En Patagonie, les grandes calottes glaciaires ont reculé d’un kilomètre depuis le début des années 90. © Man Kwan / Unsplash
Face au changement climatique, les acteurs du tourisme dans les Alpes et en Patagonie argentine ont décidé de se serrer les coudes : les deux territoires ont mis en place des échanges et une stratégie commune pour une gestion durable du tourisme. Ils coopèrent dans le cadre du projet « Des Montagnes et des lacs », qui a débuté en mai 2023 et prendra fin en avril 2025. Un binôme de volontaires franco-argentin a participé aux échanges.
Les Alpes européennes pourraient perdre 34% de leur volume de glace d’ici 2050. Cette statistique, effrayante, est le résultat d’une étude réalisée par l’université de Lausanne (Suisse) en coopération avec l’université Grenoble-Alpes. Dans le sud de l’Argentine, la Patagonie est quand à elle la région du monde qui connaît le plus haut taux de fonte: les grandes calottes glaciaires ont ainsi reculé d’un kilomètre depuis le début des années 90. Pour ces deux régions du monde, pour qui le développement économique passe par un tourisme raisonné, la prise en compte des enjeux climatiques est devenue une véritable priorité.
© Mikhail Mokrushin/ Unsplash
Penser le tourisme durable à l’échelle internationale
En 2023, elles ont ainsi décidé de marcher main dans la main en créant le projet « Des montagnes et des lacs ». Coordonné par ResaCoop, il regroupe des opérateurs techniques comme l’ONG Tétraktys , spécialisée dans le tourisme durable et l’Ecole nationale des sports de montagne. L’objectif est d’accompagner les collectivités locales* françaises et argentines dans leurs réflexions sur le sujet. Alejo Apochian, jeune argentin de 21 ans, a réalisé une mission de volontariat de solidarité internationale (VSI) auprès de l’ONG grenobloise de décembre 2023 jusqu’au début du mois d’août 2024.
« J’ai toujours vécu en Patagonie, j’ai un fort engagement pour mon territoire, et l’opportunité d’une expérience de quelques mois à l’étranger me semblait pertinente. On pense trop souvent à échelle locale alors que d’autres structures connaissent le même genre de problématiques à l’échelon international », explique le jeune homme. « Quand on élargit son niveau de réflexion et qu’on joint ses efforts, on s’enrichit forcément. »
"Le tourisme post-covid a créé une massification touristique qu’il faut apprendre à maîtriser en prenant en compte les contraintes environnementales."
Bastien Montovert, en service civique au sein de l’ONG Tétraktys
Avec son compère Bastien Montovert (23 ans), qui est pour sa part en service civique, ils ont formé un efficace binôme de volontaires franco-argentin au sein de Tétraktys. Ces derniers ont en particulier travaillé autour de la question du tourisme de randonnée, un véritable savoir-faire pour les acteurs du tourisme alpin que ces derniers entendent partager avec leurs homologues sud-américains. La Route des sept lacs, dans la province de Neuquén, commence en effet à devenir un lieu de référence pour les marcheurs du monde entier.
Des ateliers sur le changement climatique
Avec les difficultés qui vont avec : « Le circuit est géré par des communes qui connaissent de fortes croissances de population et des services publics qui ne suivent pas toujours derrière », détaille Bastien. « L’explosion du tourisme post-covid a par ailleurs créé une massification touristique qu’il faut apprendre à maîtriser en prenant en compte les contraintes environnementales. C’est la clef pour assurer un développement durable des activités ».
Les deux volontaires ont plus globalement participé à l’ensemble des activités mises en place dans le cadre du projet Des montagnes et des lacs : l’accueil d’une délégation argentine dans les Alpes ou l’organisation d’ateliers sur le changement climatique dans les collèges et lycées de la région. Ils ont aussi réalisé une vidéo où argentins et français détaillent les effets concrets de la hausse des températures sur leur environnement et leur quotidien.
Après huit mois de mission, Alejo est reparti finir son cursus universitaire en sciences biologiques dans le sud de l’Argentine, avant, il l’espère, de devenir gardien de parc national. Bastien est encore chez Tétraktys pour quelques semaines. « Avoir évolué ainsi en binôme avec un Argentin a été plus que positif. Cela gomme les effets négatifs que peut représenter le fait de travailler avec des gens qui sont loin. C’est une bien meilleure gestion de l’interculturalité », conclut-il.
* La communauté de communes de la Matheysine, la mairie de Chamrousse et la communauté de communes de l’Oisans côté français, la Province de Neuquén, les communes de Villa la Angostura et Villa Traful côté argentin.
Regarder le reportage réalisé par Alejo et Bastien
Le programme EnLAzando
Alejo Apochian a réalisé sa mission en France dans le cadre du programme EnLAzando. Celui-ci, mené depuis 2020 par France Volontaires, vise à mettre en œuvre une coopération durable entre la France et six pays d’Amérique du sud : la Bolivie, la Colombie, l’Equateur, le Paraguay, le Pérou et, depuis 2022, l’Argentine. EnLAzando a pour objectif principal d’appuyer la structuration de réseaux et d’acteurs (organisations, volontaires, entreprises, universités, États, etc.) pour construire une vision commune du volontariat et créer les conditions d’un volontariat responsable et solidaire en Amérique du Sud.
© Nicolas Weldhing / Unsplash