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LE MAG’

Un toit pour les familles sinistrées du fleuve Sénégal

12 Août. 2024

© Thomas Limousin / France Volontaires

En Mauritanie, un projet d’aménagement urbain doit permettre la reconstruction de logements à Kaédi : située le long du fleuve Sénégal, la ville a en effet subi des inondations en 2022, laissant plusieurs milliers de personnes sans logements. Celui-ci, financé par une association française, va permettre de redonner un toit convenable à quarante familles.

Cité historique du Fouta-Toro, le royaume qui dominait la vallée du fleuve Sénégal jusqu’à l’arrivée des colons, Kaédi abrite une diversité de populations et de groupes ethniques. On y parle toutes les langues de Mauritanie et des régions avoisinantes. Une ancienne mosquée, à l’architecture soudano-sahélienne, domine une vieille ville sillonnée de rues étroites. Entourée de waalo, ces terres fertiles cultivables en période de décrues, Kaédi a toujours bénéficié d’une agriculture riche et diversifiée grâce au fleuve. Malheureusement, sa terre argileuse peut parfois être source de désastre. Les dernières inondations en août 2022 ont détruit des centaines d’habitations, laissant des milliers de personnes sans logements.

Les sinistrés ont dans un premier temps pu bénéficier des réseaux de solidarités locaux, puis les Kaédiens du monde entier se sont mobilisées pour apporter leurs soutiens. Le Groupe de recherche et de réalisations pour le développement rural (GRDR), association française créée sous l’impulsion de la diaspora, a ainsi pu lancer un projet de reconstruction des maisons effondrées et a obtenue des subventions de la Fondation Abbé-Pierre. Organisation importante dans le développement de la vallée du fleuve Sénégal, le GRDR travaille en collaboration avec les collectivités territoriales pour renforcer les politiques de décentralisation. Depuis longtemps imprégnée du volontariat, l’organisation accueille quatre volontaires à Kaédi sur différents projets dont Léo, volontaire de solidarité internationale (VSI).

Léo en visite sur un chantier de reconstruction d’un logement détruit lors des inondations. © Thomas Limousin / France Volontaires

Recruté il y a deux ans sur le programme Maîtrise et adaptation des villes intermédiaires au Sahel (MAVIL), il a contribué à la rédaction d’un « portrait de territoire », un état des lieux de la commune censé orienter les choix politiques en matière de développement local. Il accompagne la commune de Kaédi dans la structuration d’une politique d’aménagement urbain, jusque-là embryonnaire. Il participe également au projet de reconstruction des logements effondrés.

Une centaine d'habitations détruites par les inondations du fleuve Sénégal

Lorsqu’il marche dans les rues de la ville, on le reconnaît vite : sa peau blanche, son mètre 90 et ses cheveux longs attirent évidemment l’attention. « Léo ! Léo ! », des enfants l’appellent au loin. « J’aime vivre ici, c’est un dépaysement quotidien », explique-t-il sur le chemin d’un chantier. La Mauritanie est son premier pays de mission, urbaniste de formation, il est confronté à des problématiques étudiées lors de ses études. « La thématique de la ville africaine m’intéresse beaucoup, les petites villes vont absorber toute la croissance des populations. Kaédi va doubler dans 20 ans, passant de 60 à 120 000 habitants. »

Sur la centaine d’habitations détruites, quarante logements jugés prioritaires ont bénéficié du soutien du GRDR. La priorité des logements vulnérables a été définie en concertation avec les comités de quartiers. L’association finance la reconstruction et propose aux bénéficiaires de rebâtir en banco ou en ciment. Le banco est un matériau de construction traditionnel en Afrique subsaharienne, fait de terre argileuse et de paille hachée. Il a l’avantage d’être un excellent isolant thermique. Les pièces de la maison restent fraîches malgré le fait que les températures à Kaédi excèdent les 40 degrés une grande partie de l’année. Un maçon superviseur est payé par le GRDR pour suivre l’état d’avancement des travaux.

 

La population de Kaédi va doubler dans 20 ans, passant de 60 à 120 000 habitants. © Thomas Limousin / France Volontaires

Dans une petite concession du centre-ville, la réhabilitation est bientôt terminée. Un logement avec trois pièces pouvant accueillir une famille. Léo a appris quelques mots en Haalpulaar. Il demande au propriétaire si les briques en banco sont bien originaires de Kaédi. Celui-ci lui répond que oui, il existe des ateliers le long du fleuve. Les fondations restent néanmoins en ciment, plus résistante face aux crues. « Ici, c’est une zone inondable dans Kaédi, lors de la saison des pluies, ça ruisselle, ça peut être très dangereux pour les populations ». Au bout de trois ans, le GRDR arrive aux termes de la première phase du projet. « D’ici la fin mars, tous les travaux de réaménagements seront terminés, on aimerait par la suite étendre les actions à plus de ménages » explique Léo.

Également passionné de photographie, il a monté un projet d’exposition itinérante pour présenter les résultats du programme MAVIL. Déjà exposé à Saint-Louis au Sénégal, l’exposition est présentée à Kaédi en plein centre-ville. La population, curieuse, s’amasse autour des panneaux, c’est une satisfaction pour Léo: « L’avantage ici, c’est que je touche à tout, même si je fais principalement du travail de recherche, je participe aussi à la recherche de financement et je suis impliqué dans d’autres projets. C’est une expérience très riche. »

Bio express

Léo Brenet est diplômé de l'Ecole de l'aménagement durable des territoires (ENTPE) et de l'institut d'urbanisme de Lyon. Il est volontaire de solidarité internationale (VSI), en mission en Mauritanie depuis septembre 2021. Il a été recruté sur le programme Maîtrise et adaptation des villes intermédiaires au Sahel (MAVIL), et a contribué à la rédaction d’un « portrait de territoire ».
Léo Brenet
Volontaire de solidarité internationale

L'organisme d'accueil

Le GRDR Migration-Citoyenneté-Développement est une association internationale de droit français composée de professionnels (agronomes, économistes, sociologues, géographes, urbanistes, travailleurs sociaux…) qui mettent leur savoir-faire au service des populations des territoires sur lesquels il agit. Créé en 1969 sous l’impulsion de ressortissants d’Afrique de l’ouest vivant en France, le Grdr est l’une des rares associations menant des actions de développement à la fois dans les pays de départ, de passage et d’accueil (Afrique de l’Ouest, Maghreb et France).

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