A Madagascar, l’ONG Bel Avenir œuvre au quotidien pour répondre aux enjeux d’un développement durable dans le sud de Madagascar par des valeurs éducatives d’intégration et d’inclusion. Elle a accueilli le premier volontaire de solidarité internationale français, Stéphane Hamouis, en février 2005. © ONG Bel Avenir
Envoyé en mission à Madagascar en février 2005, Stéphane Hamouis a été le premier à bénéficier du tout nouveau statut de volontaire de solidarité internationale (VSI), qui fête ce mois-ci ses vingt ans. Il est aujourd’hui directeur de l’association Eau de coco France, qu’il a créée à la suite de cette expérience. Il revient pour nous sur ses vingt ans d’engagement au service de la coopération internationale, et nous livre sa vision du VSI.
Comment en êtes-vous venu à vous engager comme volontaire de solidarité internationale ?
Mes premiers voyages en tant que bénévole avaient fait germer en moi beaucoup d’interrogations, en particulier sur la chance que j’avais eu de grandir dans une famille et un environnement protecteur en Normandie. Cela m’a donné la vocation de me mettre au service de projets qui pouvaient venir en aide à ceux qui n’avaient pas eu cette chance-là.
J’ai saisi l’opportunité de m’engager comme VSI en 2005, dès la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale. J’ai signé mon contrat en février 2025 auprès de l’ONG Bel avenir (NDLR : elle développe un programme d’éducation pour les plus démunis à Tuléar, dans le Sud-Ouest de l’île) : mon idée était d’aller au-delà de l’engagement bénévole que j’avais déjà auprès de cette association. Ce nouveau statut constituait une sorte d’intermédiaire entre celui de bénévole et celui de salarié expatrié. Le contrat était porté par la Délégation catholique pour la coopération.
L’ONG Bel Avenir met en place de nombreuses activités pour les enfants défavorisés du sud de Madagascar. © ONG Bel Avenir
Comment s’est passée votre mission ?
Vraiment très bien ! À l’origine je devais réaliser le suivi financier des opérations, mais très vite j’ai dépassé mes fonctions. C’est pour moi tout l’intérêt du VSI, avec un engagement de moyen terme – deux ans en ce qui me concerne – qui s’est même poursuivi pour cinq mois supplémentaires. Ce statut permet d’évoluer en toute sécurité et avec un réel accompagnement, puisqu’on est encadré et indemnisé.
Et cette mission a pour vous été l’occasion de transformer votre engagement de volontaire en carrière professionnelle…
Effectivement, j’ai fini par m’engager au sein de l’ONG Bel avenir en tant que salarié, et j’ai créé quelques temps plus tard l’association Eau de coco en France, une structure qui met en réseau des acteurs de la solidarité internationale dont Bel avenir fait partie. J’en suis devenu le directeur en mars 2013. Aujourd’hui, le réseau compte environ 240 salariés en France, en Espagne, en Suisse ou en Andorre, et apporte son soutien à des projets à Madagascar ou au Cambodge. C’est une façon de mutualiser les ressources pour accompagner des associations locales.
"Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas compte de la richesse des missions."
Stéphane Hamouis, premier volontaire de solidarité internationale (VSI), de 2005 à 2007 à Madagascar.
Avec le recul de vingt ans, quel bilan tirez-vous de la création du dispositif de volontariat de solidarité internationale ?
Pour moi, le VSI a véritablement été une porte d’entrée vers la solidarité internationale. Si je n’avais pas connu ce dispositif, je ne suis pas certain que j’aurais réalisé la suite de ma carrière dans ce secteur. C’est vraiment un statut qui permet à toutes les personnes sensibles aux questions de solidarité de vivre une expérience riche et unique, et qui crée des vocations. Je continue d’ailleurs aujourd’hui d’avoir une grande confiance dans le VSI, nous en avons ainsi cinq actuellement sous contrat chez Eau de coco.
Selon vous, y aurait-il des améliorations à apporter au dispositif ?
Hors de l’écosystème de la solidarité internationale, la reconnaissance du VSI par les professionnels est parfois compliquée. Les employeurs ne se rendent pas forcément compte de l’importance et de la richesse des missions qu’on mène dans ce cadre. La solidarité internationale est parfois un « gros mot » pour certains, et le terme même de volontariat n’est pas toujours clairement défini par rapport au bénévolat.
La récente remise en cause des budgets du service civique démontre aussi une certaine méconnaissance politique vis-à-vis des enjeux de solidarité. Le volontariat est un véritable tremplin pour l’avenir, ce sont des expériences qui donnent parfois un vrai sens à la vie. Il ne faut pas se contenter de signer des chèques pour payer un bâtiment, il faut aussi penser l’accompagnement à moyen et long terme des projets de développement. À ce titre, les VSI sont précieux : ils voient de leurs yeux ce que sont les inégalités, c’est tout aussi primordial que les milliers d’euros qu’on peut investir dans un projet.
Stéphane Hamouis, en 2005, lors d’un tournoi de foot organisé à Madagascar avec des jeunes de l’un des centres de Bel Avenir. © DR
2005-2025 : vingt ans de VSI
Officiellement promulguée le 23 février 2005, la loi relative au contrat de volontariat de solidarité internationale est l’aboutissement de plusieurs années de discussions, projets et rapports soumis au Sénat et à l’Assemblée nationale. Du décret de 1986 à celui de 1995, de la promulgation de la loi à l’ouverture au principe de réciprocité en 2021, l’histoire du dispositif est marquée par des dates clés qui ont progressivement façonné sa reconnaissance législative.
Clé de voûte du volontariat international d’échange et de solidarité, le VSI représente plusieurs centaines de missions chaque année et, depuis 2021, des dizaines de volontaires internationaux engagés en France. Accessible dès 18 ans et tout au long de la vie, il permet un engagement longue durée au service du développement durable et de l’intérêt général — sur des projets axés sur l’éducation, l’environnement, la culture, la santé ou encore les droits humains.
Quelques chiffres sur le VSI :
🌍 Plus de 17 400 missions effectuées depuis 2005 ;
✊ 1630 missions effectuées en 2022 ;
🔄 59 missions effectuées en réciprocité, partout en France, en 2023 ;
🎓 30% des missions effectuées en lien avec l’éducation et la formation depuis 2005