Vue aérienne de Nouakchott, capitale de la Mauritanie. © Lamine Sall 96 / Creative Commons – Wikimédia
Située sous le niveau de la mer, la capitale de la Mauritanie est particulièrement sensible aux effets du changement climatique. Construire une stratégie pour anticiper les risques est un enjeu primordial : le Fonds mondial pour le développement des villes (FMDV) aide la Région de Nouakchott à intégrer des solutions basées sur la nature dans ses actions. Avec l’aide de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI).
Intrusions marines, inondations, ensablement et îlots de chaleur urbains : selon une étude réalisée en 2020 par le cabinet Acterra, Nouakchott est confrontée à ces quatre dangers majeurs. Parmi eux, l’intrusion marine semble être la menace la plus imminente. Près d’un tiers du périmètre urbain se trouve ainsi en zone inondable sous le niveau de la mer. Le littoral, longé par un cordon dunaire, laisse apparaître des brèches liées à l’érosion, mais surtout à l’activité humaine et les constructions anarchiques. Ainsi, l’océan atlantique menace d’inonder la ville. Particulièrement exposée, Nouakchott, subit également une croissance démographique importante, les populations rurales venant grossir de 5% par an une agglomération d’1,2 million d’habitants.
Faire face au changement climatique
Consciente de sa vulnérabilité et des impacts socio-économiques du changement climatique, la région de Nouakchott tente d’anticiper les risques. Un atelier, financé par le Fonds français pour l’environnement mondial (FFEM) et mis en œuvre par le Fonds mondial de développement des villes (FMDV) a été organisé, en présence de Thomas Beaucoral, volontaire de solidarité internationale (VSI). L’atelier réunit les cadres de la Région, les ministères concernés, l’université de Nouakchott et des acteurs associatifs. « Notre objectif est d’introduire les notions, les concepts et les enjeux des solutions basées sur la nature, afin de créer une dynamique d’intégration de ces solutions dans les projets menés par l’ensemble des parties prenantes du développement à Nouakchott. » explique-t-il. Diplômé en économie du développement, le jeune volontaire envoyé par La Guilde travaille directement auprès des équipes au siège de la Région. « Notre rôle est de faire un plan d’actions destinées aux autorités régionales, afin que celles-ci puissent définir des politiques publiques et mettre en place des options incluant des solutions basées sur la nature ».
Comment donc faire face au changement climatique et ses conséquences ? Définie par la convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) en 2009, la notion de solutions basées sur la nature lie la protection et restauration des écosystèmes à l’adaptabilité et la résilience des populations. Ainsi, à Nouakchott, de nombreuses initiatives sont possibles. En reconstituant le cordon dunaire et en le protégeant, on lutte contre l’ensablement et on diminue les risques d’inondations. Pour baisser les températures localement et combattre les îlots de chaleur, la végétalisation des toits, la création de chemins piétons et la mise en place de parcs urbains végétalisés ou de potagers partagés sont envisageables. « Cette formation est très intéressante, on connait les problèmes liés au réchauffement climatique, on doit maintenant trouver des solutions innovantes pour y répondre, utiliser ce que nous offre la nature semble une évidence » explique Ahmed Nema, président d’une association d’étudiants.
Marché au poisson au bord de l’océan Atlantique à Nouakchott. © Uzabiaga / Creative Commons -Wikimédia
« La formation a permis de prioriser, collectivement, les vulnérabilités climatiques auxquelles font face les Nouakchottois et de lister les initiatives existantes pour avoir un aperçu des projets déjà entrepris. L’intérêt pour nous est de pouvoir bénéficier de ces expériences, d’en tirer des leçons et de comprendre les points importants à prendre en compte lors de la mise en œuvre de ces solutions. Le but est de répondre efficacement aux besoins de la population et à l’urgence climatique » résume Thomas. Le FMDV accompagne les collectivités locales dans la structuration de ces projets prioritaires, ainsi que dans la recherche de financement, en mettant la Région de Nouakchott en relation avec des bailleurs intéressés « J’aime cette approche au plus près des acteurs, les équipes de la Région sont pro-actives. Pour une première expérience, cela me donne une vision large du monde du développement ».
Augmentation de 2 à 4°C de la température
Grâce au soutien du FMDV, la région de Nouakchott a récemment mis en place des lignes de bus pilotes dans les quartiers périphériques. Ces lignes dites « sociales » répondent au besoin des populations les plus vulnérables et visent à faciliter l’accès au travail et à l’éducation pour des individus souvent marginalisés, souvent les femmes. En plus de sa fonction première de sécurité, l’installation d’un éclairage public solaire sert à renforcer le lien social en favorisant les interactions dans l’espace urbain. « Quand on parle de résilience et d’adaptation, on parle évidemment de la baisse des risques climatiques mais également de l’amélioration du cadre de vie des populations » conclue Thomas.
En 2100, selon les estimations actuelles, les températures moyennes devraient connaître une augmentation de 2 à 4°C à Nouakchott. L’élévation du niveau moyen de la mer d’un mètre pourrait tripler le taux d’érosion des dunes et entraîner des inondations à grande échelle. Plus de 2 millions de personnes seraient alors menacées.