© Mitahato French Village
Au Kenya, on parle le swahili et l’anglais. Pourtant, la francophonie gagne petit à petit du terrain grâce aux efforts d’une poignée d’amoureux de la langue de Molière (et d’Aya Nakamura). Dans le petit village de Mitahato, au centre du pays, Francophone Network of Kenya dispense des cours suivis par de nombreux habitants. Une initiative saluée entre autres par l’Alliance française de Mombasa, qui accompagne les associations locales dans leur promotion de la culture francophone.
“Mitahato French Village, bienvenue” : l’inscription est peinte en gros sur un mur entre deux drapeaux du Kenya et de la France. Nous ne sommes pas dans un quartier d’expatriés de Nairobi, la capitale du Kenya, mais bien à une trentaine de kilomètres plus au Nord, dans une zone rurale peu peuplée de ce pays principalement anglophone.
Dans le village de Mitahato, on peut prendre des cours de français, accéder à une bibliothèque francophone et même… jouer à la pétanque !
© Mitahato French Village
Des cours de français gratuits dans un village kenyan
Comment le français y est-il ainsi devenu la langue préférée des locaux ? Grâce à l’initiative de Chris Mburu, un enfant du village devenu salarié des Nations unies en Suisse, et qui a ramené chez lui son amour pour l’idiome du pays dans lequel il vivait. « Il a d’abord transformé sa maison en librairie, en y entreposant des livres en langue française pour motiver progressivement les habitants à apprendre la langue » explique Ngunye Kimani, coordinateur du projet « Mitahato French Village » au sein de l’association Francophone Network of Kenya, créée par le diplomate. Une initiative doublée quelques temps plus tard par l’ouverture d’un centre de langues : « Le centre régional kenyan pour le français propose des cours gratuits grâce à des étudiants francophones » complète Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa, la deuxième ville du pays.
« Pendant la pandémie, le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves »
Nilda Chadhouli, volontaire de solidarité internationale (VSI) à l’Alliance française de Mombasa
Jeunes ou moins jeunes, ils sont ainsi nombreux à venir apprendre les bases de cet idiome pas toujours évident à maîtriser pour des locuteurs plus habitués au swahili ou à l’anglais. « Pendant la pandémie, c’était aussi une façon de lutter contre le désœuvrement en occupant les habitants de façon utile, dans la mesure où tout était fermé », se remémore Nilda. « Le centre avait mis en place un challenge afin de créer une émulation entre les élèves pour les faire progresser plus vite ».
La fête de la francophonie à Mombasa
Pour l’Alliance française de Mombasa, cette initiative est forcément la bienvenue. L’organisme a ainsi organisé une visite à Mitahato au printemps 2023. L’occasion de faire découvrir aux habitants du French Village un aspect parfois méconnu de la culture française, celle de ses territoires d’outre-mer : « Nous avions présenté la faune et la flore de la Guyane, de la Martinique et de Mayotte », explique Nilda, qui est elle-même originaire de la petite île de l’archipel des Comores, située à quelques centaines de kilomètres au sud des côtes kenyanes.
L’organisme, qui promeut la culture française dans le pays avec son homologue de Nairobi, est particulièrement attentif au développement de la langue française dans le pays. Les 15 et 16 mars derniers, l’Alliance française de Mombasa a ainsi organisé la fête de la francophonie, deux journées destinées autant à la communauté francophone du pays qu’au grand public. Au programme ? Un zoom sur la République démocratique du Congo, pays (presque) voisin du Kenya avec entre autres des ateliers culinaires et des animations imaginées par Kifaransa Village, une association locale inclusive de promotion du français. Et pour finir, un concert de Syssi Mananga, auteure-compositrice née d’une mère congolaise et d’un père belge, comme un symbole de la richesse que constitue la multiculturalité.
La Fête de la francophonie , les 15 et 16 mars 2024 à l’Alliance française de Mombasa.
© Alliance française de Mombasa