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LE MAG’

« L’agroforesterie, c’est l’agriculture de demain »

29 Fév. 2024

La parcelle d’agroforesterie d’Anthony Bracke à Madagascar © Anthony Bracke

Anthony Bracke s’est installé à Madagascar en 2015 où son association, Opti’Pousse Haie, mène des projets autour de la protection des milieux naturels. Après son volontariat de solidarité internationale (VSI), il s’est s’engagé dans un projet de développement de l’agroforesterie, une technique agricole qui mêle plantation d’arbres et de cultures sur la même parcelle. Interview.

C’est un passionné d’environnement qui bourlingue depuis près de dix ans entre la Réunion et Madagascar, ces deux îles voisines de l’océan Indien. Originaire de la petite île française, Anthony Bracke est diplômé d’écologie tropicale : dès la fin de ses études, il s’est engagé dans des associations de protection de l’environnement sur le territoire malgache, d’abord comme bénévole puis dans le cadre d’un Volontariat de Solidarité Internationale (VSI) entre 2018 et 2021.

Avec son association Opti’pousse Haie, il développe de multiples projets autour de la reforestation et de la protection de la mangrove, et mène en parallèle un projet d’agroforesterie, qu’il aimerait développer avec l’appui de futurs volontaires.

Comment vous êtes-vous engagé dans une démarche d’agroforesterie à Madagascar ?

J’ai commencé à développer l’agroforesterie à titre individuel sur une parcelle de terrain de cinq hectares que j’exploite avec ma femme et un ami. Le reboisement de la parcelle doit se faire avec l’objectif de recréer un écosystème plus intégré dans le paysage. On y produit du sésame, des cacahuètes, du moringa, de l’indigo, de l’hibiscus rouge également (du bissap), que ma femme transforme ensuite : confitures, jus, tisanes et même des fleurs cristallisées, un produit très demandé par certaines épiceries de luxe. Tout cela se fait grâce à l’énergie solaire. Notre idée est de sublimer les produits de Madagascar afin de mettre en avant un terroir, ce qui se fait très peu sur l’île car la matière première est directement exportée vers l’étranger.

La livraison des plants de moringa par “deux Lamborghini” comme s’en amuse Anthony Bracke. © Anthony Bracke

«L'agroforesterie permet une collaboration entre les espèces d’arbres et les cultures. »

Quel est l’intérêt de l’agroforesterie ?

Cela permet une collaboration entre les espèces d’arbres et les cultures. Par exemple on va utiliser les racines de certains arbres pour véhiculer de l’azote au niveau du sous-sol, ce qui constitue un engrais naturel pour les plantes alentours. Pour d’autres espèces, on va compter sur le fait que les feuilles tombent par terre pour faire de l’humus ou permettre un paillage naturel. Enfin la présence d’arbres permet aussi de casser le vent. C’est très utile dans une zone côtière comme la nôtre, cela protège les espèces fruitières qui produisent d’abord des fleurs.
Les arbres constituent enfin un habitat naturel pour de nombreux oiseaux et insectes. On va évidemment perdre une partie de la récolte, mais on produit des fruits et légumes sains : l’agroforesterie, c’est aussi une façon de sortir de l’agriculture chimique. C’est l’agriculture de demain.

Cela participe aussi au reverdissement de l’île, qui est un projet-phare des autorités du pays…

Oui, mais c’est un sujet complexe à Madagascar, car certaines entreprises ou associations ont tendance à planter des acacias : cela permet un reverdissement rapide de l’ile, mais c’est une espèce exotique et invasive qui détruit l’habitat de certains animaux comme les serpents ou les oiseaux, et l’acacia a aussi de grands besoins en eau. Donc on reverdit très facilement car c’est facile à planter, mais une bonne reforestation passe plutôt par des espèces endémiques et autochtones. Il y en a plus de 400 ici. L’objectif de notre association est de mettre en place un processus de reboisement pérenne, respectueux de l’écosystème de l’île, afin de transmettre le projet à une plus grosse ONG qui ait les moyens de généraliser ce mode de fonctionnement.

Bio express

Anthony Bracke a été coordinateur de projets pour l’association Analalava Tia Fandrosoana dans le nord-ouest de Madagascar de 2018 à 2021. Recruté par l'antenne de France Volontaires à La Réunion, engagé pour l'environnement et la préservation de la biodiversité, il a fait partie de la délégation de France Volontaires qui a participé au One Forest Youth Forum et au One Forest Summit à Libreville, au Gabon, en février 2023.

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