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LE MAG’

En volontariat dans un hôpital de brousse

29 Fév. 2024

Un médecin en consultation dans un dispensaire. © cdc / Unsplash

[Paroles d’anciens volontaires] De septembre 2007 à décembre 2009, Max Schaffer s’est engagé avec sa compagne Julie dans une mission de volontariat au Cameroun. Objectif : aider à la gestion d’un hôpital de brousse. Avec quelques années de recul, il revient pour nous sur cette expérience et en dresse le bilan.

Avec chacune 2,8 millions d’habitants, les villes de Yaoundé, capitale située dans le centre du pays, et Douala, située sur le bord de l’Atlantique, constituent les deux grandes métropoles du Cameroun. Entre les deux : la brousse. Des kilomètres de forêt dense et humide (celle-ci recouvre 42% du territoire national) dans lesquelles les conditions de vie sont particulièrement difficiles. Dispersés sur un vaste territoire, les villages sont reliés par des pistes dans un état aléatoire, ce qui rend les déplacements lents et parfois difficiles.

Dans ce contexte, la présence d’hôpitaux de brousse doit permettre de faciliter les soins au plus près de populations rurales qui subissent diverses pathologies : insuffisances alimentaires et malnutrition, virus…  C’est dans cette optique que la Délégation catholique pour la coopération (DCC) envoie régulièrement des volontaires pour appuyer les équipes sur place. Max et Julie Schaffer faisaient partie de ceux-là. Entre 2007 et 2009, le couple s’est rendu sur place dans hôpital de brousse pour aider à la gestion administrative et financière de l’établissement. Max Schaffer revient avec nous sur cette mission.

Pour quelles raisons vous étiez-vous engagé dans un volontariat de solidarité internationale ?

Pour me mettre au service de projets de développement, aller vivre et partager le quotidien de citoyens d’une autre culture, mieux percevoir les complexités du monde aussi, et également pour tester ma conviction que la coopération est riche pour ceux qui la vivent et pour ce qu’elle produit.


Concrètement, on quoi consistait votre mission ?

Nous sommes partis en pays Bassa, en forêt, afin de participer à la gestion d’un hôpital de brousse qui comprenait une centaine de lits, différents services, une quarantaine de salariés et qui avait une vocation sociale forte : même si les soins sont payants au Cameroun et que l’équilibre économique de l’hôpital en dépendait, les malades indigents étaient également soignés. Ma mission consistait à assurer cet équilibre social et économique dans des conditions climatiques (chaleur, humidité, orage) qui dégradaient beaucoup les infrastructures.

C’est-à-dire ?

Il fallait tous les jours remettre en état des parties de l’hôpital, réparer le forage pour alimenter l’eau potable, assurer la production d’électricité, approvisionner les médicaments et le matériel… Mais il y avait également un aspect plus humain avec l’accueil des malades, la nécessité de rendre l’hôpital beau, propre et apaisant pour tous, et aussi celle d’accompagner les salariés pour assurer un service de qualité. Enfin, il était indispensable de faire la promotion de l’établissement, afin d’en augmenter la fréquentation. En fait nous agissions à tous les niveaux pour garantir la robustesse et la durabilité de cet accès aux soins.

« Je me suis engagé à mon retour dans une association qui développe des fermes écologiques et sociales. »

En quoi l’apport de volontaires vous a-t-il semblé utile dans le cadre des missions de cet hôpital de brousse ?

D’un point de vue général, le volontariat permet l’échange culturel et apporte souvent des solutions issues d’un croisement de chaque culture. Mais aucune culture ne s’impose à l’autre. Les actions mises en place sont échangées et débattues, souvent testées avant d’être réellement lancées. La présence d’un volontaire sur le temps long permet de mieux percevoir la vie locale, les habitudes, de sentir le climat afin de faire des propositions adaptées et coconstruites. Je me souviens par exemple qu’en brousse, il n’y avait pas de gestion collective des déchets mais après plusieurs mois de travail avec le personnel de l’hôpital nous avions mis en place un tri et une collecte de déchets pour le personnel et les patients hospitalisés.

Le retour avait-il été difficile ?

J’ai effectivement été marqué par une expérience où je n’avais pas tout le temps accès ni à l’eau ni à l’électricité, où je devais cohabiter avec une incroyable faune, où tout le monde cultive pour se nourrir… Mais j’avais aussi vécu et observé les aberrations écologiques et économiques des importations de produits transformés et des exportations de monocultures, de la déforestation… j’ai réalisé que notre mode de développement devait et pouvait changer en France pour prendre en compte les enjeux écologiques et de justice économique. Je me suis engagé à mon retour dans une association qui développe des fermes écologiques et sociales.

Quel doit être le rôle de ces associations, selon vous ?

Les associations sont une part essentielle de la démocratie sociétale, leurs actions doivent être fortement soutenues car elles permettent aux citoyens de comprendre ce qui se passe et de s’y engager. Elles sont une réponse très forte aux enjeux environnementaux car elles proposent et mettent en œuvre des actions écologiques mais aussi sociales. Leur parole n’est pas suffisamment entendue, leurs actions pas assez soutenues. Elles ne doivent pas être cantonnées à un rôle de correction mais elles peuvent construire des nouveaux modèles économiques de développement.

La brousse au Cameroun. © Edouard Tamba / Unsplash

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