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LE MAG’

De la Réunion à Madagascar, des fours solaires pour un avenir durable

20 Fév. 2025

 © DR

Ressourcerie, ateliers de réparation ou développement de solutions « low-tech »… l’association Ekopratik, à la Réunion, a fait de l’écologie du quotidien son credo. Dernièrement, elle a entrepris le développement de fours solaires, pour les particuliers comme pour les professionnels. Ziona, volontaire malgache en mission à Saint-Paul, a participé à la mise en œuvre du projet.

Née il y a onze ans, l’association Ekopratik est aujourd’hui devenue l’un des acteurs majeurs de la protection de l’environnement à Saint-Paul, sur l’île de la Réunion. À ses débuts, elle se consacrait essentiellement à la réparation d’objets au travers des «Réparali Kafés », des ateliers collaboratifs où chacun peut venir restaurer des appareils électroménagers et autres objets du quotidien. Progressivement, l’association a élargi son champ d’action en intégrant le concept du low-tech : « Il s’agit d’un mouvement axé sur le développement de technologies frugales, qui ne nécessitent pas ou peu d’énergies fossiles, qui sont en open source et accessibles à tous », explique Baptise Beauvais, l’un des membres actifs de l’association.

Ziona (au centre), volontaire en service civique international entouré de son tuteur Baptiste Beauvais, de l’association Ekopratik et d’Anne Korszuk, responsable de l’antenne de France Volontaires à la Réunion. © DR

Ancrée dans un territoire qui bénéficie d’un fort ensoleillement, Ekopratik a logiquement décidé de mettre en œuvre des solutions basées sur l’énergie solaire. C’est ainsi que l’association a initié un projet de création de fours alimenté par ce biais : un système ingénieux dans lequel un jeu de miroirs réfléchissants placés à l’intérieur d’une boîte vitrée permet d’atteindre de hautes températures.

Répondre à des besoins primaires à Madagascar

Le but, à terme, est d’essayer de monter une filière de construction en utilisant la récupération de matériaux comme matière première. En attendant, l’association réalise pour l’heure des démonstrations grand public : c’est dans ce cadre que Ziona, jeune volontaire malgache en service civique international, a réalisé sa mission auprès d’Ekopratik, d’avril à décembre 2024. « J’étais mobilisé sur les projets de fours solaires. L’objectif de ma mission était d’apporter des améliorations low-tech pour arriver à augmenter la température. Nous sommes parvenus à passer de 115 à 150 degrés », précise le jeune homme.

Avec, pour lui, un objectif final: repartir à Madagascar avec un véritable savoir-faire en la matière, afin de pouvoir reproduire sur place le projet à l’identique. « D’habitude nous travaillons plutôt avec des volontaires français. Ce sont souvent des jeunes qui sont intéressés par le low-tech d’un point de vue académique et souhaitent tester des prototypes. Ziona est le premier volontaire étranger que nous recevons ici en réciprocité, et pour lui la logique est différente : les fours solaires répondent à un besoin primaire à Madagascar, celui de se nourrir à moindre coût », complète Baptiste. Tout cela en valorisant au maximum la récupération pour réduire encore les frais, en utilisant par exemple des vitres de photocopieuses ou de frigos usagés par exemple, et du film réfléchissant plutôt que de véritables miroirs.

« Planter des graines » pour l’avenir des jeunes

En plus de ces fours pour particuliers, Ekopratik travaille également à la création d’objets de plus grande taille : des concentrateurs solaires destinés aux professionnels. Placés sur des remorques de bateau, ils peuvent embarquer jusqu’à 5 mètres carrés de miroir et monter jusqu’à 250 ou 300 degrés. De quoi assurer des cuissons plus puissantes ou de la torréfaction de graines, par exemple. Un usage destiné cette fois à des boulangers ou des paysans, avec l’idée de permettre à terme une utilisation collaborative de l’appareil.

A la fin de sa mission, courant décembre, Ziona est donc reparti à Madagascar avec deux kits de confection de fours solaires, réalisés à l’issue d’une formation d’une journée, pour en faire don à des ONG locales. Deux autres volontaires en réciprocité avaient également bénéficié de cette journée : Sharmila, originaire du Mozambique, qui intervenait en appui aux établissements scolaires de l’ouest de l’île, et Sonya, originaire de Madagascar, qui a apporté une contribution précieuse à la Ferme Forêt des Makes

« Former des jeunes à la création de ce genre d’outils est ambitieux, mais c’est l’objet de l’association Ekopratik : on plante des graines dans leur tête pour leur permettre à terme d’être autonomes », se réjouit Baptiste.

Grâce à son approche axée sur la transmission des savoir-faire et l’innovation durable, Ekopratik s’impose comme un acteur majeur de l’écologie à la Réunion. Son engagement dans le développement de solutions simples, économiques et respectueuses de l’environnement, illustre la pertinence de son approche pour répondre aux défis contemporains.

Le programme Territoires Volontaires au service des collectivités de la Réunion

Ziona s’est engagé en tant que volontaire en mission de service civique international en réciprocité dans le cadre du programme Territoires Volontaires (TeVo) de France Volontaires. Co-financée par le Département de La Réunion, sa mission de « Sensibilisation à l’environnement par l’innovation alternative et durable » a duré huit mois, d’avril à décembre 2024.

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