métaphore de la vie. Nous voulons montrer aux jeunes filles qu’elles peuvent, tout comme dans ce sport, s’adapter, évoluer et surmonter les obstacles qu’elles rencontrent."

Au-delà du sport, la fondation entend-elle jouer un rôle social pour les jeunes femmes sénégalaises ?

Effectivement, le projet repose également sur des activités de sensibilisation. Nous organisons par exemple des cercles de parole où les filles peuvent discuter de sujets essentiels comme la santé reproductive et l’hygiène menstruelle. Ce sont des thèmes parfois négligés dans certaines communautés, mais qui sont essentiels pour le bien-être et l’autonomie des filles. 

As-tu observé des changements dans la communauté grâce à cette mission ?

En fait, c’est assez frappant. Je ne vois pas de regard négatif de la part des garçons vis-à-vis du fait que les filles pratiquent le surf. Au contraire, ils ont tendance à les encourager à se lancer. J’ai également remarqué un véritable effet boule de neige : les jeunes qui participent au programme incitent leurs frères et sœurs à rejoindre l’association. Cela crée une dynamique familiale.

Le surf aide donc à changer les mentalités ?

Oui, et d’ailleurs à ce sujet, il y a une histoire qui m’a particulièrement marqué. C’est celle d’un jeune de quinze ans qui a perdu sa mère et dont le père est parti migrer par voie maritime. Il s’est retrouvé seul avec sa sœur et sa grand-mère. Ce garçon avait un mauvais comportement au départ, mais grâce au surf, il a trouvé un cadre et il est devenu très impliqué. Je l’accompagne en lui donnant des cours de français. On l’encourage, et c’est gratifiant de voir qu’il progresse. J’ai l’impression parfois d’avoir un rôle de grand frère pour lui, et ça me touche de pouvoir contribuer à l’aider à trouver son chemin.

En 2026, le Sénégal accueille les Jeux Olympiques de la jeunesse : cela constitue-t-il un objectif ?

Oui, à titre personnel, j’aimerais vraiment poursuivre mon engagement ici, notamment en tant que volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’occasion de ce grand événement sportif. Après cela, je compte m’engager dans des projets de développement autour du sport dans ma ville d’origine, à Toulouse. J’aimerais y contribuer à long terme en développant des projets sportifs qui aident des jeunes qui ne trouvent pas forcément leur place dans la société.

Bio express

Julien Laborda est diplômé de l'Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) à Paris, où il a obtenu un master 2 de Manager de programmes internationaux, ainsi que de l'Institut préparatoire à l'administration générale (Ipag), où il a obtenu un master 2 d’Administration générale. Il est actuellement en mission à Dakar au sein de la fondation Surfkids Shredding Sénégal dans le cadre d'un Service civique international. À terme, il souhaite continuer à développer ses compétences dans la conduite de projets en utilisant le sport comme outil au service de la jeunesse et du développement.
Julien Laborda
Service civique interntional

Léa, dans la forêt de Bornéo pour lutter contre la déforestation

© Léa Besançon

En Indonésie, l’association Pokja Pesisir lutte pour préserver la faune et la flore d’une forêt mise en danger, entre autres, par l’édification de la nouvelle capitale du pays en plein milieu de la jungle. Cette petite structure compte sur l’implication d’une poignée de citoyens engagés… et sur l’aide de volontaires comme Léa Besançon, qui a passé deux semaines sur place cet été pour former les locaux au montage vidéo.

Le 17 août dernier, date anniversaire de l’indépendance de l’Indonésie, une nouvelle cité est officiellement sortie de terre en plein cœur de la jungle, sur l’île de Bornéo : Nusantara, la nouvelle capitale, a été inaugurée par les autorités du pays. À terme, la ville doit « remplacer » l’actuelle capitale Jakarta en accueillant les élus et les fonctionnaires indonésiens dans une ville construire de toutes pièces au milieu d’une vaste écosystème forestier. La petite association Pokja Pesisir, basée à Balikpapan (à environ une centaine de kilomètres de la nouvelle capitale, sur la côte), se bat pour préserver ce qui peut encore l’être d’un point de vue environnemental.

Avec peu de moyens, mais beaucoup d’énergie. Elle a ainsi fait appel à Planète Urgence, une ONG française qui se bat depuis des années contre la déforestation et qui a financé la mission de volontariat d’échanges et de compétences (VEC) de Léa Besançon. Chargée de communication et de projets digitaux, la jeune femme a apporté son expertise aux membres de l’association en les initiant au montage vidéo, afin de leur permettre de sensibiliser les habitants de la région aux enjeux environnementaux de leur île. Nous l’avons rencontrée.

