Grâce au projet financé par l’AFD, la commune de Méckhé a pu se doter d’une décharge permettant un traitement sécurisé des ordures ménagères. © France Volontaires
Dans la commune sénégalaise de Méckhé, un partenariat avec la ville française de Saint-Dié-des-Vosges a permis la mise en œuvre d’un dispositif complet et sécurisé de collecte des déchets. Sur le terrain, Lucile Fischer, volontaire de solidarité internationale, veille à la réussite de ce projet structurant.
Aux abords du marché central de Méckhé, les tas d’ordures qui s’amoncelaient autrefois laissent désormais place à des points de collecte organisés. Pour cette ville de 22.000 habitants du nord-ouest du Sénégal, confrontée à une forte augmentation de la quantité de déchets, la transformation est visible. « La commune est aujourd’hui objectivement plus propre. J’ai pu voir toutes les réalisations physiques : la construction de la décharge, les remorques en action, etc. », témoigne Lucile Fischer, une jeune alsacienne de 27 ans qui s’est engagée sur ce projet, envoyée sur place par Grand Est Solidarités et Coopérations pour le Développement (Gescod). Elle est la cinquième (et dernière) volontaire mobilisée sur cette opération depuis le lancement de cette dernière en 2019.
Un partenariat franco-sénégalais pour repenser la gestion des déchets
La coopération décentralisée sur ce sujet entre Méckhé et Saint-Dié-des-Vosges, qui vise à doter la ville d’un dispositif complet et sécurisé de gestion des déchets, prendra en effet fin à l’issue de l’année 2025. Le projet, financé avec l’aide de l’Agence française de développement (AFD) à hauteur de 814 753 €, comprend la construction d’infrastructures adaptées, le renforcement du service technique municipal, des formations à destination des agents et élus, ainsi que des campagnes de sensibilisation destinées à la population.
Mais, sur le terrain, le défi dépasse la seule logistique : « C’est un projet très structurant, où il n’y a pas seulement la mise en place de réalisations physiques. Il y a aussi tout un pan sur la sensibilisation et le changement des mentalités », précise Lucile.
Une séance de ramassage des déchets dans les rues de la ville. © France Volontaires
Car pour durer, la propreté d’une ville dépend avant tout de l’adhésion de ses habitants. À Méckhé, cette dynamique prend désormais racine. Des groupes bénévoles s’organisent pour nettoyer les quartiers, ramasser les déchets et entretenir les zones de dépôt. « Nous avons régulièrement des retours très positifs de la population, qui adhère complètement au dispositif et est même motivée à poursuivre les efforts » détaille la volontaire. Ces initiatives locales, portées par des collectifs spontanés, donnent au projet une dimension participative et communautaire précieuse dans ce type d’opération.
Sensibilisation et engagement citoyen à Méckhé
Le partenariat mise aussi sur la coordination avec les structures, comme Aquassistance (côté français) et la Société nationale de gestion intégrée des déchets (SONAGED, côté sénégalais), pour assurer la pérennité du dispositif. « Il est nécessaire de collaborer avec les structures existantes, notamment au national, pour créer une synergie et pérenniser le projet », souligne Lucile Fischer. Cette approche globale vise à renforcer la municipalité dans la structuration de ses services, tout en consolidant la redevabilité envers ses habitants.
"Nous avons régulièrement des retours très positifs de la population, qui adhère complètement au dispositif."
Derrière la rigueur de la gestion technique, le volontariat porte aussi une dimension humaine forte. « C’est exigeant, mais très formateur et challengeant. J’ai appris à m’adapter, à travailler en équipe dans un contexte interculturel, à planifier et gérer plusieurs projets de développement », confie la jeune alsacienne. Une expérience qui transforme sa manière d’appréhender son rapport aux autres : « Humainement, je suis plus tolérante, je juge moins vite. J’ai remis en question certaines idées. Les échanges avec les Sénégalais, très ouverts et fiers de leur culture, m’ont enrichie. »
À Méckhé, dans le sillage des nouvelles pratiques de collecte, des infrastructures rénovées et des formations techniques, c’est toute une communauté qui réinvente sa relation à son environnement.