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LE MAG’

Une association des Comores défend la pêche raisonnée du poulpe de récif

24 Mai. 2024

© DR

Quinze villages du Parc national de Mohéli, aux Comores, ont rouvert la pêche au poulpe le 10 février dernier. Après plus de trois mois de repos biologique, 18 tonnes de l’animal ont été sorties de l’eau et fait le bonheur de la communauté. Une initiative réussie avec l’appui d’Eliott Barichasse, volontaire de solidarité internationale (VSI) en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc.

Le Parc national de Mohéli œuvre depuis de nombreuses années afin de sensibiliser les communautés à effectuer le repos biologique du poulpe de récif. Les villages sont désormais conscients des avantages et des bienfaits de cette gestion efficace, rationnelle et responsable de l’espèce et de son habitat. « Le repos biologique du poulpe, on en parle à Rodrigue, au Mozambique, à Madagascar… » explique Eliott Barichasse, VSI en en appui au secteur marin et à l’écotourisme du parc. « On considère que pendant la période de reproduction on ne pêche pas, on le laisse se reproduire pour qu’ils soient nombreux à la réouverture mais aussi pour assurer le stock sur le long terme. Ça a commencé il y a plusieurs années, on est passé d’un seul village à une quinzaine aujourd’hui, ça a été un travail de longue haleine. »

Assurer la disponibilité des réserves en poulpes

Tout l’écosystème, à savoir corail et herbier, profite en effet de la pause en période de repos biologique pour s’épanouir et se développer tandis qu’on constate par ailleurs une prolifération des poissons de récifs. Par ailleurs, cette initiative permet également l’implication effective de la communauté dans la gestion de ses ressources marines.

Ainsi, l’association de gestion du poulpe du village de Nioumachoi (Wandzani Wazi Mbwedza), soutient et accompagne financièrement l’opération d’ouverture de la pêche au poulpe au sein des autres communautés de Mohéli par l’entremise du Parc national, qui fédère l’ensemble de ces dernières. Afin d’assurer la disponibilité des réserves de poulpe au village de Nioumachoi sur le moyen terme, et à un prix abordable, près d’une tonne de poulpe a été achetée pour le faire sécher traditionnellement. Cette technique de séchage, appelée « gnouda », permet de conserver le produit longtemps y compris sans électricité.

La pérennisation économique est la clé de voûte de la protection et de la gestion de l’environnement car elle permet une continuité dans les actions à mener sur le long terme et une flexibilité pour s’adapter aux problématiques nouvelles. Par exemple, le parc national développe aussi des zones de réserve de pêche : « C’est ce qu’on appelle une zone de non-prélèvement (ZNP) : une zone où on ne va jamais pêcher, quelque espèce que ce soit. Au bout de quelques années, on compte sur « l’effet réserve » avec une reproduction des individus qui vont finir par déborder et sortir de la zone. Cela prend du temps mais ça permet d’assurer la pérennité alimentaire à terme. On parle du poulpe mais c’est tout l’écosystème qui est concerné », détaille Eliott.

Retrouver un écosystème marin sain

En dépit de cette réouverture, l’activité de pêche reste réglementée afin de protéger les ressources. Il est par exemple interdit d’utiliser des barres de fer destructrices des coraux et donc de l’habitat du poulpe, et bien sûr de détruire les maisons de poulpe. La capture autorisée de poulpes de moins d’un kilo est également prohibée, et la pesée de la pêche est donc obligatoire. L’efficacité de telles mesures a déjà été démontrée : « On voit des poulpes de six ou sept kilos, ce qu’on ne voyait plus depuis des années, c’est les anciens qui en témoignent. Les ouvertures et les fermetures permettent de retrouver un écosystème marin sain qui permet de subvenir sur le long terme à nos besoins », conclut Eliott.

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