Léa et des membres de l’association Pokja Pesisir, en tournage dans la mangrove de la région de Balikpapan, sur l’île de Bornéo  © Léa Besançon

Qu’est-ce qui vous a motivée à partir animer ces ateliers de montage vidéo en Indonésie ?

Je suis à l’aise dans le secteur de la communication : j’ai réalisé mon cursus universitaire dans ce domaine, et même si je ne suis pas vidéaste, je suis relativement polyvalente. L’idée était d’apporter mon aide à cette association en les formant pour qu’ils puissent réaliser par eux-mêmes des contenus pour les réseaux sociaux. Au final, ce VEC collait à mes compétences.

La question environnementale a-t-elle également été importante pour vous ?

Oui évidemment. C’est une association très engagée dans la protection de la faune de Balikpapan sur l’île de Bornéo, qui est confrontée à la surexploitation des ressources, à la destruction de la mangrove, et qui lutte à son échelle pour protéger son île. Les vidéos produites pour l’association aident précisément à sensibiliser à ces questions d’environnement, à communiquer avec les populations locales sur ces sujets. D’autant plus depuis la construction de la nouvelle capitale au milieu de la jungle, un projet qui se veut futuriste mais qui en fait nuit à l’environnement en détruisant l’habitat de la faune locale.

"J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure"

Léa Besançon, en volontariat d’échanges et de compétences (VEC) en Indonésie

Comment se déroulait la formation ?

On a fait de la théorie, en établissant les story-boards des vidéos avant d’aller filmer des images sur le terrain, dans un deuxième temps, pour avoir du matériel à monter. Comme l’association n’a pas trop de moyen, on a travaillé sur Canva (NDLR : un outil de montage en ligne simple d’utilisation). Sur le travail de montage, on se réunissait, on analysait le pour et le contre, on échangeait nos avis. Je me suis sentie légitime car ils m’ont donné beaucoup de confiance. Ils étaient tous très investis, très réceptifs. Certains membres de l’association m’ont même demandé des « devoirs à la maison » pour pouvoir travailler chez eux et j’ai reçu des vidéos en dehors des heures de formation !

Quel bilan tirez-vous de ce volontariat ?

J’ai adoré cette expérience, c’est allé plus loin que mes attentes. En plus je ne connaissais pas le dispositif du volontariat d’échanges et de compétence, je ne connaissais que le service civique international (SCI), puisque j’en avais fait un en Tanzanie. Finalement, deux semaines, c’était limite trop court. Je suis finalement restée une semaine de plus, à titre personnel, pour visiter l’île avec des membres de l’association Pokja Pesisir. Ce VEC m’a permis de découvrir une autre facette de l’Indonésie que celle qu’on peut voir à la télé. J’ai compris avec les membres de l’association l’importance qu’avait cette formation pour eux, ils en attendaient beaucoup pour faire grandir leur structure. Cela m’a mis la pression, mais dans le bon sens du terme, et j’ai pris tout cela très au sérieux. Quelque part cela m’a donné une nouvelle corde à mon arc, en me donnant confiance sur ma capacité à former des gens.

 © Léa Besançon

Bio express

Léa Besançon a obtenu un master en communication digitale à Lyon, ainsi qu’un diplôme de journaliste lors de son année d’Erasmus à Valence, en Espagne. Elle a ensuite travaillé en alternance comme responsable de la communication et webmarketing au sein d’une entreprise. Elle a également un mastère en entrepreneuriat et management de l’innovation. Son VEC est sa deuxième expérience de volontariat après son service civique international dans l’association Life Time Projects en Tanzanie.
Léa Besançon
Volontaire d'échanges et de compétences

L'organisme d'envoi

Association du groupe SOS, Planète Urgence est une ONG de solidarité internationale et d’aide au développement créée en 2000 et reconnue d’utilité publique. À travers ses dispositifs de volontariat et de renforcement de compétences, ses actions de sensibilisation et ses projets de préservation des forêts, elle entend permettre à chacune et chacun d’être davantage acteur de son développement et de celui de sa communauté. Planète Urgence agit en direct via ses équipes de terrain dans les trois grands bassins forestiers tropicaux mondiaux – l’Amazonie, le bassin du Congo, le bassin du Bornéo Mékong – là où la déforestation est la plus vive, la biodiversité la plus exceptionnelle et les vulnérabilités humaines les plus fortes. Elle s’appuie également sur la mobilisation et l’engagement des citoyens, et notamment des salariés via le Congé solidaire, un dispositif qu’elle a elle-même imaginé.

