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[Retour sur mission] Pendant un peu plus d’un an, du printemps 2021 à l’été 2022, Morgane Séger a œuvré au renforcement des droits des peuples autochtones en République du Congo. Envoyée par l’IFAID Aquitaine, elle s’était engagée au sein de l’ONG Initiative Développement en volontariat de solidarité internationale (VSI). Elle a ainsi partagé son temps entre Brazzaville, la capitale du pays, et la ville d’Enyellé, à l’extrême nord du pays. Témoignage.
J’ai travaillé en tant qu’assistante technique sur le programme NZELA ("la route" en lingala).
C’est un programme de développement local promouvant les droits des populations autochtones dans le district d’Enyellé, au Nord du pays. Mon rôle spécifique était de coordonner le volet droit humains. J’étais en charge d’un certains nombre d’activités : de la sensibilisation et de la formation, assurer les srelation avec les autorités et les partenaires pour la promotion des droits et la remontée des cas de violations, superviser des études contextuelles sur la relation entre les bantous et les akas, mettre en œuvre des événements de plaidoyer comme la Journée internationale des populations autochtones , etc.
Étant donné mon parcours, je souhaitais œuvrer sur le terrain, au plus proche des communautés et des bénéficiaires afin de mieux comprendre les enjeux et la réalité très concrète de la mise en œuvre des projets. Le projet NZELA est un projet qu’on peut qualifier de « pilote », du fait qu’il cherche à répondre aux enjeux de développement local en intégrant les problématiques sociales, quasi-anthropologiques, de la relation de tutelle dominatrice exercée par les bantous sur les autochtones, laquelle engendre des tensions entre les communautés de la zone. Ce qui le rend très intéressant de mon point de vue, c’est justement cette orientation : le fait que ces problématiques complexes constituent en quelque sorte le noyau du projet, ce qui pousse à réfléchir autrement la mise en œuvre des activités à tous les niveaux.
Dans ce cadre, j’ai par exemple beaucoup aimé coordonner la caravane des droits, une sensibilisation itinérante dans les villages pour laquelle nous avions monté différentes activités comme un théâtre-forum sur les droits humains, des jeux pour promouvoir le vivre-ensemble et une projection vidéo le soir. C’était un vrai travail en équipe et on a eu des retours très positifs des communautés avec un public mixte et très large. C’était un plaisir de mettre en œuvre ces activités avec les communautés des villages plus excentrés qui ont tendance à être plus difficiles à faire participer, du fait de leur éloignement.
Au final, cette mission m’a globalement apporté une bonne compréhension du contexte, des codes culturels et des enjeux liés au développement et à la coopération au Congo, notamment ceux relatifs aux zones forestières. L’avantage est qu’en navigant entre Brazzaville et Enyellé, j’ai pu voir des facettes très différentes et complémentaires du pays ce que j’ai trouvé très formateur, aussi bien sur le plan professionnel que personnel. Evoluer sur le terrain, m’a vraiment permis d’appréhender la réalité de la mise en œuvre des projets, mais aussi le quotidien et le vivre-ensemble « à la congolaise »