“Je n’avais pas conscience des inégalités de genre”

© Jerry-Gwenaël Azilinon​

Jeune béninois vivant au Sénégal, Jerry Azilinon est engagé depuis longtemps dans la vie citoyenne de son pays d’adoption. Au sein des diverses associations pour lesquelles il a collaboré, la question des droits des femmes a toujours tenu une place centrale. Depuis fin octobre, il s’est engagé comme volontaire chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité à l’Agence française de développement à Marseille. À l’occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, il témoigne de son parcours et de ses engagements.

J'ai grandi dans une famille béninoise, entouré de figures féminines inspirantes.

« Je suis Béninois, j’ai longtemps vécu au Sénégal mais je garde un fort lien avec le Bénin. J’ai grandi dans une famille entouré de figures féminines inspirantes. Les premiers exemples de réussite sociale autour de moi, c’était l’une de mes tantes qui avait une carrière professionnelle flamboyante, qui s’est vite achetée une voiture, puis une maison : pour moi c’était une évidence que le succès se conjuguait au féminin.

Quand j’ai découvert les violences faites aux femmes, j’ai réalisé que je vivais dans une bulle : je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage. Je pense que c’est ce qui m’a motivé à me sensibiliser aux questions de genre : le sentiment d’être déphasé, la curiosité de comprendre ce qui se passait.

Chez Social Change Factory, une association qui œuvre au quotidien pour l’émancipation, l’autonomisation, l’épanouissement et l’engagement des jeunes, j’ai participé à la mise en œuvre de plusieurs projets dans les domaines de l’éducation, de l’engagement citoyen et du genre. C’était le début de ma longue aventure avec le milieu du développement.  

Je fais activement partie de deux associations, Doyna (« ça suffit ! », en wolof), un mouvement qui milite pour les droits des femmes, l’orientation et la prise en charge de victime. Et Yeewi Association (« Libérez », en wolof) qui fait un focus sur la précarité menstruelle et la santé sexuelle et reproductive. Parmi les actions mises en œuvre, il y avait par exemple des tournées scolaires où nous faisions des ateliers avec les membres de la communauté éducative et les élèves pour leur parler de masculinité positive, de la précarité menstruelle, réfléchir à la réhabilitation des toilettes dans les établissements ou évaluer les besoins en matière de distribution de serviettes hygiéniques.

Je n’avais pas conscience des inégalités salariales, des agressions, car je pensais (à tort) que ça n’existait pas dans mon entourage.

J’ai aussi été salarié dans diverses entreprises, mais j’ai toujours été frustré, dans le cadre de mes fonctions, par le fait que je ne voyais pas l’impact concret de ce que je faisais, contrairement à mes missions au sein des ONG ou des associations dans lesquelles j’avais évolué. C’est la raison pour laquelle j’ai décidé de candidater pour ce volontariat international d’échange et de solidarité en France en tant que Chargé d’appui intelligence collective, genre et interculturalité auprès de l’Agence française de développement, ici à Marseille.

Sur les questions de genre, nous travaillons à développer différents parcours pour des publics tant internes, qu’externes (MOOC* avec des partenaires sur des sujets spécifiques tel que l’éducation, parcours/atelier de sensibilisation et de bonnes pratiques pour éviter et ou corriger les biais de genre, campagnes de communication diverses).

Les deux autres aspects de mon volontariat tournent autour des questions d’intelligence collective et d’interculturalité, deux autres domaines qui me sont chers et sur lesquels j’avais régulièrement travaillé auparavant.

Bref, il s’agit d’une belle mission dans laquelle je m’épanouis pleinement. »

*Acronyme pour « Massive Open Online Course », un type de formations en ligne qui regroupe des vidéos, du contenu texte, des forums, etc.

Bio express

Jerry-Gwenaël Azilinon est un jeune avec un vif intérêt pour les questions de genre et la lutte contre les violences faites aux femmes. Il est ambassadeur #HeforShe et coordonateur du mouvement «Doyna» qui sensibilise aux questions de genre et fournit une assistance aux victimes, entre autres. Il est aussi le SG de "Yeewi", une association qui lutte contre la précarité menstruelle et sensibilise à la santé sexuelle et reproductive. Il est par ailleurs entraîneur d'une équipe féminine de football, les Dakar Sacrées Queens, une manière de montrer que la lutte pour l'égalité entre les femmes et les hommes doit être menée sur tous les terrains. Il travaille également au quotidien sur des programmes d’éducation et d’engagement des jeunes ce qui lui a valu d’être nommé Commissaire Régionale adjoint au programme Jeune et au plan stratégique des Scouts de Dakar dont il est membre depuis 2004.
Jerry-Gwenaël Azilinon
Volontaire international en mission à l'AFD à Marseille